Le Marxiste-Léniniste

Numéro 111 - 22 août 2016

Les célébrations d'août du PCC(M-L)

La cérémonie de l'aube rend hommage
aux bâtisseurs du Parti

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Les célébrations d'août du PCC(M-L)

La cérémonie de l'aube rend hommage aux bâtisseurs du Parti
Le besoin d'agir maintenant, consciemment - Centre d'études idéologiques


Les célébrations d'août du PCC(M-L)

La cérémonie de l'aube rend hommage aux bâtisseurs du Parti

Durant le mois d'août, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) célèbre plusieurs anniversaires historiques. Des activités spécifiques sont organisées pour mettre en lumière la signification de ces événements qui, depuis 1963, ont fait du PCC(M-L) le genre de parti qu'il est aujourd'hui. L'objectif est de faire une pause et de revoir les réalisations du Parti, de raviver l'impulsion révolutionnaire qui guide son travail. C'est aussi de célébrer l'esprit profondément démocratique de masse qui imprègne toute son existence et son activité.


Le fondateur et dirigeant du PCC(M-L), Hardial Bains, à la réunion de Chertsey en 1989

Dans le cadre de ces célébrations d'août, le Parti rend hommage aux bâtisseurs du Parti lors d'une cérémonie de l'aube au Monument du Parti au Cimetière Beechwood, à Ottawa. Le monument est dédié à la mémoire du camarade Hardial Bains, le fondateur et dirigeant du PCC(M-L), et à d'autres camarades disparus et est un profond hommage à la classe ouvrière du Canada et aux peuples combattants du monde entier. Pour plus d'information sur le Monument du Parti, cliquer ici.

Chaque année le Parti marque l'anniversaire de l'historique conférence « Nécessité de changement » qui a eu lieu à Londres en août 1967. L'analyse « Nécessité de changement » a servi de fondement à la création du PCC(M-L). Elle part d'une offensive résolue et totale contre la subversion idéologique et le blocage par les formes sociales. Elle le fait en lançant l'appel le plus révolutionnaire qui soit : « La compréhension nécessite un acte de participation conscience de l'individu, l'acte de découvrir », plaçant l'action au premier plan et la compréhension à son service.

Cette analyse a mené à la réorganisation des Internationalistes en tant que mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants. Les Internationalistes, fondés par Hardial Bains à l'Université de la Colombie-Britannique le 13 mars 1963, ont été le précurseur du PCC(M-L). L'analyse Nécessité de changement a ouvert la voie au mouvement de la jeunesse et des étudiants de l'époque en lui permettant de devenir un digne contingent du mouvement communiste et ouvrier.

Un autre important anniversaire dont la signification grandit avec le passage du temps est la rencontre historique tenue à Chertsey, au Québec, du 15 au 19 août 1989. Le monde était à la veille d'être entraîné dans un recul de la révolution avec l'effondrement de l'Union soviétique et des régimes d'Europe de l'Est. La rencontre de Chertsey affirma l'orientation adoptée par le Parti cinq ans auparavant qu'aucun individu, aucun collectif et aucune force sociale ne pouvait désormais agir comme avant et que tous devaient trouver leur orientation dans les conditions nouvelles du recul de la révolution. À Chertsey, au nom du Parti, son dirigeant Hardial Bains réaffirma le caractère du PCC(M-L) d'aller de l'avant courageusement dans toutes les conditions et circonstances, comme il l'avait toujours fait, quelles que soient les trahisons et les perfidies. Le PCC(M-L) a toujours montré ses convictions par ses actes, ses préparatifs constants pour diriger et sa détermination à défendre la ligne marxiste-léniniste, avait déclaré le camarade Bains.


Cette année, les camarades se sont rassemblés à l'aube du 14 août devant le Monument flanqué de la garde d'honneur, les jeunes du Parti portant les drapeaux du Parti. Les membres des organisations culturelles du Parti ont ouvert la cérémonie avec le chant L'aube, suivi de Notre fondateur, notre dirigeant en hommage au camarade Bains, et d'autres chants du Parti et des chants antifascistes. Pendant ce temps, des fleurs étaient déposées tour à tour par les délégations du Comité central du Parti, la jeunesse du Parti, des représentants du Centre ouvrier et d'autres institutions du Parti, l'organisation du Parti dans l'Outaouais et les comités régionaux de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de l'Ontario, du Québec et des Maritimes. Puis un bouquet a été déposé au nom des représentants du Mouvement communiste international. La cérémonie s'est terminée avec le chant de L'Internationale.



