Numéro 138 - 12 novembre 2016
Sur la signification de
l'élection présidentielle aux États-Unis
La fin du «business as usual»
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Manifestation à Boston contre l'élection de Donald Trump
le 9 novembre
2016.
Les manifestations ont commencé à l'échelle des
États-Unis à peine
quelques heures après
que l'élection de Trump ait été confirmée.
Sur
la
signification
de l'élection présidentielle aux États-Unis
• La fin du «business as usual»
Un an du pouvoir
libéral
• Le gouvernement s'apprête à
lancer une nouvelle consultation en ligne
sur la réforme électorale
• L'insensibilité des libéraux de
Justin Trudeau face aux problèmes de la jeunesse -
Pierre Chénier
• Le Canada s'enfonce dans une voie de trahison
- Enver Villamizar
Conférence
ministérielle de l'OTAN et développements connexes
• Non à l'encerclement de la Russie!
Démantelons l'OTAN!
• Renforcement des forces militaires
canadiennes en Europe de l'Est et
dans les États baltes
Sur la signification de l'élection
présidentielle aux États-Unis
La fin du «business as usual»
Débrayage des étudiants de l'école secondaire
Berkeley, en Californie, pour protester contre l'élection de
Trump le 9 novembre 2016
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) considère que l'élection de
Donald Trump à la présidence des États-Unis
le 8 novembre signifie que la nouvelle administration
américaine représentera l'exercice du pouvoir des
oligopoles par les pouvoirs policiers sans limites. Cette
élection a plongé les peuples des États-Unis et du
monde dans une situation encore plus dangereuse qu'avant.
Le 5 novembre, à quelques jours de
l'élection, le PCC(M-L) écrivait :
« ...la campagne a révélé
à quel point l'État et le système de gouvernance
américains opèrent par la corruption et la coercition et
à quel point le peuple est privé de pouvoir
politique ». Il notait que l'effort pour priver le peuple du
pouvoir est « l'autre aspect très important du pouvoir
d'État entre les mains de l'oligarchie financière.
L'élite impérialiste dominante parvient à priver
le peuple du pouvoir en le privant d'une conception du monde, d'une
façon de voir l'ensemble des problèmes posés pour
qu'on puisse calmement les démêler et leur trouver des
solutions. »
La même chose vaut pour ce qui est de l'analyse
des résultats de l'élection. Tout est fait pour «
priver le peuple d'une conception du monde, d'une façon de voir
l'ensemble des problèmes posés pour qu'on puisse
calmement les démêler et leur trouver des
solutions ».
Quels sont les verdicts de cette élection selon
l'élite impérialiste dominante ? Pour le camp
Clinton, le verdict est que c'est l'apocalypse annoncée et que
les valeurs et la vision d'Hillary Clinton sont la seule chose qui nous
sépare de l'apocalypse, comme elle l'a dit durant la campagne.
Le camp Trump, lui, prétend avoir créé un «
mouvement » anti-establishment qui veut s'attaquer aux
problèmes de l'économie et « arrêter de
perdre notre temps ». Les deux camps s'entendent pour dire
que maintenant que l'élection est terminée, tous doivent
se rallier au devoir de la Constitution, celui d'assurer une transition
en douce et d'unir l'Amérique.
Chicago le 9 novembre 2016
Clinton ne concède rien pendant que Trump
entreprend de
« redonner à l'Amérique sa gloire
perdue »
Portland le 9 novembre 2016
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Mise à part la présidence, Hillary Clinton
n'a rien concédé dans son discours de concession, pas
même sa défaite. Bien qu'elle n'ait pas réussi
à unir l'Amérique derrière sa vision et ses
valeurs, elle a dit qu'elle va continuer de défendre cette
vision et ces valeurs et a appelé ses partisans à le
faire aussi. C'est la vision qui utilise l'agression et
la guerre comme tactique de négociation, qui blâme la
Chine pour le déclin de l'économie américaine et
qui fait de la Russie l'ennemi principal des États-Unis. Elle
est captée dans cette expression utilisée durant
l'élection, que les États-Unis sont « la nation
indispensable », qui laisse entendre que toutes les autres
ne le sont pas. Cette vision a
également été exprimée par Hillary Clinton
en 2008 lorsqu'elle a dit que les États-Unis pouvaient
« effacer l'Iran de la carte » et en 2011
lorsqu'elle a accueilli la nouvelle de l'assassinat du leader libyen
Mouammar Kadhafi en disant : « Nous sommes venus, nous avons
vu, il est mort. »
Dans son discours de victoire, Donald Trump a pris le
soin de mentionner que plusieurs généraux l'ont
appuyé, comme l'ont fait aussi la National Rifle Association,
Rudolph Giuliani, qui était maire de New York lors des attentats
du 11 septembre 2011, et d'autres comme lui qui sont en
faveur des pouvoirs policiers déchaînés
que Trump considère nécessaires pour « redonner
à l'Amérique sa gloire perdue ». Les
principaux arguments de sa campagne étaient que le
système américain est brisé ou truqué, que
la position des États-Unis dans le monde a été
affaiblie et que seulement un président avec une
personnalité forte comme lui peut remettre l'Amérique
dans le
droit chemin. Sa stratégie est d'être «
engagé » et que tout est dans l'art de conclure un
accord. Le soir de la victoire il a dit : « J'ai
passé ma vie dans le monde des affaires et j'ai remarqué
trop de projets et de gens au potentiel inexploité partout sur
la planète » et « c'est ce que je m'engage
à faire pour notre pays ».
Il faut blâmer l'État et non le peuple
pour le
racisme, le sexisme et la conception du monde anti-classe
ouvrière
Minneapolis le 10 novembre 2016
Après l'élection, la section des
médias et des experts, commentateurs et
célébrités qui se prétendent progressistes
et civilisés a fait l'étalage de
stéréotypes racistes, sexistes et antouvriers, qu'elle
attribue à Trump. Selon elle, les États-Unis sont
divisés entre les gens instruits et les gens non instruits et
c'est « la classe ouvrière blanche »
qui est à blâmer pour la défaite de Clinton. Dans
le stéréotype propagé, la classe ouvrière
américaine est en gros constituée de tous ceux qui n'ont
pas de diplôme collégial et la « classe
ouvrière blanche » est raciste, sexiste,
suprémaciste, xénophobe, arriérée, non
instruite et non civilisée. Les êtres humains sont des
catégories de choses et non
des personnes dans ce stéréotype.
Los Angeles le 9 novembre 2016
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Tout est fait pour cacher que c'est l'État
américain qui est antiouvrier, sexiste, raciste et
anti-immigrant, et profondément anticommuniste, et c'est la
raison pour laquelle on blâme la classe ouvrière pour la
défaite de Clinton.
Pendant ce temps, les individus et les organisations
suprémacistes qui agissent spontanément ou à
l'instigation de l'État, toutes sortes d'individus
déséquilibrés ou psychopathes, ont le feu vert
pour déverser leur haine personnelle et exorciser leurs
cauchemars psychopathiques. C'est autorisé par le discours
grossier et incendiaire de style
télé-réalité qu'a tenu Donald Trump durant
la campagne électorale et par la promotion incessante qu'en ont
fait les médias américains, et sans moindre mesure par le
camp Clinton. Le camp Clinton a dépensé deux fois plus
d'argent que le camp Trump pour répandre cette image parmi
l'électorat américain. Et ce sont les médias et
l'entourage de
Clinton qui usent maintenant de tous les épithètes pour
présenter les travailleurs américains qui ont voté
pour Trump comme des fanatiques et des ignorants qui foulent aux pieds
les droits des citoyens et résidents des États-Unis.
Il ne convient pas à ceux qui consacrent toutes
leurs énergies à combattre pour les droits de tous et
toutes de se laisser prendre par cette propagande officielle qui traite
les gens comme des catégories de choses et sur cette base divise
le corps politique.
