Le Marxiste-Léniniste

Numéro 3 - 21 janvier 2015

La liberté d'expression des classes dirigeantes réactionnaires

Hypocrisie sans borne de Stephen Harper sur la liberté d'expression


L'intolérance au nom de la tolérance
- Sam Heaton -

Des comparaisons douteuses
- Hélène Héroux -

Utilisation cynique de la manifestation de Paris par
les criminels de guerre et les élites dirigeantes

Face au pouvoir grandissant des médias sociaux, la police surveille
et criminalise le discours en ligne

- Glenn Greenwald -
L'objectif derrière la publication des caricatures offensantes en 2006

Dans l'actualité
Répondre aux préoccupations du peuple

Harper prépare une nouvelle loi pour étendre les pouvoirs arbitraires
- Peggy Morton -

Augmentation alarmante de vente d'armes provenant
du Canada à l'Arabie saoudite

Les négociations sur le programme nucléaire de l'Iran
et le projet de «diplomatie numérique»

- Louis Lang -


Préparatifs de guerre américains en Asie
Lâcheté du décret présidentiel d'Obama imposant
d'autres sanctions à la RPDC

- Philippe Fernandez -

Du courage et de la sagesse requis pour faire du dialogue
RPDC-USA un moment historique

- Xinhua -

L'occupation militaire du Japon: une des plus grandes
menaces à la paix mondiale


Discussion sur les prix du pétrole
Le pétrole et l'empire étasunien
- K.C. Adams -


La liberté d'expression des classes dirigeantes réactionnaires

Hypocrisie sans borne de Stephen Harper
sur la liberté d'expression


Des millions de personnes en France et dans le monde ont déclaré leur opposition au terrorisme et ont défendu le droit de parole du peuple depuis la fusillade à Paris le 7 janvier 2015 et la violence et le chaos qui ont suivi.[1]

Les libertés d'expression, d'association et de religion et les autres libertés sont des principes démocratiques fondamentaux qui servent à bloquer toutes les tentatives de ceux qui ne servent pas l'intérêt public d'usurper le pouvoir par la force. C'était le cas du XVIIe au XIXe siècle dans la lutte contre l'emprise des forces obscurantistes, représentées par l'aristocratie féodale européenne et l'Église. C'est le cas aujourd'hui où ceux qui représentent les intérêts monopolistes étroits au pays et à l'étranger ne peuvent tolérer aucune opposition, aucune résistance à l'offensive antisociale et à la quête de domination mondiale intermonopoliste et interimpérialiste.

Ce que les classes dirigeantes réactionnaires appellent la bataille contre les forces du mal est en fait une bataille entre le Vieux Monde qui périclite et le Nouveau Monde qui veut naître. Elle ne peut être menée qu'en défendant les principes fondamentaux du mouvement pour les idées éclairées du passé, notamment les droits démocratiques que nous ont donnés les hommes et les femmes des périodes de la Renaissance et du siècle des Lumières et le mouvement pour les idées éclairées d'aujourd'hui qui définit les droits comme appartenant aux êtres humains du fait de leur humanité. Le droit de s'exprimer librement est une défense fondamentale du droit de conscience, c'est-à-dire la qualité qui distingue les êtres humains des autres espèces animales.

Ce n'est pas un hasard que ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force et qui sont engagés dans les pratiques les plus abominables qui caractérisent le terrorisme d'État le fassent au nom de la défense des libertés démocratiques. Ils les qualifient de valeurs fondamentales d'une société démocratique et disent que ceux qu'ils appellent les islamistes fondamentalistes veulent les détruire parce qu'ils sont « maléfiques ». C'est un point de vue simpliste qui sert à couvrir l'exacerbation des contradictions interimpérialistes et intermonopolistes et les efforts de domination mondiale des États-Unis en rivalité avec les grandes puissances de la vieille Europe, qui conduisent le monde vers une guerre mondiale et des destructions d'une ampleur sans précédent.

Ainsi, le premier ministre canadien Stephen Harper figure au premier rang de ceux qui justifient la répression des gens qu'il juge une menace à son pouvoir et à son ordre du jour tout en déclarant qu'il est un défenseur de la liberté d'expression. On pourrait en rire si ce n'était si dangereux.

C'est ce que Michael Harris, dans iPolitics[2], explique :

« ...c'était plus qu'hypocrite de la part du premier ministre que de se présenter la semaine dernière comme un défenseur de la démocratie et de la liberté d'expression après les meurtres horribles à Paris. Il politise même la tragédie.

« Voici le vrai visage de celui qui a consacré tous ses efforts de communication à étouffer la liberté d'expression, qui a sapé l'accès à l'information, le fondement même de toute démocratie, avec des délais interminables pour remettre des documents gouvernementaux qui nous appartiennent. Dans certains cas, son gouvernement a simplement, et inconstitutionnellement, refusé de les remettre. Il a également songé à imposer des frais de 200 $ pour chaque demande d'accès à l'information, ce qui aurait certainement découragé quiconque d'en faire une.

« L'homme véritable a muselé ses propres employés, exigeant même des serments de loyauté de leur part. Il voulait le droit de demander aux éventuels fonctionnaires quelle était leur couleur politique. Il a violemment attaqué toute personne ou institution qui s'opposait à lui, de l'ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, au juge en chef de la Cour suprême du Canada.

« L'homme véritable a tenté à plusieurs reprises de transformer Internet en un serviteur de l'État policier, et a déguisé son intention avec des absurdités sur les pédopornographes et la « protection ».

« L'homme véritable a privé l'opposition des renseignements les plus élémentaires au sujet du budget et privé le Parlement de la capacité de débattre des projets de lois en utilisant d'énormes projets de loi omnibus.[...] Des lois sont adoptées sans examen rigoureux [...].

« L'homme véritable ne parle pas à ses collègues premiers ministres en tant que groupe, interdit les édifices publics aux journalistes et pense que Sun News est ce qu'il y a de mieux.

« Il ne fallait pas être particulièrement futé pour comprendre que la réponse de Harper au scandale des appels automatisés frauduleux serait une nouvelle loi qui rendrait plus difficile de prendre les tricheurs la prochaine fois. Et croyez-moi, il y aura une prochaine fois. Alors disons-le clairement : Stephen Harper est un champion de la subversion de la liberté d'expression et de la démocratie à la moindre occasion. »

Notes

1. Après les attentats de Paris, dans le cadre de l'anarchie et du chaos imposé à toute l'Europe au nom de la défense de la « sécurité » et de la « liberté d'expression », les forces de sécurité ont lancé des opérations antiterroristes de grande envergure le vendredi 16 janvier en Belgique, France et Allemagne.

La France reste au plus haut niveau d'alerte avec 10 000 militaires déployés au nom de la sécurité. L'État français continue d'arrêter des suspects qui auraient fourni un soutien logistique à l'auteur des meurtres d'une policière et de quatre otages. Il semblerait également qu'un colis suspect ait forcé l'évacuation de la gare de l'Est à Paris vendredi matin. Vendredi après-midi, on rapportait également une prise d'otages dans la ville de Colombes, au nord-ouest de Paris.

Le 13 janvier, Charlie Hebdo a publié un autre numéro, qui montre en première page une caricature du prophète Mohamet tenant une pancarte « Je suis Charlie » et déclarant « Tout est pardonné ».

Le 10 janvier, le premier ministre français Manuel Valls a déclaré que le pays est « en guerre contre le terrorisme et l'islamisme radical, contre tout ce qui vise à briser la solidarité, la liberté, la fraternité ». Il a dit qu'il a demandé au ministère de l'Intérieur et au ministère de la Justice de renforcer les mesures de contrôle des personnes condamnées pour terrorisme.

En Belgique, la police a tué deux suspects au cours d'une opération antiterroriste dans la soirée du 15 janvier dans la ville de Verviers. Des informations font état d'armes et d'uniformes de la police trouvés dans l'appartement visé. Dans tout le pays, 13 personnes ont été arrêtées au cours d'autres opérations.

En Allemagne, le vendredi matin 16 janvier, des centaines de policiers ont fait des descentes à plusieurs endroits de la capitale Berlin et deux hommes soupçonnés de planifier un « acte de violence » en Syrie ont été arrêtés. Selon le site du journal Die Welt, l'enquête était en cours depuis plusieurs mois. Un porte-parole de la police a dit il n'y n'avait aucune preuve que les suspects préparaient un attentat en Allemagne.

2. Pour lire l'article complet de Michael Harris « Meet the Real Stephen Harper » sur le site de iPolitics, cliquez ici. Les citations sont traduites de l'anglais par LML.

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L'intolérance au nom de la tolérance


Résistance aux attaques du gouvernement Harper contre les Premières Nations, les scientifiques et la fonction publique et contre son appui aux crimes de guerre d'Israël

Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, s'est joint à la chorale des dirigeants réactionnaires du monde pour proclamer que l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris constituait une guerre contre la liberté d'expression, une guerre menée contre « quiconque ne pense pas et n'agit pas exactement comme ils voudraient qu'on pense et qu'on agisse ».

Mis à part la superficialité de ces commentaires, les Canadiens sont d'autant plus étonnés d'entendre de tels propos d'un premier ministre dont la principale caractéristique est de ne tolérer aucune opposition.

Que penser de la « liberté d'expression » que défend M. Harper ?

Stephen Harper et son gouvernement sont bien connus pour leur répression de toute liberté d'expression et pour leur grande intolérance. Par exemple, ce gouvernement est notoire pour son attitude envers les scientifiques et pour sa suppression des recherches qui pourraient montrer la nécessité de restreindre les activités des monopoles de l'énergie à cause des dommages qu'elles font à l'environnement naturel et social. Des scientifiques financés par le fédéral ont vu leur droit de parler publiquement des résultats de leur recherche être restreint de différentes manières. Ils ont été muselés.

