Boniment anticommuniste au sujet de Cuba, de la liberté, de la démocratie et des droits humains
– Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada –
Objet : Commentaire publié dans le Globe and Mail le 25 février
Il y a des faits à propos des États-Unis qui sont assez bien connus. Par exemple, on sait que dans ce pays qui représente 4,4 % de la population mondiale on trouve 22 % de la population carcérale du monde. On trouve aussi dans ses prisons un grand nombre de prisonniers politiques et sa réputation n’est pas à refaire concernant les détentions arbitraires et les camps de torture à la manière de Guantanamo. Les policiers américains ont tué 1140 personnes ne serait-ce qu’en 2015.
Or, le chroniqueur du Globe and Mail Konrad Yakabuski, qui a été correspondant à Washington de 2009 à 2013, est capable de faire abstraction de cette réalité de la vie, des faits renversants sur les violations que commettent les États-Unis contre les droits humains chez eux et à l’étranger. C’est son droit de préférer un système dont les chefs vendent leur âme aux bailleurs de fonds internationaux, aux escrocs et aux pires crapules qu’ait engendrées la démocratie inhumaine à l’américaine. Mais comment en est-il venu à se convaincre que le monde pense comme lui ?
M. Yakabuski se répand en invectives contre Cuba et parle de « répression », « démocratie », « droits humains », « succession », etc. Il raille les efforts des autres pour résoudre les problèmes de leur économie et assurer une succession stable pour leur peuple. Il se prétend journaliste mais il est si aveuglé par son dogme anticommuniste qu’il croit que le monde va avaler ses sornettes. Au fond il ne fait que s’attirer le discrédit.
Car bien loin de réussir à semer le doute sur le processus révolutionnaire cubain, sa chronique prétentieuse du 25 février révèle davantage la pusillanimité du spectre qui habite son imaginaire pathétique. Son obsession pour l’économie cubaine alors que lui-même vit dans un pays qui s’apprête à annoncer un déficit de 30 milliards $ pour lequel il blâme l’effondrement des prix du pétrole est pathétique. Les travailleurs mis à pied dans les champs pétroliers du Canada, qui se retrouvent au chômage et sans perspective, ont sûrement plus de sympathie pour le Venezuela que M. Yakabuski, qui souhaite l’effondrement de ce pays.
Nous sommes au XXIe siècle et le monde est aux prises avec de graves problèmes, mais M. Yakabuski semble avoir éteint son réveille-matin depuis si longtemps qu’il ne sait pas que la Guerre froide est terminée. Il ne s’est pas encore rendu compte que ses formules anticommunistes à propos d’une lutte à finir entre le « totalitarisme » et la « démocratie » sont discréditées depuis trente ans. La chute de l’Union soviétique a privé les États-Unis d’un épouvantail à agiter et ils n’ont plus maintenant qu’eux-mêmes à blâmer pour les crimes commis au nom de ce qu’ils ont appelé « liberté », « démocratie » et « droits humains ».
Quant à la succession à Cuba, faut-il vraiment croire que la destruction qu’on a laissé s’abattre sur l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et maintenant la Syrie offre le modèle de survie des définitions dépassées de « liberté », « démocratie » et « droits humains » que chérit tant M. Yakabuski ? À l’heure où la quête de domination mondiale des États-Unis entraîne le monde vers l’abîme et où le Canada s’est accroché au char de guerre, les Canadiens ne sont pas d’humeur à entendre ses boniments anticommunistes.
Au grand regret de Konrad Yakabuski, Cuba occupe de plus en plus de place dans le monde d’aujourd’hui et jouit d’un appui solide et des bons voeux des Canadiens et des gens partout sur la planète. Parlant de « succession », M. Yakabuski devrait peut-être songer à aller joindre le cirque qu’on appelle élection présidentielle aux États-Unis. Ses bouffons comme Donald Trump y sont les nouveaux défenseurs des droits, de la liberté et de la démocratie de style américain. Et c’est carrément cauchemardesque comme « succession » !
Pour citer un des dissidents cubains dont M. Yakabuski épouse la cause : « Le vote était clair. Le décompte était juste. Les gens ne veulent pas de changement. Ils veulent toujours la révolution. » Ce sont les paroles d’Hildebrando Chaviano, un avocat qui s’est présenté aux élections régionales à Cuba en 2015 et qui a perdu lamentablement. Plus de 7,7 millions de Cubains se sont prévalu de leur droit de vote, sur un électorat de 8 millions de personnes.
25 février 2016