Soutenons la classe ouvrière et le peuple
américains dans leurs efforts pour s'investir du pouvoir et
défendre les droits de tous et toutes
New York le 9 novembre 2016
Le PCC(M-L) dénonce les attaques lancées
contre différentes sections de la population américaine
depuis l'élection, tant les attaques spontanées que
celles instiguées par un État rongé par la crise
qui vient de se donner un feu vert pour gouverner par les pouvoirs
policiers non entravés. Les pouvoirs policiers ne reconnaissent
pas les membres
du corps politique qui constituent la société civile et
un gouvernement des lois. Ils ne reconnaissent pas les droits qui
reviennent à tous les membres du corps politique, sans parler
des droits qui appartiennent à tous et toutes du fait qu'ils
sont des êtres humains. Les pouvoirs policiers ne reconnaissent
que des catégories de « choses » à punir
de différentes manières. Dans les différents
scénarios qu'on peut voir depuis quelque temps, tous les
Américains appartiennent à des catégories :
« voyous », « contestataires »,
« faiseurs de trouble », « ennemis
étrangers », « noirs », «
Latinos », « Hispaniques », «
musulmans », «
terroristes », « détraqués »
et autres catégories qui servent à les
déshumaniser et à les laisser en proie aux abus.
Le PCC(M-L) profite de l'occasion pour exprimer sa
sympathie avec celles et ceux qui, aux États-Unis, sont la cible
d'attaques racistes, antiouvrières et anti-peuple et qui
mènent une résistance courageuse en disant au monde
entier que ce n'est pas leur démocratie, que Trump n'est pas
leur président et que les attaques lancées ne sont
« pas en
mon nom ».
Le Parti a déjà reçu de nombreux
commentaires de camarades et amis sur cette importante question qu'est
la signification de l'élection présidentielle aux
États-Unis et il tient des discussions sur ce thème
partout au pays. Le PCC(M-L) appelle tout le monde à participer
à l'analyse des résultats et à se préparer
pour les batailles à venir.
(Photos : M. Hume, Berenabas G, iva_nm, R.J.
Sangosti, Fightback News, B. Cseko, NYC Alerts)
Note
aux
lecteurs
L'édition
du 19
novembre
du
Marxiste-Léniniste sera
consacrée à
l'analyse des résultats et de la signification de
l'élection
présidentielle aux États-Unis. Elle comprendra des
analyses, de
l'information, des points de vue et commentaires sur les thèmes
qui
aident tous et chacun à s'orienter. LML invite ses
lecteurs à
participer à l'analyse de la signification de l'élection
de Donald
Trump à la présidence des États-Unis. Nous serons
heureux de recevoir
vos points de vue et contributions. Envoyez-les à
redaction@cpcml.ca.
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Un an du pouvoir libéral
Le gouvernement s'apprête à lancer une
nouvelle consultation en ligne sur la réforme électorale
Le gouvernement Trudeau postera des cartes à
tous les ménages du Canada à la fin de novembre pour
encourager les gens à aller sur un site web créé
spécialement pour l'occasion et répondre à des
questions sur ses propositions de réforme électorale. Le
questionnaire en ligne est conçu pour obtenir des informations
sur les « valeurs
démocratiques » des Canadiens. Selon les reportages,
le site Web mademocratie.ca ou mydemocracy.ca sera ouvert du 1er
au 31 décembre.[1]
Cette nouvelle initiative fait suite aux consultations
du Comité spécial de la Chambre des communes sur la
réforme électorale du 21 juin au 7 octobre, qui
comportaient aussi un questionnaire en ligne. Le Comité
spécial déposera son rapport et ses recommandations
le 1er décembre, le jour où débutera cette
nouvelle
consultation. Les députés ont également tenu ce
qu'on a appelé des assemblées publiques et la ministre
des Institutions démocratiques Maryam Monsef a eu des rencontres
publiques et privées sur le sujet. Ces «
consultations » se sont limitées aux réformes
considérées comme légitimes par les organisateurs.
L'échec à engager les gens en
grand nombre dans ce processus soulève des questions sur le but
visé et laisse présager que des conclusions
préconçues mèneront aux recommandations et aux
mesures voulues.
Bien que la nouvelle campagne par cartes postales ne
soit pas encore annoncée officiellement, John O'Leary, le
directeur des communications de la ministre Monsef, a dit aux
médias : « Nous désirons connaître les
valeurs et les principes que partagent les Canadiens concernant le
renforcement de notre démocratie. Cette nouvelle
approche donnera la chance à un plus grand nombre de Canadiens
d'explorer ce thème plus à fond. » Le bureau
de la ministre a également précisé que le sondage
en ligne ne vise pas à obtenir les opinions des Canadiens sur
les options de réforme spécifiques énoncées
durant les consultations précédentes, comme la
représentation
proportionnelle et le vote préférentiel. Selon des
membres du Comité spécial, le gouvernement avait
l'intention de tenir une consultation de ce type plus tôt mais
n'en a pas parlé publiquement et ne l'a pas dit aux autres qui
tenaient des consultations.
Une consultation en sous-traitance
Selon le site Web achatsetventes.gc.ca, où sont
publiés les appels d'offre du gouvernement, le contrat pour la
nouvelle consultation a été accordé à une
firme privée appelée Vox Pop Labs.[2] Cette firme qui se dit « une
entreprise sociale » a obtenu le 1er septembre un
contrat pour fournir
« une stratégie et une plateforme en
ligne/numérique de consultation et de participation, en vue de
recueillir les points de vue de la population canadienne quant aux
valeurs qu'elle souhaiterait voir véhiculées dans un
domaine complexe de politiques publiques ». L'appel d'offre
précise qu'« il s'agit notamment d'offrir une
expérience
formatrice et d'aider la population canadienne à comprendre les
valeurs qu'elle privilégie ».
La plateforme en question doit intégrer les
plateformes des médias sociaux et « être mise en
oeuvre vers novembre 2016, en collaboration avec un ou plusieurs
partenaires des grands médias (si un partenaire média est
identifié) » et « optimiser les
possibilités de participation pour une plus grande partie du
public canadien, y
compris des groupes, comme les jeunes ».
Tout est fait pour cacher l'introduction au Canada de
nouvelles façons de prendre des décisions que les
citoyens n'ont pas approuvées. Le procédé par
lequel des intérêts privés effectuent ce qu'on
appelle des consultations pour ensuite établir un ordre de
préférences est présenté comme une forme
légitime de gouvernance. Par exemple, Vox
Pop Labs a obtenu le contrat (ce n'était pas un appel d'offre
ouvert) parce que, selon le site du gouvernement, « elle est la
seule à utiliser des échantillons importants d'ensembles
de données, puisqu'elle a réalisé les plus vastes
recherches sur l'opinion publique pour le Canada, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande. La qualité des données qu'elle
obtient au moyen de ses plateformes de participation s'en trouve ainsi
améliorée, puisqu'il est possible d'orienter les analyses
en fonction de plus petits groupes d'étude. Il s'agit d'un
facteur particulièrement utile, étant donné que
l'un des objectifs de cette initiative consiste à
déterminer et à comprendre les préférences
de groupes sous-représentés et
insuffisamment consultés. Par ailleurs, il est possible
d'obtenir une participation massive (par exemple, plus d'un million
d'utilisateurs) tout en conservant des données
fiables. »
Vox Pop Labs obtient de telles données
grâce à son logiciel « Vote Compass ».
Son produit principal est le sondage en ligne durant une
élection au Canada, aux États-Unis, en Australie et en
Nouvelle-Zélande pour déterminer pour lequel des partis
de
cartel les électeurs vont voter et où chacun se situe
dans l'« éventail politique » en
partant des réponses à une série de questions
vagues. Vox Pop Labs établit ensuite une correspondance entre
les résultats du sondage et les données
démographiques contenues dans sa banque de données qui
emmagasine des informations sur des millions de personnes. Le logiciel
Vote Compass a obtenu l'appui du gouvernement pour bâtir sa
banque
durant des élections au Canada, en Australie et en
Nouvelle-Zélande grâce à un partenariat avec les
sociétés publiques de télédiffusion :
CBC, ABC et TVNZ. Aux États-Unis, Vox Pop Labs s'est
associé au Wall Street Journal pour cibler des groupes
d'électeurs.
Vote Compass fait partie des outils qui servent
à priver le corps politique d'une conception du monde et d'un
but en le rendant passif. Les individus sont appelés à
faire un choix à partir de politiques parlementaires dites
« de gauche », « de droite » et
« du centre » bien que cette catégorisation ne
permette pas du tout
d'expliquer la position des différentes forces ni quels
problèmes elles prétendent vouloir résoudre. La
méthode consiste à présenter un sondage
faussé au départ, basé sur des prémisses
que le participant n'est pas appelé à remettre en
question, pour ensuite lui dire pour quel parti il doit voter et si ce
parti est « de gauche », « de
droite »
ou « modéré ».