Après le dépôt de fleurs, la première secrétaire du Comité central du Parti a invité les jeunes, les camarades du Parti jeunes et vieux, et les camarades fraternels à se rassembler près du Monument pour revoir tour à tour les noms qui y sont inscrits et parler de la signification de la contribution de tous ces bâtisseurs du Parti. Les participants ont été impressionnés de ce qu'ils ont appris de la contribution de ces travailleurs venus de tous les pays, des jeunes, des femmes, des autochtones et des gens de minorités nationales. La société a ici donné naissance à quelques-uns de ses meilleurs représentants depuis l'époque de la Troisième Internationale qui sont venus bâtir le Parti à chaque étape de son histoire. Le Parti rend hommage à leur mémoire aujourd'hui en poursuivant les traditions révolutionnaires qu'ils représentent.

À l'occasion des célébrations d'août, le Comité central du PCC(M-L) transmet ses salutations révolutionnaires à toutes les organisations et à tous les membres du Parti et à tous ceux et celles qui sont engagés dans le travail crucial pour ouvrir la voie au progrès de la société. Partout au pays les membres et activistes du Parti préparent les batailles à venir, confiants dans la voie du Parti. Leur contribution à l'effort pour faire de nouvelles percées n'a jamais été aussi importante. Ils n'ont jamais été mieux servis par le modèle établi par le PCC(M-L) et son fondateur et dirigeant Hardial Bains qui déclarait :

Nous sommes nos propres modèles !
Montrons la couleur révolutionnaire du Parti par nos actes !

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Le besoin d'agir maintenant, consciemment

Penser les rapports

La compréhension requiert un acte de participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir. Combien de fois avons-nous lu cette phrase ? Combien de fois y avons-nous réfléchi ? Voici une expérience racontée par un camarade :

« En fabriquant la bannière pour le séminaire Nécessité de changement !, j'avais en tête que la citation était : 'La compréhension requiert la participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir.' Mais ensuite j'ai lu la citation et je me suis rendu compte que c'était : 'La compréhension requiert un acte de participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir.' La question se posait donc : Est-il important de dire 'l'acte de participation consciente de l'individu' ? »

Cette expérience posait un problème, mais un problème de quelle nature ? En cette nouvelle période de recul de la révolution, on a souvent répété que toutes les forces sociales et tous les individus doivent agir d'une manière nouvelle. Nous ne pouvons donc pas simplement retourner au texte écrit, retourner aux classiques (et pour nous Nécessité de changement ! fait partie des classiques) et réciter des choses par coeur. Nous ne pouvons pas non plus nous fier uniquement à notre mémoire. Chacun d'entre nous peut donner une opinion sur ce qui est dans le texte, ce que nous nous rappelons. Il peut avoir raison comme il peut avoir tort, mais qu'est-ce que ça change ? Cela ne mène nulle part. Nous pouvons nous sentir édifiés de dire des choses correctes, mais cela ne nous aide pas à changer la situation.

Ce n'est pas une question de mémoire, de relecture, d'opinions émises en pensée abstraite, mais une question de motivation et de conception du monde. Laquelle va prévaloir ? Est-ce la recherche du profit maximum, la motivation du système capitaliste, ou est-ce la recherche de la vérité dans les faits pour servir le peuple, la motivation de la classe ouvrière ? Est-ce une vision dominante de défense du statu quo, de ses valeurs abstraites et de ses concepts anachroniques, ou est-ce une vision de résolution de problèmes concrets et d'organisation pour changer le monde, appuyée par la défense des définitions modernes ?

La préface de l'auteur à l'édition de 1998 de la brochure Nécessité de changement ! place « l'action au premier plan et la compréhension à son service. C'est ainsi que les Internationalistes ont réglé son compte à la notion dominante en faillite selon laquelle la compréhension une condition préalable à l'action. L'action est la condition préalable à la compréhension par l'individu, par le collectif ou par les deux. Cette action se présente non pas comme une chose en soi, détachée de tout le reste, mais comme « un acte de participation consciente », « l'acte de découvrir ». En plus de donner préséance à l'action, cette brochure révolutionnaire met l'accent sur la qualité de la participation, sur la nécessité de l'action suivant un plan, ce que nous avons appelé l'« action avec analyse ».

La compréhension consiste à acquérir non pas une information à titre personnel mais la pensée nécessaire pour voir quelles sont les conditions et comment changer la situation d'une manière qui soit favorable au peuple. Si la pensée, que ce soit sous forme de sentiments, de souvenirs, de réflexions ou autre, est détachée des conditions de la vie, non seulement sommes-nous en réalité privés de l'information que nous transmettent les conditions, mais nous sommes aussi privés de la possibilité de voir comment nous percevons la situation. Sans voir le lien entre les conditions et comment voir la situation (notre perspective), nous laissons les usurpateurs du pouvoir imposer leur pensée et leurs points de vue (leur perspective). Cette perspective étrangère qui vient de la classe dominante, de pair avec l'absence d'information sur les conditions, a pour conséquence de nier les actes de participation consciente de l'individu, les actes de découverte, et de nier la pertinence de l'expérience, de la mémoire et de la pensée de la classe ouvrière et de ses alliés.

