Numéro 11
5 août 2023
La guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN en Ukraine
Des signes que la guerre par procuration en Ukraine est insoutenable
Le Financial Times indique que la Maison Blanche a du mal à se procurer plus d’obus d’artillerie à envoyer en Ukraine. Les États-Unis ont atteint le fond de leur propre baril. Le porte-parole du président des États-Unis, Jake Sullivan, a déclaré : « Nous avons découvert que la capacité de produire en masse ces munitions ne prendrait pas des jours, des semaines ou des mois, mais des années, pour atteindre le niveau dont nous avons besoin ». En réponse, les États-Unis continuent de se tourner vers leurs « alliés » et leurs États clients pour qu’ils libèrent les stocks qu’ils pourraient avoir. Un responsable américain a récemment annoncé que les États-Unis avaient signé des accords avec la Corée du sud et la Bulgarie pour la livraison d’obus d’artillerie de 155 mm et espérait que le Japon conclura bientôt un accord similaire.
Le journal indique également que les forces ukrainiennes utilisent actuellement environ 8 000 obus d’artillerie par jour. La capacité de production totale des États-Unis en munitions de 155 mm est au mieux de 24 000 obus par mois.
Un récent reportage de CNN apporte un éclairage supplémentaire sur cette question. Selon le Pentagone, les États-Unis ont déjà fourni à l’Ukraine plus de 2 millions d’obus d’artillerie de 155 mm. Le département de la Défense s’est fixé pour objectif de produire 70 000 obus d’artillerie par mois et en produit actuellement un peu moins de 30 000 par mois, a déclaré un porte-parole de l’armée. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 15 000 obus produits chaque mois au début de la guerre en Ukraine en février 2022.
Un autre exemple donné par Deb Fischer, sénatrice républicaine du Nebraska et membre de la Commission sénatoriale des services armés et des crédits, est que la chaîne de production de Lockheed Martin pour les missiles antichar Javelin est capable de produire 2 100 missiles par an, alors que l’Ukraine utilise 500 de ces missiles par jour. Deb Fischer a déclaré : « C’est un signal d’alarme ».
Tout cela confirme que la guerre par procuration menée par les États-Unis et l’OTAN n’est absolument pas soutenable, mais les États-Unis et l’OTAN persistent à essayer de convaincre leur propre peuple et le monde entier du contraire. Les États-Unis et l’OTAN affirment avoir donné à l’Ukraine tout ce qui est nécessaire pour vaincre la Russie sur le terrain. Autrement dit, ils reprochent à l’Ukraine son manque de succès, ce qui, en fin de compte, ne leur apportera rien de bon. Le fait de mener la guerre jusqu’au dernier Ukrainien et de prendre les forces armées et le peuple ukrainiens pour acquis suscitera tôt ou tard leur révolte contre ce qui est fait en leur nom.
Le 27 juillet, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, a déclaré que « l’Ukraine est bien préparée et bien entraînée pour réussir », mais que l’armée ukrainienne dépend trop sur l’artillerie. Le Wall Street Journal affirme toutefois que les États-Unis savaient pertinemment que ce n’était pas le cas. Le journal dit que les responsables occidentaux savaient que l’Ukraine n’avait pas la capacité militaire de reprendre les territoires dont la Russie s’est emparée. Pourtant, l’OTAN a poussé les forces ukrainiennes à lancer une soi-disant contre-offensive. Le journal indique : « Lorsque l’Ukraine a lancé sa soi-disant contre-offensive ce printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev n’avait pas l’entraînement ou les armes, des obus aux avions de combat, dont elle avait besoin pour déloger les forces russes. Mais ils espéraient que le courage et l’ingéniosité des Ukrainiens l’emporteraient. »
Les armes promises par l’Allemagne ne se sont pas concrétisées
Le 3 août, le quotidien allemand Die Welt a publié un rapport indiquant que la grande quantité d’armes promises à l’Ukraine par l’Allemagne le 14 mai ne s’étaient pas, de façon générale, concrétisées. Ces armes comprenaient celles requises pour la soi-disant contre-offensive actuelle de l’Ukraine. Ces données mettent en relief non seulement le gouffre financier et l’impasse de la guerre par procuration des États-Unis/OTAN, mais aussi comment la soi-disant contre-offensive actuelle est menée au gré des fausses promesses des membres de l’OTAN.
L’article rappelle que lorsque le président ukrainien Volodymir Zelenski a été accueilli en Allemagne le 14 mai par le chancelier allemand Olaf Scholz, les deux « se sont traités comme de fidèles partenaires, se sont appelés par leurs prénoms et l’Ukrainien a salué l’appui résolu de son hôte. C’est parce que le gouvernement fédéral lui avait préparé un cadeau d’envergure — des armes au coût de 2,4 milliards d’euros. Ce cadeau aurait dû faire de l’Allemagne le deuxième plus important supporter de Kiev. Berlin s’est engagé à livrer ces armes le plus tôt possible. Mais, à ce jour, l’Ukraine en a reçu très peu.