Telle semble être la nature de la «
véritable consultation » au sujet de laquelle le
gouvernement s'est fait discret jusqu'à présent.
Après que les Canadiens auront placé les « valeurs
démocratiques » dans un ordre de
préférence, Vox Pop Labs va « aider la population
canadienne à comprendre les valeurs qu'elle
privilégie ».
Par cette interprétation d'une espèce d'alignement des
étoiles, les libéraux peuvent ensuite conclure que les
mesures qu'ils prennent correspondent « aux
préférences de valeur » exprimées par
les Canadiens, même si les valeurs en question ne sont pas
définies par les Canadiens mais par Vox Pop Labs. Un des
objectifs de la nouvelle initiative
de consultation est de « déterminer et comprendre les
préférences de groupes sous-représentés et
insuffisamment consultés ». Pour ce faire, Vox Pop
Labs établit des concordances à partir de ses banques de
données de renseignements démographiques.
La collecte de données est en effet une
composante importante du système Vote Compass. À
l'élection fédérale 2015, en plus de la
trentaine de questions sur le degré d'affinité avec
certaines propositions ou politiques, le questionnaire de Vote Compass
comprenait 20 questions pour obtenir des renseignements sur les
participants,
comme le code postal, l'âge, le sexe, la religion, le niveau
d'éducation, le nombre de frères et soeurs, le revenu
familial et la présence sur Twitter. Les répondants
avaient l'option d'ajouter leur adresse courriel. Dans sa politique de
confidentialité, Vox Pop Labs indique qu'elle continuera
d'utiliser les renseignements recueillis « pour les besoins de
l'entreprise incluant, mais pas nécessairement limités,
à : la recherche et l'analyse de données ; la
communication avec des panels ; l'octroi de prix et de paiements,
le traitement technique ». La seule restriction est que la
firme ne louera ou ne vendra « aucune donnée qui pourrait
vous identifier personnellement à une tierce
partie », ce qui n'interdit pas la vente de renseignements
démographiques en bloc. Selon elle, 1,8 million de
personnes ont utilisé sa plateforme durant l'élection
fédérale de 2015.
L'affirmation que Vox Pop Labs loue ou vend seulement
des données qui ne permettent pas « de vous identifier
personnellement » n'est pas la fin de l'histoire. Par
exemple, « des personnes peuvent être «
réidentifiées » à partir de
données qui n'ont pas été parfaitement
anonymisées ou grâce au recoupement de données
anonymisées avec d'autres ensembles de
données ».[3]
C'est le cas, par exemple, lorsque les partis politiques
achètent en bloc des données de vendeurs privés
comme des sociétés commerciales de données qui
sont ensuite jumelées à la liste électorale
fournie par Élections Canada. Sans identifier la
personne physique, les données vendues ou louées par Vox
Pop Labs pourraient être mises en concordance avec des personnes
en utilisant divers facteurs démographiques. La nouvelle
consultation sur les « valeurs démocratiques »
pourrait être l'occasion pour Vox Pop Labs et autres d'obtenir
leurs plus grands ensembles de données à ce
jour.
Selon l'appel d'offre, l'élaboration et
l'exécution de la consultation par Vox Pop Labs se
déroule en plusieurs phases. La première consiste
à « réaliser une étude scientifique
convaincante ... afin de déterminer les principaux thèmes
et d'établir des classifications en fonction des
réponses » avant la mise en oeuvre de l'application
interactive en ligne. Les résultats du sondage «
scientifique » seront analysés par l'utilisation de
« l'analyse de données mutivariables pour
déterminer les segments et élaborer des commentaires pour
chaque groupe, en fonction des profils émanant de
l'étude ». Vox Pop Labs va « élaborer un
modèle solide (p. ex., en ayant recours à la
régression logistique multinominale, à l'analyse
discriminante) de manière à classer instantanément
les participants pour la plateforme en ligne/numérique de
consultation en fonction des segments révélés dans
l'étude » et « fournir des catégories
personnalisées de commentaires des utilisateurs et de
visualisation des données pour que le chargé
de projet puisse en faire l'examen ». Cette analyse servira
ensuite pour créer une consultation numérique en ligne et
la plateforme d'engagement, sans doute liées aux cartes
envoyées à tous les ménages canadiens.
Cette plateforme permettra « aux utilisateurs de
l'application interactive en ligne de consulter leurs résultats,
c. à d. leur profil et la façon dont il se compare
à celui des autres Canadiens et Canadiennes à l'aide
d'éléments graphiques comme des tableaux ou des cartes en
deux dimensions, ainsi qu'une description sommaire du groupe qui leur
correspond le mieux ». Vox Pop Labs fournira au gouvernement
« des rapports d'analyse hebdomadaires sur l'utilisation de la
plateforme en ligne/numérique de consultation et de
participation, et fera ressortir toute incohérence ou
irrégularité sur le plan des données »,
puis réalisera « l'analyse de données recueillies
au moyen de
l'application interactive en ligne et fournira au gouvernement un
rapport faisant état des constatations ».
Selon l'appel d'offre, l'objectif de la plateforme est
de permettre « aux membres de la population canadienne d'indiquer
leurs priorités à l'aide d'une application interactive en
ligne axée sur les renseignements des utilisateurs, en fonction
de leurs réponses et des profils et commentaires recueillis dans
le cadre de l'étude ».[4]
Vox Pop Labs Inc définit son travail comme
étant de faire le portrait de « la collective
conscience », ce qui est précisément ce que
Vox Pop Labs Inc ne fait pas. Le collectif du peuple canadien est
beaucoup plus grand que le classement d'un certain nombre de
préférences individuelles. Un peuple et sa conscience
sont plus grands que la
somme de leurs parties. Recueillir l'opinion du public n'est pas une
question de collecte de réponses aléatoires à des
questions aléatoires. Il est nécessaire de la placer dans
le contexte des rapports sociaux et d'utiliser des méthodes
légitimes qui transforment la volonté populaire en
volonté légale, ce que ce genre de sondages ne fait
certainement
pas. Tout cela mérite l'attention des Canadiens parce que les
libéraux de Trudeau détruisent l'ancienne façon de
conférer une légitimité au gouvernement. Ils
essaient d'introduire des méthodes qui sont non seulement
fallacieuses, mais adoptées dans le dos du peuple. Jamais ces
nouvelles façons ne vont conférer de
légitimité, peu importe l'argent,
les RP ou le nombre de cabinets d'experts-conseils et de groupes de
réflexion que les libéraux engagent pour essayer de
l'obtenir.
Notes
1. Selon le recensement de 2011, il y a 13
millions de ménages au Canada ; les données sur le
recensement de
population 2016 ne seront pas publiées avant
février 2017.
2. Le fondateur et chef de direction de Vox Pop Labs
Inc., Clifton van der Linden, est un doctorant en science politique
à l'Université de Toronto qui a été
président du groupe de recherche sur le G8 de la Munk School of
Global Affairs. Il a écrit pour The Globe and Mail et
a été boursier du Massey
College, du Trudeau Centre for Peace, Conflict and Justice et du
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Il a
été Fellow d'Action Canada, une organisation qui offre
des bourses aux « nouveaux leaders » pour les mettre
en contact avec des représentants du gouvernement, les
oligopoles et des professionnels du
droit.
3. Sommaire, « Données ouvertes, citoyens
à découvert ? », Clinique
d'intérêt public et de politique d'Internet du Canada
Samuelson-Glushko (CIPPIC)
4. Vox Pop Labs Inc. dit : « Nous concevons
des logiciels capables d'analyser un très grand volume de
données. Ainsi, nos utilisateurs peuvent plus facilement
évaluer leurs options avant de prendre des décisions
importantes. » Leurs outils « accompagnent les
citoyens et consommateurs dans
l'évaluation de l'adéquation entre leurs options et leurs
objectifs ».
L'insensibilité des libéraux de Justin
Trudeau
face aux problèmes de la jeunesse
- Pierre Chénier -
Les emplois et les
conditions
de
travail
précaires
ne
sont pas acceptables
Le premier ministre Justin
Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont causé un
émoi récemment avec leurs attaques contre les jeunes et
leurs aspirations à un avenir brillant d'emploi, de
sécurité de l'emploi et de dignité et de droits de
tous qui sont garantis. En réponse
à des préoccupations que des jeunes exprimaient, ils ont
tout deux déclaré que l'emploi et les conditions de
travail précaires qui frappent les jeunes vont continuer et
qu'ils doivent simplement l'accepter.
