Anniversaire de la deuxième guerre des États-Unis en Irak – 20 mars 2003
Les crimes brutaux de l’impérialisme américain en Irak ne seront jamais oubliés
Le 20 mars 2003, les États-Unis, avec une « coalition des volontaires » composée du Royaume-Uni, de l’Australie et de la Pologne, ont lancé la deuxième guerre en Irak avec une campagne de bombardement « choc et effroi » impitoyable. Les États-Unis ont déclaré que des millions d’Irakiens sortiraient dans la rue pour acclamer ceux qui les avaient « libérés » du président irakien Saddam Hussein.
Cela n’a pas eu lieu. Le mouvement de résistance était déjà à un niveau élevé contre le brutal régime de sanctions approuvé par les Nations unies, qui a tué des centaines de milliers d’Irakiens, dont 500 000 enfants, et détruit les infrastructures civiles. Après le bombardement « choc et effroi » de Bagdad, la résistance à l’agression américaine s’est intensifiée et les États-Unis ont suivi avec l’invasion de forces terrestres. Des crimes innommables ont été commis pendant la guerre et l’occupation dirigées par les États-Unis, qui ont ensuite conduit à d’autres guerres contre les peuples de la région, à des occupations, à des assassinats et à des crimes contre l’humanité, avec des pertes civiles d’une ampleur incalculable.
La profonde instabilité en Irak et dans la région continue de faire des ravages, mais les impérialistes américains, leurs alliés de l’OTAN et les médias ne versent aucune larme. En fait, aujourd’hui, ce qui se faisait secrètement à l’époque de la deuxième guerre en Irak est devenu un éloge manifeste des assassins, des mercenaires, des révolutions de couleur, des coups d’État, des changements de régime et des campagnes de désinformation inspirés et financés par les États-Unis et l’OTAN, à une échelle inconnue jusqu’alors. Les mensonges et la désinformation racontés aujourd’hui sur les événements en Ukraine font paraître pitoyables les mensonges sur les armes de destruction massive, aussi scandaleux qu’ils aient été.
Comme ce fut le cas lorsqu’ils ont envahi l’Irak il y a 19 ans, les États-Unis et leurs alliés, dont le Canada qui compte parmi les pays les plus bellicistes, continuent aujourd’hui de rejeter la responsabilité de leurs crimes sur les autres et se vantent d’être des libérateurs qui défendent la liberté, la démocratie et la paix.
Le premier ministre Jean Chrétien, faisant référence à l’imminente guerre totale des États-Unis contre l’Irak, a annoncé le 17 mars 2003 que « si une action militaire est lancée en l’absence d’une nouvelle résolution, le Canada ne s’y joindra pas. » Il n’y a pas eu de résolution de l’ONU, seulement les mensonges et la désinformation énormes des impérialistes américains au sujet des armes de destruction massive, du « maléfique Saddam Hussein » et du dévouement sacré des États-Unis à la cause de la paix, de la liberté et de la démocratie. Sur cette base, la « coalition des volontaires » a lancé les bombardements « choc et effroi » le 20 mars, en se basant sur des calculs selon lesquels les Irakiens sortiraient par millions pour accueillir leurs « libérateurs ». Les bombardements ont été suivis de l’invasion par des forces terrestres qui ont perpétré des crimes inhumains pendant la guerre et l’occupation menées par les États-Unis, notamment des meurtres gratuits, puis des tortures et des opérations occultes pour lesquelles l’administration Bush est devenue tristement célèbre. Tout cela a détruit l’Irak, connu comme l’un des berceaux de la civilisation, et a conduit à une période de profonde instabilité en Irak et dans la région qui n’est toujours pas résolue.
D’énormes manifestations anti-guerre ont eu lieu au Canada (250 000 personnes à Montréal) et dans le monde entier. Bien que le Canada n’ait pas envoyé de forces terrestres, il avait des navires, des avions et 1 000 militaires dans la région du golfe Persique. Il a maintenu une équipe de liaison au quartier général de combat des États-Unis au Qatar et ses navires et avions ont continué à coopérer avec les forces américaines dans la région. Le Canada s’est également engagé à envoyer 3 000 soldats canadiens pour remplacer les soldats américains en Afghanistan pendant l’été afin de les libérer et de les réaffecter au Moyen-Orient. Ces mesures, prises sous le couvert de la « guerre contre le terrorisme », ont fait en sorte que ce qui constitue le terrorisme et ses causes ne soit pas discuté. La campagne impérialiste américaine contre le terrorisme visait tous les mouvements de résistance au terrorisme d’État et tous les pays qui refusaient de se soumettre au diktat américain. Aux États-Unis, au Canada et ailleurs, des personnes ont été emprisonnées dans le cadre de processus sécuritaires injustes qui les maintenaient en détention indéfinie sur la base d’allégations non prouvées, suspendaient tous les droits civils et en déportaient certaines vers les États-Unis et d’autres lieux de torture. En plus d’employer des mercenaires pour mener des opérations occultes — des activités criminelles qui se déroulent aujourd’hui au grand jour —, les sites de torture, comme la base navale américaine de la baie de Guantanamo, sont devenus célèbres pour leur utilisation par les États-Unis afin d’échapper à l’obligation de rendre des comptes.
Des sanctions avaient été imposées à l’Irak par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1990, après que l’Irak eut été poussé à entrer en guerre contre le Koweït. Cette guerre a ensuite conduit une « coalition des volontaires » dirigée par les États-Unis à faire la guerre à l’Irak, connue sous le nom de première guerre du Golfe. Cette guerre a été menée en vertu d’une résolution de l’ONU autorisant le recours à la force.
