Numéro 10
4 août 2023
États-Unis, hors de l’Asie-Pacifique !
Un sous-marin nucléaire américain envoyé pour menacer la République populaire démocratique de Corée
Un sous-marin nucléaire doté de missiles balistiques à têtes nucléaires des États-Unis — le USS Kentucky – a récemment fait une démonstration de provocation et de menaces d’anéantissement total contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans la ville de Busan, dans le sud-est de la Corée du sud. Le USS Kentucky transporte une vingtaine de missiles balistiques Trident-II D5, chacun armé de plusieurs ogives nucléaires d’une portée de 12 000 kilomètres. Sa présence fait suite à de récents survols par des bombardiers stratégiques B-52 et de vols d’espionnage qui ont violé l’espace aérien souverain de la RPDC.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a clairement exprimé la menace. Prenant la parole à la réunion inaugurale du groupe consultatif nucléaire, le 18 juillet, Yoon Suk Yeol a déclaré que la présence du USS Kentucky visait à mettre la RPDC en garde que les États-Unis avaient la capacité de « mettre fin à son régime » par des moyens militaires.
Le 17 juillet, la RPDC a publié une déclaration sur la gravité de la situation, les États-Unis et leur régime fantoche au sud évoquant ouvertement la perspective d’une guerre nucléaire. « La situation actuelle dans la péninsule coréenne a atteint une telle phase que la possibilité d’un conflit armé réel et même le déclenchement d’une guerre nucléaire sont débattus, allant bien au-delà de la phase de confrontation grave entre la RPDC et les États-Unis créée en 2017. »
La déclaration, publiée par la directrice adjointe du département du Comité central du Parti du travail de Corée, Kim Yo Jong, souligne que les États-Unis sont les seuls responsables de la gravité de la situation dans la péninsule coréenne. Elle a déclaré que la RPDC n’était pas dupe des protestations américaines selon lesquelles elle était favorable à des « négociations » sans conditions préalables, et qu’elle était consciente de toutes les ruses des États-Unis. La réalité à laquelle est confrontée la RPDC, souligne la déclaration, n’est pas le dialogue, comme le vantent sans cesse les États-Unis à la manière d’un guichet automatique, « mais le bombardier stratégique nucléaire volant près de la RPDC, peu importe le temps, l’espionnage aérien des États-Unis violant notre souveraineté territoriale, la convocation du ‘Groupe consultatif nucléaire’ qui discute ouvertement de l’utilisation d’armes nucléaires contre la RPDC, et l’entrée d’un sous-marin nucléaire stratégique des États-Unis dans les eaux de la péninsule coréenne pour la première fois en près de 40 ans. Les États-Unis devraient savoir que leur système de dissuasion étendu et renforcé et leur système d’alliance militaire excessivement étendu — une entité menaçante — ne feront qu’éloigner la RPDC de la table de négociation qu’elle souhaite. »
« Le moyen le plus approprié pour assurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne est la dissuasion des pratiques arbitraires des États-Unis avec une position de force et en exerçant suffisamment de puissance, au lieu de résoudre le problème avec les gangsters américains de manière amicale. »
(Photos: Xinhua, Peace Now)
Des actions réussies à Washington appellent les États-Unis à signer un traité de paix permanent avec la RPDC
Le 1er août, l’organisation Women Cross the Demilitarized Zone (DMZ) a publié un rapport sur les actions qu’elle a tenues à Washington à l’occasion du 70e anniversaire de la victoire du peuple coréen dans la lutte de libération de la patrie de 1950 à 1953, qui a contraint les États-Unis à signer un armistice et à mettre un terme à leur guerre d’agression en Corée. L’une des principales revendications des Women Cross the DMZ est que les États-Unis signent officiellement un accord de paix avec la RPDC et rapatrient leurs soldats pour mettre officiellement fin au conflit.
« Nous sommes encore sous l’effet de notre action pour la paix en Corée de la semaine dernière à Washington », indique le rapport. Des centaines de personnes, dont des Américains d’origine coréenne issus de familles divisées, des militants de Gen M/Z, des travailleurs humanitaires, des experts, des universitaires et des personnes éprises de paix, sont venues de partout au pays pour participer à notre action pour la paix en Corée : Mobilisation nationale pour mettre fin à la guerre de Corée à l’occasion du 70e anniversaire de l’armistice.
