100e anniversaire du Parti communiste du Brésil, 25 mars 1922
Salut rouge au PCdoB et à tous les communistes brésiliens !
Le Parti communiste du Brésil (PCdoB) célèbre 100 ans de travail ardu et de lutte à travers de nombreux rebondissements depuis sa fondation le 25 mars 1922. À cette occasion, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a envoyé au PCdoB une lettre de félicitations et participe à un webinaire en ligne sur le thème « Un siècle de lutte pour un monde solidaire et socialiste ».
Les 100 années écoulées depuis la fondation du PCdoB ont été mémorables, ponctuées par des épisodes qui ont entaché la démocratie et étouffé la liberté. La trajectoire du Parti communiste du Brésil, fondé en 1922, a été profondément marquée par ces épisodes, mais les communistes ont résisté avec courage et le Parti atteint sa centième année renforcé et en croissance.
Pendant plus de 60 ans, le Parti a travaillé dans des conditions clandestines d’illégalité et de semi-légalité imposées par l’élite dirigeante. Il n’a vécu dans des conditions de pleine légalité qu’entre 1945 et 1947 et, dans la période actuelle, à partir de 1985, lorsqu’il a été légalisé après le renversement de la dictature. À toutes les autres périodes, les dirigeants et militants communistes ont fait face à la persécution policière, aux arrestations, à la torture, à l’exil et aux assassinats politiques. Pendant ces périodes prolongées d’extrême clandestinité, les documents, les livres, les maisons et les bureaux du Parti ont été perquisitionnés et ont été brûlés à plusieurs reprises.
Le premier de ces moments a eu lieu pendant la dictature de l’Estado Novo. La persécution policière a presque entraîné le démantèlement de la direction nationale du Parti, qui, en 1941, s’est retrouvée presque entièrement dans les prisons de la police politique. Seuls quelques noyaux communistes ont survécu à Bahia, Rio de Janeiro et Sao Paulo, tenus par des dirigeants du Parti issus de la classe moyenne qui ont assumé les postes vacants de la direction nationale. Cette année-là a commencé le travail de reconstitution du Parti, qui a culminé avec la Conférence nationale clandestine de Mantiqueira en 1943, dont l’objectif était de reconstruire la direction nationale. Le camarade Joao Amazonas a été parmi les principaux dirigeants de ce processus de reconstruction, avec Diogenes Arruda, Pedro Pomar, Maurício Grabois, Amarílio de Vasconcelos, parmi beaucoup d’autres.
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Joao Amazonas a été le leader respecté du PCdoB qui a consacré près de sept décennies à l’activité politique, à la défense des convictions révolutionnaires, de la souveraineté, de la démocratie et du progrès social du Brésil jusqu’à sa mort à l’âge de 90 ans en 2002. Avec Hardial Bains, le leader respecté du PCC(M-L), il a établi de profondes relations fraternelles entre nos deux partis et les peuples du Canada et du Brésil.
À l’occasion du 100e anniversaire du PCdoB, nous reproduisons ci-dessous un extrait de la préface de la biographie de Joao Amazonas, rédigée par l’historien brésilien Augusto Buonicore en 2018. La préface du livre est écrite par Renato Rabelo qui a été élu président du PCdoB après le décès du camarade Amazonas et qui est présentement directeur de la Fondation Maurício Grabois. Cette fondation, en collaboration avec la maison d’édition Anita Garibaldi, a publié la biographie intitulée « Ma parole est de combattre — La vie et la pensée de Joao Amazonas ». Les contributions du camarade Amazonas et la trajectoire du PCdoB n’ont fait qu’un et ont été soutenues par les nouvelles générations de dirigeants depuis sa disparition, malgré toutes les difficultés posées par l’offensive néolibérale antisociale et antinationale contre-révolutionnaire imposée au Brésil.
« […] En évoquant sa mémoire, il faut souligner un aspect important de la performance de Joao Amazonas : son rôle prépondérant dans le processus de construction du parti vécu par le communiste légendaire depuis les années 1940. Dans la confrontation pendant les périodes de dictature et dans la lutte contre les courants révisionnistes qui menaçaient de liquider le Parti, Joao Amazonas a été à la tête de la lutte pour la défense de l’organisation du parti.
