L'éducation est un droit!

Les enseignants et les étudiants de l'Alberta exigent des conditions de travail et d'apprentissage par lesquelles l'éducation est garantie en tant que droit pour tous et toutes

Les enseignants saisissent l'occasion des élections en Alberta pour intensifier leur lutte continue pour que le droit à l'éducation soit garanti. Ils font du nombre d'élèves par classe et des classes intégrées une question électorale. L'Association des enseignants de l'Alberta (AEA) intensifie sa campagne Class Size Matters (Le nombre d'élèves par classe compte) et fournit aussi de l'information et du matériel sur d'autres importantes questions en éducation. L'AEA a produit des milliers de cartes postales qui mettent en lumière l'inacceptabilité des classes bondées.

L'AEA se veut une organisation « férocement non partisane ». Elle ne milite ni pour ni contre aucun des partis politiques, mais cherche à intervenir politiquement, période électorale ou pas, à la défense de conditions en éducation qui permettront aux étudiants de s'épanouir et d'atteindre leur plein potentiel. Ce qui veut dire pour elle, entre autres, les conditions pratiques requises par les enseignants pour réaliser leur travail en appui à leurs élèves.

Les enseignants font du porte-à-porte et parlent à leurs voisins au sujet de leurs préoccupations face aux conditions actuelles dans le système d'éducation. Le refus des gouvernements de fournir les investissements nécessaires pour résoudre le problème des classes surchargées va à l'encontre des revendications non seulement des étudiants et des enseignants, mais de tout le corps politique. Sur la base de l'expérience du porte-à-porte jusqu'à présent, les gens sont nettement préoccupés par l'état de l'éducation et disent ouvertement qu'il faut faire quelque chose.

Depuis plusieurs années, le sous-financement du système d'éducation a mené à une détérioration des conditions dans les écoles. Lorsqu'on leur demande quels sont les problèmes auxquels ils sont confrontés dans les salles de classe, les enseignants affirment majoritairement que leur principale préoccupation est le nombre d'élèves par classe. Aussi, ils constatent qu'un nombre croissant d'élèves ayant des besoins particuliers sont intégrés dans les classes ordinaires sans le soutien nécessaire dont ils ont besoin pour réussir. Un autre sujet de préoccupation est le gel des salaires qui perdure depuis les six des sept dernières années. En 2015, il y a eu une augmentation d'environ 2,5 % (un chiffre qui peut varier légèrement selon les commissions scolaires). En tenant compte du coût de la vie, on peut en déduire que les salaires des enseignants ont été coupés d'à peu près 7,5 % depuis 2012.

Selon un rapport de l'AEA : « L'année dernière, 81 % des classes du préscolaire avaient un ratio plus élevé que les critères établis par la Commission de l'Alberta sur l'apprentissage (CASA) et toutes les écoles à l'exception de cinq juridictions ont dépassé la cible fixée par la CASA. Ces moyennes ne reflètent pas fidèlement le grand nombre de classes dont le nombre d'élèves est bien au-delà de la moyenne. Depuis 2002, le nombre de classes de base avec 40 élèves ou plus a augmenté de 600 %. »

Les actions des enseignants dans ces élections sont une extension de la campagne entreprise l'année dernière alors qu'ils ont fait parvenir des cartes postales aux membres de l'Assemblée législative pour les informer des conditions dans les salles de classe. Ils les ont aussi propagées massivement sur les médias sociaux. L'AEA a aussi déclaré le 9 avril une journée « blitz » pour contacter les candidats, incitant ainsi les enseignants à communiquer avec les candidats pour leur demander comment ils comptent défendre le droit à l'éducation en veillant à ce que les écoles aient les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des étudiants et des enseignants.

Une autre préoccupation sérieuse est le fossé qui sépare le taux général de finissants de l'école secondaire en Alberta relativement aux finissants autochtones. Au total, 80 % des étudiants terminent leur école secondaire au bout de cinq ans, tandis que pour les étudiants autochtones, le nombre est à 60 %.