Au cours de trois journées torrides à Washington, Action pour la Paix en Corée a renforcé le mouvement pour la paix en Corée, établi des liens et une collaboration entre les organisations, les groupes et les individus, notamment les anciens combattants américains de la guerre de Corée, et partagé la vision d’une paix sur la péninsule coréenne de notre vivant. Ils ont fait pression sur les représentants du Congrès. Action pour la Paix en Corée a tenu une conférence de presse devant le Capitole, animée par des représentants des défenseurs de la paix en Corée, dont un membre d’une famille qui reste divisée par l’état actuel des hostilités dans la péninsule coréenne, un représentant de la coalition des familles de prisonniers de guerre et de disparus de la guerre froide, un général trois étoiles à la retraite et ancien commandant intérimaire du commandement américain Indo-Pacifique, et un membre de la cinquième génération, âgé de 14 ans, d’une famille divisée, ainsi que d’autres personnes.
Plus de 500 personnes ont marché jusqu’au mémorial de Lincoln, où une veillée interconfessionnelle a eu lieu. Ces trois jours d’action se sont terminées par une conférence d’une journée à l’université George Washington qui avait pour but de s’informer auprès d’experts et de personnes qui ont vécu l’impact de la guerre non résolue et de ses enjeux, et de partager des stratégies pour progresser vers la paix. L’historien Bruce Cumings a prononcé le discours d’ouverture, suivi de tables rondes sur « Les coûts humains d’une guerre sans fin » et « La paix pour prévenir la guerre nucléaire ».
Lors de la conférence, le Dr Kee Park, directeur de la politique et du plaidoyer au département de santé mondiale et de médecine sociale de l’Université de Harvard, qui s’est rendu plus de 20 fois en RPDC, a déclaré : « Les sanctions tuent. Nous le savons et nous ne devrions pas l’excuser. Nous avons laissé nos dirigeants et notre morale se détériorer. Nous sommes devenus des barbares parce que nous avons accepté la mort de femmes et d’enfants au nom de la sécurité nationale. »
Parmi les coorganisateurs, en plus de Women Cross the DMZ, il y avait l’American Friends Service Committee, le Korean American Peace Fund, le Mennonite Central Committee, l’Association nationale des Américains d’origine coréenne, l’Église méthodiste unie et l’Association des vétérans américains pour la paix, ainsi que 27 autres organisations coorganisatrices.
La déclaration conclut : « De tous les événements qui se sont déroulés au cours de ces trois jours riches en événements, le plus significatif a sans doute été la possibilité de tisser des liens les uns aux autres pour tisser une tapisserie intergénérationnelle de résistance à la guerre de Corée en cours. Notre mouvement est puissant et nos voix se font de plus en plus fortes. Nos appels sont entendus. Nous savons que nous faisons la différence parce que nous avons même été attaqués par les médias de droite pro-guerre ! »
(Photos: C. Ahn, Peace Now)
Les États-Unis multiplient les provocations contre la Chine
S’adressant à une commission spéciale du Congrès américain qui s’intéresse à la Chine et au Parti communiste chinois, le secrétaire adjoint à la défense des États-Unis pour les affaires de sécurité indo-pacifiques a déclaré le 20 juillet que le département de la Défense était lucide quant au défi que représente la République populaire de Chine pour l’ordre international fondé sur des règles. « La Chine est le seul pays au monde qui a la volonté et, de plus en plus, la capacité de réorganiser l’ordre international d’une manière qui porterait gravement atteinte aux intérêts vitaux des États-Unis », a-t-il déclaré à la commission. Il a ajouté que le département de la Défense avait mis en place des stratégies, des doctrines, des politiques et des ressources pour contrer la Chine et que « ces efforts commencent à porter leurs fruits de manière significative. […] Le département investit dans des capacités essentielles pour maintenir la dissuasion et l’emporter si nécessaire au cours de cette décennie et au-delà. »
« Ces investissements renforcent nos avantages en matière de combat, exploitent les vulnérabilités de l’adversaire et répondent aux défis opérationnels critiques dans l’Indo-Pacifique », a ajouté le secrétaire adjoint à la défense des États-Unis. « Ils fournissent des capacités qui serviront à renforcer notre force de dissuasion crédible au combat en garantissant que nous pouvons l’emporter. »
Les États-Unis ont mené des manoeuvres navales conjointes avec le Canada dans le détroit de Taïwan au début du mois de juin et sont prêts à mener des activités militaires conjointes avec les forces armées de l’Australie, du Japon et d’autres pays dans et autour de la mer des Philippines occidentale au cours des prochains mois. Ces dernières années, les États-Unis ont incité leurs alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), du Dialogue quadrilatéral sur la sécurité et du pacte de sécurité AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) à déployer leurs navires de guerre et à organiser des « patrouilles conjointes » avec les États-Unis dans le cadre de leur stratégie globale visant à contenir la puissance économique et militaire croissante de la Chine et à construire des fortifications militaires dans ce qu’ils appellent la « première chaîne d’îles » qui entoure la Chine.