Le ministre Morneau a dit lors de la réunion
du 22 octobre de l'aile ontarienne du Parti libéral
fédéral que les jeunes vont continuer à
connaître un haut taux de roulement dans l'emploi et de travail
à contrat à court terme. Le gouvernement ne doit pas
changer cette situation
pour améliorer le sort des jeunes selon lui mais convaincre les
jeunes d'accepter leur sort sans résister. Selon le gouvernement
libéral, ce qu'il faut faire c'est former les jeunes à
accepter que leur rôle dans la vie est de servir la grande
entreprise. Le gouvernement dit qu'il met l'accent sur la formation et
la
requalification des travailleurs afin qu'ils puissent passer plus
aisément d'un emploi à l'autre et occuper plus d'un
emploi à la fois parce telle est leur réalité
aujourd'hui.
Morneau a pris plaisir à décrire cette
réalité pénible en racontant des histoires de
jeunes vivant des situations difficiles, cherchant constamment des
emplois, trouvant un emploi, le perdant puis en cherchant un autre. Il
a appelé cela le « roulement de la
main-d'oeuvre » ( le
« job churn ») une expression cruelle qui est
très en vogue maintenant parmi les grands dirigeants
d'entreprise et les analystes du milieu des affaires.
Le premier ministre Justin Trudeau, qui s'est
nommé ministre de la Jeunesse, s'est joint lui aussi à
ces attaques contre les jeunes lors de sa participation au Sommet des
jeunes travailleurs du Congrès du travail du Canada le 25
octobre. Trudeau y est allé de ses paroles
« ensoleillées » en disant :
« Je pense tout d'abord qu'il faut reconnaître que les
endroits de travail sont en train de changer, reconnaître les
perturbations technologiques, l'économie de partage, la nouvelle
réalité qui élimine la version archaïque
d'un emploi à vie, une carrière où vous commencez
au bas de l'échelle, finissez vice-président et recevez
une montre en or quand vous prenez votre retraite, toute cette version
archaïque des choses, que tout cela fait en sorte que nous allons
avoir plusieurs carrières pendant notre
vie. » Il a même dit qu' « en fait, c'est
ce que plusieurs personnes désirent, des défis et un
avenir ».
C'est maintenant devenu la
norme de la part des gouvernements de recourir à des
constructions de l'esprit et à du racontage d'histoires qui
déforment la réalité à laquelle les
travailleurs font face et donnent une face joyeuse à leur
cruelle indifférence envers les luttes et
l'insécurité des travailleurs, les jeunes en particulier.
Les énoncés de politique ont cédé la place
à des campagnes de désinformation qui visent à
désorienter les Canadiens, surtout les jeunes, pour qu'ils ne
s'unissent pas dans des actions avec analyse pour s'opposer
à l'offensive antisociale libérale des oligopoles et de
leurs politiciens.
Plutôt que de traiter de la réalité
telle qu'elle est , les membres de l'élite impérialiste
dominante comme Morneau et Trudeau préfèrent raconter des
histoires. Ils en racontent aussi à propos d'eux-mêmes et
de leur vie merveilleuse. Morneau lui-même se vante de ses
changements de carrière qui l'ont mené de la position
puissante et privilégiée de président du C.D. Howe
Institute à celle de président exécutif de Morneau
Shepell à la position encore plus puissante et
privilégiée de ministre des Finances du gouvernement
libéral. Quant à Justin Trudeau, qui a été
élevé dans la résidence officielle du premier
ministre pour ensuite devenir dilettante pour un temps et puis revenir
reprendre la place qui lui revient, il pétille d'entrain
à l'effet que le
monde se porte bien parce que son monde à lui se porte bien.
La réalité que vivent les jeunes aux
prises avec des conditions précaires est une tout autre affaire.
Morneau et Trudeau ne partagent pas leur vie et ils ne le feront
jamais. Ils n'ont rien en commun avec la vie des jeunes et les
problèmes qu'ils vivent.
Les jeunes vivent la « nouvelle
réalité » du travail précaire et
à temps partiel. Même dans les emplois industriels, les
jeunes se font dire que leurs salaires vont être
inférieurs à ceux des autres travailleurs parce que telle
est la nouvelle réalité
d'une classe ouvrière divisée. Cela comprend
également leurs pensions, quand elles existent, où ce
n'est plus maintenant la prestation qu'un retraité reçoit
qui est définie mais la « contribution »
qu'il fait à son régime de retraite par une
déduction
sur sa paie alors que la prestation de retraite est incertaine. En
fait, aller d'un emploi à l'autre et d'une carrière
à l'autre ne laisse même pas place au concept d'une
prestation déterminée sauf bien sûr si vous
êtes membre d'une élite privilégiée comme le
sont Morneau
et Trudeau.
Se joindre à la
main-d'oeuvre même avec des qualifications est une sorte de tour
de force. Les enseignants, par exemple, sont souvent suppléants
et à temps partiel pendant des années, occupant des
postes qui représentant quatre dixièmes ou deux
dixièmes d'une position à
temps plein alors qu'ils doivent payer les dix dixièmes quand il
s'agit de nourriture, du loyer ou des autres nécessités
de la vie. Une fois engagés, les jeunes travailleurs sont
souvent qualifiés de « nouveaux
engagés », ce qui en fait en soi une cible
d'attaques. Le cynisme
libéral est tel qu'ils manipulent l'insécurité qui
frappe les jeunes travailleurs pour s'en prendre aux normes en vigueur
aux endroits de travail comme l'ancienneté que les travailleurs
ont développée pour se défendre contre
l'arbitraire et la favoritisme de la direction des entreprises et
contre le
congédiement de travailleurs considérés par les
gens en position de contrôle comme des dirigeants ouvriers
fauteurs de troubles.
Le taux de chômage officiel parmi les jeunes est
le double du taux national. La moitié des travailleurs
âgés d'entre 15 et 24 ans travaillent à
temps partiel. Un tiers des jeunes Canadiens occupent des emplois
temporaires. Des centaines de milliers de jeunes travaillent dans des
stages non
rémunérés, y compris dans la fonction publique
fédérale, ceci sans parler des stages qui sont
nécessaires à l'acquisition de crédits
académiques, dans lesquels les étudiants paient pour
travailler par le biais de leurs frais de scolarité.
Les conditions précaires sont un trait d'une
économie qui est minée par la quête
perpétuelle de profits privés, de privilèges de
classe et d'édification d'empire de la part d'une petite
élite qui cherche à s'emparer d'une quantité
toujours plus grande de la richesse
sociale que les travailleurs produisent. L'économie et la
richesse sociale ne sont pas mobilisées de façon à
préparer nos jeunes à devenir des producteurs et des
leaders et à leur fournir le plus grand amour social et la plus
grande attention dont la société est capable et à
garantir leurs droits, leur sécurité et leur
bien-être. Au contraire, les jeunes se font dire de subvenir
eux-mêmes à leurs besoins parce que l'objectif de
l'économie et de ceux qui la contrôlent en est encore
à l'ère médiévale de la petite production,
de l'autocratie, du
privilège de classe et de la famille élargie alors que
ces choses n'existent plus en tant qu'unités économiques.
Tout ce que les travailleurs ont pu réaliser
comme mesure de sécurité d'emploi, d'avantages sociaux ou
de salaires permettant de vivre est en train d'être
détruit. La destruction des conditions sociales et de travail
n'a rien de positif et lui donner une tournure positive est rien moins
que
dégoûtant. La suggestion libérale à la
Morneau et Trudeau à l'effet que le démantèlement
des conditions de vie et de travail par les « perturbations
technologiques, l'économie de partage et le roulement de
main-d'oeuvre » doit être accepté par les
travailleurs au détriment de la mise en oeuvre du facteur humain
ne convaincra personne peu importe la quantité de
désinformation de style relations publiques qui est
répandue. Les jeunes refusent que leur lutte pour une
alternative prosociale et pour une nouvelle direction qui comble leurs
désirs soit
entravée. Les jeunes se tiennent aux premières lignes de
la lutte organisée de la classe ouvrière pour transformer
la situation d'une façon qui bénéficie au peuple.
