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Premières nouvelles après que l’ouragan Ian ait balayé l’ouest de Cuba
Depuis la nuit dernière, l’ouragan Ian a commencé à frapper les provinces occidentales de Cuba, en particulier La Isla de la Juventud (Île de la jeunesse) et Pinar del Rio, la province où il a atterri à 3 h 25 du matin. Ian, un ouragan de catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson, a touché terre dans la ville de La Coloma, municipalité de San Luis, sur la côte sud de Pinar del Rio.
L’évacuation de plus de 50 000 personnes a commencé hier, la plupart d’entre elles vers les maisons de leurs proches, hors de danger. D’autres ont été transférées dans l’un des 58 abris mis en place pour l’occasion. De même, à Pinar del Rio, des milliers de tonnes de feuilles de tabac, un des produits les plus importants de l’économie de cette province, ont été mises à l’abri.
Les autorités gouvernementales cubaines ont rendu disponibles toutes les ressources nécessaires pour aider les personnes évacuées, tandis que la Société cubaine de télécommunications (ETECSA) et l’Union nationale de l’électricité (UNE) ont renforcé leurs services à la clientèle afin de fournir des informations en temps requis et d’obtenir des rapports sur tout dommage subi par leurs services. La Défense civile cubaine, une institution créée pour gérer les situations de catastrophe, maintient l’état d’alerte dans les provinces occidentales et a pris toutes les mesures pour protéger la vie des gens.
Lorsqu’il a touché terre, Ian a enregistré des vents soutenus de plus de 204 km/h et des pluies diluviennes de plus de 20 cm dans les municipalités de Pinar del Rio et de San Juan y Martinez, où les effets ont été particulièrement graves. Ian a frappé cette dernière avec une rafale de 135 milles/heure [217 km/h], la plus forte enregistrée. Dans les villes voisines, comme La Palma et Pinar del Rio, les rafales ont dépassé les 100 milles/heure [160 km/h].
Il a mis six heures à traverser le territoire cubain sans jamais perdre de sa force, ce qui a causé de nombreux dégâts aux maisons, aux cultures et à d’autres endroits à vocation économique. Les chiffres exacts sont en train d’être calculés à l’heure actuelle, tandis qu’un paysage de désolation se profile au-dessus de plusieurs communautés. Le service électrique de la province de Pinar del Rio a été entièrement coupé par mesure de sécurité et plusieurs dommages aux infrastructures ont empêché son rétablissement.
Le fonds de logement de la province a subi de graves dommages, notamment au niveau des toits. L’hôpital provincial Abel Santamaria a subi d’importants dommages structurels, tandis que trois tours d’éclairage du stade de baseball « Capitan San Luis » se sont effondrées sous l’effet des vents violents.
Les inondations côtières ont été particulièrement intenses à Pinar del Rio et Artemisa, où tant la force de la mer que le débordement de certaines rivières ont laissé des communautés entières déconnectées. Malgré cela, l’évacuation opportune de ces villes a permis d’éviter la perte de toute vie humaine.
Même si elle a été moins touchée, la province d’Artemisa présente des dégâts importants. Le stade de baseball a perdu une de ses tours d’éclairage, tandis qu’environ 40 % des cultures de bananes ont été perdues. D’autres zones de culture ont subi des pertes considérables, bien qu’elles ne dépassent pas 15 % des terres. Tout cela a accentué la pression sur la situation alimentaire de Cuba, car Artemisa est un important producteur de denrées alimentaires dans le pays et l’un des principaux fournisseurs de la capitale.
À La Havane, des vents soutenus de 54 milles/heure [87 km/h] ont été enregistrés et dépassaient généralement 62 milles/heure [100 km/h]. La rafale la plus violente a atteint 85 milles/heure [137 km/h]. Les précipitations ont été faibles dans la capitale, et les dommages aux infrastructures et aux services ont été légers en comparaison, mais non négligeables. Samedi après-midi, plus de 70 % des clients de la ville n’avaient pas d’électricité par mesure de sécurité.
Dans la région centrale du pays, les fortes pluies ont été le principal problème. À Cienfuegos et à Matanzas, tous les réservoirs sont surveillés de près pour éviter les inondations en aval, tout en faisant le maximum pour stocker le plus d’eau possible.
Les vents de tempête tropicale persisteront dans toute la région occidentale jusqu’en début de soirée, lorsque les conditions météorologiques commenceront à s’améliorer. Toutefois, les Cubains n’ont pas attendu ce moment pour commencer les efforts de rétablissement.
Le président Miguel Diaz-Canel s’est immédiatement rendu à Pinar del Rio pour visiter les zones touchées et établir la priorité : « effacer au plus vite les traces de l’ouragan », surtout en rétablissant les services de base. Il a également demandé instamment une enquête détaillée sur les pertes subies par la population. Il s’agit d’une tâche très délicate qui requiert la plus grande attention en raison de la situation économique difficile dans laquelle se trouvent les familles cubaines.
D’autre part, depuis mardi matin, plus de 58 brigades d’électriciens et de monteurs de lignes de tout le pays ont été mobilisées à Pinar del Rio pour rétablir l’électricité et les communications téléphoniques dans les plus brefs délais.
Les images des zones touchées sont dévastatrices. Les médias cubains n’ont pas cessé d’en parler pendant une seule minute, et cela fait mal de voir tant de destruction pour des gens qui se sont battus si fort au cours de ces trois dernières années. Les images de toits effondrés, de maisons détruites ou inondées, de rues obstruées par des poteaux et des arbres tombés inondent tous les médias sociaux. Cependant, la chose la plus importante a été préservée : la vie.
Cela fait mal de voir tant d’efforts réduits à néant, mais l’espoir renaît quand on voit les milliers de personnes qui aident déjà leurs voisins ou sur leur lieu de travail. Ce sont eux les véritables personnages importants de ces histoires. Leurs noms ne figureront jamais dans les livres, mais ils resteront sans aucun doute dans l’esprit de ceux qui ont été aidés, au moins en prêtant une main supplémentaire. Dans des moments comme celui-ci, l’âme cubaine surgit, c’est là que les principes d’unité viennent à l’avant-plan. Cuba a traversé de nombreuses épreuves cette année, de l’explosion de l’hôtel Saratoga en mai à l’incendie dévastateur des grands réservoirs pétroliers à Matanzas le mois dernier, et maintenant l’ouragan Ian. Alors que le gouvernement travaille à leurs côtés à tous les niveaux, il le fait avec peu de ressources, mais en leur offrant toujours un traitement juste et équitable.
À Cuba, il est habituel d’entendre dire que « les choses matérielles vont et viennent, mais elles peuvent être remplacées ». Peut-être cette vision vient-elle après une histoire marquée par ce type de catastrophe. Jusqu’à présent, au XXIe siècle, Cuba a été touchée par onze ouragans intenses, ce qui signifie qu’elle s’est déjà rétablie dix fois et qu’elle le fera encore.
(Resumen. Photos et graphiques : Minrex, Insmet, Tele Pinar, Artemiseño, Cubadebate, Estudios Revolución, La Demajagua, Union Electrica)
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