75e anniversaire de la libération d'Auschwitz

Seules les forces les plus réactionnaires et agissant pour des raisons intéressées peuvent utiliser la mémoire de l'Holocauste européen pour justifier les violations des droits humains et les crimes contre l'humanité aujourd'hui


La libération d'Auschwitz par l'Armée rouge soviétique le 27 janvier 1945

La semaine dernière, des événements commémoratifs ont eu lieu pour marquer le 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz par l'Armée rouge de l'Union soviétique le 27 janvier 1945.

Des survivants, des dirigeants politiques, des chefs d'État et des représentants des clergés ont participé à des cérémonies, notamment une sur l'emplacement du camp de la mort, pour rendre hommage à toutes les victimes et tous les survivants. Or, il semble que le monde n'est pas encore prêt à tourner la page sur ces événements historiques. La Deuxième Guerre mondiale est encore un objet de controverse, et, malgré la tristesse exprimée lors de ces cérémonies et même un sentiment de culpabilité par certains, aucun pays en Europe ne s'est engagé à défendre les droits humains, non comme une simple formalité mais avec comme contenu la défense des droits des humains de toutes et de tous.

Que pouvons-nous conclure des déclarations et des expressions de chagrin, voire de culpabilité, des différents chefs d'État et dirigeants politiques ? Il semble que leur intention soit de détourner l'attention du fait que différentes autorités ne s'acquittent pas de leurs obligations et tentent plutôt de limiter la défense des droits humains aux formes qui conviennent à leurs objectifs.

Aucun d'entre eux ne peut prétendre avoir réussi à changer la situation pour que les droits des êtres humains soient garantis. Ils n'ont pas l'intention de le faire non plus. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, combien d'exemples y a-t-il de violation des droits humains ?

L'exemple le plus récent des tentatives de falsification de l'histoire est la résolution adoptée par le parlement européen qui assimile l'agression par l'Allemagne nazie au rôle joué par l'Union soviétique en affirmant que les deux étaient des puissances agressives responsables du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. De telles affirmations vont à l'encontre des faits puisque tout le monde sait que l'URSS a été le pays qui a fait les plus grands sacrifices pour arrêter l'agression nazie allemande.


À gauche: Plaque à la mémoire des personnes tuées par les nazis à Auschwitz, posée en 1948 et retirée en 1989. À droite: L'armée rouge libère les prisonniers d'Auschwitz le 27 janvier 1945.

Comment pouvons-nous expliquer qu'après de tels actes de brutalité et de barbarie inimaginables et la défaite de l'Allemagne nazie, de grandes polémiques sont créées sur ce qui s'est passé et comment empêcher que cela ne se produise à nouveau.

Soixante-quinze ans après la libération d'Auschwitz, des falsifications de l'histoire se retrouvent dans les expressions de chagrin pour les victimes. Au lieu de la dénazification, qui devait avoir lieu après les procès de Nuremberg et à laquelle de nombreux alliés occidentaux se sont ralliés du bout des lèvres, nous assistons aujourd'hui dans plusieurs pays d'Europe de l'Est à la destruction des monuments qui ont été construits pour honorer les sacrifices et les victoires de l'armée soviétique qui a libéré ces pays.

Aujourd'hui, ces mêmes pays, comme l'Ukraine, la Lettonie et la Pologne, érigent des monuments pour réhabiliter les collaborateurs qui ont aidé les nazis à réprimer la révolte du peuple contre l'occupation allemande de leur pays.[1]

Par exemple, la Pologne adopte actuellement des lois pour interdire toute discussion sur le rôle joué par les différentes forces qui ont collaboré avec les occupants nazis en Pologne.


