Dans l’actualité
Grève générale des débardeurs
du port de Montréal
Non à la loi fédérale de retour au travail !
Exigeons un règlement négocié
des justes revendications des travailleurs !
À 7 heures du matin le 26 avril, les quelque 1160 débardeurs du port de Montréal ont entamé une grève générale pour se protéger contre la modification unilatérale de leurs conditions de travail décrétée par leur employeur, l’Association des employeurs maritimes (AEM). L’Association avait envoyé un avis au syndicat selon lequel elle allait modifier unilatéralement les heures de travail le 26 avril au matin et les remplacer par un régime que les débardeurs considèrent inacceptable.
Avec leur grève générale, les débardeurs, qui sont membres de la section locale 375 du Syndicat canadien de la fonction publique, ont cessé la manutention des marchandises et l’amarrage des navires au port de Montréal et au terminal Contrecoeur, en aval sur la Rive-Sud.
Bien que le syndicat ait dit clairement que le déclenchement d’une grève générale était un geste de défense pour protéger ses membres de la modification unilatérale des horaires de travail, les médias usent d’un langage provocateur, disant par exemple que les « débardeurs ont mis leur menace à exécution » et « prennent la population en otage » dans les conditions de la pandémie de la COVID-19. En fait, les débardeurs ont annoncé qu’ils vont décharger les navires qui transportent du matériel dédié à la lutte contre la COVID-19 pendant leur grève. Le 25 avril, la ministre fédérale du Travail, Filomena Tassi, a annoncé qu’elle avait déposé un préavis de dépôt de législation intitulé « Loi prévoyant la reprise et la poursuite des activités au port de Montréal » et que le projet de loi pourrait être présenté à la Chambre des communes dès le 27 avril. Elle a dit qu’une loi spéciale était la solution la « moins favorisée » par son gouvernement, que son gouvernement croit à la négociation collective mais qu’une grève générale au port de Montréal aurait des conséquences économiques catastrophiques pour les Canadiens. Le projet de loi a été déposé le 27 avril en matinée et le débat est censé débuter en après-midi.
L’hypocrisie libérale voile le fait que le gouvernement aurait très bien pu éviter la grève si tel était son but en déposant un projet de loi interdisant aux employeurs de modifier unilatéralement les conditions de travail des débardeurs. Jusqu’à la toute dernière seconde, le syndicat a dit qu’il allait annuler la grève générale en quelques minutes si les employeurs retiraient leur avis de modification unilatérale des horaires de travail.
Il y a deux semaines, l’Association des employeurs maritimes avait aussi envoyé un avis au syndicat avisant qu’elle allait annuler le régime de sécurité d’emploi des débardeurs de Montréal, qui est en vigueur depuis environ 50 ans. Pour se protéger contre ce geste unilatéral des employeurs, les travailleurs et leur syndicat ont déclenché une grève partielle le 12 avril, refusant de faire des heures supplémentaires et de travailler les fins de semaine. Les porte-paroles du syndicat ont déclaré, avant le déclenchement de la grève générale, qu’ils allaient aussi mettre fin à cette grève partielle si les employeurs retiraient leurs deux mesures draconiennes.
Il est clair que l’objectif de l’AEM et du gouvernement est de briser les travailleurs et leur syndicat et non de protéger l’économie. Avec l’annonce de ce projet de loi antiouvrier, l’élite dirigeante exploite l’urgence du moment pour briser l’élan de la lutte des travailleurs pour défendre leurs droits, protéger le public et donner une nouvelle direction à l’économie.
Si on prend l’exemple du régime de sécurité d’emploi des débardeurs, ce régime est à la base des conditions de travail des débardeurs. Selon ce régime, les débardeurs doivent être disponibles pour travailler 19 jours sur 21. Disponibles veut dire qu’ils peuvent être assignés à travailler en tout temps, même à la dernière minute. En échange, ils ont droit à un paiement à temps simple correspondant à 40 heures de travail par semaine, qu’ils travaillent ces heures ou non.
Les débardeurs soulignent aussi que des mesures disciplinaires s’abattent régulièrement contre eux s’ils ne sont pas capables de répondre aux assignations de travail. Au fil des années, l’augmentation substantielle du volume de marchandises au port de Montréal a fait en sorte que, de plus en plus, la disponibilité au travail de 19 jours sur 21 se transforme en une assignation à travailler 19 jours sur 21. Entre autres choses, la possibilité d’avoir une vie familiale digne de ce nom tend à disparaître. Les débardeurs essaient de renégocier ce régime pour qu’il soit adapté à ce qui se passe vraiment au port et leur assure une vie normale à eux et à leurs familles. Non seulement les employeurs refusent-ils de renégocier les conditions du régime depuis la fin de la convention collective des débardeurs, en décembre 2018, mais ils entendent maintenant éliminer unilatéralement la garantie des 40 heures payées par semaine en prétextant que les négociations n’avancent pas, ce qui les empêche d’obtenir ce qu’ils veulent par la négociation, et que l’activité commerciale au port a diminué dans les conditions de la pandémie. Outre des progrès sur le régime de la sécurité d’emploi, les débardeurs mettent de l’avant des revendications sur les horaires de travail, sur le droit à la déconnexion pour changer leur situation où ils sont à la merci constante d’assignations de travail jour, soir et nuit, et une refonte du code de discipline qui est devenu une entreprise systématique de mesures disciplinaires contre les travailleurs sur une base arbitraire.
Le Centre ouvrier du PCC(M-L) appelle les travailleurs de tout le pays à dire à leur député qu’ils s’opposent à une loi de retour au travail contre les débardeurs quel que soit le prétexte invoqué. L’employeur doit négocier les justes revendications des travailleurs. Opposons-nous à la criminalisation des justes revendications des débardeurs ! Non aux prétextes frauduleux invoqués pour adopter une loi de retour au travail ! Tenons les employeurs et le gouvernement responsables de leur traitement cynique des travailleurs qui jouent un rôle responsable dans la lutte contre la pandémie en gardant en mouvement la chaîne d’approvisionnement dont on a besoin pour lutter contre la pandémie.
Les justes revendications des débardeurs sont les revendications de tous les travailleurs !
(Photos : Section locale 375 du SCFP)