Les conséquences évitables des inondations printanières
dans le nord de l'Alberta

L'irresponsabilité sociale oblige une fois de plus les travailleurs à endurer de grandes pertes


Inondation du centre-ville de Fort McMurray

Les travailleurs de Fort McMurray et de la région de Wood Buffalo ont été abandonnés et forcés d'endurer à nouveau les conséquences des inondations printanières à cause du refus des intérêts privés qui contrôlent les gouvernements de renforcer le facteur humain pour qu'il puisse contenir les inondations printanières et éviter une autre catastrophe. Ces inondations printanières surviennent alors que beaucoup de résidents de Fort McMurray n'ont pas encore surmonté les dommages causés par l'incendie de forêt de 2016 qui a forcé l'évacuation de toute la ville, détruit 2 400 résidences et édifices et obligé plus de 2 000 résidents à abandonner leur domicile devenu non sécuritaire. Depuis la chute des prix du pétrole en 2014, près d'un emploi sur dix dans l'industrie des sables bitumineux a été supprimé malgré l'augmentation de la production. La pandémie a maintenant considérablement réduit la demande de pétrole à un moment où la rivalité entre les impérialistes du secteur de l'énergie est devenue de plus en plus forte. Maintenant, les travailleurs et les petites entreprises de Fort McMurray doivent à nouveau faire face aux destructions causées par une inondation dévastatrice.

Les travailleurs devraient se tenir aux côtés des travailleurs de Fort McMurray et de la région, qui ont encore une fois été laissés à eux-mêmes par des gouvernements qui servent des intérêts privés.

Fort McMurray est situé à la confluence des rivières Athabasca et Clearwater. Le 26 avril, un immense embâcle de glace sur la rivière Athabasca a inversé le cours de la rivière Clearwater qui est sortie de son lit et a inondé le centre-ville de Fort McMurray et plusieurs quartiers environnants. Plus de 13 000 personnes ont été immédiatement évacuées de leur domicile. Quatre cent cinquante personnes ont été évacuées des Premières Nations de Fort Vermillion et de Tall Cree en raison des inondations provoquées par la rivière de la Paix dans le comté de Mackenzie. Malheureusement, un membre de la Première Nation de Fort McKay, située à 55 kilomètres au nord de Fort McMurray, est décédé des suites de blessures subies alors qu'il luttait pour sa survie sur la rivière Athabasca. Des milliers de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile et environ 2 500 continuent toujours de vivre dans des camps de travail, des hôtels et d'autres logements temporaires.

C'est la deuxième fois que de nombreux résidents de Fort McMurray doivent faire face à leur maison gravement endommagée ou détruite. Les rapports indiquent qu'environ 1 230 structures ont été endommagées par les inondations. Beaucoup de gens venaient de terminer la construction de nouvelles maisons pour remplacer les maisons détruites par les incendies de forêt de 2016. Avec la saison des incendies de forêt qui approche, l'inquiétude grandit quant à ce que cela pourrait entraîner.

Une semaine après l'inondation, le maire Don Scott a déclaré à la CBC que sans aide financière à long terme, de nombreuses personnes seront ruinées financièrement. Il a dit que la plupart des évacués n'ont pas d'assurance contre les inondations, qui n'est pas incluse dans les polices d'assurance habitation habituelles. Les propriétaires peuvent ne pas être admissibles en raison d'un risque élevé d'inondation et, s'ils le sont, le coût est prohibitif, environ 10 000 $ par année. Le maire a demandé aux gouvernements fédéral et provincial d'étendre les fonds de secours aux sinistrés à près de 13 000 personnes qui ont été forcées de quitter leur domicile. À ce jour, le gouvernement de l'Alberta a effectué un paiement unique de 1 250 $ par adulte et 500 $ par enfant pour couvrir certaines dépenses des personnes touchées par l'inondation.

Le centre-ville de Fort McMurray, y compris l'hôpital et les principaux magasins d'alimentation, est construit sur une plaine inondable, tout comme les collectivités voisines. Bien que de nombreux Albertains ont maintenant une assurance contre les inondations et que les assureurs ont lancé d'autres produits au cours des cinq dernières années, une porte-parole du Bureau d'assurance du Canada a déclaré que l'assurance contre les inondations est relativement nouvelle et que cette option est compliquée pour les personnes qui vivent sur des plaines inondables ou dans une zone à haut risque.

« L'assurance contre les inondations est généralement beaucoup plus limitée ou restreinte, car la probabilité d'inondation est beaucoup plus élevée. La police d'assurance serait inabordable », a-t-elle déclaré.

