Le premier ministre invoque les mesures d’urgence
Méfiez-vous des ententes secrètes et de l’utilisation des pouvoirs de police contre les luttes du peuple!
Le premier ministre Justin Trudeau a informé qu’il invoquait la Loi sur les mesures d’urgence de 1988, « qui permet au gouvernement fédéral de passer outre les provinces et de prendre des mesures temporaires extraordinaires pour assurer la sécurité en situation d’urgence nationale », selon les informations de Radio-Canada. La Loi sur les mesures d’urgence a remplacé la Loi sur les mesures de guerre en 1988 et est plus limitée dans ce qu’elle peut faire, notamment en exigeant une surveillance parlementaire, écrit le National Post. Toutes les mesures mises en place en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence doivent également se conformer à la Charte des droits et libertés, précise-t-on. La Loi permet également au gouvernement d’envoyer l’armée, mais selon Radio-Canada Justin Trudeau aurait dit qu’il n’avait pas l’intention de le faire. Cameron Ahmad, le directeur des communications de Justin Trudeau, a refusé de commenter l’information.
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) s’oppose catégoriquement au recours à la Loi sur les mesures d’urgence de 1988. Le « convoi de la liberté » est une épreuve de force sur le contrôle des pouvoirs décisionnels fédéraux au Canada. Toutes sortes de choses sont faites au nom de la liberté, mais personne ne dit ce qu’est cette liberté qu’ils défendent ou quel est son but. Depuis un certain temps, le gouvernement Trudeau, de concert avec les gouvernements aux niveaux provincial et municipal ainsi qu’avec la police locale, est incapable de mettre fin à l’impasse malgré toutes les mesures à leur disposition pour faire respecter la loi et l’ordre.
Aucune solution ne sera trouvée si ce n’est par la mobilisation massive des Canadiens pour une démocratie qui les sert. Les crises sont causées par l’offensive antisociale néolibérale féroce et la lutte au sein des cercles dirigeants pour des stratagèmes pour payer les riches qui favorisent leurs intérêts particuliers. L’appel au recours à des mesures de loi et d’ordre et au déploiement de l’armée pour rétablir l’ordre vise à mobiliser la population derrière la faction Justin Trudeau contre le « convoi de la liberté ». Cela ne réglera pas les problèmes auxquels le peuple est confronté.
En invoquant la Loi sur les mesures d’urgence, quel problème le gouvernement Trudeau espère-t-il résoudre ? Unira-t-il les factions rivales ? Quels genres d’accords le gouvernement Trudeau devra-t-il conclure dans le dos des Canadiens pour y parvenir ? Combien de temps durera cette « unité », qui est basée sur le chantage et l’apaisement du chantage ? Les instruments de la loi et de l’ordre parviendront-ils à mettre fin aux barrages et à l’occupation d’Ottawa par le « convoi de la liberté » ? Plus la police et les gouvernements exigent des injonctions pour mettre fin aux manifestations, plus la classe dirigeante crée un précédent établissant que c’est une méthode légitime pour mettre fin aux manifestations, quel que soit leur contenu. Les tribunaux sont l’un des instruments de coercition. Le maintien de la loi et de l’ordre est-il une abstraction ou une question de savoir quels intérêts de classe sont servis ?
La vraie question qui se pose pour les Canadiens est la suivante : que faire lorsque les deux parties ont tort ? Prendre parti entre les factions qui s’affrontent dans la lutte pour le contrôle du pouvoir de décision, c’est-à-dire l’État, n’aidera pas les travailleurs à établir leur propre point d’observation, celui qui leur donne l’avantage. Les travailleurs ont besoin de leur propre point d’observation pour pouvoir intervenir d’une manière qui aide leur cause, pour une société qui place les êtres humains, et les réclamations qu’ils sont en droit de lui faire, au centre.