Il est bien connu aussi que l'activité politique des Premières Nations et de diverses organisations de la société civile comme les organisations environnementales ou citoyennes est traitée comme une question de sécurité et est soumise à une étroite surveillance. D'autres se sont carrément fait couper leurs subventions suite à des prises de position venant contredire la vision sioniste, raciste et coloniale du gouvernement Harper. Pour ce qui est de la classe ouvrière, toute expression, sous forme de revendications et de défense de ses conditions de travail ou d'opposition à la destruction néolibérale des formes établies de relations de travail, est généralement traitée comme une affaire criminelle nécessitant l'adoption continuelle de lois de retour au travail. Harper utilise sa majorité au parlement pour adopter des projets de loi qui privent les travailleurs de leur droit d'organiser et criminalisent leur lutte pour des conditions de travail et la sécurité à la retraite et, selon Harper, tout cela est démocratique.

En mars 2014, une caricature a été publiée dans le Pictou Advocate, un quotidien de la Nouvelle-Écosse, montrant un drapeau nazi flottant au-dessus de la Chambre des communes avec comme légende : « Plan d'action économique de Harper ». Le caricaturiste s'est expliqué ainsi : « Le fait est que Harper a violé virtuellement chaque élément de son programme et a retiré leurs droits et libertés à tous les Canadiens, surtout aux gens souffrant d'un handicap et aux aînés. » Cette satire a été condamnée par le ministre de la Justice, Peter MacKay, qui a exigé des excuses.

En juin 2013, le quotidien Vancouver Province a retiré une bande dessinée de son site internet qui parodiait une annonce publicitaire d'Enbridge Inc. à la télévision. Dan Murphy, le caricaturiste politique du quotidien, a dit à CBC News que le Province avait retiré sa caricature après que la compagnie d'oléoducs de Calgary ait menacé de retirer sa publicité. Le gouvernement n'a pas condamné cette répression de la liberté d'expression.

Le ministre de l'Emploi, Jason Kenney, en a ajouté : « La liberté d'expression ça comprend tout. Cela veut dire défendre le droit de publier des propos controversés et parfois même blessants. Ça ne veut pas dire que nous aimons ces propos ou que nous les endossons, mais nous devons les tolérer.[...] C'est là le prix de la liberté. »

Concentration médiatique, désinformation organisée
par l'État et liberté de presse

Comment peut-on parler de liberté de presse et du droit de publier lorsque le Canada est un champion en termes de concentration médiatique entre les mains d'une poignée de puissants monopoles ? Suite à l'acquisition par Postmedia de Sun Media de Québecor, la propriété des quotidiens canadiens les plus en vue sera presque entièrement concentrée dans les mains d'un seul monopole. Les quelques exceptions sont le Toronto Star et sa franchise du journal Metro distribué gratuitement, et le Globe and Mail, propriété de la famille d'oligarques canadiens, les Thomson.

Les propriétaires majoritaires de Postmedia sont en fait deux fonds d'investissement étasuniens. L'acquisition de Sun Media par Postmedia est elle-même financée par un consortium de fonds d'investissement du nom de GoldenTree Asset Management. Les médias télévisés ne font pas exception, étant contrôlés par trois monopoles : Shaw (propriété de J.R. Shaw), Rogers (propriété de la famille Rogers) et Bell (dont les principaux actionnaires sont RBC, BMO, la banque TD et CIBC). Les trois se partagent un nombre phénoménal de réseaux de télévision, de postes de radio et de magazines.

Le gouvernement de Stephen Harper a recours à des manoeuvres de plus en plus sophistiquées pour s'assurer que les médias monopolisés ne vont pas dévier du discours imposé par l'État. Pendant plusieurs années, des restrictions de toutes sortes ont été imposées à la tribune de la presse parlementaire qui s'est parfois révoltée et a refusé de se présenter aux points de presse. Les journalistes ne pouvaient poser des questions qu'en se soumettant à des conditions très précises imposées par le gouvernement.

En 2011, le Hill Times a rapporté que plus de 1 500 « membres du personnel des communications » travaillaient désormais dans les bureaux gouvernementaux, dont 87 au bureau du premier ministre. Les commentateurs des médias ont dit que leur seule raison d'être est le « contrôle médiatique » et la « manipulation du message ». Le contrôle dépasse maintenant toutes les bornes. Comme l'a révélé le Blacklock's Reporter le 19 décembre, Travaux Publics Canada accorde une somme de 1,25 million $ à une organisation nommée L'édition nouvelles pour qu'elle distribue des « nouvelles » commanditées par le gouvernement à des maisons de publication ou à d'autres médias, sous le nom de L'édition nouvelles (News Canada).

Un des exemples cités par Blacklock montre comment ces fausses nouvelles visent à camoufler les crimes du gouvernement canadien : « La scénario va comme suit : 'Comment corrigez-vous une erreur du passé ? Eh bien, le Canada s'est engagé à travailler à la réconciliation dans ses relations avec les Premières Nations' ... 'L'avenir s'annonce prometteur. On s'en va vers d'autres solutions gagnant-gagnant qui règlent les choses et amènent la justice pour tous.' »

Le fait est que Stephen Harper et compagnie ne tolèrent pas eux-mêmes « quiconque ne pense pas et n'agit pas exactement comme ils voudraient qu'on pense et qu'on agisse ». Comme commis-voyageur en chef des monopoles, il a cédé l'État pour qu'il soit directement géré par des intérêts privés. La colère de Harper est particulièrement vive envers ceux qui résistent à l'offensive antisociale et défendent leurs droits.

Quelle est donc alors selon Stephen Harper la définition de la liberté d'expression ? Qu'on pense à la destruction nationale des conservateurs, leur restructuration de l'État et leur défense du droit de monopole au pays et leur enthousiasme à participer à des agressions militaires menées par les États-Unis et à leurs autres crimes de guerre à l'étranger. Cela montre que pour la bande à Harper, « liberté d'expression » signifie liberté de commettre tous les crimes imaginables contre le peuple afin de servir les intérêts privés qu'ils représentent.

La liberté d'expression de Stephen Harper est la « liberté » pour tous de se soumettre au capital financier moribond et à ses tentatives meurtrières d'éviter sa défaite. Les victimes que cela fait deviennent un « dommage collatéral » malheureux mais nécessaire à la défense de cette noble cause qu'est la liberté et la démocratie. Le pouvoir des monopoles signifie la loi du plus fort. L'expression de cette liberté est que quiconque ne se soumet pas est un terroriste en puissance. Seules les voix qui prônent l'irrationalisme et les intérêts impérialistes étasuniens peuvent être tolérées.

C'est dans ce contexte seulement que nous pouvons comprendre la déclaration du premier ministre Harper suite aux événements de Paris. « Nous encourageons tout le monde à vaquer à leurs occupations et à faire usage de nos droits et libertés et de notre ouverture en tant que société aussi fort et clairement que nous le pouvons », a dit le premier ministre.

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Des comparaisons douteuses

Durant les jours qui ont suivi les attentats en France, les médias monopolisés et des politiciens comme le premier ministre du Québec Philippe Couillard ont fait des liaisons douteuses entre musulmans, terroristes, combattants pour la liberté et résistance. Entre autres, dans le contexte français ils ont tenté de faire un rapprochement entre des combattants de la résistance française contre l'occupation nazie, comme le héros national Jean Moulin, et la « résistance » de l'Occident face à l'« obscurantisme islamique ». Le secrétaire d'État américain John Kerry l'a fait dans son discours à Washington, prononcé en français. Le journal à grand tirage Libération en a fait sa une du samedi 10 janvier.

La comparaison douteuse de la glorieuse résistance française à l'occupation nazie avec l'époque actuelle d'horreur irrationnelle et d'anarchie permanente ne vise qu'une chose : unir la nation française et l'Occident derrière les plans de guerre et d'agression impérialistes. C'est pratiquement le but déclaré de toute la propagande actuelle, comme en témoigne entre autres l'insertion des leaders de l'OTAN à la tête de la manifestation dite républicaine à Paris le 11 janvier.

L'amalgame ou la comparaison douteuse thématique des reportages sur les événements de Paris concerne la liberté de presse. On a emprunté à la Renaissance le vieil adage que la plume est plus forte que le fusil, sauf qu'on y a substitué les crayons des caricaturistes qui réclament la liberté d'attaquer les sensibilités religieuses de millions de personnes dans le monde à la plume des combattants pour les lumières et la science, et les bombes des terroristes aux fusils de la garde royale du monarque français. C'est pour cacher que, malheureusement, ce ne sont pas des crayons qui tombent des avions de chasse et des drones de l'impérialisme en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Pakistan et ailleurs, mais bien des bombes meurtrières qui ont fait des dizaines de milliers de victimes et mettent le monde sens dessus dessous.

Depuis les attentats du 7 janvier dernier, la presse monopolisée ne cesse de répéter qu'il ne faut surtout pas faire d'amalgame entre les terroristes et les musulmans en général. Les gouvernements des puissances impérialistes, de même que ceux du Canada et du Québec, veulent se couvrir de la vertu de l'antiracisme, eux qui sont racistes jusqu'à l'os. Une Française de religion musulmane répondait à la radio cette semaine : « Vous dites qu'il ne faut pas faire d'amalgame, mais vous forcez les gens à en faire depuis des années. Vous parlez constamment de gens radicalisés qui se sont convertis à l'islam au lieu de parler de gens qui se sont convertis au terrorisme. Voilà l'amalgame que vous faites toujours. »

(Tiré de Forum ouvrier)

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Utilisation cynique de la manifestation de Paris
par les criminels de guerre et les élites dirigeantes


Une marche de 1,3 million de personnes a eu lieu le 11 janvier 2015 à Paris pour condamner le terrorisme et exprimer l'indignation face aux attentats à Paris du 7 janvier. Des millions d'autres personnes ont manifesté dans les autres régions de France. La participation de 40 chefs d'État et d'autres personnalités internationales a été largement publicisée par les médias monopolisés qui ont publié des photos faisant croire que ces dirigeants étaient à la tête de la manifestation dans les rues de Paris. Un prise de vue sous un autre angle de la télévision française a révélé que ces photos étaient une mise en scène et prises dans une rue fermée et sécurisée.

L'utilisateur de Twitter @DanielWickham93 a fait l'objet d'une grande attention le 11 janvier quand il a montré, exemples à l'appui, que les principaux participants à cette séance de photo des chefs d'État étaient eux-mêmes responsables de la criminalisation de la conscience et de la répression des journalistes, notamment d'emprisonnement et d'assassinats de journalistes. Israël a tué 16 journalistes palestiniens au cours de son agression contre Gaza en juillet-août 2014. Le Comité pour la protection des journalistes souligne que la Turquie, un pays membre de l'OTAN, a plus de journalistes emprisonnés que tout autre pays.