« La liste des armes expédiées par le gouvernement fédéral est disponible sur son site web. Elle a été publiée pour la première fois à la mi-juin l’année dernière pour contrecarrer le sentiment qui régnait que l’Allemagne avait expédié très peu d’armes à Kiev. À la fin de juillet, la liste contenait un total de 120 articles, dont les chars d’assaut de pointe Léopard 2 et Marder, que l’Allemagne s’était engagée à livrer au début de l’année après beaucoup de tergiversation. Ils ont été livrés au printemps. »
![]() Les armes promises par l’Allemagne à l’Ukraine en mai 2023 sont en noir ; ce qui est en vert indique ce qui a été effectivement livré |
Die Welt informe qu’il a régulièrement suivi les mises à jour publiées par le ministère de la Défense sur son site web pour reconstituer la progression des armes livrées. Il informe :
« Par conséquent, presqu’aucune des armes promises n’a été livrée au cours des deux derniers mois.
« Le nombre de Marders, Iris-T, camions-citernes et camions poids-lourds articulés qui sont arrivés à Kiev depuis la mi-mai est zéro. Entre autres, l’Ukraine a reçu seulement 10 (sur 110 promis) chars d’assaut Léopard 1, un radar de surveillance des routes aériennes, 12 (sur 18) Cheetahs [des canons mobiles anti-aériens], seulement 850 pièces de munition d’artillerie (sur 26 350) et 8 ambulances. Les seules promesses que le gouvernement fédéral a respectées à 100 % sont celles de livrer 11 000 rations alimentaires, 3 capteurs de drone et 5 ponts métalliques pour le char poseur de pont Biber. »
D’autres armes promises, telles que les armes antichars portatives, ont disparu du site web du ministère de la Défense.
Plus récemment, l’Ukraine pousse l’Allemagne à livrer des missiles Cruise Taurus mis au point par l’Allemagne et la Suède. L’ambassadeur ukrainien Oleksij Makejev a exhorté le gouvernement allemand à reconsidérer ses discussions sur la livraison des missiles Cruise Taurus et a récemment dit aux médias : « Nous recevons déjà des missiles de la Grande-Bretagne et, nous l’espérons, bientôt de la France. Nous comptons sur les missiles allemands Taurus. » Les missiles Cruise de la Grande-Bretagne et de la France sont les missiles Storm Shadow/SCALP anglo-français ayant une portée de 560 km. Le missile Taurus a une portée de 500 km.
Les politiciens de l’Union démocratique chrétienne, du Parti démocratique libre et du Parti vert acceptent d’envoyer ces armes offensives en Ukraine, bien que le ministre de la Défense Boris Pistorius (du Parti social-démocrate- PSD) le rejette.
Ralf Stegner du PSD a parlé le 3 août contre l’envoi de missiles Taurus, disant à la station de radio Deutschlandfunk qu’une « escalade de la guerre » avec la Russie doit être évitée. Il a dit au sujet de la capacité de longue portée des missiles Taurus : « Plus grande est la portée, et plus importants sont les dommages, et en cas de doute, plus grand est le risque d’escalade. »
L’Ukraine avait promis de ne pas lancer les armes reçues des pays de l’OTAN dans des attaques sur territoire russe, mais il n’y a pas de garantis venant d’un régime qui agit sans principe. Ses propres forces militaires, en particulier les bataillons néo-nazis, ont régulièrement mené des attaques contre leurs compatriotes ukrainiens, tels que la population du Donbass, mais aussi des opérations sous fausse bannière menées par le bataillon Azov au cours du conflit. L’Ukraine lance actuellement des drones contre Moscou.