Le traitement cavalier que font Trudeau et Morneau de
la situation précaire et de l'avenir incertain qu'affrontent les
jeunes Canadiens qui « vont d'un emploi à
l'autre », « changent de
carrière » et font face à un
« roulement »
continuel vise à masquer le fait que le peuple ne contrôle
pas cette économie et les décisions qui sont prises par
les détenteurs de la richesse sociale et les gouvernements
à leur service. Quelles que soient les aspirations qu'ont les
jeunes en vue d'une carrière ou plus d'une carrière, il
reste
qu'ils sont assujettis à une économie qui n'est pas
organisée pour satisfaire aux besoins des gens et à leurs
désirs et que leurs rêves ne cessent d'être
brisés. L'économie socialisée est saccagée
sous les coups d'une élite privilégiée qui semble
se
délecter de la destruction puisque celle-ci ouvre les
possibilités de faire des coups d'argent et de bâtir un
empire. Loin d'accepter la destruction et l'insécurité et
l'appel libéral à s'adapter à l'offensive
antisociale, nous devons faire en sorte que les problèmes des
jeunes et de la
société soient mis sur la table et résolus en
faveur du peuple.
La classe ouvrière
rejette la conception du gouvernement libéral de Justin Trudeau
à l'effet que les jeunes doivent accepter la
réalité de l'insécurité. Le mouvement
ouvrier demande que des mesures soient prises immédiatement qui
vont procurer du répit aux travailleurs, des
mesures comme l'enchâssement dans la loi que les gens ne seront
jamais abandonnés à leur sort quelles que soient les
circonstances, qu'ils soient à l'emploi, blessés ou
malades ; que l'éducation est un droit, que la santé
est un droit, que la stabilité de l'emploi est un droit, que les
prestations déterminées à la retraite à un
standard canadien sont un droit, et ainsi de suite.
Si, dans l'optique du gouvernement libéral, cela
signifie une restriction malencontreuse a la flexibilité qui est
requise pour faire des jeunes une main-d'oeuvre non organisée,
mobile et jetable après usage et privée même des
droits les plus élémentaires alors tant pis. Les gens ont
des
droits en vertu du fait qu'ils sont des êtres humains. Au XXI
siècle, les gens refusent de définir les droits sur la
base de la propriété, de la situation à la
naissance ou du droit naturel ou héréditaire. Les droits
sont définis sur la base de l'humanité des membres de la
société, de leur existence en tant qu'êtres humains.
La classe ouvrière dénonce la sottise
libérale qui est sortie de la bouche de Justin Trudeau quand il
s'est opposé à la hausse du salaire minimum
à 15 $ lors d'une entrevue à l'agence
Reuters : « La question n'est pas simplement de mettre
un peut plus
d'argent dans la poche des gens, mais de faire en sorte qu'ils
jouissent des conditions qui leur permettent de
réussir », a-t-il dit.
L'élite impérialiste dominante n' a pas
intérêt à améliorer les conditions sociales
des travailleurs parce que cela restreindrait sa flexibilité lui
permettant d'avoir une main-d'oeuvre à sa merci et d'ainsi de
s'accaparer d'une plus grande partie de la richesse
sociale que
les travailleurs produisent.
Les conditions sociales et de travail dont les jeunes
canadiens ont besoin pour réussir et avoir un avenir en
sécurité sont précisément ce que les riches
impérialistes et leurs politiciens nient au peuple.
Joignons-nous tous au front de la classe ouvrière pour priver
l'élite
impérialiste dominante de son pouvoir de priver les jeunes et le
peuple dans son entier de leurs droits !
Le Canada s'enfonce dans une voie de trahison
- Enver Villamizar -
Manifestation contre le sommet des dirigeants nord-américains
à Ottawa le 29 juin 2016
Depuis son avènement au pouvoir, le gouvernement
Trudeau cherche à annexer encore davantage le Canada aux
États-Unis des monopoles nord-américains. Une des
activités principales du gouvernement Harper a été
d'établir des « instances binationales » qui
ont placé les agences de sécurité des
États-Unis et les hauts fonctionnaires
gouvernementaux en position d'imposer leurs intérêts sur
des questions qui concernent le Canada.[1]
Des arrangements antinationaux semblables ont lieu non
seulement entre le gouvernement Trudeau et les États-Unis mais
aussi entre le Canada et le Mexique et entre les dirigeants de ces
trois pays. Par exemple, le Sommet des dirigeants
nord-américains en juin dernier à Ottawa a
été suivi d'une annonce à l'effet qu' «
en 2016, le
Canada affectera du personnel dans un poste de douanes des
États-Unis, auquel du personnel mexicain est actuellement
affecté, dans le cadre d'un projet pilote en vue de jeter les
bases d'activités conjointes d'identification et d'examen de la
menace en matière de contrebande ».
L'annexion au nom de la protection de l'environnement
Dans d'autres cas, le gouvernement
Trudeau annonce des décisions qui ont été prises
par le Bureau du premier ministre ou des ministres avec le
président des États-Unis et déclare ensuite que
ces décisions vont s'appliquer au Canada, après une
« consultation » cependant sur la manière de
les mettre en oeuvre. C'est ce qui s'est produit
avec l'annonce d'un « leadership conjoint » entre les
États-Unis et le Canada sur l'Arctique qui en fait
présente les préoccupations stratégiques des
États-Unis pour le libre mouvement de leurs forces militaires
dans l'Arctique comme étant une préoccupation canadienne.[2]
À titre d'exemple, on compte aussi la
déclaration du 16 août de la ministre de
l'Environnement et du changement climatique, Catherine McKenna, dans
laquelle elle félicite les États-Unis pour une «
réglementation plus stricte sur les émissions de gaz
à effet de serre pour les véhicules lourds[...] Le
gouvernement du Canada a
l'intention d'aligner sa réglementation avec les normes
d'émissions de la phase 2 , tout en tenant compte des
répercussions particulières pour les secteurs canadiens
des véhicules lourds, de leurs moteurs et des
remorques. » La ministre ajoute ceci dans sa
déclaration : « Le Canada a l'intention de publier
son projet de
règlement visant les véhicules lourds (phase 2)
d'ici la fin de 2016 et prévoit une période de
consultation pour les Canadiens. » ( notre
souligné)
À fond de train dans le Périmètre
de sécurité nord-américain
Le gouvernement Trudeau s'engage à fond de train
dans les arrangements en vue d'un Périmètre de
sécurité nord-américain sous commandement
américain, poursuivant ainsi dans la voie du gouvernement
Harper. Les libéraux de Justin Trudeau veulent faire adopter le
projet de loi C-23, lequel est lié à un projet
de loi qui doit aussi
être adopté aux États-Unis pour que le
précontrôle puisse être mis en oeuvre au Canada.
Le plan qui a été prévu par le
premier ministre Trudeau et le président Obama consiste en un
prolongement du système de précontrôle qui existe
depuis des années dans de grands aéroports canadiens
à d'autres aéroports à Toronto et à
Québec et, pour la première fois, aux déplacements
terrestres en commençant par la gare de train de
Montréal et le chemin de fer Rocky Mountaineer sur la côte
ouest. Cela veut dire une extension de la présence des agents de
sécurité des États-Unis dans ces installations de
même que dans d'autres.
Si elle est adoptée,
la loi C-23 va autoriser un ministre fédéral à
désigner des zones et périmètres de
précontrôle au Canada dans lesquels le
précontrôle peut être effectué ;
permettre aux agents canadiens d'agir aux côtés des agents
américains dans l'exercice des fonctions de ceux-ci; permettre
aux agents américains d'amener leurs armes
à feu au Canada ; établir les conditions en vertu
desquelles ceux qui quittent le Canada peuvent être
interrogés et fouillés à nu par des agents
américains ; permettre que des gens soient détenus
par des agents américains dans certaines circonstances ;
empêcher les réclamations civiles contre le gouvernement
des États-Unis mais les
permettre contre des agents individuels et établir des
règnes concernant l'extradition d'agents dans le cas
d'inconduite criminelle.
