Mise à jour sur la poursuite des Gidimt’en contre la GRC
La GRC refuse de répondre, poursuit la surveillance et le harcèlement des défenseurs des terres
Cela fait trois mois que nous avons déposé notre plainte contre la GRC et l’unité GISCI de la GRC [Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et l’industrie], le ministre de la Justice de la Colombie-Britannique, Coastal GasLink Pipeline Ltd et le l’agence privée responsable de la sécurité Forsythe pour pertes et dommages.
Au cours de ces trois mois, la GRC a refusé de répondre à notre action en justice. Nos avocats ont donc envoyé une mise en demeure indiquant que nous avons l’intention de demander une décision par défaut contre la GRC.
Coastal GasLink et Forsythe ont répondu à notre poursuite, niant essentiellement leur violence et refusant de fournir toute justification pour leur surveillance et leur harcèlement constants sur le Yintah.
Dans le système juridique colonial, une poursuite en justice pour pertes ou dommages causés à une autre personne ou à la propriété d’une autre personne est connue sous le nom de poursuite civile. En juin 2022, Janet Williams et Lawrence Bazil, en leur nom propre, et Molly Wickham, en son nom propre, ainsi que le clan des Gidimt’en de la nation wet’suwet’en, ont déposé un avis de réclamation devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique afin d’entamer une poursuite civile. Dans cette poursuite, nous tenons la GRC et le GISCI, le ministre de la Justice de la Colombie-Britannique, Coastal GasLink et Forsythe responsables d’atteinte à notre vie privée, d’intimidation, d’infliger délibérément la détresse mentale, d’inconduite malveillante et délibérée, de coups et blessures, de fausse arrestation, d’intrusion, de violations de la Charte, et plus encore.
Nous savons que ce système juridique n’est pas fait pour nous. Mais parce que nous avons raison et que nos ancêtres sont avec nous, nous avons déjà gagné devant leurs tribunaux. L’autorité de la maison héréditaire et du système des clans des Wet’suwet’en a été vérifiée dans les décisions historiques des tribunaux Delgamuukw et Red Top. Nos chefs héréditaires ont maintenu l’utilisation et l’occupation de leurs terres et leur système de gouvernance héréditaire malgré des générations de politiques coloniales et de grandes industries qui visent à nous retirer de cette terre, à assimiler notre peuple, à annihiler notre culture et à interdire notre système de gouvernance.
Nous ne laisserons pas la GRC et GISCI, la Colombie-Britannique, Coastal GasLink et Forsythe s’en tirer à bon compte dans leurs tentatives de défricher les terres pour ce projet de gazoduc et leur extraction capitaliste et coloniale. Chaque jour, le gouvernement, l’industrie et la police envahissent notre Yintah. L’équipement de Coastal GasLink est actuellement en position de forer sous les sources sacrées de Wedzin Kwa.
C’est la résistance de notre peuple et de nos nombreux alliés qui a retardé la construction du gazoduc au cours des dernières années. En vertu de la loi ‘Anuc niwh’it’en (loi wet’suwet’en), tous les chefs héréditaires des cinq clans des Wet’suwet’en se sont unanimement opposés à toutes les propositions de gazoduc et n’ont pas donné de consentement libre, préalable et éclairé à Coastal GasLink pour forer sur les terres non cédées et cédées des Wet’suwet’en. Ils essaient de forer sous la rivière Wedzin Kwa, la source sacrée qui alimente tout le territoire Wet’suwet’en et donne vie à notre nation. Le gazoduc, d’une longueur de 670 kilomètres, transportera le gaz obtenu par fracturation jusqu’à l’usine de traitement proposée par LNG Canada, qui est le plus grand projet d’infrastructure du secteur privé et l’un des plus grands investissements énergétiques de l’histoire du Canada.
Lorsque nous nous levons pour défendre le Yintah, nous sommes criminalisés. Pendant de nombreux mois et de nombreuses années, nous avons fait face à des raids militarisés sur les sites de nos villages sur le Yintah. Lors de trois actions policières de grande envergure en janvier 2019, février 2020 et novembre 2021, un total de 74 personnes ont été arrêtées et détenues, dont des observateurs légaux et des membres des médias. Depuis février 2022, la GRC et le GISCI, ont pénétré sur les sites de nos villages et de nos maisons plusieurs fois par jour – des centaines de fois au total. La GRC et le GISCI, ont continuellement harcelé et intimidé notre peuple et nos invités et perturbé nos pratiques culturelles et nos cérémonies. Cela affecte nos droits de chasser, de piéger, de pêcher, de cueillir et de mener des cérémonies sur notre Yintah. Ils ont braqué des faisceaux et des projecteurs sur nos bâtiments résidentiels et ont réveillé les résidents endormis. La GRC et le GISCI, ont également exigé nos pièces d’identité et nous ont arrêtés, notamment en utilisant gaz poivré. La GRC et le GISCI, ont illégalement saisi et détruit nos biens gidimt’en. Ils ont commis des voies de faits et ont interdit et bloqué nos déplacements sur nos propres terres.
Il s’agit d’une campagne de surveillance et de terreur qui dure 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La création et le mandat même du GISCI, dans cette province visent à protéger les entreprises des secteurs des ressources et de l’énergie en réprimant et en criminalisant la résistance autochtone. Mais nous ne cesserons jamais de défendre notre Yintah. Nous vivons selon nos lois et nos pratiques culturelles sur nos terres. Nos médicaments, nos baies, notre nourriture, nos animaux, notre eau, notre culture sont tous ici depuis des temps immémoriaux. Nous ne permettrons jamais que notre souveraineté soit violée.
Vidéo : Harcèlement de la GRC été 2022
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