Les conditions, c'est ce qui existe subjectivement et objectivement. Nous répondons à ce qui existe, à ce dont nous avons besoin et à ce qui manque. Les pouvoirs en place substituent leurs notions préconçues à la compréhension des conditions et cela se fait de façon coercitive, compulsive et répétitive. On nous répète continuellement qu'il n'y a « pas d'alternative », que « les choses sont ainsi depuis les temps immémoriaux », que « la nature humaine est ainsi faite », que « le monde est insaisissable », etc. Ces notions servent à conditionner la classe ouvrière et le peuple à répondre de façon anticonsciente et à agir à l'encontre de leurs propres intérêts. Ces idées préconçues nous empêchent de voir la situation réelle et ce qu'il faut changer, elles nous détournent de l'action pour changer le monde et s'ouvrir au nouveau. Nous sommes conditionnés à la naissance, par les parents, l'école, les autres institutions et la cacophonie de la culture dominante, en particulier dans l'idéologie et dans la forme sociale, à trouver notre place dans le statu quo et à ne pas nous demander pourquoi les choses sont comme elles sont.

En jeune âge nous sommes privés des moyens d'avoir nos propres aspirations. Nous sommes censés trouver notre place dans ce que les autres attendent de nous. Nos réponses sont conditionnées à n'être plus qu'un réflexe. Ces réactions sont ancrées si profondément que la réponse est immédiate et sans pensée profonde, une forme d'anticonscience. Les muscles se contractent dans un certain sens, les émotions s'agitent tel que conditionnées, l'air sort de la bouche pour former les mots de la façon conditionnée par ceux qui exercent le pouvoir. Tout cela sans que nous donnions une seule pensée profonde. Et nous sommes amenés à croire que ce sont là nos pensées et notre compréhension.

Réaffirmer qu'un acte de participation consciente, un acte de découvrir est une condition nécessaire à la compréhension ce n'est pas seulement attirer l'attention sur la séquence des choses : l'acte avant, la compréhension après. Réaffirmer que la compréhension nécessite un acte de participation consciente dirige notre attention sur la possibilité de subvertir la réponse conditionnée qui nous est imposée et qui nous voit soumis aux conditions et aux événements et nous empêche d'être proactifs. Dans les conditions données, il est crucial de réagir, de résister et de prendre position contre toutes les agressions et toutes les politiques anti-peuple des pouvoirs en place. Nous discutons, nous manifestons, nous protestons, nous organisons, nous communiquons, nous faisons des exposés.

Le fait de plonger dans les problèmes de la situation donnée, de chercher des solutions et de passer à l'action encore et encore conditionne nos réponses dans le sens de rompre avec le statu quo. Le programme Nécessité de changement ! a été organisé pour faciliter cette rupture avec l'ancien en plaçant la création du facteur subjectif de la révolution au centre de tout travail, en s'attaquant au problème de l'organisation et de la refonte de notre conception du monde. C'est ainsi que se révèle le lien entre notre pensée et comment nous voyons la situation et les conditions données, ce qu'il faut changer et comment s'organiser pour ouvrir la voie au nouveau. L'analyse de la Nécessité de changement ! rappelle que nous ne pouvons pas vivre une vie divisée : la pensée révolutionnaire d'un côté et la culture et le style de vie bourgeois de l'autre, avec leur assaut contre la conscience sociale et leur promotion de l'individualisme narcissique et égocentrique.

L'ici-présent

Les conditions sont un appel, une vocation. Les activités que nous entreprenons sont conditionnées par le temps et l'espace. L'appel de l'époque, la vocation, est de répondre à ce que les conditions nous révèlent et d'occuper l'espace du changement.

En opposition à la réalité que nos activités quotidiennes sont conditionnées par le temps et l'espace, ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force insistent pour dire que leur conception de l'activité et de l'existence sont intemporelles. S'appuyant sur une idée primitive, détachée du monde réel, détachée de l'ici-présent, ils prétendent que le changement n'est possible que par l'intervention de forces extérieures, comme l'astéroïde qui aurait anéanti les dinosaures, ou des phénomènes comme la grippe aviaire, la guerre nucléaire et le réchauffement de la planète qui menacent l'être humain d'extinction. Comme les dinosaures, nous sommes censés accepter passivement cet avenir apocalyptique. Nous n'acceptons pas cette vision apocalyptique, ce monde dicté par l'intervention de forces extérieures ! Nous rejetons avec force cette vision qui fait abstraction du temps et de l'espace. Nous considérons que toute chose et tout phénomène a un début et une fin, que sans matière il n'y a pas de mouvement, et que sans mouvement, la matière s'effondre. Le temps et l'espace ne sont pas des choses, ce sont les conditions de l'existence. Les choses et les phénomènes se révèlent dans le temps et l'espace.