Il faut cependant qu'une loi de mise en oeuvre soit
adoptée dans les deux pays pour que le programme puisse entrer
en fonction. Au Congrès américain, le projet de loi en
question est la Loi de 2016 de promotion des voyages, du
commerce et de la sécurité nationale. Son objectif
déclaré est de faire en sorte d' « affirmer la
juridiction des États-Unis dans le cas d'infractions commises
par du personnel des États-Unis stationné au Canada pour
des initiatives de sécurité à la
frontière ». Il indique que quiconque est
employé par un département ou une agence des
États-Unis autres que le département de la Défense
et est stationné ou déployé au Canada en vertu
d'un
traité ou d'un accord exécutif relatif à «
des initiatives de sécurité à la
frontière » et qui commet un geste (ou conspire en
vue de commettre un geste ou tente de le commettre) au Canada qui
constitue une infraction pour laquelle une personne pourrait être
poursuivie en cour aux États-Unis si le geste avait
été commis aux États-Unis ou à
l'intérieur d'une juridiction maritime et territoriale
spéciale des États-Unis sera puni selon ce qui est
prévu pour une telle infraction.
Au nom du gouvernement, l'ambassade canadienne aux
États-Unis tente de faire en sorte que le projet de loi
américain soit adopté. « Nous allons travailler
avec les promoteurs du projet de loi au Congrès et au sein de
l'administration...pour que le précontrôle soit
adopté », a dit en entrevue l'ambassadeur du Canada
aux États-Unis
David MacNaughton, « parce que si vous ne soulevez pas la
question, il est possible que par inadvertance le projet de loi ne soit
pas adopté ».
On rapporte qu'une tentative qui avait
été faite au printemps d'introduire cet item dans un
projet de loi omnibus qui n'a rien à voir avec lui a
échoué quand les partis ont commencé à
débattre des éléments ajoutés et les ont
tous retirés, y compris celui relatif à la
frontière canado-américaine, afin de sauver le projet de
loi lui-même.
« La question en jeu c'est comment le
présenter, dans quoi va-t-il s'insérer et est-ce qu'il
doit être inclus dans un autre projet de loi », a dit
MacNaughton. « Nous espérons et nous nous attendons
à ce que le projet de loi soit adopté avant la fin de
l'année. » Le gouvernement canadien va
peut-être intensifier son lobbying avant que
Trump ne soit intronisé ou peut-être évalue-t-il
que c'est mieux d'attendre que Trump le soit parce
qu'il existera alors une plus grande «
congruité » entre l'exécutif et le
Congrès. Dans un cas comme dans l'autre, il est difficile
d'imaginer un geste aussi traître et humiliant que de pousser le
gouvernement des États-Unis à adopter
une loi qui permet aux agents américains d'opérer au
Canada.
Le silence autour de la participation du
secrétaire américain à la Sécurité
intérieure à une réunion du Cabinet des ministres
canadien
Un autre aspect préoccupant est l'intervention
de hauts représentants du gouvernement américain dans les
affaires du gouvernement canadien. Cet aspect est maintenu discret ici
au Canada et il faut lire les agences de nouvelles américaines
pour en être au courant. Selon une transmission du
secrétaire du département de la Sécurité
nationale des
États-Unis, Jeh Johnson, le secrétaire à la
Sécurité « a eu l'honneur d'être le premier
secrétaire d'un département des États-Unis
à
être invité à une réunion d'un comité
ministériel canadien » lors de son passage à
Ottawa le 27 octobre. Il n'a pas dit quel comité il a
rencontré mais il s'agirait vraisemblablement du Comité
du cabinet sur les
relations canado-américaines.
Le seul communiqué
du gouvernement canadien qui en fasse mention est celui du 27
octobre du ministre de la Sécurité publique Ralph
Goodale qui dit :
« Le secrétaire Johnson et moi-même
avons discuté des progrès mutuels enregistrés au
titre de la mise en oeuvre du prédédouanement, de son
expansion à de nouveaux sites et de l'intention de cerner les
sites pour des projets pilotes de fret. Il est estimé
que 12 millions de personnes utilisent le
prédédouanement chaque année dans les
huit aéroports canadiens équipés pour le faire.
Nos efforts soutenus en matière de prédédouanement
renforceront notre sécurité, notre
prospérité et notre compétitivité
économique mutuelles.
« Outre le prédédouanement, nous
avons mentionné les progrès enregistrés dans
d'autres initiatives, comme Entrées et sorties et la
communication d'information relative à la sécurité
nationale. Ces programmes nous aident à assurer le flux
transfrontalier essentiel de personnes et de commerce tout en
protégeant notre sécurité nationale et notre
vie privée. »
Il est inquiétant pour les Canadiens d'apprendre
des choses à propos de la participation de hauts
représentants américains à des échelons
supérieurs du gouvernement canadien de la bouche de ces
représentants américains. Pourquoi le gouvernement
canadien n'a-t-il pas cru bon d'en parler ?
Conférence ministérielle de
l'OTAN et développements connexes
Non à l'encerclement de la Russie!
Démantelons l'OTAN!
Manifestations durant le sommet de Varsovie en juillet 2016 (I.Hoger)
Les 26 et 27 octobre, les ministres de la
défense de l'OTAN se sont réunis au quartier
général de l'alliance situé à Bruxelles,
pour « faire progresser » la mise en oeuvre des plans
établis lors du Sommet de Varsovie tenu en juillet. L'OTAN
affirme que ces plans ont tous trait à la « défense
et à la dissuasion ». Ses
préparatifs de guerre en Europe de l'Est et son intervention
dans la crise humanitaire résultant de la destruction par
l'impérialisme américain de différents pays au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont présentés comme
des mesures défensives comme si l'OTAN était victime
d'une agression étrangère alors qu'en fait elle est une
alliance
militaire et politique agressive dirigée par
l'impérialisme américain.
Un communiqué de l'OTAN décrit les
réunions comme un pas en avant dans les plans d'une «
présence renforcée de l'OTAN dans la partie orientale de
l'Alliance et dans la région de la mer Noire ». Il
s'agit de la décision prise lors du sommet de Varsovie de
créer quatre bataillons de l'OTAN dans les États baltes
et en Pologne et de
nouveaux plans pour le sud.
Lors des réunions il a été aussi
discuté des « récentes activités militaires
de la Russie le long des frontières de l'OTAN
» [notre souligné]. L'OTAN allègue que les
« activités militaires » auxquelles elle fait
référence concernent le stationnement de troupes russes
et le déplacement de missiles vers sa frontière
occidentale
où il y a une accumulation continue de forces militaires de
l'OTAN, y compris celles du Canada. On fait aussi allusion au mouvement
d'un groupe de porte-avions de combat russes naviguant au-delà
des côtes de la Norvège et d'autres pays européens
qui seraient en route vers la Syrie. Dès le 1er novembre,
ce groupe de combat a atteint la
mer Méditerranée, une région où
opère la Sixième flotte américaine. De cette
façon, les agissements de la Russie en réponse aux
troupes étrangères placées dans les pays à
ses frontières sont présentés comme une agression,
tandis que le mouvement agressif de troupes étrangères de
pays à la fois membres ou non de l'OTAN en Europe de l'Est pour
encercler la Russie est présenté comme un acte de
défense.
Le communiqué de presse de l'OTAN mentionne
qu'à Bruxelles, les ministres de la défense ont mis
l'accent sur « les efforts de l'OTAN pour projeter la
stabilité au-delà de ses frontières ».
Il s'agit en particulier d'examiner « les progrès
réalisés dans la formation et le renforcement des
capacités de l'OTAN en Irak », en tenant
compte de l'avenir du déploiement de l'Alliance en mer
Égée et de l'éventuel rôle maritime de
l'OTAN en Méditerranée centrale pour «
appuyer » l'opération Sophia qui est la mission de
l'agence frontalière Frontex de l'UE. L'opération Sophia
est une opération de patrouille de la mer Egée entre la
Turquie et la Grèce où des milliers de
personnes tentent d'arriver par bateau en Grèce et, de
là, vers d'autres pays européens. Ceux qui sont
capturés sont refoulés vers la Turquie.
