La promotion d'un traitement qui n'a pas fait ses preuves et potentiellement dangereux d'un monopole pharmaceutique américain

Le 12 mai, la compagnie américaine Big Pharma Geliad Sciences Inc. a annoncé qu'elle avait signé un contrat de licence avec plusieurs fabricants de médicaments pour la production du Remdesivir pour traiter la COVID-19 dans ce qu'on décrit comme étant « des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire ». Gilead a aussi annoncé que des discussions étaient déjà en cours avec l'UNICEF « pour que sa grande expérience dans la fourniture de médicaments à des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire dans des situations d'urgence et de crises humanitaires serve à la livraison du Remdesivir via ses réseaux de distribution déjà bien établis ». Les compagnies de fabrication qui ont signé l'entente avec Gilead sont Cipla, Jubilant Lifesciences et Hetero Labs de l'Inde ; Mylan, une société enregistrée en Hollande, dont la maison-mère est à Canonsburg, en Pennsylvanie et dont les membres du conseil d'administration se réunissent en Grande-Bretagne ; et Ferozsons Labs du Pakistan. À l'annonce de l'entente, le cours des actions de Cipla et Jubilant a connu une hausse. La liste de pays auxquels les licenciés doivent fournir le Remdesivir comprend tous les pays membres de l'Union africaine.

Gilead Sciences Inc. est l'une des plus grandes sociétés pharmaceutiques aux États-Unis. Il embauche près de 12 000 employés, détient des actifs de plus de 60 milliards de dollars US et réalise des ventes annuelles de plus de 20 milliards de dollars US. Donald Rumsfeld, le fauteur de guerre notoire et membre de l'administration de George Bush, était président de la compagnie à partir de 1997 jusqu'à ce qu'il se joigne au gouvernement Bush. Il détiendrait, d'ailleurs, toujours des parts dans la compagnie. Aussi, George Schultz, qui était secrétaire d'État des États-Unis sous Ronald Reagan, continue d'être membre de son conseil d'administration. La société a réalisé d'importants profits à la suite de son contrat de licence avec Roche, le fabricant de médicaments suisse, pour la production de Tamiflu comme traitement pour la grippe porcine H1N1. Les recettes de cette source de revenus ont alors grimpé en flèche de 16 millions de dollars US au troisième trimestre de 2008 à 194 millions de dollars US au quatrième trimestre. L'utilisation de Tamiflu pour la grippe porcine H1N1 a créé tout un scandale lorsque de nombreux gouvernements ont dénoncé le gaspillage d'argent dépensé pour l'approvisionnement de ce médicament, dont un grand nombre de doses n'ont pas servi. Le médicament a aussi soulevé de vives inquiétudes en raison de ses effets secondaires plus dangereux.

Le Remdesivir de Gilead a d'abord été développé comme traitement pour l'hépatite C, mais s'est avéré inefficace. Il a ensuite été recyclé contre l'Ebola et la maladie virale de Marburg, mais s'est à nouveau avéré inefficace dans le traitement de ces maladies. Récemment, Gilead s'est tourné vers l'utilisation du Remdesivir pour le traitement de la COVID-19. Entre février et mars de cette année, des essais cliniques du médicament ont été réalisés dans la province de Hubei en Chine. Dans cette étude, le médicament a été testé sur 237 patients en double aveugle et contrôlé par placebo et le résultat a été soumis à l'examen des pairs et publié dans The Lancet le 29 avril. La conclusion saillante était que le Remdesivir « n'est associé à aucune différence dans le temps dans une amélioration clinique ». L'examen souligne aussi que « les traitements de Remdesivir ont été arrêtés tôt en raison des effets adverses chez 18 (12 %) patients versus 4 (5 %) patients qui ont arrêté le placebo avant le temps ». Malgré cela, le 29 avril, se référant à un essai clinique incomplet aux États-Unis et à un rapport qui n'a pas été soumis à l'examen des pairs, le docteur Anthony Fauci, dirigeant de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis, a déclaré que le Remdesivir comme traitement contre la COVID-19 était « une assez bonne nouvelle » et qu'il établissait de nouvelles normes en termes de soins aux patients de la COVID-19. Ensuite, le 1er mai à la Maison-Blanche, Trump rencontrait le PDG de Gilead avant d'annoncer que le Food and Drug Administration du gouvernement américain avait autorisé l'utilisation urgente du médicament Remdesivir de Gilead pour traiter la COVID-19. Compte tenu de ces développements, le médicament sera fabriqué pour son utilisation en Afrique.

Il est ironique que ceux qui exigent des essais cliniques pour un remède à base de plantes préconisé par le Madagascar pour la COVID-19, et qui dénigrent les efforts de ce pays, sont muets face aux efforts de Gilead de lancer un traitement pharmacologique pour la COVID-19 qui n'a pas fait ses preuves et est potentiellement dangereux pour les peuples d'Afrique.

(www.stopforeigninterventioninafrica.org)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 35 - 23 mai 2020

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