Avant l’imposition des sanctions, l’Irak avait un niveau de vie relativement élevé, notamment une gamme de services sociaux pour assurer le bien-être de la population.
Lorsque les conditions de vie en Irak se sont détériorées à cause des sanctions américaines, le gouvernement américain et les médias monopolisés ont répandu la désinformation selon laquelle cela était attribuable non pas à des sanctions, mais au détournement de fonds provenant de la vente du pétrole irakien à des fins humanitaires par le gouvernement de Saddam Hussein. Cette information a été utilisée pour justifier la poursuite de l’intervention américaine, car les États-Unis et d’autres pays ont affirmé que le peuple irakien souffrait sous le régime de Saddam Hussein et devait être libéré.
Les sanctions ont causé la mort de 500 000 enfants irakiens en plus de nombreux autres décès et la destruction des systèmes de soins de santé, d’éducation et d’infrastructure. En 1996, Madeleine Albright, alors secrétaire d’État des États-Unis, interrogée sur les pertes d’enfants, a répondu que « nous pensons que le prix en vaut la peine ». Il est clair que l’objectif de l’utilisation des sanctions comme arme de guerre par l’impérialisme américain et ses alliés était de mettre l’Irak à genoux et de le forcer à se soumettre au diktat américain et plus tard, avec les mensonges sur les armes de destruction massive, de fournir une justification pour la guerre.
Les sanctions contre l’Irak ont finalement été largement levées en mai 2003, après que les destructions dues à la guerre aient atteint des proportions dépassant ce que même la désinformation américaine pouvait imputer à d’autres. Les exceptions notables sont les sanctions qui donnaient aux États-Unis et au Royaume-Uni le contrôle des revenus pétroliers de l’Irak, qui n’ont pas été levées avant décembre 2010. Les sanctions exigeant que 5 % des revenus pétroliers et gaziers de l’Irak soient versés au Koweït à titre de réparations ont été levées en 2013. Le paiement des réparations de l’Irak au Koweït, en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies de 1991, s’est achevé en décembre 2021 avec le paiement final d’un total de 52,4 milliards de dollars américains.
Dans une entrevue d’avril 2021, Denis Halliday, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU et coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak, a parlé de la nature des sanctions et des conditions en Irak dans les années précédant la guerre de 2003. Denis Halliday a démissionné de l’ONU en 1998 pour protester contre le refus du Conseil de sécurité de lever les sanctions.
« Q : Vingt ans après votre démission des Nations unies, les États-Unis imposent aujourd’hui des sanctions similaires de « pression maximale » contre l’Iran, le Venezuela, Cuba et la Corée du nord, privant leur population d’accès à la nourriture et aux médicaments pendant la pandémie. Qu’aimeriez-vous dire aux Américains sur l’impact réel de ces politiques ?
« Denis Halliday : Les sanctions imposées par le Conseil de sécurité contre l’Irak, sous l’impulsion des États-Unis et de la Grande-Bretagne, étaient uniques dans le sens où elles étaient globales. Elles étaient illimitées, c’est-à-dire qu’il fallait une décision du Conseil de sécurité pour y mettre fin, ce qui n’est bien sûr jamais arrivé – et elles ont suivi immédiatement la guerre du Golfe [de 1991].
« La guerre du Golfe, menée principalement par les États-Unis mais soutenue par la Grande-Bretagne et quelques autres, a entrepris le bombardement de l’Irak et ciblé des infrastructures civiles, ce qui est une violation des Conventions de Genève, et ils ont détruit tous les réseaux électriques du pays.
« Cela a complètement sapé le système de traitement et de distribution de l’eau de l’Irak, qui dépendait de l’électricité pour le conduire, et a conduit les gens à utiliser l’eau contaminée du Tigre et de l’Euphrate. C’était le début du glas des jeunes enfants, car les mères n’allaitaient pas, elles nourrissaient leurs enfants avec du lait maternisé, mais le mélangeaient avec de l’eau sale du Tigre et de l’Euphrate.
« De plus, ces conflits ont introduit une nouvelle arme appelée uranium appauvri, qui a été utilisée par les forces américaines chassant l’armée irakienne du Koweït. Cela a été utilisé à nouveau dans le sud de l’Irak dans la région de Bassora, et a conduit à une accumulation massive de débris nucléaires qui a conduit à la leucémie chez les enfants, qui a mis trois, quatre ou cinq ans à se manifester.
« Lorsque je suis arrivé en Irak en 1998, les hôpitaux de Bagdad, et aussi bien sûr de Bassora et d’autres villes, étaient remplis d’enfants atteints de leucémie. Ces enfants, dont nous estimons qu’ils sont peut-être 200 000, sont morts de leucémie. Dans le même temps, Washington et Londres ont retenu certains des médicaments et des composants du traitement que la leucémie requiert, encore une fois, semblait-il, de manière génocidaire, en refusant aux enfants irakiens le droit de rester en vie.
« Je pense donc que les États-Unis et leur population, qui ont voté pour ces gouvernements, doivent comprendre que les enfants et le peuple irakiens sont tout comme les enfants des États-Unis et de l’Angleterre et leur peuple.
« Nous tuons des gens avec des sanctions. Les sanctions ne sont pas un substitut à la guerre – elles sont une forme de guerre. »
(Archives du LML ; « We Kill People with Sanctions : An Interview with Denis Halliday, Nicolas J.S. Davies, Progressive Magazine, 29 avril 2021)
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