Parmi ceux qui ont participé à la séance de photo : le premier ministre grec Antonis Samaras, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, le premier ministre britannique David Cameron, le premier ministre danois Helle Thorning-Schmidt, le Haut-Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini, le président du Conseil européen Jean-Claude Juncker, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président de l'Union européenne Donald Tusk, la reine de Jordanie Rania al-Yassin, le président palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdullah II de Jordanie, l'ambassadrice des États-Unis en France Jane Hartley, l'ambassadeur de l'Arabie saoudite en France, le ministre des Affaires étrangères de l'Égypte Sameh Shoukry, le premier ministre italien Matteo Renzi, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le président ukrainien Petro Porochenko et l'actuel secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. Le Canada était représenté par le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney.

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Face au pouvoir grandissant des médias sociaux, la police surveille et criminalise le discours en ligne


Police d'Écosse: «Sachez que nous allons continuer de surveiller les commentaires sur les médias sociaux et tout commentaire offensant fera l'objet d'une enquête.»

Le 6 mars 2012, six soldats britanniques ont été tués en Afghanistan par un engin explosif placé au bord d'une route. Leur mort a été suivie d'un jour de deuil national et de colère. Le premier ministre David Cameron a déclaré que c'était un « jour réellement sombre pour notre pays ». Un adolescent britannique, Azhar Ahmed, a observé la réaction pendant deux jours, puis a répliqué avec colère sur Facebook que les Afghans innocents tués par des soldats britanniques ne reçoivent pratiquement aucune attention dans la presse britannique. Il a écrit qu'il pensait que les soldats britanniques en Afghanistan étaient coupables, méritaient leur mort et donc allaient se retrouver en enfer.

Le lendemain, Ahmed a été arrêté et accusé de « troubler l'ordre public » et d'agir suivant « un mobile à caractère racial ». Le porte-parole de la police a expliqué qu'« il n'a pas fait valoir son point très bien et c'est pourquoi il s'est attiré des problèmes ». L'État a décidé de le poursuivre, et en octobre de la même année, il a été reconnu coupable « d'avoir envoyé une communication extrêmement injurieuse », condamné à une amende et à 240 heures de travaux communautaires.

Alors que des manifestants exigeaient qu'il soit emprisonné, le juge qui a condamné Ahmed a déclaré dans son jugement que ses opinions « dépassaient l'entendement de ce qui est tolérable dans notre société » et que « je suis convaincu que le message a été extrêmement offensant ». Jerome Taylor du journal The Independent a écrit qu'il avait « échappé à la prison en partie parce qu'il avait enlevé rapidement son message offensant et essayé de présenter des excuses à ceux qu'il avait offensé ». Apparemment, les hérétiques peuvent être en partie sauvés s'ils renoncent publiquement à leurs hérésies.

Les procès criminels pour des discours politiques en ligne sont maintenant devenus courants au Royaume-Uni, connu pour son hostilité à la liberté d'expression et aux droits fondamentaux de la presse. Comme James Bloodworth du Independent le soulignait la semaine dernière, « près de 20 000 personnes en Grande-Bretagne ont fait l'objet d'une enquête au cours des trois dernières années à cause de commentaires faits en ligne ».

Et cette persécution n'est pas du tout neutre. Elle cible essentiellement les musulmans du pays qui ont exprimé des opinions politiques critiques envers des actions de l'État.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les « discours haineux » ou qui justifient la violence sur internet ne sont pas tous traités de la même manière. Par exemple, il est extrêmement difficile d'imaginer que les utilisateurs de Facebook qui endossent la violence du Royaume-Uni en Irak et en Afghanistan, qui expriment des sentiments antimusulmans, ou qui défendent et célèbrent le massacre des Gazaouis, soient poursuivis de la même façon. Au Royaume-Uni et en Europe en général, des poursuites sont entamées occasionnellement pour des « discours haineux » d'extrême droite. (L'avertissement ci-dessus de la police écossaise a été émis après qu'un polémiste ait posté des blagues répugnantes sur Twitter concernant des victimes du virus Ebola.) Mais les peines proposées dans ces affaires sont rarement plus que symboliques : des amendes et des pénalités dérisoires. Les vraies peines sont infligées massivement aux dissidents musulmans et aux critiques de l'Occident.

En somme, ce n'est pas simplement une attaque contre la liberté d'expression mais contre des idées précises. Au sujet du cas d'Ahmed, Richard Seymour a écrit dans le Guardian qu'il était « la dernière victime d'un effort concerté pour redéfinir le racisme comme tout ce qui pourrait probablement offenser les blancs ».

Les pressions autoritaires qui ont motivé les poursuites contre Ahmed sont de plus en plus fortes. En novembre, Alaa Abdullah Esayed, une femme irako-britannique âgée de 22 ans, a été arrêtée et accusée d'utiliser Twitter pour inciter au terrorisme. Selon la police, elle est « accusée d'avoir offert un service permettant à d'autres 'd'obtenir, lire, écouter ou regarder une publication terroriste, des liens permettant de consulter librement des discours de propagande' ». Lorsqu'elle a comparu devant le tribunal le mois dernier, le procureur a dit qu'elle est « accusée de téléchargement de 45 600 tweets en un peu moins d'un an encourageant des enfants à utiliser des armes et à embrasser l'extrémisme ». Parmi ses infractions figurent : « afficher des photos de cadavres de personnes tombées au combat et de poèmes intitulés Mère du Martyr ». Elle risque plusieurs années de prison, et le juge lui a interdit d'utiliser Twitter en attendant son procès.

Le mois dernier au Royaume-Uni, Runa Khan, une mère de six enfants, âgée de 35 ans, a été condamnée à cinq ans de prison pour « promotion du terrorisme sur Facebook ». Le juge Peter Birts QC (sur la photo, à droite) « a accepté le témoignage de la police que des photos d'enfants de Khan tenant des fusils et des épées avaient été trouvées » et dit que « la seule interprétation raisonnable de ces photos était que Runa Khan avait l'intention de radicaliser d'autres personnes ». L'accusation était centrée sur ses opinions politiques, notamment le fait qu'elle « a pris des photos de son petit garçon tenant un pistolet jouet et encouragé les parents d'enfants âgés d'à peine deux ans à les engager sur la voie du djihad ». Elle « a semblé glorifier le meurtre de Lee Rigby [un soldat britannique] » en « partageant un message d'un autre utilisateur qui se plaignait des musulmans qui avaient condamné ce meurtre ». En prononçant sa sentence, le juge Brits a dit qu'elle était une « intégriste islamiste avouée qui a des opinions radicales et extrêmes ».

Runa Khan passera maintenant les cinq prochaines années en prison parce qu'un juge blanc, très anglais, très fidèle à l'establishment a du mépris pour ses opinions politiques, ses valeurs religieuses et en particulier sa volonté de les enseigner à ses enfants. C'est ce qu'il a dit, entre autres, lorsqu'il a ordonné de lui retirer ses enfants et l'a condamnée à la prison jusqu'en février 2020 :

« Vous adhérez à une idéologie qui prône le djihad comme une partie essentielle des obligations islamistes. . . . Je vous condamne non pas pour vos croyances, odieuses aux yeux de toute personne civilisée, mais pour vos actes de diffusion de matériel terroriste avec l'intention claire de radicaliser d'autres personnes . . . . Votre but était d'encourager et de promouvoir votre forme particulière d'intégrisme violent. . . . Vous étiez profondément attaché à la radicalisation d'autres personnes, notamment de très jeunes enfants, de les convertir à l'extrémisme djihadiste violent. . . . Vous semblez n'avoir aucune idée de l'effet de la radicalisation sur vos enfants, et avez égoïstement placé votre propre idéologie et croyances au-dessus de leur bien-être. »

En d'autres mots : vous êtes autorisé, par notre générosité, à avoir, en pensée vos opinions ignobles. Mais si vous tentez de les rendre publiques sur Facebook, d'en convaincre les autres ou de les enseigner à vos enfants, vous êtes un dangereux criminel dont la place est en prison.

Inutile de préciser que ce juge n'aurait jamais sermonné, sans parler de condamner, une personne qui « adhère à une idéologie » qui prône la violence du gouvernement britannique dans les pays musulmans, ni les parents qui endoctrinent leurs enfants pour qu'ils rejoignent les rangs de l'armée britannique ni ceux qui ont conduit ce pays à envahir et à détruire l'Irak par une guerre d'agression. Il ne s'agit pas de mettre les différentes opinions sur un pied d'égalité ou d'en considérer certaines meilleures que d'autres. Le problème est que l'État réprime l'expression de certains points de vue tout en endossant d'autres. Ce que nous voyons est la criminalisation d'opinions spécifiques totalement contraires aux politiques du gouvernement et l'interdiction de systèmes de valeurs spécifiques.

Cet empressement à criminaliser le discours politique devient plus urgent parce que les médias sociaux donnent aux personnes ordinaires une plus grande autonomie non seulement pour diffuser des informations, mais également leurs points de vue. N'étant plus dépendants des grandes institutions médiatiques qui agissent comme gardiennes responsables des opinions tolérables, les particuliers partout dans le monde sont maintenant en mesure de produire leurs propres nouvelles et de créer leurs propres forums d'opinion publique puissants.

Les effets démocratisants sur le discours politique ont longtemps été annoncés comme étant le futur potentiel de l'internet, mais maintenant cette promesse est enfin devenue réalité, cela effraye les institutions politiques et médiatiques établies du monde entier. Beaucoup d'occidentaux ont reçu les informations quotidiennes sur l'évolution du « printemps arabe » de citoyens arabes jusqu'alors inconnus par Twitter et Facebook et non pas des grands médias de l'establishment. Cela a augmenté de manière significative la sympathie pour les manifestants, maintenant plus humanisés que jamais auparavant, au détriment des tyrannies soutenues par les États-Unis (et longtemps protégées par les médias occidentaux) qu'ils essayaient de renverser.

  

Mohammed Suliman: «La toute dernière frappe aérienne tout près de moi ciblait un édifice civil appartenant à la famille Al Shurafa. Plusieurs familles y vivaient. Pas d'avertissement.»