Le point de départ est tout simplement de poser la question. Par où commencer ? L'analyse Nécessité de changement ! existe, elle est connue. C'est quelque chose que vous pouvez identifier. C'est un objet et il a une histoire. C'est un livre, un programme, il a eu différentes influences au fil du temps. Vous reconnaissez qu'il existe, mais lequel de ces aspects ou de ces influences est crucial ? Sur lequel faut-il insister en particulier ? S'agit-il tout simplement de dire que vous l'avez lu et de raconter ce qu'il a signifié pour vous ?

Il faut reconnaître le sujet de notre approche à la Nécessité de changement !, le processus par lequel nous acquérons la connaissance. D'abord notre approche à la nécessité de changement doit être sans intermédiaire. Nous prenons donc acte du sujet de notre approche et cela aussi doit, pour ainsi dire, se faire sans intermédiaire. Notre approche n'est pas centrée sur ce qui est connu et sur ce qui est déjà écrit, mais sur le processus par lequel nous en prenons connaissance. Nous devons être réceptifs. Nous recevons cette information. Nous ne changeons pas ce qui est à l'origine de cette information. Cela veut dire que nous reconnaissons et la nécessité de changement, et notre approche, sans intermédiaire. Elles se présentent à nous. Le point de départ est le présent. C'est à la fois le résultat et le point de départ de l'histoire. Notre historiographie n'a pas comme point de départ le passé, bien que nous parlions de la période entre 1967 et 2007. Nous recevons l'information sur comment l'ici-présent se présente. Nous savons, et nous l'avons entendu dire plusieurs fois (et encore dans la préface de l'auteur), que le point de départ est le présent. Mais si nous nous arrêtons là, nous tombons encore dans le piège de l'anticonscience. Nous prenons quelque chose qui est vrai et nous le transformons en un slogan vide de sens. Alors que fait le « je » ? Quel est le rapport entre le « je » et la nécessité de changement ? Comment activer ce « je » dans l'ici-présent  ?

Le présent existe objectivement. Il y a un objet, un livre devant vous, Nécessité de changement ! Il y a ce rassemblement de personnes venues parler de ce livre, il y a ce programme. Ce livre particulier, cette chose singulière, cette expérience singulière, c'est quelque chose que vous pouvez pointer du doigt (indexical). Il a son propre contenu concret particulier. C'est un objet. Nous sommes certains de son existence. Nous sommes en sa présence et nous reconnaissons son existence, rien de plus. Vous pouvez le tenir dans vos mains et le regarder, l'ouvrir et le feuilleter, voir tous les mots imprimés. Nous savons déjà qu'il contient toutes ces phrases. Que faut-il comprendre à toutes ces phrases alignées l'une à la suite de l'autre ? Nous savons, et c'est d'ailleurs écrit, que c'est la généralisation d'une période historique donnée et d'une expérience donnée. Nous savons que c'est la base d'un programme d'action. Nous savons également que cette analyse a une très riche histoire. Elle a même fait l'histoire et continue de le faire. Elle a donné naissance à une organisation, à une conception du monde, elle est devenue le matériel de pensée et a contribué à l'élévation de la conscience des individus qui ont entrepris son programme et qui ont acquis sa conception du monde, tous ces gens passés et présents, ceux qui l'épousent encore et ceux qui l'ont rejetée.

Nous faisons partie d'une société. Nous participons à cette société avec différents niveaux de conscience. Dans cette société, les individus qui participent plus ou moins consciemment créent un être social. L'être social a une histoire. Pour ce qui est de l'histoire, Nécessité de changement ! a été écrit au plus fort de la guerre froide, chronologiquement à mi-chemin. Nous sommes maintenant dans l'après-guerre froide, après l'effondrement de la division bipolaire du monde. L'époque est encore celle de l'impérialisme et des mouvements de libération des peuples. Voilà la période. Mais quel rapport le « je » a-t-il avec cette histoire ? Avec tous les autres « je » ? La grande complexité de ces rapports est tout de suite évidente. Cela nous dépasse. Par où commencer ? Ma compréhension à moi, l'expérience de différents collectifs, l'expérience des autres ? Ce qu'il faut voir, c'est que tout nous exclut par la force de la participation à cette histoire.

