Anniversaire de la proclamation de la
Loi sur les mesures de guerre de 1970
Les pouvoirs de police ont injustement emprisonné des centaines de personnes durant la «crise d’Octobre» de 1970
Le 16 octobre est le 51e anniversaire de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau. Trudeau a déclaré un état d’« insurrection appréhendée » afin d’utiliser les pouvoirs de cette loi, qui avait été invoquée pendant la Première et la Deuxième Guerres mondiales pour détenir indéfiniment des personnes sans accusation ni procès.
La police a effectué plus de 1 000 descentes entre le 7 et le 10 octobre 1970. En vertu des dispositions de la Loi sur la défense nationale, l’armée a été déployée dans les rues d’Ottawa le 12 octobre et dans les rues de Montréal le 15 octobre. Après la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre le 16 octobre, la police a effectué 3 068 autres descentes et perquisitions sans mandat. Quatre cent soixante-cinq personnes ont été arrêtées et détenues sans accusation. La grande majorité des personnes arrêtées ont été libérées après 21 jours sans accusation, mais certaines ont été détenues pendant de plus longues périodes.
Le peuple, au Québec comme au Canada, a rejeté les atteintes à ses droits et libertés démocratiques et défendu le droit du Québec à l’autodétermination, jusqu’à la sécession si telle était le désir des Québécois. Tant que la fédération canadienne ne sera pas une union libre et égale de tous ses membres, y compris les peuples autochtones, où la souveraineté appartient au peuple, l’État oppressif anglo-canadien au service de l’impérialisme américain continuera de commettre des actes de violence d’État fondés sur le racisme et l’idéologie antiouvrière et anticommuniste et constituera un danger pour les gens de ce pays, quels que soient leur origine nationale, leurs croyances, leur langue, leur sexe, leur âge ou leurs capacités. C’est ce qui s’est passé en 1970 et ce que l’État canadien continue de faire aujourd’hui.
Parmi les victimes de la persécution sous la Loi sur les mesures de guerre et les mesures spéciales prises avant et après on comptait plusieurs membres du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) qui ont passé des mois en prison comme de nombreuses autres personnes arrêtées à cette époque. Un mandat d’Interpol a même été lancé pour l’arrestation du dirigeant du Parti, Hardial Bains, qui a été la cible de plusieurs tentatives d’assassinats, de coups montés et autres actes de persécution politique dans le cadre de l’opération Chaos de la CIA, notamment le priver de la citoyenneté pendant 30 ans.
Mentionnons que jamais la liste des personnes emprisonnées en vertu de la Loi des mesures de guerre n’a été rendue publique. Les journalistes et les historiens qui se sont penchés sur ces événements estiment à entre 500 et 1000 le nombre des arrestations et à entre 10 000 et 15 000 le nombre des perquisitions.
Trois commissions d’enquête publique (Duchaîne, Keable, McDonald) ont constaté l’absence de toute justification de l’adoption de ces mesures extrêmes et sans précédent de suspension des droits civils en temps de paix. Il faut rappeler que les procès-verbaux des réunions du cabinet Trudeau des 14 et 15 octobre 1970 ont plus tard révélé que le conseil fédéral des ministres savait parfaitement que la police arrêterait des centaines de personnes innocentes sans pour autant s’attendre à retrouver les deux otages du FLQ[1]. Ces commissions ont révélé les nombreuses activités illégales et même criminelles de la Gendarmerie royale du Canada en sol québécois[2].
Notes
1. La Presse, 31 janvier 1992