La mise en oeuvre du programme de l'OTAN
d'encerclement de la Russie
La réunion a
traité des mesures que l'OTAN met en place pour encercler et
menacer la Russie, s'ingérer dans les affaires internes des pays
de l'Europe de l'Est et supprimer l'opposition aux guerres d'agression,
qu'elle qualifie de « renforcement de la dissuasion et de la
défense ». Ces mesures proviennent des
décisions annoncées lors du
Sommet de Varsovie, dont le déploiement de quatre bataillons
multinationaux comprenant des chars d'assaut, d'autres véhicules
blindés et des drones vers les États baltes et la Pologne
prévu pour début 2017. Les bataillons
composés d'environ mille soldats sont dirigés
respectivement par le Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les
États-Unis. La composition des bataillons a été
annoncée lors de la conférence ministérielle
à Bruxelles. L'Albanie, l'Italie, la Pologne et la
Slovénie doivent envoyer des troupes pour rejoindre le groupe de
combat dirigé par le Canada en Lettonie. La Belgique, la
Croatie, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Norvège
rejoindront les
Allemands en Lituanie. Le Danemark et la France vont envoyer des
unités rejoindre les forces britanniques en Estonie, alors que
la Roumanie et la Grande-Bretagne fourniront des troupes au bataillon
dirigé par les États-Unis en Pologne.
Les quatre nouveaux bataillons doivent être
appuyés par une force de réaction rapide
de 40 000 membres capable de se déployer partout et
rapidement, où et quand cela est nécessaire. [1] Outre le mouvement des forces de l'OTAN
pour encercler la Russie, les États-Unis continuent,
parallèlement à l'OTAN, d'amener un nombre encore plus
important de leurs propres troupes et équipements aux
frontières de la Russie.
Le ministère norvégien de la
Défense a annoncé le 24 octobre qu'à partir
de janvier 2017, les États-Unis vont stationner
quelque 330 marines sur une base rotative à la base
militaire de Værnes près de Trondheim. Les marines sont
une force de première frappe et la Norvège a une
frontière longue de 200 kilomètres
avec la Russie. Le Marine Corps Times rapporte que les
militaires américains « ont déjà
pré-positionné des milliers de pièces
d'équipement, y compris des chars d'assaut M1A1 Abrams dans les
grottes norvégiennes pour appuyer 15 000 marines
pendant un mois d'opérations de combat « .
« Les États-Unis sont notre plus important
allié et nous avons une relation presque bilatérale que
nous souhaitons développer », a déclaré
la ministre de la Défense, Ine Eriksen Soereide, dans un
communiqué. « La défense de la Norvège
dépend du renforcement des alliés et il est crucial pour
la sécurité de la Norvège que nos alliés
possèdent les connaissances nécessaires pour
opérer en Norvège, avec les forces
norvégiennes. ». Le secrétaire
général de l'OTAN Jens Stoltenberg est un ancien premier
ministre norvégien.
Le major général Niel E. Nelson,
commandant des Corps de Marines des États-Unis en Europe et en
Afrique, a déclaré qu'une présence des marines en
Norvège « augmenterait la capacité de l'OTAN
à recevoir et employer rapidement des forces dans le nord de
l'Europe ».
Le représentant permanent de la Russie
auprès de l'OTAN, Alexander Grushko, a dénoncé les
« plans de planification et de préparatifs militaires de
l'OTAN menant à une confrontation dans les territoires
situés le long de nos frontières », en
particulier l' « entreposage anticipé d'armes et de
matériel et la modernisation des infrastructures
avant le déploiement d'importantes unités de
l'armée, qui vont donner lieu à une chaîne sans fin
d'exercices terrestres, marins et aériens, le long des
frontières de la Russie ». Il a
déclaré : « Les dirigeants de l'OTAN
préfèrent ne pas mentionner les efforts nationaux que les
pays membres prennent en plus de ces mesures »,
indiquant qu'une brigade de chars d'assaut américains est
déployée sur une base rotative et que des
activités sont menées en Europe de l'Est « par des
pays qui se sont déclarés être sur ' la
première ligne ' [pour accroître] leur potentiel
militaire ».
La militarisation de la crise des
réfugiés en Europe
Il a également
été annoncé à Bruxelles qu'une nouvelle
opération maritime sera lancée en
Méditerranée centrale, appelée Sea Guardian, qui a
été annoncée plus tôt au Sommet de Varsovie.
Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg
avait déclaré à ce moment-là : «
Nous avons décidé de transformer l'opération
Active Endeavour
en une mission de sécurité plus large appelée Sea
Guardian ». Il avait ajouté que « nous avons
l'intention de travailler en étroite collaboration avec
l'opération Sophia de l'Union européenne dans le centre
de la Méditerranée, faisant appel à notre
coopération rapide et efficace avec l'UE pour mettre fin au
réseau de traite internationale des
êtres humains dans la mer Égée ».
L'opération Active Endeavour a débuté en
octobre 2001 dans le cadre de la réponse de l'OTAN aux
attaques terroristes du 11 septembre. Depuis lors, les navires de
l'OTAN patrouillent la Méditerranée et surveillent la
navigation pour « aider à dissuader, défendre,
perturber et protéger contre
les activités terroristes ».
Selon Stoltenberg, en vertu de l'Opération Sea
Guardian, les navires et les avions de patrouille maritime de l'OTAN
dans le centre de la Méditerranée fourniront
désormais une reconnaissance situationnelle et un «
soutien logistique » à la Grèce, la Turquie et
à l'agence frontalière Frontex de l'UE qui opèrent
en mer Égée. Depuis
février, l'OTAN dispose en mer Égée d'un groupe de
sept navires de différents pays pour y contribuer à
l'opération de l'UE. Lors de la réunion de Bruxelles, le
ministre turc de la Défense a déclaré aux
journalistes qu'il n'était pas nécessaire que la mission
de l'OTAN en mer Égée se poursuive au-delà de
décembre, affirmant que c'était une
mission temporaire qui a atteint son objectif et qu'il n'est pas
nécessaire de la prolonger. Malgré la position de la
Turquie, le secrétaire général de l'OTAN a
annoncé le lendemain que l'OTAN a décidé de
poursuivre sa mission en mer Égée avec ses nouveaux plans
pour la Méditerranée centrale.
« Grâce à nos efforts conjoints, de
concert avec la Grèce et la Turquie, le flux de migrants a
considérablement diminué », a
déclaré Stoltenberg, qualifiant cela d' « un
exemple de plus de comment l'OTAN et l'UE travaillent main dans la main
pour accroître la sécurité
européenne ». Ce qu'il n'a pas dit, c'est qu'avec la
route par
la mer Égée maintenant bloquée, plusieurs
réfugiés choisissent maintenant la traversée plus
périlleuse par la Méditerranée centrale, de la
Libye vers l'Italie, où la nouvelle mission maritime de l'OTAN
va opérer. Le porte-parole de l'agence des Nations unies pour
les réfugiés, William Spindler, a dit : « Nous
pouvons confirmer que jusqu'à
présent, cette année, au moins 3 800 personnes
sont mortes ou disparues en mer Méditerranée, soit le
nombre le plus élevé de morts jamais enregistré
avant 2016. »
La situation s'est encore aggravée du fait que
l'UE a récemment déclaré que l'Afghanistan, un
pays envahi et occupé par les États-Unis et l'OTAN, est
un « pays sûr », ce qui ouvre la porte aux
États membres pour expulser les réfugiés afghans
qui cherchent asile en disant qu'ils sont des « migrants
économiques » plutôt que des
réfugiés de guerre. Comme dans le cas de l'entente entre
l'UE et la Turquie, cela ne fera que forcer les personnes
concernées à choisir des itinéraires et des
arrangements plus dangereux pour tenter de se rendre en Europe.
L'OTAN en Irak et en Jordanie
Qualifiant la mesure d' « effort pour projeter la
stabilité dans son voisinage plus large »,
Stoltenberg a annoncé à Bruxelles qu'en
janvier 2017, l'OTAN commencera la formation et « le
renforcement des capacités » des forces armées
irakiennes en Irak même, « sur la base de la formation
actuelle des officiers irakiens en
Jordanie ». Il a également annoncé que l'OTAN
a débuté la semaine précédente l'envoi
d'avions appartenant au Système de détection et de
commandement aéroporté (SDCA) en appui à la
Coalition [dirigée par les États-Unis] luttant contre
l'EI.
Cette formation est présentée comme
quelque chose de nouveau et de non agressif alors que dans les faits
elle va de pair avec l'intervention américaine en cours en Irak
et les tentatives de prendre le contrôle du pays et de ses
institutions publiques. Au plus fort de l'occupation ouverte de ce pays
par les États-Unis (2004 à 2011),
l'OTAN a également participé à la formation
de 15 000 officiers irakiens à l'intérieur du
pays.