Photo de 1944 de partisans polonais qui ont combattu pour vaincre le fascisme et le nazisme

Les chefs d'État qui ont pris la parole le 27 janvier 2020 à Auschwitz ont profité de l'occasion pour imposer leurs propres objectifs politiques étroits et évoquer les souvenirs de l'Holocauste pour servir leurs propres intérêts au lieu de traiter des problèmes réels auxquels est confronté le peuple de leur pays.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a utilisé l'occasion d'un discours au Forum mondial sur l'Holocauste à Jérusalem le 23 janvier pour justifier l'agression sioniste au Moyen-Orient et ailleurs. Il a déclaré : « Mais pour le peuple juif, Auschwitz est plus que le symbole ultime du mal. C'est aussi le symbole ultime de l'impuissance juive. C'est le point culminant de ce qui peut arriver quand notre peuple n'a ni voix, ni terre, ni bouclier. »[2]

Ces déclarations hypocrites ne trompent personne. Le monde entier est témoin du fait que ce « bouclier » que les sionistes israéliens prétendent être pour leur propre défense est utilisé depuis 1948 pour perpétrer des attaques terroristes et expulser plus de 800 000 Palestiniens de leurs terres et a provoqué le déplacement massif de personnes dont les villages et les maisons ont été détruits.

Cela se poursuit encore aujourd'hui. La population de Gaza souffre depuis 14 ans des bombardements et des attaques militaires incessantes de l'armée israélienne contre les civils. Israël a fait de Gaza la plus grande prison à ciel ouvert du monde où plus de deux millions de personnes sont attaquées et forcées de vivre dans des conditions inhumaines.


Bombardement de Gaza par Israël le 30 janvier 2020, poursuivant sa campagne de terreur contre la population de Gaza

Invoquer la mémoire de l'Holocauste comme justification pour infliger de pareilles souffrances au peuple palestinien est un crime qui ne restera pas impuni.

Les discours des différents dirigeants la semaine dernière s'inscrivent dans la continuation des tentatives de réécrire l'histoire. Non seulement refusent-ils de reconnaître le rôle inégalé de l'Union soviétique et de l'Armée rouge dans la défaite du fascisme allemand, au prix d'immenses sacrifices du peuple soviétique, mais ils sèment la confusion sur la nature du fascisme.

Ils font tout pour amalgamer l'antisémitisme et le nazisme. Or, le fascisme allemand était bien plus que de l'antisémitisme. C'était un impérialisme débridé qui visait la domination mondiale, qui a entraîné l'extermination massive des juifs, des peuples slaves comme les Russes et les Polonais. Des centaines de milliers de Roms, de malades et handicapés mentaux ont également été assassinés dans les camps de concentration. Les nazis ont également perpétré des assassinats politiques de syndicalistes, de communistes et de tous ceux qui s'opposaient aux plans expansionnistes de l'Allemagne nazie. Réduire l'Allemagne nazie à l'antisémitisme et l'assimiler au soi-disant antisémitisme d'aujourd'hui, c'est falsifier l'histoire et utiliser la mort de millions de personnes à des fins politiques étroites.

Cette désinformation est utilisée aujourd'hui pour prétendre que toute critique de l'État d'Israël est de l'antisémitisme.

Toutes les falsifications de l'histoire promues par les médias occidentaux en ce 75e anniversaire de la libération d'Auschwitz ne peuvent cacher la véritable histoire de la Deuxième Guerre mondiale et les sacrifices suprêmes consentis par les peuples du monde qui ont combattu pour défendre la liberté, la démocratie et la paix et ont fait le sacrifice suprême pour vaincre le fascisme allemand.

Notes

1. En août 2019, un monument a été érigé dans le village ukrainien de Sambir, dédié à 17 membres de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) de Stepan Bandera, collaborateurs nazis responsables de la mort de milliers de juifs et de plus de 100 000 Polonais. Plusieurs soldats canadiens en uniforme, servant en Ukraine, ont participé à l'inauguration de ce monument.

2. Le texte intégral du discours de Netanyahou est publié dans le Times of Israel du 23 janvier 2020.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 6 - 4 février 2020

Lien de l'article:
75e anniversaire de la libération d'Auschwitz: Seules les forces les plus réactionnaires et agissant pour des raisons intéressées peuvent utiliser la mémoire de l'Holocauste européen pour justifier les violations des droits humains et les crimes contre l'humanité aujourd'hui - Louis Lang


    

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