Appuyons les fermiers indiens!
Les élites de l’Inde intensifient leurs sales manigances pour réprimer le mouvement des fermiers
La lutte pour le pouvoir entre le mouvement des fermiers indiens et les élites au pouvoir en Inde se poursuit. Les fermiers ont l’appui des travailleurs de toute l’Inde ainsi qu’à l’étranger. Ils revendiquent l’abrogation de trois lois anti-fermiers néolibérales qui les déposséderont afin de servir des intérêts privés étroits. Les élites dirigeantes indiennes utilisent maintenant toutes sortes de sales manigances pour vaincre les fermiers. Celles-ci vont de l’utilisation abusive des lois qui ciblent les fermiers individuels pour briser leurs rangs aux sales tactiques de la police politique pour menacer et décourager les fermiers.
Des incendies ont été allumés à trois endroits dans des campements de fermiers. Les fermiers sont vigilants. En conséquence, les incendies n’ont pas fait beaucoup de dégâts. Les jeunes artistes et chanteurs sont également menacés par les sbires du gouvernement avec des appels téléphoniques destinés à leur faire plier l’échine. Certains de ces jeunes chanteurs en ont parlé et ont exprimé leur détermination à continuer. Ils ont récemment célébré la solidarité et la coopération de 40 villages qui entourent les campements. Toute la journée, des gens de ces villages sont venus et ont parlé de leur unité avec les fermiers et des tentatives des politiciens, du gouvernement et des policiers pour les dresser contre les fermiers.
Les fermiers en Inde bénéficient également du soutien des fermiers du monde entier qui ont eux aussi une expérience avec les gouvernements qui adoptent des lois qui favorisent les intérêts étroits de ceux qui dominent l’agroalimentaire. À cause de ces lois, les fermiers sont poussés à la faillite en étant contraints d’utiliser les semences, les engrais et les herbicides qui détruisent les stocks de plants indigènes et la terre, et polluent l’eau. Ils sont obligés de contracter des emprunts qu’ils ne peuvent pas rembourser et de s’en remettre aux moyens de transport qu’ils ne peuvent pas se permettre et de se contenter de prix inférieurs aux coûts de production.
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Le 14 avril, les fermiers et les Dalits ont organisé des rassemblements conjoints dans tout le pays pour marquer l’anniversaire du Dr Ambedkar en affirmant les droits de tous en vertu du fait qu’ils sont des êtres humains. Dans les campements de Delhi, les fermiers et les Dalits ont discuté des lois anti-fermiers et de leur impact sur toutes les sections de la société, en particulier les Dalits.
La violence des castes supérieures sanctionnée par l’État contre les Dalits est une violation des droits humains sur laquelle les impérialistes américains gardent le silence alors qu’ils crient qu’ils sont ceux qui doivent faire respecter les droits de la personne partout dans le monde.
Les campements des fermiers sont devenus des universités pour les fermiers, les ouvriers, les Dalits, les travailleurs et d’autres personnes mécontentes de l’état actuel des choses et du pillage de toutes les ressources de l’Inde par une poignée de familles. Ils discutent de tous les sujets de préoccupation, y compris les liens avec les marchés des capitaux mondiaux, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI), la crise climatique, les processus électoraux, le rôle joué par des partis qui se disent politiques mais servent à diviser le peuple, à le priver du pouvoir politique et à s’enrichir par la corruption inhérente au système de gouvernement hérité des Britanniques. Tirant les conclusions de leur propre expérience des 74 dernières années d’indépendance, leur niveau de conscience est supérieur à celui imposé par le système de gouvernement des partis. Défiant les tentatives des partis de diviser leurs rangs et de contrôler leur mouvement, ils sont unis sur une chose : que ces lois doivent être abrogées. Marna Manzur Hai Murdna Nahin disent-ils. La mort est acceptable, il n’y a pas de retour en arrière.