Tout cela soulève la question qu'au XXIe siècle, il est possible de protéger les villes et les communautés contre les inondations et les incendies de forêt si l'on prête l'attention nécessaire à l'endroit et à la manière dont les constructions sont effectuées. Mais maintenant, encore une fois, comme ce fut le cas durant les incendies de forêt qui ont détruit leur maison en 2016 lorsque les propriétaires ont dû mener de longues batailles avec leurs compagnies d'assurance, les personnes touchées aujourd'hui vont devoir se battre pour obtenir des dédommagements tandis que leurs dépenses et leurs dettes augmenteront. Pourquoi une telle répétition ? Pourquoi cette catastrophe est-elle considérée comme la responsabilité de chaque propriétaire ?

Le gouvernement provincial a annoncé qu'il rendra disponible 147 millions de dollars dans le cadre du Programme de reprise après sinistre. Il s'agit d'une supercherie, car le programme exclut explicitement les dommages causés par les inondations terrestres parce que les propriétaires peuvent désormais obtenir une assurance pour couvrir ces dommages. Dans cet arrangement commode entre les compagnies d'assurance et le gouvernement, les compagnies d'assurance offrent un produit que les gens ne peuvent pas se permettre et les gouvernements se lavent ensuite les mains de toute responsabilité, affirmant que les gens « ont choisi » de ne pas se procurer de couverture d'assurance.

Le gouvernement de l'Alberta a la responsabilité de libérer des terres dans la région des sables bitumineux pour le développement de logements. Les travailleurs de la région n'ont pas eu leur mot à dire sur la façon dont Fort McMurray a été développé ni sur la décision de construire des logements en plaine inondable, sans aucune considération pour des mesures d'atténuation des inondations ou pour protéger la communauté contre les incendies de forêt. Les gouvernements servent des intérêts privés étroits et déclarent que les conséquences de leurs décisions ne sont pas leur problème. Cela révèle au grand jour la véritable signification des louanges du premier ministre Jason Kenney envers les habitants de Fort McMurray et d'autres collectivités qui font preuve de « résilience nordique », comme si se débrouiller soi-même était un rite de passage pour se déclarer albertain.

Les embâcles sont fréquents, ce qui soulève la question légitime de savoir pourquoi on ne fait pas davantage pour réduire les dommages qu'ils causent. Ils se forment principalement à des endroits où les rivières deviennent étroites, telles que des coudes serrés, des sections étroites, des îles, des endroits peu profonds, sous les ponts ou lors de un changement dans la forme du lit de la rivière. La mise en oeuvre de mesures préventives est une science connue. Cependant, le but de l'économie n'est pas de prendre la responsabilité de s'occuper des gens et de mettre en place des mesures d'atténuation pour éviter les inondations. Avec les compagnies d'assurance, le gouvernement de l'Alberta se lave les mains en déclarant que de telles calamités sont des « cas de force majeure ».

De la même manière, les gouvernements ne prennent aucune responsabilité pour les immenses difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs, dont ceux de Fort McMurray, pour les conséquences d'une économie dépendante de l'approvisionnement en ressources énergétiques de l'impérialisme américain et sa machine de guerre. Les gouvernements refusent de reconnaître la nécessité d'une nouvelle direction à l'économie, au lieu de s'en prendre par des paroles bellicistes à la Chine et la Russie, à l'Iran, au Venezuela et à d'autres afin de détourner l'attention que le problème réside dans leur défense du règne et du contrôle par les oligarques mondiaux de l'énergie.

La majorité des habitants de Fort McMurray et de la région travaillent dans les sables bitumineux et dans l'industrie pétrolière et gazière. Leur travail acharné ajoute une valeur considérable à l'économie. Ce sont les compagnies qui possèdent et contrôlent les sables bitumineux et les gouvernements provinciaux et fédéral qui les assistent qui devraient fournir des frais de subsistance immédiats et adéquats aux évacués et les dédommager immédiatement et entièrement afin de nettoyer, réparer et reconstruire leurs maisons. Que nous soyons confrontés à des inondations, à des incendies ou à des catastrophes économiques causées par la mainmise de l'oligarchie financière à la poursuite de son propre intérêt étroit, la question la plus importante est de savoir comment nous allons nous attaquer à un pouvoir de décision qui n'est pas sous notre contrôle.

(Sources : sources locales, archives du LML, CBC News, Fort McMurray Today et Oil Sands Magazine)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 35 - 23 mai 2020

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Les conséquences évitables des inondations printanières: L'irresponsabilité sociale oblige une fois de plus les travailleurs à endurer de grandes pertes - Peggy Askin


    

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