« Le deuxième grand point tournant dans la vie du Parti — dans lequel Joao Amazonas a été au centre des événements — a culminé dans le fort débat qui a eu lieu entre les dirigeants communistes de 1956 à 1961. À cette époque, un courant s’est formé au sein de la direction nationale qui adhérait à la nouvelle direction imposée par le XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique et par le dirigeant russe Nikita Khrouchtchev, qui pointaient vers un affaiblissement de l’engagement révolutionnaire et vers une coexistence pacifique avec l’impérialisme. Ce groupe faisait la promotion de changements politiques et statutaires en ce sens, en présentant un autre programme et en rompant la légalité partisane, parce que ces changements n’avaient pas été approuvés par le Ve Congrès [du PCdoB], tenu en 1960.
« Le débat de ces années-là a opposé deux positions antagonistes : entre le maintien des idéaux et des principes du Parti communiste du Brésil, constitués depuis sa fondation, ou leur révision. Ce fut la lutte idéologique la plus importante au sein du mouvement communiste international et brésilien de cette époque. Face à la menace de liquidation du Parti, un groupe de dirigeants et de militants se sont levés pour le défendre. Le dénouement est intervenu le 18 février 1962, lorsque le groupe dirigé par Joao Amazonas, Mauricio Grabois, Pedro Pomar, entre autres, a réorganisé le Parti pour maintenir ses idéaux, son nom et son identité. Le PCdoB, depuis 1962, a réussi à grandir et à incorporer d’autres forces politiques révolutionnaires, comme l’Action populaire, l’organisation politique exerçant une influence parmi les travailleurs et les étudiants, qui a rejoint le PCdoB en 1972, affirmant la même idéologie et la même politique que celle du Parti communiste.
« Enfin, le troisième grand point tournant dans la construction politique du PCdoB, auquel Joao Amazonas a participé de manière décisive, s’est produit en 1979 lors de la 7e Conférence nationale, déjà à la fin de la dictature militaire. La direction du Parti a été réorganisée après qu’une dizaine de dirigeants nationaux ont été assassinés par le régime dictatorial et que de nombreux autres ont dû se réfugier à l’étranger en raison des persécutions policières et de l’insécurité pour leur intégrité physique. Lors de cette 7e conférence, qui s’est déroulée dans une période marquée par un débat intense contre un groupe liquidateur apparu parmi les dirigeants nationaux, un nouveau Comité central et de nouvelles directions d’État du PCdoB ont été nommées. Nous devons souligner et honorer l’importance du travail de Joao Amazonas dans ces périodes significatives. C’est cette participation qui justifie la reconnaissance de Joao Amazonas comme le ‘bâtisseur du PCdoB’ ».
Contribution théorique
« Un autre point qu’il faut souligner dans la trajectoire de Joao Amazonas est sa contribution théorique, fondamentale pour comprendre les contradictions de notre époque. La leçon la plus importante qu’il a laissée dans l’analyse de l’expérience socialiste est la prise de conscience des contradictions de la construction du socialisme dans les expériences du XXe siècle. La première est l’idée qu’il n’y a pas un seul modèle de socialisme, il n’y a pas un seul socialisme, mais que sa construction suivra son propre cours selon chaque peuple, déterminé par la façon dont les contradictions sociales et la lutte contre l’impérialisme seront résolues dans chaque pays. Et Joao Amazonas était cohérent avec cette conclusion en insistant sur la nécessité du développement de la théorie marxiste avec l’étude des conditions historiques propres à chaque nation. Dans le cas du Brésil, enrichir la pensée avancée par la connaissance des conditions nationales était un défi que Joao Amazonas a relevé avec la même vigueur que lors des débats du Ve Congrès du Parti en 1960.
« Une autre contribution théorique importante laissée par Joao Amazonas provient de son analyse présentée au Congrès du Parti en 1992 — de la crise du socialisme dans les années 1980 et 1990. Il s’agissait de la prise de conscience que ces événements reflétaient la crise du développement de la théorie marxiste, la stagnation de la théorie, conduisant à la paralysie et à l’accommodation politiques et économiques. C’était la toile de fond du débat : sans le développement de la théorie, les problèmes posés par le défi de l’édification du socialisme ne pouvaient être relevés d’une manière conforme à l’exigence historique.