Sans nul doute, le plus puissant exemple est celui de la récente agression israélienne contre Gaza, où, pour la première fois, la brutalité et la sauvagerie de l'agression israélienne ont été publiquement révélées. C'est parce que, malgré leur pauvreté, de nombreux Gazaouis ordinaires ont maintenant des caméras vidéo dans leur téléphone cellulaire et un compte Twitter, ainsi ils pouvaient transmettre régulièrement des vidéos des bombardements et des chars israéliens qui détruisaient les hôpitaux, les écoles et les immeubles résidentiels, ce qui a également empêché les journalistes occidentaux d'ignorer ou d'expurger les informations sur les massacres de civils.

Le fait que le contrôle de l'information soit passé des grands réseaux médiatiques à des Gazaouis individuels a radicalement modifié comment une attaque allait être rapportée et comment Israël allait être perçue partout dans le monde. Il s'agit d'un changement fondamental.

Comme toutes les technologies qui menacent d'ébranler l'autorité établie, les média sociaux - notamment, de façon générale, l'internet - deviennent de plus en plus la cible de mesures de contrôle de la part des policiers, mais aussi de répression et de sanctions. Tout comme la surveillance massive de l'internet, ces mesures visent à convertir ces nouvelles technologies, outils de subversion, en instruments servant à renforcer les différentes factions du pouvoir.

Il n'est donc pas surprenant que la police nationale écossaise ait émis la semaine dernière l'avertissement ci-haut mentionné (le 30 décembre 2014). Ce gazouillis en guise d'avertissement est plus direct et plus franc que le ton qu'on utilise habituellement pour transmettre de tels messages, mais il montre très bien l'état d'esprit des États occidentaux au sujet des « dangers » des média sociaux et des mesures répressives qu'ils sont en train de prendre pour les combattre. Comme Julian York du Electronic Frontier Foundation l'a expliqué cette semaine, la suppression légale du discours en ligne se répand en Occident et dans les démocraties partout dans le monde.

Malgré des déclarations nationales vantant les mérites de la protection de la liberté d'expression, les États-Unis ont rejoint, et parfois dirigé, la tendance à la surveillance et à la criminalisation du discours politique en ligne. En 2011, le DOJ (Département de la Justice) a intenté des poursuites contre Jubair Ahmad, un Pakistanais âgé de 24 ans résidant aux États-Unis, l'accusant de terrorisme pour avoir téléchargé une vidéo de cinq minutes sur YouTube montrant des photographies de torture à la prison d'Abou Ghraib, une vidéo de véhicules blindés américains en train d'exploser et des messages de prières sur le « djihad », provenant du chef d'un groupe désigné comme terroriste. Il a été condamné à 12 ans de prison. La même année, le DOJ a inculpé un étudiant de 22 ans de Penn State parce qu'il avait, entre autres, publié sur un « forum djihadiste » différents points de vue justifiant des attaques contre les États-Unis. Ce délinquant du discours en ligne, Emerson Winfield Begolly, a été condamné à 8 ans et demi de prison pour cela.

Les innombrables condamnations prononcées après le 11 septembre pour « appui matériel au terrorisme » reposaient d'abord et avant tout sur les opinions politiques exprimées par l'accusé (qui est presque toujours jeune et musulman), lequel était souvent « poursuivi par anticipation » sur la base d'idées que les représentants politiques qualifient de menaçantes. Il n'y a pas l'ombre d'un doute que le gouvernement des États-Unis s'est même servi de propos politiques pour placer des individus sur une liste de personnes à éliminer et les a ensuite assassinés, comme ce fut le cas pour le prédicateur Anwar Awlaki, né aux États-Unis (et condamné à être tué avant même les attentats de Détroit le jour de Noël, qui ont servi à justifier son assassinat). Les opinions antiaméricaines de musulmans - se traduisant par une opposition aux agressions et à la violence perpétrées par les États-Unis - sont officiellement interprétées comme étant une preuve de tendances au terrorisme. Voilà pourquoi ce passage, publié par Kade Crockford de ACLU-Massachussetts, a été reproduit hier par CNN [le 5 janvier] au sujet de l'accusé dans l'attentat du marathon de Boston, Dzhokhar Tsarnaev :

Parmi les preuves que les procureurs comptent utiliser contre lui figurent ses déclarations exprimant sa colère envers les États-Unis dont les guerres ont tué des musulmans en Afghanistan et en Irak.

Comme pour tous les abus engendrés par la guerre contre la terreur, la criminalisation du discours par les États-Unis va bien au-delà de ses intentions premières et devient pratique courante aux États-Unis même. Par exemple, les messages contre les policiers sont maintenant criminalisés autant que les idées antimilitaristes et opposées à la politique étrangère des États-Unis. Le mois dernier, dans l'ouest du Massachusetts, les policiers ont émis un mandat d'arrestation contre Charles DiRosa, 27 ans, pour avoir publié sur internet un « statut Facebook hostile à la police ». Son « crime » ? La publication sur son compte Facebook d'un simple message, une citation d'une phrase publiée sur Facebook par Ismaaiyl Abdullah Brinsley le jour où il a tué deux policiers de New-York.

Le statut Facebook de DiRosa a incité la police locale à enquêter sur lui et à confirmer son identité. La police a ensuite annoncé sur sa propre page Facebook que DiRosa était bel et bien l'auteur du statut illicite et qu'il était accusé d'infraction pénale. Et pour ne rien laisser au hasard, ils ont publié deux de ses photos :

Le statut « antipolice » de DiRosa constitue sans aucun doute une manifestation de la liberté d'expression, telle que protégée par la constitution. Même si on voulait interpréter son statut comme étant un appel à d'autres à tuer des policiers, le Premier Amendement proscrit toute accusation. C'est ce qu'a décidé la Cour supérieure il y a 45 ans dans la cause Brandenburg c. Ohio : « les garanties constitutionnelles de liberté d'expression et de liberté de presse n'autorisent pas un État à interdire ou proscrire une recommandation de recours à la violence » [...] Dans un article du Washington Post, le professeur en droit, Eugene Volokh, dit exactement la même chose. L'affaire Brandenburg annulait la condamnation d'un membre du KKK qui avait publiquement menacé des représentants politiques de violence, et invalidait une loi de l'Ohio qui rendait criminel le fait de « promouvoir...le devoir, la nécessité et le bien-fondé d'actes criminels, de sabotage, de violence, et de méthodes illégales de terrorisme en tant que moyens de réaliser des réformes industrielles ou politiques. »

Sans surprise, dans un pays né d'une révolution contre un monarque, la constitution garantit le droit de défendre ses points de vue, même s'il s'agit de justifications de la violence. Ainsi, vous avez le droit de débattre du fait que l'État est devenu tellement corrompu et dangereux que la révolution violente est nécessaire. Vous avez le droit de débattre du fait qu'à la lumière des abus des policiers, le fait de tuer des agents de police est une forme de légitime défense et est justifiable peu importe les raisons. Vous avez le droit de soutenir que des décennies de violence de la part des États-Unis contre des musulmans innocents justifient d'un point de vue éthique, et oblige même, les musulmans à ramener la violence aux États-Unis comme seul moyen d'empêcher cette agression. En vertu des principes de liberté d'expression les plus fondamentaux, personne ne peut être traduit en justice pour avoir professé ses opinions. Ces principes rappellent que le fait de donner à des personnes en autorité le pouvoir de criminaliser l'expression de ces opinions est beaucoup plus dangereux que ces opinions mêmes. Même si vous êtes de ceux qui applaudissent la condamnation de la promotion de la violence, il n'y a aucun doute que l'application de cette répression est tout à fait sélective. Comme l'a fait valoir de façon pertinente Andrew Meyer cette semaine, un ancien agent de police du Connecticut, Doug Humphrey, a utilisé son compte Facebook pour proférer une menace encore plus directe et inquiétante contre DiRosa, et pourtant l'ancien agent n'a jamais été accusé.


Police de Chopee: «À tous mes amis de la police qui n'ont peut-être pas vu ceci,
si ce [...] vous approche, tuez-le.»

Meyer fait valoir que suite aux controverses grandissantes liées aux agissements teintés de racisme et de fautes graves liées aux abus policiers, « les départements de police partout aux États-Unis ne cessent d'arrêter des gens pour avoir fait des menaces alléguées contre des policiers via internet, en ne faisant que peu ou pas d'enquêtes ». Meyer énumère d'innombrables condamnations toutes aussi douteuses que le cas DiRosa, sinon davantage. DiRosa a été mis en état d'arrestation quelques heures seulement après avoir publié son message sur Facebook. Et pourtant, voici une situation où un ancien agent de police incite spécifiquement ses collègues à tuer une personne, tout en affichant sa photo, sans qu'il n'y ait d'accusations de portées contre lui. Meyers fait valoir que « si on compare aux autres qui ont été soit arrêtés ou menacés d'arrestation, les propos [de l'ex-agent] sont ceux qui ressemblent le plus à des menaces. Ne pas prendre action contre lui sera une preuve de plus que les policiers sont au-dessus de la loi ».

Comme c'est le cas de façon générale en droit, le fait de criminaliser des discours en ligne est réservé à certains individus (ceux ayant le moins de pouvoir) et à certains types d'opinions (les plus marginalisées et oppositionnelles). Ceux qui servent les factions les plus puissantes ou qui endossent leurs orthodoxies sont généralement exemptés. Pour cette raison, ces tendances à la criminalisation du discours en ligne ne sont pas tellement une attaque abstraite contre la liberté d'expression en général mais, pire encore, des tentatives de supprimer des idées et des personnes précises afin d'empêcher celles-ci de poursuivre leurs efforts de persuasion et d'activisme politique.

(Traduction : LML)

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L'objectif derrière la publication des caricatures offensantes en 2006

Nous reproduisons des extraits d'un article écrit en février 2006 sur la publication de caricatures dans un journal danois qui avaient offensé une grande partie du monde. Écrivant pour le Parti communiste du Danemark (marxiste-léniniste), qui s'est par la suite uni à d'autres forces communistes pour fonder un nouveau parti communiste lors d'un congrès d'unification en novembre cette année-là, le secrétaire des Relations internationales du Parti Sven Tarp discute des raisons qui ont poussé les directeurs du Jyllands Posten à publier les douze caricatures donnant une image offensante et stéréotype du prophète Mohamet. Le Parti a demandé que la direction du journal publie des excuses sans équivoque et que le gouvernement y donne suite en rendant parfaitement clair qu'il se distancie de cette provocation.