Selon la politique du gouvernement néodémocrate, celui-ci finance l'éducation en fonction de l'augmentation de la population, ce qui veut dire que le montant par tête pour les étudiants demeure le même. Le gouvernement conservateur, qui a été défait en 2015, ne préconisait aucun financement en fonction des augmentations de la population. Dans le dernier budget du NPD, il y a eu des compressions au budget consacré aux besoins éducatifs et à l'entretien. Quant au transport scolaire, le budget est resté à peu près le même malgré l'augmentation du nombre d'étudiants, et il en va de même pour le budget de gestion et d'administration. Le budget du NPD ne prévoyait aucun financement pour répondre aux réclamations des enseignants qui accèdent aux échelons salariaux supérieurs et le financement pour les étudiants ayant des besoins particuliers était de loin inférieur aux sommes réellement dépensées par les commissions scolaires pour ces services. Les lacunes budgétaires à tous les niveaux ont entraîné une nouvelle augmentation du nombre d'élèves par classe.

À titre d'exemple, la Commission scolaire de Calgary (CSG) affirme qu'elle aurait besoin de 21 millions de dollars additionnels uniquement pour maintenir son niveau actuel de services, sans l'ajout de nouveaux élèves. La CSG fait valoir que le financement gouvernemental à tous les niveaux est insuffisant pour répondre aux besoins. Elle affirme que 136 millions de dollars du financement alloué sont consacrés aux 21 000 étudiants ayant des besoins particuliers, mais que le financement offert par le gouvernement n'est que de 78 millions. Aussi, l'appui accordé à l'apprentissage de l'anglais de 29 000 élèves de la CSG est de 31 millions de dollars, mais le gouvernement n'alloue pour ce service que 23,5 millions.

La discussion des enseignants porte sur pourquoi c'est ainsi. Est-il vrai que le problème est un « manque d'argent » ? Ce raisonnement ne tient pas la route puisque l'éducation ne représente pas un coût pour la société. L'éducation est essentielle au fonctionnement d'une société moderne et y ajoute une immense valeur. La jeune génération doit acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour être des citoyens actifs. Les investissements en éducation sont réalisés plus d'une fois sous forme de valeur transférée dans l'économie et la société. Cette valeur devient partie intégrante des étudiants et est transférée aux services et aux biens que ceux-ci produisent lorsqu'ils travaillent.

Il y a problème lorsque les compagnies refusent de réaliser (payer) la valeur qu'elles reçoivent des programmes sociaux tels que l'éducation et que les gouvernements refusent de les forcer à le faire. Le refus de réaliser la valeur de l'éducation au sein de l'économie est responsable du sous-financement continu en éducation. Loin de contribuer à une économie dynamique organisée pour répondre aux besoins du peuple, le refus des compagnies et du gouvernement de réaliser la valeur de l'éducation contribue à l'approfondissement de la crise économique et à la détérioration des conditions de vie et de travail du peuple.

L'éducation est un droit. Ce principe au coeur d'une société moderne constitue la base des réclamations des étudiants pour que leur droit à l'éducation soit garanti et que le droit des enseignants soit reconnu en leur accordant les outils et les conditions pour qu'ils puissent affirmer ce droit. Les étudiants et les enseignants obtiennent un immense appui de la classe ouvrière pour faire en sorte que l'éducation soit un droit pour tous. Les gens veulent pouvoir garantir un avenir radieux aux jeunes et répondre aux besoins de la société. Lorsque les gouvernements privent le peuple et la société de ce droit, ils abdiquent leur responsabilité sociale et ne sont plus aptes à gouverner.

Les enseignants n'ont pas abandonné la lutte entreprise en 2002 pour élever leurs conditions de travail et les conditions d'apprentissage des étudiants à un niveau permettant de garantir l'éducation en tant que droit pour tous au XXIe siècle. Les enseignants n'ont d'autre choix que de consolider leur organisation et leurs revendications indépendantes à la défense de l'éducation publique et pour l'augmentation des investissements dans les programmes sociaux. Les jeunes aujourd'hui ainsi que leurs enseignants et tous les travailleurs en éducation sont déterminés à bâtir le nouveau. Ils déclarent d'une seule voix que ces forces politiques qui refusent de soutenir leur responsabilité sociale envers la jeunesse et la société seront mises au rancart pour faire place au nouveau.



Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 14 - 13 avril 2019

Lien de l'article:
L'éducation est un droit!: Les enseignants et les étudiants de l'Alberta exigent des conditions de travail et d'apprentissage par lesquelles l'éducation est garantie en tant que droit pour tous et toutes - Kevan Hunter


    

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