« Par son étude, Joao Amazonas a fait avancer l’élaboration de la pensée stratégique moderne du PCdoB. Sa contribution développe l’élaboration théorique de la phase objective de la transition du capitalisme au socialisme. Cette contribution est fondée sur son brillant ouvrage intitulé ‘Le capitalisme d’État dans la transition vers le socialisme : La contribution remarquable de Lénine à la théorie révolutionnaire du progrès social’, et développée dans l’article ‘Les étapes économiques dans le système socialiste’, où il écrit :’Les étapes, tant dans le socialisme que dans le capitalisme, sont des lois fondamentales du développement objectif, expriment une croissance quantitative suivie de bonds qualitatifs dans la production, qui se reflètent également dans la superstructure. Par conséquent, les étapes ne peuvent être déterminées arbitrairement, ni supprimées, ni accélérées artificiellement.’
« C’est une contribution importante à la compréhension des contradictions de l’expérience de la construction du socialisme en URSS et en Europe de l’Est, ainsi que de l’expérience qui se poursuit aujourd’hui dans les pays qui persistent dans la direction de la construction du socialisme. La thèse défendue par Joao Amazonas dans cet article permet une connaissance plus aiguë et cohérente de ce processus contradictoire et dialectique de dépassement du capitalisme, en surmontant les limites souvent volontaristes, lorsque la transition n’était pas considérée objectivement, après la conquête du pouvoir politique d’État par les forces révolutionnaires, démocratiques et populaires.
« Sous la direction de Joao Amazonas, le PCdoB n’a jamais reculé devant ses responsabilités historiques. Si le Parti a renforcé son action parmi le peuple et les travailleurs, avec une présence croissante dans la lutte syndicale et les mouvements sociaux, sa présence dans la lutte politique de masse à la fin de la dictature militaire a également été décisive, par une action dans les différentes instances de sa manifestation. Dans la campagne de la période 1984-1985, le militantisme communiste a connu une présence intense. Lorsque l’amendement qui donnait aux Brésiliens le droit de voter pour le président de la République a été rejeté au Congrès national, le PCdoB a indiqué que le centre de gravité de la lutte s’était déplacé vers le Collège électoral lui-même, la création du régime militaire, qui est devenu le moyen dans ces circonstances.
« Ce fut un moment délicat de la lutte pour la redémocratisation dans notre pays, et ce fut la voie vers l’avant trouvée, avec le soutien des communistes, pour vaincre le régime militaire. […] »
Sur la base de la stratégie et de la tactique établies pour cette période, le PCdoB a contribué de manière décisive à l’élection de Luiz Inacio Lula da Silva à la présidence de la République — une réalisation historique pour laquelle la lutte s’est menée depuis 1989 , lorsqu’il était l’un des principaux articulateurs du Front populaire brésilien. Avec l’élection de Lula, avec le soutien des communistes et d’autres forces progressistes, le Brésil a pu entamer une phase vers son propre développement, sa souveraineté et son progrès social.
Même après que les élites au pouvoir ont réussi à se débarrasser de Lula par la fraude en l’emprisonnant sous de fausses accusations pendant 19 mois afin qu’il ne puisse pas se représenter en 2018, le PCdoB a suivi une voie claire, gagnant toujours le respect et augmentant son prestige sur la scène politique brésilienne. Il est présent à tous les niveaux du gouvernement, dispose d’une députation parlementaire active et très respectée, a une présence forte et active dans les mouvements sociaux, agissant comme une force motrice dans de nombreuses organisations populaires et de la classe ouvrière et il a une activité internationaliste reconnue.
Le PCC(M-L) félicite le PCdoB dont la direction théorique, pratique et politique a été forgée au cours de 100 ans de travail révolutionnaire, de lutte et de sacrifice pour les principes communistes qui épousent l’émancipation de l’humanité elle-même. Le trait essentiel du PCdoB est de ne jamais reculer devant les exigences difficiles et complexes de la lutte de classe, en consacrant son activité au peuple, à la classe ouvrière et au socialisme au Brésil et en y contribuant également au niveau international.
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