Les libéraux de Trudeau ne sont pas une force progressiste, pas plus que les conservateurs. Appeler un côté la « gauche » et l’autre la « droite » revient à nier que les deux côtés s’appuient sur les pouvoirs exécutifs pour faire respecter les intérêts qu’ils servent. Ce qui se passe au Canada est un débordement de la guerre civile qui fait rage aux États-Unis parce que l’économie et les institutions gouvernementales, la police et l’armée du Canada ont été intégrées à celles des États-Unis. Les Canadiens ne contrôlent pas le pouvoir décisionnel, pas plus que le peuple des États-Unis ne contrôle le pouvoir décisionnel au sud de la frontière. Encore et encore, les États-Unis tentent d’unifier la bureaucratie et les forces armées en lançant des agressions à l’étranger. Ils espèrent que la guerre civile au pays reculera si les gens voient une urgence nationale. Est-ce ce qu’ils ont l’intention de faire en ce moment, alors qu’ils arment l’Ukraine jusqu’au dents et s’engagent dans une guerre de propagande féroce pour isoler la Russie et la rendre responsable du chaos qu’ils imposent eux-mêmes à l’Europe ?
À ce jour, aucun porte-parole des cercles dirigeants ou des médias ou des experts universitaires n’a été en mesure de fournir une explication ou une analyse de ce qui se passe, de l’identité des personnes qui se cachent derrière le « convoi de la liberté », de ce qu’elles cherchent à obtenir avec leurs revendications contre les mandats, les masques et leur demande de démission de Justin Trudeau. Elles ont déjà réussi à évincer le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole. Cette phase actuelle de l’impasse aboutira-t-elle maintenant à l’éviction de Justin Trudeau par une entente conclue dans le dos du peuple ?
Certains médias font quelques réprimandes aux manifestants en leur disant que le gouvernement Trudeau a été ramené au pouvoir il y a à peine six mois, qu’il a reçu un mandat du peuple et qu’il est le gouvernement légitime auquel ils doivent obéir. Bien sûr, cela soulève la question suivante : à quoi bon citer des élections qui, de toute évidence, ne servent plus à régler les problèmes entre les factions rivales de la classe dirigeante ou à faire croire à la fraude que les gouvernements ont un mandat du peuple ?
Quelle est la liberté que les deux côtés défendent ? Les intérêts néo-libéraux odieux que défend Justin Trudeau sont-ils meilleurs que les intérêts néolibéraux odieux que défend la cabale du « convoi de la liberté » ?
Les conditions historiques exigent le renouveau des institutions et des processus démocratiques pour investir le peuple du pouvoir de décider. Elles indiquent que l’unité du peuple dans l’action ne peut être réalisée que sur la base d’une mobilisation démocratique de masse du peuple pour décider de l’orientation du pays dans tous les domaines. Il n’est pas rationnel de penser que le chantage du « convoi de la liberté » ou le recours aux pouvoirs d’urgence qui tolèrent toutes sortes d’activités et d’ententes secrètes résoudront le problème.
Il est clair que la situation est très grave. L’impasse est bien réelle. L’anarchie et la violence sont bien réelles. Les dommages causés au pays et le chantage sont bien réels. Il est crucial que les Canadiens rejettent les deux côtés et trouvent des solutions en persistant à présenter leurs revendications, en parlant de leur propre voix et en luttant pour des arrangements qui socialisent l’environnement naturel et social en leur confiant le pouvoir décisionnel et en ouvrant une voie au progrès sur cette base.
La recours aux pouvoirs d’urgence élève davantage l’anarchie au niveau de l’autorité. Quel compromis sera négocié ? Est-ce que les deux côtés peuvent rassembler suffisamment de force pour gagner cette confrontation ? Quelle tournure prendra la situation pour les Canadiens ? Les événements en cours fourniront-ils des réponses satisfaisantes à ces questions et à d’autres ?
Les Canadiens doivent eux-mêmes déterminer ce qu’ils doivent faire lorsque les deux parties ont tort. Ils doivent se méfier des ententes secrètes qui sont conclues dans leur dos. À cause de la confiscation des pouvoirs de police par l’exécutif fédéral, même les autorités provinciales et municipales sont exclues des tractations, tout comme les assemblées législatives et les partis cartellisés, sans parler du peuple canadien. Méfiez-vous de l’utilisation des pouvoirs de police contre les luttes du peuple ! Méfiez-vous des ententes secrètes !
Notre sécurité réside dans la lutte pour les droits de toutes et de tous !
Tous ensemble pour défendre les droits de tous les travailleurs, des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des minorités et des peuples autochtones !
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