13 avril 1919
Anniversaire du massacre de Jallianwala Bagh au Pendjab
Lors du festival de Baisaki, le nouvel an sikh, le 13 avril 1919, les Britanniques ont ouvert le feu sur des hommes, des femmes et des enfants à Amritsar, massacrant plus de 1 000 personnes et en blessant beaucoup d’autres. Le massacre de Jallianwala Bagh est entré dans l’histoire comme l’un des crimes les plus odieux de la domination britannique. Aujourd’hui, le site du massacre est un lieu de commémoration de tous ceux et celles assassinés sous les ordres des Britanniques.
La guerre a pris fin avec l’Armistice du 11 novembre 1918, et la Révolution d’octobre en Russie l’année précédente a joué un rôle majeur dans l’avènement de la paix. La Conférence de Paix convoquée à Paris en janvier 1919 allait durer six mois et s’est terminée avec la conclusion du Traité de Versailles. Trois délégués de l’Inde ont participé à la conférence : le secrétaire d’État à l’Inde, Edward Montagu, le Maharaja de Bikaner et le lord Sinha. Les trois partageaient une vision selon laquelle l’Inde finirait par se gouverner elle-même, quoiqu’à l’intérieur de l’empire britannique. Sinha déclarait que la Grande-Bretagne devait demeurer le « pouvoir suprême ».
En Inde, l’élite intellectuelle avait appuyé la guerre en espérant soutirer des concessions en récompense des sacrifices consentis. Mais elle allait être cruellement déçue. La Loi du gouvernement de l’Inde de 1919 n’a fait que consolider le pouvoir colonial.
La guerre avait eu des répercussions dévastatrices sur l’Inde. Aux milliers de jeunes vies perdues de soldats enrôlés pour la guerre s’ajoutaient la perte de récoltes et les prix élevés, le mécontentement était grandissant. La famine sévissait en Inde centrale. Au Pendjab, l’agitation était à son comble. Les villes étaient durement touchées. Les gens étaient en colère contre la saisie des denrées alimentaires réservées à l’effort de guerre en vertu de la Loi à la défense du Royaume. Une lassitude face à la guerre pesait sur la région, lieu d’origine de la plupart des combattants qui avaient été envoyés au front. Dans les villages, on pleurait les morts et on soignait les blessés.[1]
En guise de réponse, le gouvernement britannique a adopté la Loi Rowlatt à Londres en mars 1919. Celle-ci interdisait les réunions publiques et censurait la presse. Elle autorisait des procès à huis clos sans juré. Toute personne soupçonnée d’activité révolutionnaire était jetée en prison sans procès pour une période de deux ans. Les manifestations étaient matées par les troupes avec une force létale.
Le 11 avril 1919, le général Reginald Dyer a occupé Amritsar, imposé un couvre-feu et interdit tout rassemblement. On a lu une proclamation à cet effet le 13 avril. Ce jour-là du festival de Baisaki, le Nouvel An sikh, des foules s’étaient rassemblées au Temple d’Or dans un esprit de célébration. Tout près se trouvait le parc clos de Jallianwala Bagh. Des milliers de personnes s’y étaient rassemblées de façon pacifique pour discuter de la Loi Rowlatt et des récents meurtres commis par la police. Fait bien connu, Dyer a fait rentrer des troupes armées par l’unique entrée étroite du parc et a ouvert le feu sur la foule. Il a commandé à ses troupes de continuer de tirer jusqu’à ce qu’il ne leur reste aucune munition. Il était impossible de fuir. Près de 1 000 personnes ont été tuées et près de 1 500 blessées.
Le massacre de Jallianwala Bagh a soulevé l’ire du pays. À peine cinq mois après la fin de la guerre dans laquelle 400 000 Pendjabis avaient combattu, c’était là la récompense que leur accordait la Grande-Bretagne. Dyer n’a démontré aucun remords. Après le massacre, on a bombardé les villes du Pendjab, prolongé la loi martiale et eu recours à une plus grande répression. À Londres, dans le rapport au Cabinet de Guerre de cette semaine-là, on mentionnait à peine l’événement. On disait seulement qu’il y avait eu des « problèmes » à Amritsar où on avait « mobilisé les troupes pour rétablir l’ordre ». On n’a aucunement mentionné les meurtres ni ne l’a-t-on fait à la Conférence de Paix à Paris.
Les navires transportant les troupes sont retournés à Bombay et Karachi. Les fanfares ont donné leur prestation, mais il n’y avait personne pour accueillir les héros. Trop de soldats avaient perdu la vie. Trop d’entre eux étaient estropiés, aveugles ou traumatisés. Certains hôpitaux pour les blessés et les infirmes ont été mis sur pied, mais ceux-ci étaient peu utiles pour ces soldats vivant dans les régions éloignées. Les récoltes étaient mauvaises. L’agitation sociale était à son comble. Un nouvel esprit de nationalisme traversait le pays. Les héros seraient désormais ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance ou le Mouvement pour la Liberté. Dans les livres d’histoire officiels britanniques, on ne parlerait guère des soldats indiens qui ont fait un tel sacrifice.
En ce qui concerne ceux qui ont été massacrés à Jallianwala Bagh, les cadavres ont été identifiés et remis à leurs proches, les blessés ont été transférés dans des hôpitaux et une commission d’enquête, appelée Commission Hunter, a été nommée. Cependant, même si la commission a estimé que la fusillade n’était pas justifiée et a versé une indemnité de 2 000 roupies aux proches des victimes et 500 roupies aux blessés au début des années 1920, elle n’a pas puni le général Dyer ou le gouverneur de l’époque du Pendjab, Michael O’Dwyer. O’Dwyer rendra finalement l’âme lorsque le patriote Udham Singh, qui avait perdu toute sa famille lors du massacre, l’exécuta à Caxton Hall à Londres, le 31 mars 1940, et fut pendu par les Britanniques en juillet de la même année. Les Britanniques ont continué à commettre des crimes en Inde, notamment en imposant les conditions qui ont conduit à la famine du Bengale dans les années 1940, qui ont coûté la vie à trois millions de personnes. Après cela, ils ont divisé l’Inde et imposé leur système de gouvernement à leur service, afin que les Indiens exercent le pouvoir colonial à leur place. Aucune des promesses faites au moment de l’indépendance n’a été tenue. Aujourd’hui, l’anarchie et la violence dominent et l’Inde a un besoin urgent de changement révolutionnaire pour que son peuple puisse enfin vivre dans la paix, la liberté et la démocratie.
Le poème suivant vient à l’esprit :
Bahrupiye Dilli Baithe Hain Nadir or Dyer Ke Chele
Har Shahar Bana Jalianwala, Har Zarra Khoon Se Hai Lathpath
Phir Lal Hai Jumna Ka Paani Katil Hain Wahi Naye Chehare
(Les fraudeurs sont au pouvoir à Delhi, partisans de Nadir Shah et Dyer< Ils ont transformé les villes en Jallianwala, une terre inondée du sang des innocents Encore une fois, le Jamuna est rouge, des bouchers aux visages nouveaux)
Note
1. À la fin de la guerre, près d’un million et demi de soldats et de non-combattants indiens avaient été amenés sur le front occidental en Europe et sur les autres théâtres de guerre. De ce nombre, environ 70 000 ont été tués et des dizaines de milliers d’autres commotionnés à la suite de bombardements, aveugles, mutilés ou souffrant d’autres blessures graves et de traumatisme mental. L’Inde a également été saignée à blanc en termes de denrées alimentaires et autres ressources pour l’effort de guerre, avec des conséquences désastreuses.
(Archives du LML)
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