Une des nombreuses manifestations
contre la publication des caricatures du Jyllands-Posten en 2006

« La raison officielle donnée par le rédacteur en chef pour la publication des caricatures était que le journal voulait contester la façon dont la liberté d'expression est restreinte au Danemark à cause, dit-il, d'une influence grandissante de l'islam. Avant d'être publiées, les caricatures ont été montrées à plusieurs experts qui ont expliqué qu'elles provoqueraient à coup sûr la colère parmi les musulmans, car ces derniers se sentiraient offensés par la façon dont elles dépeignent leur prophète. La publication des caricatures était donc dès le départ une provocation malicieuse et délibérée », écrit Sven Tarp.

Il explique ensuite les motifs officiels et véritables du journal :

« Il est toujours difficile de deviner les motivations personnelles de ceux qui prennent des décisions inopportunes. D'ailleurs ces motivations personnelles sont sans grand intérêt. Ce qui importe, c'est le contexte historique dans lequel les décisions sont prises et le rôle que jouent généralement leurs auteurs. De ce point de vue, il n'est pas difficile de conclure que la publication de ces caricatures s'inscrit dans un programme national des cercles dirigeants danois visant deux objectifs :

« - diviser la classe ouvrière danoise entre nationaux et étrangers, entre chrétiens et musulmans, pour affaiblir sa résistance à l'imposition brutale des politiques néolibérales dans la conjoncture actuelle où l'économie danoise connaît temporairement un essor plus rapide que les autres dans le cadre général d'une économie capitaliste mondiale en crise ;

« - affaiblir (en donnant l'impression que le monde musulman est l'ennemi) la détermination grandissante du peuple danois à réclamer le retour des troupes danoises d'Irak, où elles participent à l'occupation illégale sous la conduite de l'impérialisme américain.

« Dès le début, l'attitude des rédacteurs du Jyllands Posten et du gouvernement danois a été un mélange d'arrogance et de stupidité. Il est vite devenu évident que les musulmans se sentaient offensés. Dès octobre, la communauté musulmane du Danemark a tenu des manifestations et exigé des excuses du journal pour avoir publié les caricatures. La demande fut refusée sous prétexte de liberté d'expression.

« Le 19 octobre, les ambassadeurs de onze pays musulmans ont demandé une rencontre avec le gouvernement danois pour discuter de l'affaire. De façon très arrogante, le gouvernement de droite d'Anders Fogh Rasmussen a refusé de les rencontrer et d'avoir cet entretien qui aurait pu atténuer la suite des choses.

« Vingt-deux ex-diplomates danois ont publiquement critiqué le premier ministre pour son refus de rencontrer les représentants des pays musulmans, chose qui ne s'était jamais vue dans l'histoire diplomatique du Danemark. Ils avaient même le soutien de l'ex-ministre des Affaires étrangères Uffe Ellemann-Jensen, un politicien de droite de la période de la guerre froide qui sait par contre faire preuve de jugement sur ce genre de problèmes culturels. Mais le gouvernement s'en est tenu à sa décision. Il n'était, semble-t-il, pas du tout contrarié de voir que les caricatures provoquaient la division et détournaient l'attention publique des conséquences sociales de ses « réformes de l'aide sociale » annoncées l'automne dernier.

« Ce n'est que lorsque l'affaire a pris la dimension d'une crise internationale sans précédent que le gouvernement et le journal ont décidé d'agir. Mais même là, leur arrogance les a empêchés de sauver ce qui pouvait être sauvé. Le rédacteur en chef du Jyllands Posten, par exemple, s'est excusé d'avoir offensé la communauté musulmane, mais pas d'avoir publié les caricatures diffamantes parce que cela aurait été, selon lui, une atteinte à sa liberté d'expression ! Les excuses n'ont donc pas suffi à mettre fin aux protestations, pas plus que le message livré par le premier ministre par les réseaux de télévision arabes et musulmans, qui n'était pas le message qu'on attendait de lui. »

Sven Tarp explique ensuite la politique réactionnaire du journal.

« Le Jyllands Posten, un des plus grands quotidiens du pays, a une longue tradition de droite. Il s'est fait une réputation dans les années 1930 à défendre des positions pronazis. Après la Deuxième Guerre mondiale, il est devenu un ardent défenseur de l'OTAN. Durant la guerre du Viet Nam, il fut un allié fidèle de l'impérialisme américain. Aujourd'hui, il est un ardent défenseur de l'État sioniste d'Israël et de l'occupation impérialiste de l'Irak et de l'Afghanistan, ainsi que de l'accroissement des pressions sur l'Iran, la Syrie et d'autres pays indépendants.

« Le Jyllands Posten est considéré comme l'organe non officiel du Parti libéral du premier ministre Anders Fogh Rasmussen. En tant que tel, son rôle dans la crise actuelle n'est pas innocent. Sa défense de la liberté d'expression n'est que de l'hypocrisie.

« Ces dernières années, le Jyllands Posten s'est transformé en une tribune nationale pour les attaques les plus virulentes contre les communistes et les forces progressistes. Les professeurs les plus crétins ont libre accès à ses pages pourvu qu'ils soient anticommunistes. La liberté d'expression pratiquée par ce journal sert à dénaturer, taire et criminaliser les idées communistes et progressistes. Les anciens pays socialistes d'Europe et les communistes danois actifs durant la guerre froide y sont présentés de façon tout aussi injurieuse que les douze caricatures. »

Sur la question de la liberté d'expression, Sven Tarp écrit :

« Selon la légende, le drapeau national du Danemark, le Dannebrog, est tombé directement du ciel en l'an 1219 durant la bataille de Lyndanisse, lorsque les croisés danois combattirent pour christianiser les païens estoniens. Huit cents ans plus tard, le Jyllands Posten et la bourgeoisie dominante du Danemark parlent de liberté d'expression comme d'un principe absolu, sacré, lui aussi tombé du ciel dans sa version danoise étroite et intolérante actuelle.

« Pour les communistes danois, la liberté d'expression est un beau principe qui assume un sens concret dans un contexte historique concret et suivant la classe sociale qui le pratique. Il est nécessaire au libre épanouissement de l'être humain individuel et à sa participation aux processus démocratiques de la société moderne. Mais il est inacceptable comme droit illimité de la classe dominante d'insulter des peuples et provoquer des tensions, la violence, la guerre et la destruction. La liberté d'expression doit toujours être subordonnée à l'éthique et aux règles du comportement civilisé entre peuples et nations. »

Pour le texte complet de l'article de 2006, cliquer ici.

(Traduction : LML)

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Dans l'actualité
Répondre aux préoccupations du peuple

Harper prépare une nouvelle loi pour
étendre les pouvoirs arbitraires

Trois jeunes hommes d'Ottawa, les frères jumeaux de 24 ans, Ashton et Carlos Larmond, et Suliman Mohamed, 21 ans, ont été arrêtés les 9 et 12 janvier respectivement. Ashton Larmond est accusé d'avoir facilité une activité terroriste, d'avoir participé à l'activité d'un groupe terroriste et d'avoir donné l'instruction à un groupe terroriste de mener une telle activité. Son frère Carlos est accusé de participation à une activité d'un groupe terroriste et d'avoir cherché à quitter le Canada pour participer à une activité terroriste à l'étranger. Suliman Mohamed fait face à des accusations de participation à une activité d'un groupe terroriste et de conspiration pour participer à une activité terroriste.

Selon le professeur Wesley Clark, spécialiste des questions de sécurité, Carlos Larmond est la première personne au Canada à être traduite devant un tribunal canadien en vertu des clauses de la Loi sur la lutte contre le terrorisme qui font d'une tentative de quitter le Canada pour participer dans une activité terroriste à l'étranger une offense criminelle.

Les médias ont rapporté que Carlos Larmond a été arrêté alors qu'il s'apprêtait à monter dans un avion à destination de Delhi en Inde et que les autorités l'ont soupçonné de vouloir changer sa route à partir de Francfort, en Allemagne, vers la Turquie et éventuellement la Syrie.

L'avocat de la défense Joseph Addelman, qui représente les frères Larmond, a dit « qu'ils vont se défendre fermement contre ces allégations » qui, selon lui, « s'attaquent au fondement même des principes démocratiques canadiens ».

« Nous allons déterminer avec ce cas la valeur réelle que le système canadien accorde à la liberté d'expression, la liberté d'assemblée et la liberté de religion, et ces choses-là vont se déterminer en cour, a dit Addelman. Tous les Canadiens ont le droit d'exprimer leurs croyances religieuses et d'exercer leur droit à la libre assemblée sans que cela ne devienne une offense criminelle. »

L'avocat Doug Baum, qui représente Suliman Mohamed, a dit que le procureur n'a rien divulgué de la cause et que lui et son client ne savent pas sur quoi reposent les accusations qui sont portées contre lui.

Les arrestations ont été rapidement suivies de « fuites » dans les médias au sujet d'une loi en préparation qui va accroître les pouvoirs arbitraires de l'État de détenir et arrêter des gens, et les pouvoirs des agences de sécurité de surveiller les Canadiens encore plus et d'amasser des renseignements à leur sujet. On rapporte que la loi va abaisser le seuil à partir duquel on peut arrêter quelqu'un et le mettre en « détention préventive ».

Comme il l'a fait en réponse au meurtre des soldats canadiens les 20 et 22 octobre 2014, le gouvernement Harper tente de semer la peur et l'hystérie afin de s'attaquer aux droits de tous. Le premier ministre Harper a dit que cette nouvelle loi est nécessaire parce que le Canada est « en guerre », invoquant en essence la « guerre à la terreur » de George W. Bush qui a été un désastre complet. « Ils ont déclaré la guerre à tout pays qui, comme le nôtre, chérit la liberté, l'ouverture et la tolérance. Peut-être que nous n'aimons pas cela et que nous aimerions que le problème disparaisse, mais la réalité c'est que nous allons devoir y faire face. »

Comme ce fut le cas lors des incidents de l'automne dernier, le gouvernement Harper essaie encore une fois de faire passer son opinion pour des faits en ce qui concerne ce que ces jeunes faisaient, avant que quelque fait n'ait été mis à jour ou qu'un procès ne se tienne, tout cela pour justifier la position extrême « d'aller en guerre ». Une guerre contre quoi et contre qui ?