L’une des sales manigances du gouvernement indien est de présenter le paiement direct aux fermiers comme un grand pas pour les aider. Il ne s’agit rien de plus que de remettre de l’argent public aux banques. Les banques sont un cartel. Lorsque l’argent va sur le compte d’un fermier, la banque déduit le montant du prêt du compte de l’agriculteur, quelle que soit la banque auprès de laquelle le fermier obtient le prêt. C’est devenu un autre mécanisme pour voler la production agricole des fermiers. Deuxièmement, les banques peuvent prêter 10 fois ou plus aux Tata, Ambani, Adani, Birla et autres sur la base de cet argent. Supposons que le gouvernement transfère 5 milliards de dollars aux banques pour les déposer dans les comptes des fermiers partout en Inde. Ces banques peuvent alors prêter 50 milliards de dollars aux Ambani, Adani et autres. Ces intérêts privés étroits investissent ensuite à l’échelle mondiale et déclarent plus tard leurs dettes comme des actifs non productifs et le cycle de siphonner les ressources publiques se poursuit lorsque les gouvernements les renflouent au nom de la sécurité nationale et de l’intérêt national.
Un autre exemple des ruses que le gouvernement emploie dans ses efforts pour renverser la lutte des fermiers est l’ordre émis par la Société alimentaire de l’Inde (FCI) qui demande les registres fonciers des agriculteurs pour les paiements en ligne du prix de soutien minimum (MSP) directement dans leur comptes bancaires.
Dans sa lettre, la FCI a déclaré aux fermiers que les registres fonciers étaient nécessaires pour l’approvisionnement en blé durant la saison de commercialisation du rabi (blé) 2021-2022. Elle a également demandé au bureau régional de la FCI, au Pendjab, de veiller à ce que les registres fonciers des agriculteurs soient mis à jour sur le « portail Anaaj Kharid » avant que la commercialisation du rabi 2021-22 ne commence afin d’éviter toute complication future.
La FCI a également demandé au bureau régional de partager les données des registres fonciers, afin qu’elle puisse vérifier les registres fonciers des fermiers pendant la saison des récoltes.
Une source majeure de préoccupation pour de nombreux fermiers est le fait que la majorité d’entre eux pratiquent l’agriculture sur une base contractuelle sur des terres appartenant soit à leurs parents indiens non résidents (INR), soit à des amis qui se sont installés à l’étranger et leur ont demandé de s’occuper de leurs terres. Cela comprend un nombre important de personnes employées dans les forces armées ou les forces paramilitaires centrales en poste partout au pays.
L’agence de nouvelles The Wire rapporte ce qui suit :
« Gurpreet Atwal, un fermier de la région des Indiens non-résidents (INR) de Jalandhar, a dit qu’il cultivait vingt acres de terre dont huit appartiennent à ses deux frères qui vivent en Californie.
« ‘Pouvez-vous me dire comment je suis censé obtenir les registres fonciers de mes frères ? Même si j’obtenais ces registres, les revenus de la récolte iraient dans le compte de mon frère. Le gouvernement nous harcèle parce que nous avons dirigé les manifestations des fermiers et qu’aujourd’hui celles-ci se sont répandues partout au pays. Maintenant, les fermiers devront tenir une autre manifestation contre le gouvernement de Narendra Modi pour veiller à ce que nos terres ne soient pas saisies.’
« Gurpyar Singh, un fermier de Bathinda, pratique aussi l’agriculture sur une base contractuelle sur vingt acres de terre appartenant à deux familles qui vivent au Canada. Il a dit qu’il verse 62 000 roupies par acre annuellement conformément au contrat.
« ‘Asi ta pehla hi pareshan a, sarkar sanu hor tang kar rahi a‘ (Nous sommes déjà perturbés par ce système et le gouvernement rend la situation encore plus difficile pour nous). C’est le temps de l’année où nous anticipons récolter le fruit de notre moisson, mais le gouvernement est décidé à nous pousser à la ruine une fois pour toutes », a-t-il dit.
« Les arthiyas (commissionnaires) se font aussi du souci parce qu’ils ne pourront pas recevoir leur commission de 2,5 % sur la vente des récoltes. Les arthiyas s’occupent de décharger les récoltes au marché de grains, du nettoyage, de la pesée, du remplissage, de la couture et du chargement des sacs, aux taux fixés par le gouvernement, et de l’embauche de la main-d’oeuvre.
« En guise de protestation contre cette mesure, les arthiyas, fermiers et munims (comptables) ont organisé le 5 avril un mahapanchayat dans le district de Moga.
