24 juin
Les patriotes ont inauguré la Fête nationale en 1834
Au sujet d’un banquet tenu le 24 juin 1834, le journal patriote La Minerve, dont le but est de « répandre l’éducation surtout dans la classe agricole et de défendre les Justes Droits des Canadiens »[1], publie un article dans lequel on lit : « Cette fête dont le but est de cimenter l’union entre les Canadiens ne sera pas sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme Fête Nationale. » C’est Ludger Duvernay, fondateur de l’organisation patriotique Aide-toi et le ciel t’aidera, qui en a pris l’initiative. Duvernay était également le rédacteur et l’éditeur de La Minerve.
Célébration éminemment politique, la première Fête nationale est instaurée dans le contexte de la lutte des habitants du Bas-Canada pour affirmer leurs droits face à la Couronne britannique. En effet, en février 1834, 92 résolutions sont adoptées par la Chambre d’assemblée du Bas-Canada lesquelles revendiquent un plus grand contrôle des citoyens sur les décisions économiques et politiques qui sont prises dans la colonie.
Sans attendre la décision de Londres, la première Fête nationale est organisée dans le jardin de l’avocat MacDonnell et plus de 37 toasts et prises de parole y sont faits, tous saluant les idées éclairées de l’époque et les personnes qui les défendent. On salue tout d’abord « Le peuple, source primitive de toute autorité légitime, et le jour que nous célébrons. »
Loin de la division selon la langue ou l’origine nationale qui nous est imposée par l’État anglo-canadien passé et présent, on souligne la contribution des patriotes irlandais et celle de Daniel Tracey, fondateur du journal Irish Vindicator and Canada General Advertiser qui appuie les demandes du peuple du Bas-Canada visant à exercer un contrôle sur sa destinée.
On salue aussi la lutte de William Lyon Mackenzie et des « autres réformistes du Haut-Canada » qui participent à la lutte pour affirmer les droits de la jeune nation de l’époque. On accueille de même l’arrivée au Bas-Canada de citoyens britanniques. En effet, les patriotes présents à ce banquet déclarent : « L’émigration : puissent les milliers de sujets britanniques qui viennent chercher chaque année sur nos plages un asile contre les abus et l’oppression qu’ils éprouvent dans leur pays natal, n’en pas créer parmi nous et trouver ici l’accueil qui leur est dû ! Ils formeront avec les habitants du Canada une phalange impénétrable et irrésistible contre la tyrannie. »
Un toast formel est aussi porté aux « artisans et classes ouvrières de Montréal et de ce pays en général. Puisse l’éducation continuer de se répandre parmi les membres utiles de la société ; et puissent-ils se procurer le bien-être et l’aisance que méritent leurs travaux. »
La première Fête nationale a également donné naissance à une autre tradition, aujourd’hui bien vivante, qui consiste à offrir des chansons et des poèmes comme formes de célébration de la nation québécoise.
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