En disant vouloir « faire face » à cette « guerre », Harper veut dire qu'au nom de la défense « de la liberté, de l'ouverture et de la tolérance », les vastes pouvoirs arbitraires que son gouvernement a déjà donnés aux services de sécurité du Canada et des États-Unis vont devoir être étendus et élargis. L'expérience passée a montré qu'accroître ces pouvoirs ne va que saper « la liberté, l'ouverture et la tolérance ».

La Loi sur la lutte contre le terrorisme adoptée en 2013 a rétabli le régime d'arrestations préventives effectuées sans mandat mis en place après le 11 septembre 2001. Une arrestation de la sorte peut être effectuée sur la base du soupçon qu'une personne peut avoir l'intention de commettre un crime ou de l'opinion des autorités que la personne peut avoir de l'information sur quelqu'un qu'elles soupçonnent d'être impliqué dans un acte terroriste. La Loi permet une détention allant jusqu'à un an. Elle permet également aux autorités d'arrêter toute personne qui, selon elles, va quitter le Canada dans l'intention de commettre une activité terroriste ou de lui fournir de l'appui.

Selon les médias, le gouvernement Harper est en train de préparer une nouvelle loi pour criminaliser les citoyens qui selon lui appuient des attaques terroristes sur l'internet ou se déclarent en appui à des groupes qui promeuvent de telles attaques.

D'autres changements concernent la loi sur la vie privée. Les médias parlent par exemple de changements visant à passer de l'information soumise lors de demandes de passeports aux agences canadiennes de sécurité et à donner au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, le pouvoir de passer de l'information relative à l'importation ou l'exportation de produits chimiques qui peuvent servir à fabriquer des armes.

De nombreuses personnes font valoir que le Canada a déjà plus de lois qu'il n'en faut pour forcer les criminels à répondre de leurs crimes ou prévenir que des crimes ne soient commis. On n'a pas besoin d'ajouter à la législation existante, disent-ils. Plus important encore est de savoir comment l'État doit assumer sa responsabilité de protéger les citoyens contre les actes terroristes, au Canada et à l'étranger. Une définition du terrorisme qui défend les droits de tous au Canada et à l'étranger est nécessaire. On ne peut permettre au gouvernement Harper de donner une définition intéressée du terrorisme qui mêle terrorisme et islam ou terrorisme et droit de résister, comme c'est le cas avec le peuple palestinien et les autres peuples qui combattent l'occupation, l'agression étrangère ou la terreur d'État. On ne peut lui permettre de perpétrer des actes de terrorisme d'État sous prétexte de combattre le terrorisme.

À cet égard, le refus de diffuser la vidéo qu'a tournée Michael Zehaf-Bibeau, l'homme qui a tué le soldat réserviste au Monument commémoratif de guerre et a tiré des coups de feu au parlement le 22 octobre dernier, est très révélateur. Zehaf-Bibeau a tourné une vidéo avant de se livrer à ses attaques et semble-t-il qu'elle explique son mobile. Sa diffusion pourrait nous aider à comprendre s'il a commis une attaque terroriste planifiée et délibérée ou si ces actions sont celles d'un individu malade ou souffrant de dépendance et d'isolement social. Sa diffusion contribuerait à un débat calme et rationnel sur les causes et remèdes de telles tragédies. Or, la déclaration initiale de la GRC à l'effet qu'elle allait diffuser la vidéo dès que possible a été suivie d'une autre selon laquelle aucune diffusion n'est prévue. Des observateurs croient que cela est le résultat d'une intervention directe du gouvernement Harper. Ça ne favorise pas le peuple et c'est très dangereux qu'on puisse simplement déclarer que quelqu'un est un terroriste, rendant inutile toute enquête et tout examen public.

Il faut orienter la discussion et les actions sur comment résoudre la situation d'une façon qui bénéficie au peuple. Cela ne sert pas le peuple quand l'information est retenue, surtout quand le but semble être de supprimer l'information qui pourrait remettre en question la conclusion qu'a tout de suite tirée Harper sur la nature de ce geste. C'est encore plus inacceptable que ces conclusions deviennent prétextes à l'adoption de nouvelles lois qui accordent encore plus de pouvoirs arbitraires.

On a introduit le concept d'« individu radicalisé » pour déclarer que quelqu'un est un terroriste mais on n'a pas donné de définition au mot « radicalisé ». Le mot radical signifie aller à la racine ou à la cause de quelque chose. Cela signifie suivre les faits et la preuve et voir où ils nous mènent plutôt que de partir d'opinions préconçues de ce qu'est une opinion socialement acceptable ou « acceptée ». C'est cela justement qui n'est pas fait. Le concept d'individu « radicalisé » mêle actes de terreur et toute opinion qui est critique envers les gouvernements, l'opposition aux guerres d'agression et d'occupation de l'OTAN et des États-Unis et d'autres opinions, et le concept est utilisé pour criminaliser l'opinion.

Le gouvernement canadien surveille les Canadiens de tous les milieux qui défendent leurs droits et les droits de tous. Les documents déposés au parlement montrent qu'il a épié 800 manifestations au Canada et dans le monde depuis 2006. Ces rapports ont été amassés par le Centre des opérations du gouvernement qui est censé préparer la réponse du gouvernement fédéral aux urgences. Certains de ces rapports ont été soumis par le SCRS ou la GRC. Ils concernent les actions de Idle No More à la défense des droits des autochtones, des manifestations étudiantes à Montréal, un panel universitaire de discussion sur le colonialisme historique et les relations raciales au Québec, des manifestations de travailleurs du secteur public, des marches et vigiles en commémoration des femmes autochtones assassinées ou disparues et une manifestation de pêcheurs de homard au Nouveau-Brunswick.

Le gouvernement canadien est également connu pour son utilisation de personnel de sécurité pour inciter des personnes à des actes criminels qu'ils n'auraient pas commis autrement afin de justifier l'augmentation de mesures de sécurité. Dans certains cas ce sont ces agents eux-mêmes qui ont commis des actes criminels. Ces activités servent à priver de légitimité la résistance populaire et sa défense des droits et à mettre en place des mesures pour criminaliser les forces progressistes. On est en droit de se demander quelle implication les agences de l'État ont pu avoir dans la supposée activité terroriste de ces jeunes.

Une société démocratique ne peut pas accepter que d'avoir ou donner une opinion est un crime, à condition que les normes établies de comportement humain ne soient pas violées et les choses doivent être jugées à partir des normes acceptées en ce qui concerne la procédure normale à suivre. On ne peut pas accepter que ces normes soient jetées par la fenêtre et remplacées par des pouvoirs arbitraires qui criminalisent quelqu'un sur la base de l'opinion. Accuser quelqu'un de terrorisme ou d'appui au terrorisme est quelque chose de très sérieux et les normes en ce qui concerne la procédure normale à suivre doivent être du plus haut niveau possible et non réduites au niveau le plus bas.

(Sources : CTV News, CBC, Globe and Mail et Toronto Star)

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Augmentation alarmante de vente d'armes
provenant du Canada à l'Arabie saoudite

Un article paru le 10 janvier dans le Vancouver Observer et signé par Warren Bell rapporte que le premier ministre Stephen Harper a refusé d'appuyer le Traité sur le commerce mondial des armes qui est entré en vigueur le 24 décembre 2014, 90 jours après avoir été ratifié par la 50e nation. Bell écrit :

« Ce faisant, Harper a également facilité l'année dernière plus de ventes d'armes canadiennes que tout autre gouvernement précédent ait déjà approuvé — un contrat 14,8 milliards $ sur 10 ans pour vendre des véhicules blindés légers (VBL III) faits en Ontario. Ils sont assemblés dans une usine qui est une succursale de la firme américaine General Dynamics, le sixième plus grand fabricant d'armes au monde, avec des ventes de plus de 31 milliards $ en 2012.

« L'armement provenant du Canada est vendu à l'Arabie saoudite, le plus grand acheteur d'armes au Moyen-Orient. C'est aussi le pays qui a financé la radicalisation de l'islam depuis plus de 40 ans et est le principal représentant d'une forme stricte de l'islamisme qui prêche le rejet des « infidèles ».


Le véhicule blindé léger VBL III fait en Ontario.

« L'Arabie saoudite est le pays au monde où les femmes ne peuvent pas conduire et où il y a quelques jours, un journaliste qui a osé remettre en question les lois strictes du pays a été publiquement flagellé, condamné à une amende (de plus de 250 000 $) et condamné à 10 ans de prison.

« Non seulement le Canada vend au principal État islamique, il vend également au Bahreïn, aux Émirats arabes unis, et même à l'Irak, tous des pays ayant des antécédents discutables en ce qui a trait aux droits humains. Le Canada distribue sans distinction des armes en plein coeur du Moyen-Orient, des armes qui peuvent facilement se retrouver dans les mains des extrémistes violents.

« Quand il est sous le feu des projecteurs, Stephen Harper condamne le « mouvement djihadiste international » et affirme que le Canada fera ce qu'il peut pour éliminer la menace incarnée par ce mouvement.

« Pourtant, loin des projecteurs, il vend de grandes quantités d'armes à cette partie même du monde d'où cette menace, dit-il, provient. »

Bell qualifie ce raisonnement d'« absolument immoral ».

« Ces ventes d'armes sont directement appuyées par le gouvernement canadien, par le biais de la Corporation commerciale canadienne (CCC). Cette agence, dans le cas des armements, « facilite la coopération internationale en matière d'approvisionnement de défense. Dans son rôle de maître d'oeuvre, la Corporation veille à la réalisation de chaque contrat. Pour assurer un taux de réussite élevé au chapitre de l'exécution des projets, la CCC supervise tous les contrats du début à la fin. »


Ce tableau de Project Ploughshares met en contexte les dernières ventes d'armes
canadiennes à l'Arabie saoudite, par l'intermédiaire de la Corporation commerciale
canadienne (CCC), montrant une augmentation massive des ventes globales
pour 2013-2014 en raison du contrat saoudien.

