The Yellow Brick Jail

Workers' Forum received the following poem. Below is the French text, then our English translation.

La prison de briques jaunes

Lorsque tous les matins,
Elle se dirigeait vers la prison de briques jaunes,
Elle enfilait son masque, sa jaquette, sa visière et ses gants
Elle prenait l'ascenseur vers les étages supérieurs
Et dans ces couloirs puants et asphyxiants bordés de cellules
Elle surveillait chaque prisonnier avec angoisse

« Non, ne sortez pas, il ne faut pas sortir,
Bientôt, bientôt, on pourra vous sortir,
Non, ne vous levez pas, vous allez tomber et vous faire mal,
Bientôt, bientôt, on viendra vous aider
Non, ne pleurez pas, il ne faut pas pleurer,
Bientôt, bientôt, on pourra vous changer »

Et lorsqu'elle nourrissait une telle résidente
Lorsqu'elle donnait à boire à un tel patient
Lorsqu'elle peignait les cheveux à une telle autre
Et lorsqu'elle offrait de l'espoir à un tel autre
Elle s'offrait ainsi à elle-même de l'espoir

Et lorsqu'elle étanchait la soif,
Elle étanchait sa propre soif
Et lorsqu'elle les soulevait,
Elle se soulevait elle-même
Ce n'était plus eux, mais elle maintenant,

Lorsqu'elle crémait un corps,
C'était toujours elle,
Lorsqu'elle rassurait un patient
C'était encore elle,
Lorsqu'elle habillait un résident,
C'était rendu elle.
Elle qui était dans la cellule
Elle qu'elle regardait dans les yeux,
Elle qui ne respirait plus,
Elle qui ne pouvait sortir,
Elle qui mourra seule,

Et après avoir fini son shift,
Après avoir donné ce qu'elle pensait de l'espoir,
Elle quittait enfin la prison de brique jaune vers chez elle,
Et lorsqu'elle s'étendait dans la nuit,
Les traces du masque et de la visière gravés dans sa chair
Il ne lui restait plus que comme seul fantôme,
Les corps perdus et les promesses brisées.

The Yellow Brick Jail

When every morning,
She'd make her way to the yellow brick jail,
She'd don her mask, gown, visor and gloves
Take the elevator to the upper floors
And from those smelly and suffocating cell-lined corridors
Watch over each of the prisoners with anguish

"No, don't go out, you mustn't go out,
Soon, soon, we'll be able to take you out,
No, don't get up, you'll fall and hurt yourself,
Soon, soon, we'll come to help you
No, don't cry, you mustn't cry,
Soon, soon, we'll be able to change you"

And when she fed one of the residents
When she gave a patient something to drink
When she combed another's hair
And when she gave hope to yet another
She offered hope to herself

When she quenched their thirst,
She quenched her own thirst
When she lifted them, she lifted herself
It was no longer them now, but her

When she put cream on a body,
It was now her body,
When she reassured a patient
She reassured herself

When she dressed a resident,
She was now dressing herself.
Herself in the cell
Gazing into her own eyes,
No longer breathing,
No longer able to go out,
She was the one who would die alone,

And after finishing her shift,
After giving what she felt was hope,
She would finally leave the yellow brick jail for home,
And when she lay down at night,
The traces of the mask and visor etched on her skin
The ghosts haunting her
Were the lost bodies and the broken promises.


This article was published in

Number 61 - September 15, 2020

Article Link:
The Yellow Brick Jail >


    

Website:  www.cpcml.ca   Email:  editor@cpcml.ca