24 avril 1916
Anniversaire de l’héroïque insurrection de Pâques
en Irlande
Tableau « Naissance de la République d’Irlande »
L’héroïque insurrection de Pâques qui a débuté le 24 avril 1916 et était surtout concentrée à Dublin, a été un tournant décisif dans l’histoire de la nation, même si elle a été écrasée de façon barbare par les troupes impérialistes britanniques dans l’espace de six jours. Elle a mené directement à la victoire éclatante des candidats pour l’indépendance aux élections générales de 1918 et à la création du Dail Eireann en 1919, qui lui-même a été brutalement réprimé par les Britanniques.
Est arrivée la guerre d’indépendance de 1919-1921, menée contre les forces armées britanniques, dont les forces de police armées et des milices paramilitaires. À la suite de cela, la partition de l’Irlande a eu lieu le 3 mai 1921, il y a cent un ans avec l’adoption de la Loi sur le gouvernement de l’Irlande de 1920. Bien que cette loi ait été abrogée en 1998 en vertu de l’Accord du Vendredi saint, la partition est toujours en vigueur et est un instrument entre les mains du gouvernement britannique pour inciter les forces réactionnaires à agir et à causer des problèmes à tout le peuple irlandais.
L’État libre d’Irlande a été fondé en 1922 et finalement l’insurrection a porté fruit avec la création de la République d’Irlande le 18 avril 1949. Cette affirmation de souveraineté nationale, ce projet d’édification nationale, quels que soient les rebondissements tortueux et souvent terribles, se poursuit jusqu’à ce jour.
Comme Lénine le déclarera plus tard, l’Armée citoyenne, une des principales composantes de l’insurrection, a été la première Armée rouge ouvrière et, malheureusement, l’Insurrection de Pâques a eu lieu avant que le mouvement révolutionnaire en Europe n’ait atteint sa pleine maturité. Néanmoins, les forces révolutionnaires irlandaises deviendront une inspiration et un exemple pour les combattants révolutionnaires partout dans le monde pour le reste du XXe siècle, tout comme les forces contre-révolutionnaires en Ulster seront un modèle de la contre-révolution, de la réaction et de la manipulation étrangère.
Les Volontaires irlandais, dont les Cumann na mBan (les forces auxiliaires féminines, photo du haut à droite)
L’insurrection a eu lieu au milieu de la Première Guerre mondiale impérialiste, et était l’expression du rejet de la guerre par le peuple irlandais. Celui-ci défendait le mot d’ordre « Ni roi ni kaiser ! » Il soulevait le principe selon lequel, au coeur du progrès au XXe siècle, alors que le monde entier était la cible de la domination des puissances impérialistes, était l’autodétermination des peuples et des nations. Ceux qui ont donné leur vie dans l’insurrection ont eu leurs héritiers au XXe siècle. Pensons en particulier aux courageux martyrs qui ont donné leur vie dans les grèves de la faim de 1981 pour exiger d’être traités comme des prisonniers politiques et non comme des criminels. Ils ont sacrifié leur vie il y a quarante et un ans. C’est le 5 mai 1981 que Bobby Sands est mort après 66 jours de grève de la faim, âgé de 27 ans, suivi de neuf autres jeunes et héroïques patriotes irlandais.
La répression de l’insurrection par les Britanniques a été menée avec une brutalité, une destruction et un esprit revanchard des plus débridés. Les dirigeants de la rébellion, dont James Connolly, ont été exécutés. En mai 1916, après six jours de combats acharnés, des cours martiales ont eu lieu et 93 insurgés, dont une femme, ont été condamnés à mort par la cour martiale britannique, présidée par le colonel Charles Blackader, commandant de la 59e Brigade du 177e Régiment, qui avait combattu les rebelles. Près de 2 000 insurgés ont été déportés en Angleterre où ils ont été incarcérés sans procès. Quinze insurgés ont été exécutés par un peloton d’exécution à la prison de Kilmainham à Dublin, dont les sept dirigeants qui avaient signé la proclamation de la République de l’Irlande. L’un d’entre eux a été pendu plus tard. James Connolly, qui avait été blessé dans les combats, a été fusillé le 12 mai 1916, ligoté à une chaise et sans bandeau. Le médecin britannique qui a assisté aux exécutions a déclaré : « Ils sont tous morts comme des lions. »
Le racisme de l’État britannique envers les Irlandais, à cette époque et encore aujourd’hui, montre comment ce racisme vise tous les peuples opprimés par l’État britannique et son monarque. La barbarie a été la réaction typique de l’impérialisme britannique devant tout effort visant la liberté coloniale où que ce soit dans son empire. En fait, on peut affirmer que c’est cette même tyrannie qui a rendu l’insurrection armée de 1916 inévitable.
Avec la Déclaration de Downing Street en 1993, le premier ministre de l’époque, John Major, affirmait que la Grande-Bretagne n’avait aucun intérêt ou revendication territoriale face à ce qu’il a appelé « l’île d’Irlande ». Comment donc expliquer que vingt ans plus tard, la Grande-Bretagne maintient son emprise sur une partie de l’île ? Comment expliquer qu’il y a un secrétaire d’État en Irlande du Nord ? Et pourquoi la Grande-Bretagne maintient-elle une présence militaire dans le nord de l’Irlande, même si les troupes ont été retirées des rues depuis quelques années déjà – la raison étant, de son propre aveu, pour libérer des soldats pour qu’ils puissent mener d’autres interventions criminelles au Moyen-Orient et ailleurs. Malgré les efforts sincères des diverses forces en Irlande pour faire avancer les choses avec l’Accord du Vendredi saint et l’Accord de paix, pourquoi l’État britannique et son gouvernement continuent-ils à s’ingérer dans les affaires de l’Irlande et à empêcher tout progrès ?
Murale peinte à l’occasion du centenaire de l’insurrection irlandaise, dans la banlieue d’Andersontown à Belfast (S. Borthwick)
L’anniversaire de l’Insurrection de Pâques est une occasion importante pour condamner l’État britannique et sa violence qui au cours des siècles a été infligée au peuple irlandais. L’État britannique a, entre autres, utilisé le peuple irlandais pour peaufiner ses méthodes contre-insurrectionnelles. Exiger que le gouvernement pro-guerre de Westminster rende des comptes au peuple pour ses crimes est une revendication juste.
La libération totale de l’Irlande et tout avancement dans son projet d’édification nationale seront l’acte du peuple irlandais lui-même. Pour ce faire, celui-ci a l’appui de millions de personnes partout dans le monde, en particulier là où la présence irlandaise est importante, comme aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans d’autres pays.
La génération actuelle en Irlande est à nouveau inspirée par la vision d’un peuple insurgé, d’une Irlande unie et d’un peuple irlandais qui décide tout entier de son propre destin, libre de toute ingérence de l’État britannique et de son « Royaume-Uni ». La cause du peuple irlandais, un peuple à nouveau inspiré par l’Insurrection de Pâques, l’emportera assurément !
Saluons l’insurrection de Pâques !
Victoire aux luttes du peuple irlandais !
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