De l'avis de l'auteur, « les agressions violentes à Paris et en périphérie sont les symptômes d'un malaise militariste violent qui saisit le monde, alimenté, entre autres choses, par un flux incessant d'une puissance de feu mortelle qui laisse toute la communauté humaine baignant dans la peur et la colère, brisant nos aspirations à la paix.

« Notre premier ministre est au coeur de la controverse, suscitant des tensions avec sa rhétorique parfois incendiaire et sa condamnation belliciste des ' méchants '. Pendant ce temps, ses énoncés de politique ne font qu'accélérer la distribution d'armes à ces mêmes pays et cultures qu'il rejette.

« Il est temps pour une manière différente de faire — une manière plus honnête, une manière qui permet de véritablement consolider la paix, une manière chaleureuse, inclusive où on met cartes sur table. »

Par ailleurs, le groupe non gouvernemental pour la paix, Project Ploughshares, a récemment analysé le rapport du gouvernement fédéral Exportation de marchandise militaire du Canada, de 2012 à 2013. Dans l'analyse, Ken Epp montre que l'Arabie saoudite a été en 2012 et 2013 le plus gros acheteur d'armes en provenance du Canada (le rapport n'inclut pas la valeur des exportations militaires vers les États-Unis) à hauteur de 422,3 millions $US et de 152 800 000 $US respectivement, en armes et en marchandises militaires en provenance de sociétés canadiennes. Cela représente environ 92 % de toutes les exportations vers l'Arabie saoudite par les entreprises canadiennes.

Selon Epp, les véhicules terrestres et leurs composantes ont dominé les expéditions, la plupart d'entre elles de véhicules blindés construits à London, Ontario, par General Dynamics Land Systems Canada. Le rapport du gouvernement indique qu'en 2012 la valeur totale des exportations militaires par des entreprises canadiennes dans les pays du Moyen-Orient a dépassé 704 millions $US, plus de trois fois la valeur de ces exportations vers les pays de l'OTAN pour cette année.

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Les négociations sur le programme nucléaire de l'Iran et le projet de «diplomatie numérique»


Manifestation à Téhéran contre les tentatives d'ingérence dans le droit souverain de l'Iran de posséder la technologie nucléaire, le 23 novembre 2014

Le 15 janvier, les négociations internationales sur le programme nucléaire de l'Iran ont commencé à Genève, en Suisse. Ces négociations ont une grande importance pour les peuples du monde. Elles portent principalement sur l'utilisation de la technologie nucléaire et sur le niveau d'uranium enrichi qui est nécessaire à l'Iran pour le développement de son énergie nucléaire à des fins pacifiques afin que le pays satisfasse à ses besoins. Un autre sujet est la demande par l'Iran que les États-Unis et les puissances européennes mettent fin aux sanctions économiques et autres qu'ils ont imposées pour détruire son économie et forcer l'Iran à se soumettre au diktat étranger.

Les discussions ont débuté l'an dernier entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Grande-Bretagne, la Chine, la France, la Fédération de Russie et les États-Unis de même que l'Allemagne. N'ayant pu être complétées dans le temps alloué, elles ont été prolongées de six mois par un accord entre toutes les parties.

En examinant les rapports des négociations, il est important de déterminer l'objectif des négociations et des rapports qui en sont faits. Il faut aussi garder en tête le but des sanctions. À cet égard, beaucoup d'importance est donnée à l'offensive que mène Israël pour faire dérailler les négociations. La méthode principale qu'Israël utilise pour empêcher toute solution négociée est de déclarer qu'aucune négociation avec l'Iran n'est possible et que l'Iran doit détruire toutes ses centrifugeuses et abandonner son programme de développement de l'énergie nucléaire. Cette approche ne peut que mener à la rupture des négociations et à l'imposition d'encore plus de sanctions économiques pour tenter de briser l'Iran et mener ultimement à une guerre ouverte, ce que les Israéliens ne cessent de réclamer.

Les contradictions interimpérialistes en ce qui concerne les efforts pour saper les négociations sont très aigues. Lors d'une conférence de presse conjointe à la Maison-Blanche le 16 janvier 2015, le président des États-Unis Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron ont tous deux demandé au Congrès américain de ne pas mettre de l'avant de nouvelles sanctions contre l'Iran. Obama a dit qu'il va opposer son veto à toute loi contenant de nouvelles sanctions. Défiant ouvertement le Congrès sur lequel s'exerce la forte pression du lobby israélien, Obama a dit : « J'ai toujours dit que toutes les options sont sur la table. Le Congrès cependant doit être conscient qu'avenant l'échec de la solution diplomatique, les risques et la probabilité que cela mène à une confrontation militaire seront accrus. Le Congrès doit aussi prendre cela en considération », a-t-il dit. « Et nous ne serons peut-être pas capables de rebâtir le genre de coalition dont nous aurons besoin dans cette éventualité si le monde croit que nous n'étions pas sérieux en disant vouloir négocier. »

Il est clair que la fragile unité entre les États-Unis et l'Europe, qui est déjà en train de s'effondrer à cause des différends face aux sanctions que les États-Unis mettent de l'avant contre la Russie, est un grand enjeu alors que débutent les négociations avec l'Iran.

Alors qu'Israël et les forces de la réaction aux États-Unis, au Canada et dans certains pays européens parlent du danger de voir l'Iran mettre au point des armes nucléaires, le fait est que l'Iran est signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ce qui n'est pas le cas d'Israël. Israël n'a même pas encore admis qu'il possède des centaines d'armes nucléaires. Comme signataire du traité, l'Iran est soumis à la vérification de ses installations nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie atomique. Des inspections ont été faites sur une base régulière mais les rapports et les conclusions qui ont été tirées de ces inspections sont déformés par ceux dont les motifs sont suspects. Lorsqu'on parle du danger de voir des pays mettre au point des armes nucléaires, il est important de se rappeler que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, la Russie, le Pakistan, l'Inde et Israël, entre autres pays, possèdent déjà de telles armes par milliers, lesquelles posent de graves dangers pour les peuples du monde et en particulier le danger du chantage nucléaire s'ils ne font pas ce que les impérialistes demandent.

Pendant ce temps, les pays qui cherchent à saboter les négociations prochaines avec l'Iran sur son programme nucléaire entendent demander des sanctions économiques encore plus sévères pour briser l'Iran avec comme toile de fond la menace ultime d'une guerre ouverte.

À part Israël, les forces réactionnaires aux États-Unis et en Europe s'affairent elles aussi à mener une politique dangereuse de guerre et d'agression contre le gouvernement et le peuple iraniens et le gouvernement Harper est le champion en ce domaine. Au moment où on a tant besoin d'une discussion calme et de négociations pour trouver des solutions aux problèmes de la situation internationale, surtout en Afrique du Nord et centrale et en Asie de l'Est, les conservateurs de Harper utilisent les mensonges et les distorsions pour promouvoir une politique ouverte d'attaques militaires contre l'Iran.

Le 6 janvier dernier, le Globe and Mail a publié un article intitulé « Cherchant un moyen de parler avec l'Iran, Obama appuie une ' diplomatie directe ' ». Cette « diplomatie directe » n'a rien en commun avec la diplomatie. Elle n'a rien en commun avec les négociations et le dialogue visant à régler les problèmes. En fait, c'est un plan irresponsable et dangereux pour passer par-dessus le gouvernement et les dirigeants élus de l'Iran pour s'ingérer directement dans les affaires intérieures de la société iranienne. C'est la continuation de la même stratégie qui est appliquée contre d'autres pays comme la Russie, l'Irak et la Syrie. Elle provient d'ailleurs directement de la stratégie d'Obama qui a clairement dit que les États-Unis vont s'adresser directement aux citoyens de divers pays et aux ONG qui sont à leur service et passer par-dessus les gouvernements.

Selon le gouvernement canadien, ces actions répréhensibles d'ingérence dans les affaires intérieures de pays souverains constituent de la « diplomatie directe ». L'article du Globe and mail annonce que le financement de ce projet a été alloué et que le projet sera lancé et géré par l'École Munk en affaires internationales de l'Université de Toronto. « Lancé tout d'abord pendant la période menant à l'élection présidentielle iranienne de 2013, ce projet a été vanté comme une façon de passer par-dessus Téhéran et d'offrir une plateforme aux dissidents et aux activistes des droits humains du pays », lit-on dans l'article.

Alors que les préparatifs étaient en cours pour que débutent des discussions productives sur le programme nucléaire de l'Iran, le gouvernement Harper s'affairait déjà à étendre son projet de « diplomatie directe » qui n'est rien d'autre qu'un projet de changement de régime par l'incitation aux manifestations et à la violence en Iran. Ce projet est appelé « Dialogue mondial sur l'avenir de l'Iran ». Il consiste en un assaut à plusieurs facettes contre la société iranienne par le biais de technologie conçue pour prendre d'assaut les réseaux internet. Il comprend aussi le lancement de comptes YouTube et Twitter en farsi.

Le Globe and Mail cite le professeur bien connu de l'École Munk, Janice Stein, selon laquelle « la phase suivante va être la création d'un espace public numérique qui va rassembler les outils qui ont déjà été mis sur pied, en créer de nouveaux et étendre la portée du projet à d'autres pays et régions ».

Un représentant canadien haut placé a dit que bien que l'Iran va demeurer le point central du projet de « diplomatie directe », l'expansion du projet va permettre à l'École Munk de se pencher sur d'autres endroits où le projet pourrait être utilisé, comme la Russie et des régions de l'Irak et de la Syrie soi-disant sous le contrôle de l'État islamique. Il a expliqué que de futurs projets pourraient comprendre des plateformes visant à aider les gens à accéder aux sites web dont l'accès est présentement restreint et la création de « contre-discours » qui remettraient en question le message d'un régime répressif.

Ces « contre-discours » sont une forme d'incitation à la haine et de la désinformation au nom de grands idéaux. Ils exposent la crise dans laquelle les relations internationales sont plongées où des pays comme le Canada utilisent leur accès supérieur à la technologie, leur appartenance à l'OTAN et leur intégration aux formes armées de l'impérialisme américain pour mener la guerre cybernétique pour forcer un changement de régime.