Tournée américaine des îles du Pacifique Sud
Global Times rapporte que la réponse aux efforts des États-Unis pour gagner l’appui de certains pays à leurs blocs exclusifs et à leur ordre du jour hostile envers leurs concurrents est une détermination renouvelée à établir de nouvelles relations internationales et de nouveaux arrangements fondés sur la souveraineté, l’indépendance et le respect mutuel.
Par exemple, le secrétaire d’État américain Antony Blinken vient de terminer une tournée des pays des îles du Pacifique Sud, où il a tenté de semer la discorde entre ces pays et la Chine. Cependant, aux Tonga, le premier ministre Siaosi Sovaleni a dit que, pour lui, emprunter de l’argent de la Chine ne posait pas problème. En Nouvelle-Zélande, la ministre des Affaires étrangères Nanaia Mahuta a refusé de se joindre à l’alliance de l’AUKUS. À Papouasie-Nouvelle-Guinée, le premier ministre James Marape a dit que son pays est ouvert à la coopération avec la Chine et que les « États-Unis n’ont pas besoin du territoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée comme tremplin pour mener des offensives partout dans le monde ».
Armée américaine, hors des Philippines !
Ang Bayan, l’organe officiel du Parti communiste des Philippines, révèle comment ces préparatifs de guerre des États-Unis touchent le pays. Avec « l’arrivée de milliers de soldats américains, avec leurs gigantesques navires de guerre, leurs avions de guerre, leurs canons et leurs armements divers, l’absence de véritable indépendance des Philippines et le traitement inférieur du pays en tant que grande base militaire américaine » deviennent encore plus évidents.
L’accord de coopération renforcée en matière de défense (EDCA) penche en faveur des États-Unis, puisqu’il prévoit des locaux gratuits dans les camps militaires des forces armées philippines à l’usage exclusif de l’armée américaine. Ang Bayan souligne qu’en vertu de l’ EDCA, « les Philippines sont utilisées par les États-Unis comme port, aéroport, pour le stockage de pétrole brut, l’hébergement du personnel et le stockage d’armes, de véhicules et d’autres équipements de guerre. L’armée américaine a le contrôle absolu de ces endroits jusqu’à ce qu’ils ne soient plus nécessaires aux États-Unis. »
Les États-Unis ont également le droit d’utiliser en tout temps les terres et les installations publiques comme les routes, les ports et les aéroports, de mettre en place des systèmes de communication militaires et d’utiliser l’eau, l’électricité et d’autres services publics philippins à un prix équivalent ou inférieur à celui que doit payer le Philippin moyen. Les soldats américains bénéficient d’un statut juridique spécial et ne peuvent être tenus responsables d’actes criminels en vertu du droit pénal ou civil des Philippines pendant leur séjour dans le pays.
Cette année, au moins 500 jeux de guerre — des exercices militaires qui préparent la guerre — seront tenus par les États-Unis aux Philippines. « Cela signifie que chaque jour de l’année, des soldats américains se trouvent aux Philippines pour inciter à la guerre. L’exercice Balikatan, qui s’est déroulé en avril, en est un exemple. Il s’agit des plus grands jeux de guerre jamais tenu aux Philippines. Plus de 12 000 soldats américains ont envahi le nord de Luçon pour menacer la Chine. Ang Bayan écrit que les « exercices conjoints » sont utilisés pour s’assurer que les États-Unis peuvent contrôler les forces armées philippines (ce que les États-Unis appellent l’« interopérabilité ») si une guerre devait éclater. Pousser à la « modernisation » des forces armées philippines signifie pousser le pays à acheter des États-Unis des dizaines de milliards de pesos d’armes américaines excédentaires, usagées ou obsolètes.
Les États-Unis augmentent constamment leurs forces militaires en Asie de l’Est, de l’Asie du Sud-Est jusqu’aux îles du Pacifique, y compris l’Inde, tout en encourageant et en faisant pression sur leurs alliés militaires (Japon, Australie, Royaume-Uni et autres) pour qu’ils participent à des opérations navales en mer de Chine méridionale sous le couvert de la « liberté de navigation ». Pour les États-Unis et leur stratégie géopolitique et militaire, les Philippines constituent une base importante en raison de leur proximité avec la Chine. Quant à la Chine, elle considère la présence de forces militaires américaines aux Philippines comme une menace pour sa sécurité.
Par ailleurs, les Philippines et l’UE ont annoncé leur intention d’étudier la possibilité de relancer les négociations « en vue d’un accord de libre-échange (ALE) ambitieux, moderne et équilibré, axé sur la durabilité ». L’UE et les Philippines lanceront prochainement un « processus exploratoire » bilatéral afin d’évaluer dans quelle mesure leur conception du futur ALE concorde. Si ce processus s’achevait avec succès, et après consultation des États membres, l’UE et les Philippines seraient en mesure de reprendre les négociations en vue d’un ALE, selon le communiqué.
(Photos: Peoples’ Dispatch, Gabriela)
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