Nous pouvons aussi examiner l'histoire particulière de l'analyse Nécessité de changement ! C'est un document, un programme, des conférences... Mais elle a quelque chose de crucial qui la distingue du reste, et c'est le fait qu'il y a ce « je » placé devant cette grande complexité qui le dépasse, devant cette histoire objective, cet objet qui est la très grande complexité. C'est l'« histoire en tant que telle », avec tous ses préjugés et toutes ses justifications censées expliquer notre place sans que nous y ayons un rôle actif à jouer, à la différence qu'il y a ce « je » et cette histoire-ci, cet être, et ce n'est pas seulement dans mon esprit. Ils existent. Et ce « je », cette conscience de la situation, et cette situation n'existent pas séparément. Ils existent dans cet instant. Ni l'un ni l'autre n'est à lui-seul dans le présent ; les deux n'existent que dans leur rapport. C'est maintenant. C'est dans l'ici-présent que s'affrontent le passé et le présent. Ce « je » sera-t-il dépassé par l'anticonscience des vieux rapports du passé qui retiennent le développement ? Où jouera-t-il un rôle dans cette histoire ? Le « je » est activé seulement dans la mesure où il rejette l'anticonscience. Et au coeur de l'anticonscience se trouvent les notions qui font abstraction du temps et de l'espace.

Au XVIIe siècle la thèse était : Je pense, donc je suis. On présupposait deux substances : d'une part la matière, la substance étendue, de l'autre, la conscience, la substance pensante. La matière était définie en termes d'espace et le temps était défini en termes de durée de l'espace. Mais la substance pensante, elle, était perçue comme étant distincte des corps et des processus matériels et indépendante de l'espace et du temps.

Les substances physique et pensante (matière et conscience) étaient réunies par un médiateur extérieur, que ce soit Dieu ou autre intermédiaire. Dès qu'on enlève la médiation, le rapport entre la matière et la conscience perd sa cohérence. La pensée apparaissait comme étant sans rapport avec le temps et l'espace sauf par un intermédiaire. C'était un problème pour ceux qui cherchaient à comprendre leur situation et leur pensée parce que cette notion plaçait la pensée hors d'atteinte.

La Nécessité de changement ! qui existe objectivement restera-t-elle hors d'atteinte, ou deviendra-t-elle la base de l'action avec analyse ? Et quelle sera la perspective ? Le conflit de perspective ou de conception du monde se trouve dans l'ici et le présent. Mon rapport avec cette Nécessité de changement ! et cette histoire existe dans le présent. Ce « je » peut devenir un « je » conscient seulement par ce rapport.

Le « je » et la nécessité de changement existent maintenant, dans ce moment. Mais lequel vient en premier ? Si vous placez le « je » en premier et déclarez que « je » suis le point de départ et que « j »'ai cette profonde réflexion à propos de la Nécessité de changement ! , il ne restera que : « je suis ». Il y a « je suis » et il y a « j'interprète, je décris, je suis une bonne personne ». C'est littéralement « je suis » et rien d'autre. Il n'y a pas la moindre représentation de l'auto-mouvement du « je », de son histoire, de son expérience. Et il n'y a rien à propos du « je » et de son expérience dans l'ici-présent. C'est le « je » égocentrique, sans passé ni présent. Ce ne peut pas être la conscience dont nous parlons. Ce « je » semble être indépendant de la nature et de la société et semble venir de l'au-delà. Nous ne sommes pas ici pour raconter des histoires à propos de l'au-delà, le surnaturel quel que soit sa forme, nous sommes ici parce que nous avons un intérêt dans l'ici et le présent.

Sans l'ici-présent, il ne reste que l'histoire qui existe ailleurs, l'histoire en tant que telle. Et il ne restera que la possibilité de « sortir », qui est « la cause de la discorde », jusqu'à en perdre la raison. C'est maintenant qui est le moment décisif qui nous ancre dans le présent. Ce maintenant est le rapport avec la société et avec son histoire. Dans ce moment sont concentrées toutes les relations, transitions, directions des mouvements, en avant ou en arrière, vite ou lent.

Qu'une chose ou un phénomène soit possible (nous disons, par exemple, qu'un autre monde est possible) dépend de son contenu, de la somme des moments par lequel il passe. Le mouvement est dans le moment, puis il passe et fait place au moment suivant, etc. C'est la séquence des moments successifs qui est importante. Le moment peut être mesuré en années ou en nanosecondes, c'est l'ordre de succession qui est important. C'est par l'ordre de succession, le mouvement, que s'expriment les lois du développement et la nécessité de changement.

Le « je » est un universel, ce qui veut dire qu'il n'est la propriété privée de personne. Il renferme toutes les possibilités, négatives et positives, de changement. La conscience réside dans ce « je » qui est universel. Ce « je » est le « je » conscient. L'acte de participation consciente de l'individu dans l'acte de découvrir est le « je » conscient.

Le « je » qui n'a que la compréhension personnelle en soi demeure passif, même égocentrique et en contradiction avec le « je » qui est universel et conscient.