Le but ultime de la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN
Lors d’une récente entrevue accordée au Conseil de l’Atlantique, Mykhailo Podolyak, un des principaux conseillers politiques du président ukrainien Volodymyr Zelensky a révélé que le changement de régime et le démembrement de la Russie sont le but ultime des États-Unis et de l’OTAN dans la poursuite du conflit en Ukraine. Aucunement découragé par les lourdes pertes ukrainiennes sur le champ de bataille, Mykhailo Podolyak a déclaré : « L’Ukraine n’aura peut-être pas besoin de se battre pour chaque centimètre de territoire occupé. Si la Russie subit deux ou trois défaites militaires importantes en Ukraine, cela démoralisera de manière décisive les envahisseurs de Poutine. Ceux-ci traverseront alors la frontière en fuyant, armes à la main, déplaçant les hostilités vers la Russie elle-même. À mesure que des luttes intestines entre groupes rivaux feront rage en Russie, l’Ukraine sera en mesure de reprendre le plein contrôle de ses frontières internationalement reconnues. Avec le temps, nous assisterons probablement à des manifestations de masse à Moscou et à la chute du régime Poutine. »
« La Russie ne cessera pas d’exister complètement, mais tout le monde devrait se rendre compte à ce stade-ci que la Russie ne peut continuer d’exister sous sa forme actuelle », a dit Mykhailo Podolyak . « Tout comme l’URSS avant elle, la Russie de Vladimir Poutine a commis trop d’erreurs majeures. Plutôt que d’essayer de soutenir le régime actuel en faillite, la Russie doit évoluer vers une période de transformation interne. Il est tout à fait possible que des régions ethniques minoritaires au sein de la Fédération de Russie tentent de se séparer, mais ce ne sera pas déterminant pour ce qui est de la survie globale de la Russie en tant qu’État. »
Selon Mykhailo Podolyak, les propositions d’accords de paix et de compromis potentiels reflètent l’incapacité de la communauté internationale de saisir la nature impérialiste de la Russie moderne. « Toute tentative d’en arriver à un quelconque compromis avec Vladimir Poutine sonnera le glas de l’État ukrainien. Cela est parfaitement clair pour nous. Et les Ukrainiens ne seront pas les seules victimes. Si la Russie n’est pas vaincue, l’invasion de Poutine aura été justifiée et son régime dans son intégrité sera revitalisé. Les conséquences pour la sécurité internationale seront désastreuses. Pourquoi accepter volontairement que le monde devienne un endroit plus dangereux et instable ? », insiste Mykhailo Podolyak. « Nous voyons aujourd’hui l’aboutissement de processus qui ont pris forme en 1991 », a-t-il dit. « Tout le monde pensait que l’URSS s’était désintégrée plus ou moins pacifiquement. Mais en réalité, le processus n’est pas encore terminé. La guerre en cours est le dernier chapitre de l’effondrement de l’Union soviétique et de l’empire russe. »
C’est l’un des récits de l’OTAN qui n’a aucun rapport avec la situation réelle en Russie ou dans le monde à l’heure actuelle.
Tentatives de mettre en place un règlement négocié pour mettre fin à la guerre par procuration des États-Unis/OTAN
En plus des initiatives de paix prises par la Chine en février et par sept pays africains qui se sont rendus en Russie et en Ukraine en juin, les présidents du Mexique et du Brésil appellent également une résolution pacifique de la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN.
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, connu pour être un grand partisan des pourparlers de paix, a déclaré à Sputnik : « Si l’Ukraine et la Russie acceptent de rechercher une solution pour parvenir à la paix, nous y participerons – si les parties au conflit sont d’accord et convoquent [d’autres pays] à cette fin. Nous sommes pour la paix si les deux pays sont représentés, alors oui. » AMLO, comme on le surnomme, répondait aux questions lors d’une conférence de presse le 31 juillet. Le dirigeant mexicain a ajouté que son gouvernement soutiendrait toute initiative qui permettrait de trouver ensemble une solution pacifique à la crise. Précisant que le Mexique ne voulait pas que le conflit « se banalise », il a déclaré : « Nous ne voulons pas que la guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuive, car elle est très irrationnelle. La seule chose qui en profite est l’industrie de la guerre. »
Le Mexique s’est joint à la majorité des pays en développement pour maintenir une neutralité ferme dans la crise ukrainienne, d’où l’irritation des États-Unis et de leurs alliés. AMLO avait déclaré à la fins de 2022 : « Nous ne leur permettons pas de nous dire avec qui nous devons avoir des relations ou avec qui nous ne devons pas en avoir. »
Le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a également insisté sur la nécessité d’une résolution pacifique du conflit et a proposé de jouer un rôle de facilitateur lorsque la Russie et l’Ukraine montreront leur volonté d’atteindre cet objectif. Entre-temps, il a bloqué les ventes d’armes en provenance du Brésil qui pourraient être utilisées dans la guerre et a envoyé son principal conseiller en politique étrangère, Celso Amorim, rencontrer les dirigeants de la Russie et de l’Ukraine ainsi que les homologues brésiliens des BRICS et d’autres pays afin de renforcer le soutien à la nécessité d’une fin négociée de la guerre. La position du Brésil, telle qu’exprimée par Celso Amorim dans une entrevue accordée le 2 août au New York Times, est que l’intégrité territoriale des États doit être respectée, mais que les préoccupations en matière de sécurité, y compris celles de la Russie, doivent également être respectées par tous.
En ce qui concerne le rejet par le Brésil de la demande de Volodymyr Zelensky d’accueillir un sommet des pays d’Amérique latine auquel l’Ukraine pourrait participer, Celso Amorim a déclaré que le Brésil accueillerait Volodymyr Zelensky pour une visite, mais qu’il n’organiserait pas de réunions pour lui. « Le Brésil n’a pas à servir de scène à qui que ce soit ni à Volodymyr Zelensky ni à Vladimir Poutine, a-t-il déclaré. Nous voulons la paix, nous voulons que le peuple ukrainien vive en paix, qu’il mette fin à la guerre dont il est la principale victime. »
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