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11 juin 2021
Aux campements des fermiers en Inde
Le 3 juin, les fermiers des campements entourant Delhi ont marqué le 74e anniversaire de la proclamation de la partition de l’Inde par les Britanniques. Le 3 juin 1947, le dernier vice-roi britannique des Indes, Lord Mountbatten, a déclaré que l’Inde serait divisée en deux dominions. Muhammad Ali Jinnah, chef de la Ligne musulmane (All-India Muslim League), a pris la parole après lui et a accepté la partition de l’Inde et la création du Dominion du Pakistan. Puis vint Jawaharlal Nehru dont l’acceptation de la partition a fait de lui le premier premier ministre de l’Inde. De même, Baldev Singh, qui prétendait représenter la communauté sikhe du Pendjab dans les processus de négociation qui ont abouti à la partition de l’Inde en 1947, ce qui lui a valu de devenir le premier ministre de la Défense de l’Inde. Le Congrès a revendiqué le sécularisme, mais a néanmoins exigé que le Pendjab et le Bengale soient eux aussi divisés sur une base religieuse. Les dirigeants du Parti communiste de l’Inde avaient déjà accepté la partition et tous les partis conspiraient avec les Britanniques contre les peuples de l’Inde. Le 2 juin marque la date où Mountbatten a présenté les plans de la partition de l’Inde à tous ces gens et ils l’ont accepté. Le Mahatma Gandhi, qui avait déclaré que « si une partition devait se produire, elle ne devrait se produire que sur mon cadavre », a dit à Mountbatten qu’il avait juré de garder le silence et de ne pas s’y opposer.
Après la Deuxième Guerre mondiale, une fois le fascisme vaincu et l’ancien colonialisme détruit, les Britanniques savaient qu’ils ne pouvaient pas rester en Inde sur l’ancienne base. Ils ont créé une nouvelle base avec laquelle ils pourraient maintenir le contrôle sur les rênes du pouvoir et ils ont créé le Pakistan comme poste d’écoute contre l’Union soviétique. Ils ont organisé une danse de la mort et de destructions au cours de laquelle des millions de personnes ont été tuées, beaucoup plus ont été blessées et plus de 20 millions ont été forcées de quitter leur domicile. Les conséquences se font sentir encore à ce jour. Le jour où la partition de l’Inde a été convenue est en effet un jour noir dans les annales de l’histoire indienne.
À ce jour, aucun gouvernement indien n’a enquêté sur le nombre de personnes tuées et sur la manière dont le chaos a été organisé. Les enquêtes menées par les universitaires et les commissions populaires indiquent que le génocide de 1947 a été très bien planifié et exécuté de la même manière que tous les massacres sectaires depuis lors. Toutefois, le plus souvent, les récits de ceux qui ont organisé le chaos sont utilisés dans le but d’empêcher le peuple de tirer des conclusions qui s’imposent pour rompre avec le passé et établir l’Inde sur une base moderne qui investit le peuple du pouvoir souverain de décider, et non les riches et leurs maîtres étrangers. Cela reste le plus grand désir des peuples de l’Inde, qui à ce jour n’a pas été réalisé depuis que l’indépendance a été conçue pour les priver du pouvoir.
Le 5 juin est le premier anniversaire de la promulgation des décrets anti-fermiers par le gouvernement BJP. Des centaines de millions de fermiers à travers l’Inde ont brûlé des copies des trois lois noires. Dans la chaleur torride de l’été de Tohana dans l’Haryana, des milliers de fermiers et leurs familles ont encerclé le poste de police de la ville, car le gouvernement avait lancé une provocation en attaquant les fermiers, en en blessant un grand nombre et en arrêtant 27. Les fermiers ont contraint la police à relâcher tous les fermiers qui avaient été arrêtés et à accepter sa responsabilité d’avoir endommagé de nombreux véhicules.
Le 6 juin 2021, Ghallughara Diwas (Jour du génocide) a été commémoré par les fermiers des campements pour marquer le 37e anniversaire de l’attaque du Temple d’Or et du Pendjab par l’État et le gouvernement indiens dirigés par Indira Gandhi. Les orateurs dans les campements ont souligné l’un après l’autre qu’il s’agissait d’une attaque contre le droit d’être de tous les peuples de l’Inde et que le gouvernement Modi lançait des attaques similaires depuis les sept dernières années. « L’esprit d’Indira est entré dans Modi », a déclaré un jeune poète fermier. Les dirigeants des fermiers ont parlé de la poursuite de la politique coloniale de diviser pour régner par les partis cartellisés comme le Parti du Congrès, le BJP et d’autres. Ils ont également souligné que l’attaque du Temple d’Or a créé les conditions de la démolition de la mosquée d’Ayodhya et des massacres sectaires qui ont suivi. Ils ont également évoqué le soulèvement contre le massacre de plusieurs fermiers par la police à Mandsaur, dans le Madhya Pradesh en 2017, ce qui avait donné une grande impulsion au mouvement des fermiers.
Le 9 juin, les fermiers ont célébré le 305e anniversaire de la décapitation de Banda Singh Bahadur à Delhi, qui était devenu le chef des sikhs et des paysans après la mort de Guru Gobind Singh. Poursuivant la mission du 10e gourou, Banda Singh Bahadur a dirigé les travailleurs ruraux et les journaliers contre la tyrannie des Moghols. Après avoir vaincu les Moghols à la bataille de Sirhind, il a donné la terre aux paysans. Le 9 juin 1716, après que les dirigeants moghols eurent torturé ses camarades et enfoncé le coeur de son fils en bas âge dans sa bouche, il fut décapité.
Les fermiers de tous les campements autour de Delhi ont célébré la vie et le travail de Baba Banda Singh Bahadur. Ils ont parlé des grands sacrifices et des grandes batailles qu’il a dirigés contre Delhi et ont rappelé que dans les 70 ans qui ont suivi le martyre de Baba Banda Singh Bahadur, les Pendjabis ont soumis Delhi 19 fois. Maintenant, une fois de plus, Delhi essaie de leur arracher leurs terres, ont-ils souligné. Ils ont juré qu’en suivant l’exemple de Banda Bahadur, ils se battraient jusqu’au bout pour l’abrogation des lois noires anti-fermiers afin de conserver leurs terres.
Pendant ce temps, de la nourriture, des fournitures et des médicaments continuent d’affluer dans les Morchas (campements) depuis les villages environnants. Les Indiens qui vivent à l’étranger donnent également de nombreuses fournitures depuis l’étranger.