C'est dans l'ici-présent que le « je » voit la mascarade, le mensonge, les justifications données par ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force. Dans l'ici-présent, « je » s'active, il se sent vivant. Si « je » voit la mascarade et ne résiste pas activement, s'il ne cherche pas activement la vérité pour servir le peuple, alors ce moment devient un moment d'indifférence, de passivité et d'insouciance. Ce « je » indifférent n'a plus ce moment de vie mais ne vit que pour le moment, qui est indifférent au « je » et à tout le reste. Ce « je » devient passif au point de perdre la raison dans l'insouciance.

Dans l'ici-présent le « je » actif reconnaît la crise, le point tournant. Saisis le moment maintenant. C'est ici qu'est la rose, c'est ici qu'il faut danser ! Si une personne est malade, va-t-elle être mieux ou sa situation va-t-elle s'aggraver ? C'est le point tournant, c'est la crise. Le « je » est un agent de la crise. Deviendra-t-il indifférent ou s'activera-t-il ? La crise devient pour lui le moment décisif : il faut que ça passe ou que ça casse. Ce « je » en tant que rapport affronte la crise. C'est le moment de décision : ou bien l'indifférence, ou bien l'activation. La crise n'est pas une question de choix. Elle est indépendante de la volonté. Mais la volonté d'être, qui est fondamentale, a la capacité de s'activer par la confrontation du moment de décision. Le moment est maintenant.

La conscience et l'anticonscience

L'anticonscience, c'est la vieille pensée qui pénètre tout. La façon de la rejeter est d'élaborer une perspective dès maintenant en défendant les définitions modernes. Nous naissons tous dans cette vieille pensée. Nous naissons dans une société moderne où existent encore les vieux rapports de production qui retiennent et étouffent les forces productives modernes. La pensée émane de ces rapports. Elle est la connaissance de ces rapports, vous ne pouvez que connaître ces rapports. La vieille pensée (anticonscience) provient de ces vieux rapports.

Les forces productives comprennent le facteur humain/prolétariat moderne, les moyens de la grande production socialisée et la révolution industrielle, scientifique et technologique continue. En ce moment ces forces productives socialisées modernes (la classe ouvrière, les moyens de production et les énormes progrès scientifiques et technologiques) ne favorisent pas le développement de la société parce qu'elles sont retenues par les rapports de production du vieux système capitaliste, rapports qui sont fondés sur la propriété privée non socialisée. La classe ouvrière et ses alliés doivent changer le vieux système et les vieux rapports dépassés. Cela veut dire que l'énergie renfermée dans le prolétariat moderne, les moyens de production socialisés, les progrès scientifiques et technologiques et dans les peuples et leur histoire, doit être libérée du vieux système et des vieux rapports.

Le développement, notamment la lutte pour la production et l'expérimentation scientifique, est piégé dans les vieux rapports de production maintenus en place par le système capitaliste. C'est donc le système qu'il faut changer pour mettre fin à ces vieux rapports. La pensée est le produit des rapports. Les vieux rapports, tant qu'ils existeront, engendreront continuellement et de manière permanente la vieille pensée. Nous sommes pris avec la vieille pensée émanant des vieux rapports : nous voyons les tragédies, nous pouvons parler de l'assaut contre la conscience et nous pouvons parler de ce qu'il faut éliminer pour rendre notre vie meilleure, mais cela reste dans les confins du vieux système et des vieux rapports. Il y a nécessité de changement fondamental. Sans la nécessité de changement, de développement, de changement de système, il n'y a que la tragédie.

La conscience n'est pas la même chose que la compréhension. La compréhension est spécifique à une situation historique donnée, un événement, un acte, un moment historique. La compréhension est ce que l'individu actif obtient dans son rapport avec le monde. Elle lui permet de fixer le cadre de référence, de décider du programme pratique, de formuler une analyse concrète. La conscience, elle, réside dans le « je ».

L'anticonscience extérieure à elle-même en elle-même survient pour étouffer la conscience sociale. En tant que forme de conscience, l'anticonscience extérieure à elle-même donne l'impression de transcender la nature et la société, d'être extérieure à l'histoire. C'est un voile qui couvre tout.

L'anticonscience en soi apparaît donc comme étant statique, inchangeable, éternelle et détachée de la force vive de l'histoire, de tout ce qui est humain et vivant.

La nature et la société changent constamment, mais l'anticonscience extérieure à elle-même en elle-même donne l'impression de tout transcender. Par exemple, en faisant abstraction de la nature et de la société, l'anticonscience affirme faussement que l'espèce humaine se divise en races inférieures et races supérieures, où l'appartenance à une race décide de la qualité de l'être. Ces définitions faites d'avance qui transcendent la nature et la société sont imposées au monde entier et donnent à l'anticonscience son contenu. Ces définitions au service de l'anticonscience ne sont pas l'expression, le reflet ou le produit des conditions sociales et naturelles historiques réelles.

