105e anniversaire de l’insurrection irlandaise, 1916
Glorieux soulèvement du peuple irlandais!
– Dougal MacDonald –
L’insurrection de Pâques (Éirí Amach na Cásca), également connue sous le nom la Rébellion de Pâques, est le nom de l’insurrection armée en Irlande pendant la semaine de Pâques de 1916, du 24 au 29 avril. L’insurrection s’inscrit dans la lutte séculaire pour l’indépendance du peuple irlandais contre l’Angleterre, qui a commencé en 1169 avec l’invasion de l’Irlande sous Henry II. L’insurrection n’a pas a été un événement isolé ou un « putsch » comme certains l’ont qualifiée à l’époque pour la dénigrer. Le peuple irlandais a toujours résisté à la domination britannique. Avant l’insurrection, au moins 20 autres soulèvements distincts avaient eu lieu depuis le XVIe siècle, y compris au Canada. L’objectif unique du peuple irlandais depuis toujours est de gagner son indépendance en mettant fin à la domination coloniale britannique afin d’être libre de décider de son avenir.
L’insurrection de Pâques a été organisée par le Military Council of the Irish Republican Brotherhood, dirigé par James Connolly, Patrick (Padraig) Pearse, Tom Clarke, Sean McDermott, Joseph Plunkett, Thomas MacDonagh et Eamonn Ceannt. Le matin du 24 avril, environ 1 200 membres de l’Irish Volunteers Force (IVF), de l’Irish Citizen Army (ICA) et de la Cumann na mBan, l’organisation militaire du Irishwomen’s Council, se sont emparés de certains endroits stratégiques du centre-ville de Dublin (environ 90 femmes ont pris les armes pendant l’insurrection). L’ICA était une organisation de défense créée pendant le lock-out et la grande grève de Dublin de 1913 par James Connolly pour protéger les grévistes contre les attaques de la police. Les principaux endroits occupés à Dublin étaient la Poste centrale, le palais de justice des Four Courts, la biscuiterie Jacobs, les moulins Boland et la gare de Westland Row. Patrick Pearse a immédiatement proclamé la naissance de la République d’Irlande en lisant une proclamation signée par les sept dirigeants. Le soulèvement a eu lieu principalement à Dublin, mais il y avait aussi des actions isolées dans d’autres comtés, notamment ceux de Cork, Tyrone, Donegal, Meath, Louth, Wexford et Galway.
Les Britanniques ont été pris par surprise et n’avaient que 1 269 soldats dans la ville le 24 avril. Lord Wimborne, le Lord-Lieutenant d’Irlande, a déclaré la loi martiale et a remis le pouvoir au brigadier-général William Lowe.
Malheureusement, les insurgés ne s’étaient pas emparés des deux principales gares de Dublin et du port, ce qui a permis aux Britanniques de rassembler des milliers soldats en renfort d’Angleterre et de leurs garnisons de Curragh et de Belfast. À la fin de la semaine, les forces britanniques s’établissaient à plus de 16 000 hommes, une force nettement supérieure à celle des insurgés. Des combats acharnés ont eu lieu pendant six jours dans plusieurs endroits. L’artillerie de campagne et les canons du patrouilleur Helga ont bombardé les insurgés. Le 29 avril, Patrick Pearse ordonne aux rebelles de cesser le feu et de se rendre.
L’armée britannique a rapporté des pertes de 116 morts, 368 blessés et neuf disparus. Seize policiers ont été tués et 29 blessés. Les pertes insurgées et civiles s’établissent à 318 morts et 2 217 blessés. Soixante-quatre soldats de l’IVF et de ICA sont morts au combat. La majorité des victimes civiles ont été le résultat des tirs directs et indirects de l’artillerie, de mitrailleuses lourdes et des obus incendiaires des forces britanniques. Les insurgés n’avaient aucune de ces armes. Les tirs britanniques étaient aveugles. Comme c’est le cas avec toutes les forces d’occupation, les Britanniques considéraient toute personne qui ne portait pas l’uniforme britannique comme un ennemi et une cible. Au lendemain de l’insurrection, les Britanniques ont arrêté un total de 3 430 hommes et 79 femmes. La plupart ont ensuite été libérés.
En mai se sont tenues les cours martiales et 93 insurgés, dont une femme, ont été condamnés à mort par le tribunal militaire britannique, présidé par le colonel Charles Blackader, commandant de la brigade 59e de la 177e régiment qui avait combattu contre les insurgés. Presque 2 000 rebelles ont été déportés en Angleterre où ils ont été emprisonnés sans procès. Quinze insurgés ont été exécutés par un peloton d’exécution à la prison de Kilmainham de Dublin, dont les sept dirigeants qui avait signé la proclamation de la République d’Irlande. Un a été pendu. James Connolly, qui avait été blessé dans les combats, a été fusillé le 12 mai 1916, ligoté à une chaise et sans bandeau. Le médecin britannique qui a assisté aux exécutions a déclaré : « Ils sont tous morts comme des lions. »
Lors de l’insurrection de Pâques, les travailleurs se sont emparés du pouvoir pendant seulement six jours. Cette insurrection est une autre étape importante de la lutte pour une Irlande libre du joug colonial. Lénine a écrit en 1916 peu avant l’insurrection : « C’est précisément la diversité de temps, de forme et de lieu des insurrections qui est le plus sûr garant de l’ampleur et de la profondeur du mouvement général ; ce n’est que par l’expérience acquise au cours de mouvements révolutionnaires inopportuns, isolés, fragmentaires et voués de ce fait à l’échec, que les masses acquerront de la pratique, s’instruiront, rassembleront leurs forces, reconnaîtront leurs véritables chefs, les prolétaires socialistes, et prépareront ainsi l’offensive générale. »
(Archives du LML)
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