Plus récemment, l'OTAN a déclaré
« qu'en réponse à une demande du gouvernement
irakien », elle a accepté d'offrir « un
ensemble de mesures de renforcement de la capacité de
défense afin de fournir une aide dans un certain nombre de
domaines prioritaires, y compris la lutte contre les engins explosifs
improvisés, le déminage, la
réforme du secteur de la sécurité, la
médecine militaire et la planification militaire
civile ». La première phase de formation a
débuté en avril, avec un cours « de formation des
formateurs » fourni à 350 officiers irakiens en
Jordanie.
Des responsables ont indiqué qu'en plus de
former des policiers, le Canada forme les forces de
sécurité jordaniennes dans le cadre de l'opération
Impact pour appuyer « la capacité de la Jordanie à
prévenir et à réagir aux activités
terroristes ». Entre autres choses, il est rapporté
que cela veut aussi dire aider la Jordanie à mener « un
suivi
et une identification accrus des activités terroristes et
criminelles le long de ses frontières ». On peut
supposer que ce serait un rôle pour les forces spéciales.
Notes
1. Lors du Sommet de Galles
en 2014, il a été décidé de «
renforcer les capacités de la Force de réaction de l'OTAN
(NRF) afin de s'adapter aux nouveaux défis posés par la
Russie en matière de sécurité et aux risques
provenant du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ».
L'OTAN décrit la NRF comme « le fer de
lance de l'alliance. C''est une force de réaction rapide sur
terre, en mer et dans les airs. Elle peut défendre tout
allié, être déployée n'importe où et
faire face à toute menace . »
« Il a été décidé
d'intégrer une Force opérationnelle interarmées de
très haute disponibilité (VJTF) dans la structure globale
de la NRF, d'augmenter la taille de la NRF à 40 000 et
de fournir à l'OTAN un ensemble de forces aériennes,
terrestres, marines hautement flexibles et disponibles à court
avis. La VJTF comprend une
brigade multinationale (d'environ 5000 soldats), y compris
jusqu'à cinq bataillons engagés dans des manoeuvres,
soutenus par les forces aériennes, marines et spéciales.
Une fois pleinement opérationnelle, deux brigades
supplémentaires se grefferont à la VJTF, en tant que
capacité de renfort rapide, en cas de crise majeure. Lorsqu'elle
sera
activée, la force sera disponible pour agir
immédiatement, après les premiers avertissements et les
indications de menaces potentielles, avant qu'une crise ne commence,
afin de dissuader éventuellement une nouvelle escalade. Le
déploiement rapide de cette petite unité militaire bien
entraînée enverra un message très clair à
tout agresseur
potentiel : ' toute tentative de violer la souveraineté
d'un pays membre de l'OTAN aboutira à un engagement militaire
décisif de la part des 28 pays alliés ' ».
Renforcement des forces militaires canadiennes en
Europe de l'Est et dans les États baltes
À la fin octobre, le
ministre de la Défense Harjit Sajjan a effectué une
visite de trois jours en Belgique et en Lettonie. On lit dans un
communiqué du ministère de la Défense (MDN)
publié le 28 octobre que pendant le voyage, Sajjan «
a fait avancer le rôle du Canada en tant que l'un des quatre
pays-cadres de l'OTAN, chacun un
élément clé dans le renforcement de la posture de
dissuasion et de défense de l'OTAN dans l'Europe centrale et
dans l'Europe de l'Est ».
Le communiqué poursuit : « Alors
qu'il participait à la réunion des ministres de la
Défense de l'OTAN, à Bruxelles, en Belgique, le ministre
Sajjan a assisté à de nombreuses réunions du
Conseil de l'Atlantique Nord et a rencontré des
représentants de l'Albanie, de la Lettonie, de la Roumanie et de
la France. Il a également participé à la
discussion organisée par le RU sur la coopération en
Ukraine avec les États-Unis, la Pologne et la
Lituanie. »
La Lettonie
Le 8 juillet, au cours du Sommet de l'OTAN
à Varsovie, le premier ministre Trudeau a annoncé, pour
le début de 2017, l'engagement d'une force
opérationnelle qui comprendra jusqu'à 455 membres du
personnel « pour appuyer la présence avancée
renforcée de l'OTAN » en Lettonie. L'engagement
comprend
l'élément de commandement du groupement tactique, une
compagnie d'infanterie mécanisée, le soutien logistique
au combat ainsi que les véhicules et le matériel.
La dépêche du MDN rapporte que «
[e]n Lettonie, le ministre Sajjan a aussi rencontré le
président, Raimonds Vejonis, le ministre de la Défense,
Raimonds Bergmanis, et le ministre des Affaires
étrangères, Edgars Rinkevics. Après ces
réunions, le ministre Sajjan a aussi fait partie du premier
groupe d'experts lors de la Conférence de Riga,
qui s'est penché sur le rôle de l'OTAN dans un
environnement de sécurité complexe et en
évolution. Aux marges de cette conférence, le ministre
Sajjan a aussi rencontré le ministre de la Défense
estonien, Hannes Hanso, et a visité la base militaire d'Adai,
où des membres des Forces armées canadiennes seront
envoyés en mission
en 2017 ».
Pologne
À l'heure actuelle, le Canada compte
également 220 soldats déployés en Pologne
dans le cadre de ce qu'il appelle l'opération Reassurance qui
est la contribution du Canada au renforcement des troupes et des
opérations de l'OTAN aux frontières de la Russie en
Europe centrale et orientale. Dans une entrevue accordée
à CBC News en
mai, le président polonais Andrzej Duda a déclaré
qu'il espérait que le Canada augmenterait sa présence
militaire dans son pays « pour dissuader l'agression
russe ». Les autres engagements du Canada dans le cadre de
l'opération Reassurance comprennent :
- Une frégate de la classe Halifax
envoyée dans le cadre d'un cycle rotationnel continu pour
exécuter des exercices et des tâches
opérationnelles, par exemple la surveillance et le
contrôle essentiellement avec le commandement maritime de l'OTAN.
Les navires ont été déployés dans les mers
Baltique, Méditerranée, Noire et Egée ;
et
- Une force opérationnelle aérienne
composée de six chasseurs CF-18, avec les équipages
aériens et le personnel de soutien, qui mèneront des
opérations périodiques de surveillance et de police
aériennes « dans les zones de responsabilité de
l'OTAN » et qui participeront à des activités
d'entraînement interarmées avec d'autres pays. La
force opérationnelle aérienne a été
déployée en Roumanie pour des exercices conjoints et en
Lituanie pour participer au « contrôle
aérien » de l'OTAN dans la région baltique.
La Roumanie
Lors de la réunion de Bruxelles, le
secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a
également annoncé que le Canada serait parmi ceux qui
contribueront à une brigade multinationale dirigée par la
Roumanie dans la région de la mer Noire. Selon le MDN, le Canada
aura des F-18 stationnés en Roumanie et une frégate en
mer Noire. Il n'est
pas clair si cela s'ajoute à l'engagement antérieur du
Canada de six avions de combat dans le cadre de son opération
Reassurance.
L'Ukraine
L'opération Unifier est le nom de la mission de
formation militaire du Canada en Ukraine, en vertu de laquelle 200
membres des Forces canadiennes fournissent actuellement des services de
renforcement des capacités des forces armées ukrainiennes
(formées de forces régulières et de milices
néonazies de la Garde nationale), coordonnée
avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres pays. La
mission a débuté au cours de
l'été 2015 et devrait durer jusqu'au 31
mars 2017. L'aide militaire n'est qu'une composante du soutien
multiple du Canada au gouvernement de Poroshenko porté au
pouvoir en Ukraine par un coup d'État. Le 19 septembre, le
gouvernement Trudeau a déposé devant le Parlement
l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine. Il a été
signé le 11 juillet lors d'une cérémonie
tenue à la suite du sommet de l'OTAN à Varsovie.
Le 1er octobre, le ministre des Affaires
étrangères, Stéphane Dion, a annoncé
« jusqu'à 8,1 millions $ en nouveaux fonds pour
soutenir la police nationale d'Ukraine ». Le financement
sera assuré par le nouveau Programme pour la stabilisation et
les opérations de paix (PSOP) du Canada, qui, selon le
gouvernement,
financera « des opérations de paix ».
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