Prétendre que cette conscience est en soi donne l'impression que ces catégories sont éternelles et qu'elles sont le produit de quelque chose au-delà du monde historique et naturel. Divers slogans apparaissent : « la fin de l'histoire », « la mission civilisatrice de l'homme blanc », « la responsabilité de protéger », « la destinée manifeste », « les valeurs universelles », « l'État failli », « pas d'alternative », etc. Cela est censé représenter la façon dont le monde fonctionne. Mais en réalité la vie humaine est produite et reproduite dans un processus de production qui est social. Elle a une histoire et comprend la participation active. Cette histoire et cette participation doivent être la base de toute perspective pouvant à proprement parler s'appeler humaine.

La conscience ne se développe qu'en rejetant l'anticonscience. C'est la conscience du « je », non pas le « je » égocentrique de l'individu égocentrique, mais le « je » qui est plongé dans la situation historique, dans les conditions qui appellent au changement. Ce « je » est un « je » historique social. Le rejet de l'anticonscience passe par la prise de conscience des rapports qui existent entre les êtres humains et entre les humains et la nature. Ces rapports existent indépendamment de la conscience et de la volonté. Le rejet de l'anticonscience extérieure à elle-même en elle-même amorce la discussion sur l'action humaine consciente pour changer le système et les rapports, une discussion comme celle commencée en 1967 qui a son expression concrète dans la brochure et l'analyse Nécessité de changement !

Un rêve et un désir d'alternative au système social qui existe se concrétisent pour ceux qui s'avancent pour les réaliser et qui dressent des plans d'action en conséquence. Les plans d'action leur permettent d'aller au-delà de l'action individuelle, qui est sans cohérence globale, comme les actions de protestation, les grèves, etc. Il faut aller au-delà de ces actions individuelles éparpillées. Il faut un plan d'action, un programme et une réunion des forces pour l'action qui répondent aux conditions réelles. Cela permet l'unité d'action au-delà de l'action individuelle à laquelle chacun participe. Même si le nombre est petit au départ, il grandit si l'action se traduit par l'organisation et la conscience. C'est une conscience qui se développe à partir du rêve initial et du rejet de l'anticonscience et qui croît en qualité et en quantité. Elle apporte une cohérence et devient une force matérielle parmi le peuple, surtout lorsqu'elle assume une forme organisationnelle qui correspond à ce que les conditions exigent.

À mesure que le nouveau contenu est développé, de nouvelles formes doivent être découvertes. Ce mouvement peut être étudié. C'est un phénomène qui peut être connu dans toute la richesse de ses rapports et de son histoire : c'est la conscience en elle-même. Cette conscience peut se maintenir même si la matière est passée à une étape suivante, dans la mesure où elle peut être reflétée dans le cerveau. À mesure que cette nouvelle conscience informe la pensée, reflète la matière, la matière avance et cette conscience peut faire son chemin dans la psychologie et les traditions sociales du peuple. Songez par exemple à l'histoire de la conscience de la nécessité du changement depuis 1967, assumée par ceux qui organisent pour changer le monde.

Une conscience existe parmi les êtres humains qu'ils appartiennent à la même espèce. Cette conscience humaine particulière est distincte de toute conscience qui pourrait exister chez les animaux. Évidemment, il y en a qui ne veulent pas de cette conscience humaine. Ils vivent dans le déni de l'importance des rapports avec la société et la nature. Ils souscrivent à la loi de la jungle plutôt qu'à la loi du développement social. Ils se voient participer en tant qu'espèce à part, en tant qu'exploiteurs, en tant qu'oppresseurs ou en tant que collaborateurs ou partenaires de ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force. Ils peuvent prétendre participer consciemment comme membres à part entière de la société et ne vouloir qu'une part de la richesse et de tout ce que la société a à offrir. Ils imposent cette conception du monde à la classe ouvrière et à ses alliés en leur disant que la solution à leurs problèmes est de réclamer une plus grande part de la richesse plutôt que de changer la base socio-économique de leur exploitation et oppression.

Rappelez-vous la fable d'Ésope à propos du lion, de l'âne et du renard qui vont à la chasse et qui reviennent avec beaucoup de gibier. Le lion, en vertu de sa prouesse et de sa position de force, s'accorde le droit du plus fort et dit à l'âne de faire le partage. C'est ce que veut dire participer : partager, prendre part à. C'est aussi s'accommoder. L'âne fait trois portions parfaitement égales. Le lion furieux dévore l'âne et dit au renard de faire un nouveau partage. Le renard se réserve une toute petite portion, la range et remet tout le reste au lion.

Le lion demande au renard : « Qui t'a, mon cher, appris à partager avec une si grande sagesse ? » « C'est le sort funeste de l'âne », répond le renard.

