Dans l’actualité
Les relations du gouvernement Trudeau avec les autochtones
Toujours la même rengaine sur le
« renouvellement des relations » et
« l’autonomie gouvernementale »
– Philip Fernandez –
Le premier ministre Justin Trudeau a récemment remis des « lettres de mandat » au ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, et à la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu (qui est également ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario). Les lettres promettent le « renouvellement des relations » et « l’autonomie gouvernementale ».
Et puis il y a la vraie vie : la GRC, lourdement armée, qui envahit le territoire des Wet’suwet’en et arrête les défenseurs de la terre dans des attaques des plus violentes afin que Coastal GasLink puisse faire passer un gazoduc sur leurs terres. À l’autre bout du pays, la GRC et les agents de Pêches et Océans Canada sont en guerre contre les Mi’kmaq qui exercent leurs droits ancestraux de vivre de la pêche. Il y a aussi les interminables poursuites judiciaires du gouvernement pour emprisonner les défenseurs de Land Back, annuler les revendications territoriales, annuler les compensations que le gouvernement a été condamné à verser aux enfants et aux familles autochtones qui ont été victimes de discrimination raciste en matière de protection de l’enfance par les gouvernements canadiens successifs. La liste est interminable. Il est très clair que le gouvernement tente de limiter la consultation aux conseils de bande élus. Ils sont créés à l’image du gouvernement lui-même, font partie de son appareil, et sont au service de l’État qui a commis un génocide contre les peuples autochtones et qui continue d’appliquer une constitution qui maintient le droit de décision finale de la Couronne sur toutes les questions qui concernent ce qu’on appelle les affaires autochtones.
Les « lettres de mandat » n’apportent rien de concret pour mettre fin aux relations coloniales racistes que la Couronne impose aux peuples autochtones, alors de quelles « nouvelles relations » Justin Trudeau parle-t-il ? Les relations de nation à nation doivent être fondées sur l’égalité et le respect mutuel. Loin d’établir des relations de nation à nation, l’objectif déclaré de s’affranchir graduellement de la Loi sur les Indiens, qui est raciste, est une répétition des tentatives du passé dont le but était de résoudre le « problème indien » en éliminant les obligations fiduciaires du gouvernement qui découlent du vol des terres indiennes en premier lieu et de leur placement dans des réserves privées de moyens de subsistance et contraires à leur droit d’être. Les peuples autochtones en tant que nations souveraines et les peuples de l’île de la Tortue ont prouvé à maintes reprises qu’aucune tentative d’extermination ne changera le fait que ce sont leurs terres et qu’ils sont là pour rester. Les droits ne peuvent être éteints par la conquête ou perdus, quels que soient les efforts déployés par les autorités coloniales, sous la forme de la Couronne ou du gouvernement du Canada, pour les faire disparaître ou pour conclure des accords avec les conseils de bande afin qu’ils y renoncent. Les conditions d’oppression, de criminalisation et de souffrance doivent cesser. Ce n’est pas ce que proposent les « lettres de mandat ».
Le Canada a besoin d’une constitution moderne qui reconnaît le droit d’être des peuples autochtones, qui répare les crimes commis contre eux dans le passé et le présent, et qui entre dans une union libre et égale sur la base de relations de nation à nation, en tant que peuples souverains sur leurs propres territoires avec leur propre matière intellectuelle, leurs propres lois et formes de gouvernance. Ce moment historique pour éliminer l’héritage colonial du Canada ne peut être évité.
(Le Renouveau, publié le 21 janvier 2022 – Photos : LML)