« S’adressant à The Wire, Vijay Kalra, le président de la Fédération des associations des arthiyas du Pendjab, a dit que ce décret du gouvernement Modi était une conspiration contre les fermiers, les arthiyas et le Pendjab, et sonnait à nouveau le glas pour eux. ‘Malgré tous les moyens auxquels il a recours, le gouvernement Modi ne réussira jamais dans ses efforts. Nous organisons une manifestation monstre à Moga le 5 avril, à laquelle participeront les dirigeants aînés des fermiers — Balbir Singh Rajewal, Jagjit Singh Dallewal et le docteur Darshan Pal. Les fermiers et les arthiyas partagent un lien à l’épreuve du temps soudé par la confiance et la fraternité, et nous ne permettrons pas que le gouvernement le détruise. Cela peut prendre un certain temps, mais nous connaîtrons le succès’, a-t-il dit.
« Kalra a aussi dit que lors d’une réunion avec les dirigeants de Samyukt Kisan Morcha (SKM), il avait été décidé qu’aucun fermier ne présenterait son registre foncier à la FCI. […] ‘les fermiers-arthiyas-munims et les travailleurs agricoles sont ensemble dans cette lutte’, a-t-il ajouté.
« Un autre arthiya en entrevue avec The Wire, Pawan Bansal de Patiala, a aussi dit qu’il est à toutes fins pratiques impossible pour les fermiers de fournir des registres fonciers puisque près de 50 % d’entre eux font de l’agriculture sur une base contractuelle sur des terres appartenant à des INR vivant aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni ou en Europe.
« Bansal a dit : ‘Il s’agit simplement d’une façon de harceler davantage les fermiers et tout cela à la veille de la saison de la récolte du blé. Ce n’est pas facile d’obtenir des registres fonciers et même s’ils les obtenaient, le problème majeur est que le paiement en ligne ira dans le compte du propriétaire original du registre et non au fermier. L’unique ordre du jour du gouvernement Modi est de détruire le Pendjab. El bori bhi kanak di nahi bhari jayugi (Pas un seul sac de blé ne sera rempli)’, a-t-il dit.
« En outre, Ravinder Singh Cheema, le président de l’Association des arthiyas du Penjab, a dit à The Wire que le gouvernement du Pendjab n’avait pas informé la Société alimentaire de l’Inde qu’un système de dépôt direct et transparent dans les comptes des fermiers était déjà en place au Pendjab.
« Surinder Pal Singh a dit qu’il possédait vingt acres de terres et qu’il en cultivait quatre autres sur une base contractuelle. ‘Par cette mesure draconienne, non seulement les fermiers, mais aussi les arthiyas, les manoeuvres, les maçons, les chauffeurs de camion, les aides, les agences de marchés publics, les propriétaires de tracteurs et de moissonneuses-batteuses, tous seront incroyablement affectés. La chaîne de l’agriculture sera affectée dans son intégrité’, a-t-il dit.
« Mais Surinder Pal a souligné : ‘Si le gouvernement Modi pense qu’avec de telles initiatives il pourra forcer les fermiers à rentrer dans le rang, croyez-moi, ces lois infâmes seront abrogées à 100 %.’
« Major Singh, un autre fermier du village Wazidpur Bhoma dans le district de Fazilka, qui cultive 28 acres de terres dont 10 sont cultivés sur une base contractuelle a dit : ‘Zamindar ta pehla hi mareya paya. Sarkar sanu jaan ke dukhi kar rahi a (Les fermiers sont déjà en état de crise et le gouvernement exacerbe délibérément la situation). En réalité, le gouvernement est inquiet devant l’expansion des manifestations des fermiers partout au pays, et c’est pour cette raison qu’il nous harcèle.’
« Un ancien militaire et présentement le sarpanch du village de Singhpur Jattan dans le district de Hoshiarpur, Harwinder Singh, a remis en cause la décision du gouvernement Modi des paiements en ligne dans les comptes des fermiers en disant : ‘De quel paiement en ligne le gouvernement parle-t-il ? Nous recevons déjà nos paiements directement dans nos comptes depuis plus de deux ans au Penjab. C’est plutôt grâce au modèle d’agriculture du Penjab que le pays a pu devenir auto-suffisant au cours des 70 dernières années.’ »
(Photos: V.D. Majri, KEM, G. Lankesh, A. Saha, S. Abhiyan, V. Kumar)
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