On nous demande d'agir comme cet âne, de servir de leçon aux plus sages pour leur apprendre à survivre là où règne la loi du plus fort. Ce n'est pas du développement social, c'est la loi de la jungle.

Changer cette situation requiert cette conscience qui vient de la participation de l'individu agissant dans la situation réelle, résolvant les contradictions qui existent dans la société et avec la nature. Mais l'analyse Nécessité de changement ! dit qu'il faut plus : Non seulement faut-il comprendre les rapports dans lesquels nous vivons, non seulement faut-il comprendre les contradictions qui existent, il faut aussi édifier le mouvement émancipateur de la classe ouvrière et de ses alliés avec la conscience de la nécessité de changement. Le développement de ce mouvement conscient de la classe ouvrière et de ses alliés vers la nécessité de changement signifie qu'il est possible d'humaniser la conscience pour que se crée une société qui convient à l'existence de ses membres et qui est organisée en fonction de l'espèce plutôt qu'en fonction des liens du sang et de l'appartenance de classe.

Reconnaître la Nécessité de changement

On entend partout dire qu'« un autre monde est possible » mais ce discours ne peut être cohérent que s'il est lié à la reconnaissance de la nécessité de changement. La nécessité est la loi du développement social. Cela veut dire qu'il n'y a pas d'alternative à la nécessité. La possibilité n'est pas une loi. Des possibilités existent, mais pour faire de la possibilité un monde il faut la perspective de la nécessité de changement, il faut l'argumenter et s'engager dans des actes de participation consciente.

Ne pas faire sienne la conception du monde de la Nécessité de changement et accepter la conception anticonsciente, c'est se contenter de décrire les tragédies qui se produisent : une personne qui se noie et qui crie à ceux qui commentent cette tragédie de la rive : « Je suis en train de me noyer et vous ne faites que décrire l'état de l'eau. »

Il y a la société et tous ses problèmes, moi je me noie dans la société et tous ses problèmes et vous êtes là à décrire les problèmes.

C'est ce que l'on entend souvent, je suis aux prises avec tous les problèmes et vous êtes là à les décrire , cela n'aide pas. L'appel au secours de la personne qui se noie à ce moment-là ne sert à rien et les descriptions de l'eau par ceux qui sont sur la plage ne servent à rien non plus. La personne qui se noie et celles sur la rive ont leurs raisons d'agir comme elle le font, du moins c'est ce qu'il semble. Or, c'est l'indifférence envers les uns les autres. Bref, les lois de la nature dominent sans l'intervention de la conscience humaine. Il manque l'espace commun entre les deux où s'affirme la volonté d'être, la résolution du problème, l'activation du facteur humain. Ils sont détachés l'un de l'autre et s'éloignent dans leur rapport. Il n'y a pas d'unité d'action. Il n'y a pas de « je » dans l'ici-présent qui s'élève au-dessus de la situation de désespoir pour la changer. Que faut-il faire ? Il faut surmonter le rapport de séparation, il faut un rapport d'unité qui s'établit par la destruction du rapport de séparation. Il faut créer un nouveau rapport en détruisant l'ancien système. Et ce rapport doit être infusé de la conscience. Cette conscience vient du rejet de l'anticonscience et de la prise de conscience du phénomène, du cerveau et de l'expérience. Elle requiert l'objectivité de considération, la considération doit passer par le phénomène. Le « je » est le phénomène avec son acte de participation consciente à l'acte de découvrir ; l'ici-présent est aussi le phénomène qui apparaît comme un éclair, un moment instantané, comme une vague et puis disparaît.

La seule façon de maintenir le moment instantané, le moment de décision, d'en faire une victoire et de créer l'histoire, est d'organiser le phénomène collectif, de lui donner une forme organisationnelle, ce qu'aujourd'hui nous appelons ce facteur humain/conscience sociale. Cette organisation, ce facteur humain/conscience sociale, s'attaque au problème posé et à résoudre et avance en vagues successives, formant le déroulement continu de l'histoire.

Toutes les possibilités de changement seront ratées si l'on n'entreprend pas activement la Nécessité de changement, qui peut changer la situation à l'avantage de l'être humain. Ce qu'il faut, c'est agir maintenant, consciemment. Avec l'organisation et la conscience, avec le déclenchement et l'organisation du facteur humain/conscience sociale, l'alternative devient claire. Un autre monde est possible est la Nécessité de changement ! C'est ici qu'est la rose, c'est ici qu'il faut danser !

Pour obtenir une copie de Nécessité de changement ! (format cahier), envoyer un chèque ou un mandat de 10 $ (comprend la TPS et les frais de poste et de manutention) à l'ordre du : Centre national de publications, CP 264, succursale Adelaide, Toronto ON M5C 2J8

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