Les Canadiens ont besoin d'un gouvernement antiguerre qui va immédiatement restaurer ses relations diplomatiques avec l'Iran et tous les pays en reconnaissant que tous les pays ont le droit à l'autodétermination et sont égaux, grands ou petits, et ont le droit de se défendre. Les sanctions économiques et autres qui sont en vigueur contre le gouvernement iranien et son peuple doivent être retirées parce que l'Iran ne viole aucune loi internationale.

C'est sur la base de dialogue et de négociations de haut niveau qu'on peut trouver solution aux problèmes et aux dangers auxquels le peuple iranien, les peuples de la région et du monde font face. L'Iran n'est pas un pays petit ou faible. Les tentatives du Canada pour forcer un changement de régime afin de servir des intérêts étrangers ne vont pas réussir, mais ils sont dangereux pour la cause de la paix et de la sécurité des peuples.

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Préparatifs de guerre américains en Asie

Lâcheté du décret présidentiel d'Obama imposant d'autres sanctions à la RPDC

Le 2 janvier, le président américain Barack Obama a signé un décret présidentiel imposant de nouvelles sanctions à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) avec comme faux prétexte que la RPDC est responsable des cyberattaques contre Sony Pictures le mois dernier. Le décret cite des « actions provocatrices, déstabilisatrices et répressives » du gouvernement de la RPDC, qui « constituent une menace permanente pour la sécurité nationale, la politique étrangère et l'économie des États-Unis ». Il est intéressant de noter qu'Obama accuse la RPDC de crimes qui sont en fait commis par les États-Unis contre la RPDC ! Les sanctions visent certains responsables du Parti des travailleurs de Corée et les responsables des entreprises qui sont liés à tort au commerce des armes et qui ne sont plus autorisés à utiliser le système financier américain. Les sanctions interdisent aux citoyens américains d'avoir des rapports avec les personnes visées par le décret.

Il s'agit d'un geste désespéré des États-Unis pour brouiller les cartes et cacher le fait qu'il n'y a aucune preuve que la RPDC est responsable de ces attaques informatiques contre Sony Pictures. En outre, si l'on se fie à l'histoire, le modus operandi des États-Unis est de toujours accuser faussement la RPDC en utilisant la technique du grand mensonge afin de provoquer ce pays, justifier une agression contre lui et forcer un changement de régime. Cette même technique a été utilisée pour justifier des sanctions économiques contre la RPDC lors du présumé torpillage de la frégate sud-coréenne Cheonan le 26 mars 2010. Malgré le rapport frauduleux du Groupe mixte d'enquête dont faisait partie le Canada, aucune preuve réelle n'a été trouvée reliant la RPDC à cet incident. Au contraire, beaucoup de preuves révélées grâce à des chercheurs indépendants en Corée du sud ont indiqué la grande improbabilité que la RPDC soit impliquée dans l'incident.

Le décret présidentiel imposant les dernières sanctions contre la RPDC est un acte d'agression et une escalade de la guerre de Corée qui n'est toujours pas officiellement terminée. Il isolera en outre les fauteurs de guerre américains sur la scène internationale en raison de la position de principe prise par la RPDC à sa propre défense et son appel pour un traité de paix avec les États-Unis et des solutions diplomatiques aux conflits qui les opposent. Les sanctions contre la RPDC contrastent avec le fait que les États-Unis ont été forcés d'abandonner des décennies de sanctions contre Cuba qui, selon Obama lui-même, « ne fonctionnaient pas » et de rétablir les relations avec Cuba le mois dernier — à la suite de pourparlers diplomatiques au plus haut niveau.

Le décret présidentiel contre la RPDC est méprisable. Les gens épris de paix et de justice au Canada, aux États-Unis et dans le monde entier devraient exiger son retrait et qu'un traité de paix soit signé entre les États-Unis et la RPDC pour mettre fin à la guerre de Corée de 1950. Il faut exiger la normalisation des relations entre les deux pays et les États-Unis doivent retirer leurs troupes et leurs armes de la péninsule coréenne.

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Du courage et de la sagesse requis pour faire du dialogue RPDC-USA un moment historique

Le dialogue brise-glace prévu dimanche (18 janvier) à Singapour entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) offre une lueur d'espoir pour le règlement du problème qui dure depuis des décennies, mais la transformation de cet élan positif en moment historique requiert du courage et de la sagesse des deux côtés afin d'atteindre un compromis.

Notamment, les États-Unis, partie prenante dans la paix et la stabilité de la péninsule coréenne, doivent au moins écouter les propos de la RPDC et déployer des efforts communs avec d'autres parties pertinentes pour mettre un terme à la crise prolongée sur la péninsule.

Croyez-le ou non, la région et le monde en général ne bénéficiera en rien d'une RPDC acculée au mur et téméraire. L'arrogance aveugle et la négligence constante face aux branches d'olivier tendues par le pays pourraient s'avérer le coup de grâce pour la nation isolée.

Le refus catégorique de Washington de la semaine dernière à la proposition de Pyongyang de suspendre temporairement les essais nucléaires en échange d'un arrêt des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens ne favorise pas la construction de la confiance et la réalisation de la paix sur la péninsule divisée.

En fait, l'offre, que les États-Unis considèrent comme une « menace implicite », est en quelque sorte un acte de bonne volonté publié par la RPDC pour une solution pacifique à la crise qui perdure depuis dix ans sur la péninsule coréenne.

La proposition est le dernier des efforts déployés ces derniers mois par l'administration Kim Jong Un pour apaiser les tensions et établir un dialogue basé sur la confiance ou un climat détendu avec les États-Unis et la Corée du Sud.

Malheureusement, cette proposition n'a pas été accueillie à bras ouverts.

La porte-parole du Département d'État américain Jen Psaki a carrément rejeté la déclaration de la RPDC, affirmant qu'elle « établissait un lien inapproprié » entre les exercices de routine États-Unis-Corée du Sud et la possibilité de mener des essais nucléaires, qualifiant la proposition de « menace implicite ».

Les États-Unis n'ont pas remarqué, ou ont choisi d'ignorer, le changement positif potentiel à l'atmosphère intense entourant la péninsule coréenne qui pourrait être apporté si la proposition était mise en oeuvre.

Tout comme l'a exhorté la Chine à plusieurs reprises, un dialogue basé sur la confiance est la seule issue à l'impasse qui perdure depuis des décennies et pour la reprise des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule, et cela a été approuvé par la communauté internationale.

Il est vivement souhaité que les États-Unis saisissent l'opportunité et répondent à la dernière offre par la positive. Après tout, la paix sur la péninsule et le rapprochement entre les ennemis de longue date nécessitent des actions réciproques. La balle est maintenant dans le camp de Washington.

(18 janvier 2015)

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L'occupation militaire du Japon

Une des plus grandes menaces à la paix mondiale


Carte des 135 installations militaires étasuniennes au Japon, circa 2010 — cliquer pour agrandir

L'occupation militaire du Japon a permis à l'empire des États-Unis de se servir de ce pays comme tête de pont pour déclencher ses guerres d'agression en Asie. La guerre étasunienne visant à conquérir la vaillante Corée, guerre qui se poursuit jusqu'à ce jour, est organisée à partir du Japon sous occupation étasunienne. Le Japon sous occupation étasunienne a aussi servi de point d'appui aux États-Unis dans leur guerre prédatrice visant à détruire l'indépendance du Vietnam et à transformer celui-ci en État vassal, ce que les Vietnamiens victorieux ont empêché avec courage, d'énormes sacrifices et honneur. Les militaristes étasuniens se sont servis du Japon sous occupation comme fer de lance contre la lutte anticoloniale du peuple chinois pour affirmer ses droits comme peuple indépendant.

Le Japon occupé par les États-Unis est une plaie vive pour le corps politique japonais. Le peuple japonais ne peut faire avancer son pays pour qu'il contribue à la paix sans mettre fin à l'occupation militaire de sa patrie. Un aspect important de cette occupation militaire est l'agression culturelle visant à émasculer le peuple et sa pensée afin de l'empêcher de s'investir du pouvoir politique. Cette agression culturelle est dirigée plus particulièrement contre l'immense prolétariat industriel japonais. À la base de l'agression culturelle impérialiste des États-Unis est une idéologie raciste et anticommuniste.


Un traité bilatéral entre le Japon et les États-Unis signé le 8 septembre 1951 suscite la colère du peuple japonais. Ce traité devait préparer le terrain pour l'occupation militaire continue du Japon par les États-Unis. À Tokyo, le 1er mai 1952, quelques jours à peine après la fin formelle de l'occupation du Japon, des manifestations de masse ont éclaté. La répression par l'État a été telle que deux manifestants ont été tués, 22 ont subi les coups de feu de la police, et plus de 2 000 personnes ont été blessées. C'est ainsi que commencèrent les manifestations continues contre la présence militaire des États-Unis au Japon.

L'occupation du Japon est une plaie purulente et représente un grave danger pour le progrès et pour la paix. À chaque fois que certains progrès réalisés favorisent un rapprochement entre les peuples de l'Asie de l'Est, la force militaire étasunienne, ou encore des mercenaires à la solde des États-Unis, lancent une provocation dans le but de détruire tout rapprochement favorisant la paix et l'amitié.

Les Canadiens doivent tout faire pour mettre fin à ce fléau historique et forcer les impérialistes étasuniens à ramener leurs troupes chez eux. La lutte pour former un gouvernement antiguerre au Canada et pour briser tout lien avec les forces militaires étasuniennes est un facteur nécessaire pour faire échec aux fauteurs de guerre impérialistes.

Le « pivot vers l'Asie » du président Obama fait en sorte que l'ampleur et la fréquence de la participation des forces armées étasuniennes à d'importants exercices de guerre avec les forces armées du Japon et celles de son fantoche, la Corée du sud, sont à la hausse. Il en va de même pour la rhétorique grandissante contre la Corée et la Chine. Le Commandement du Pacifique des États-Unis coordonne constamment des exercices militaires sur le continent japonais, dans la péninsule coréenne et dans les eaux de l'Asie de l'Est, se préparant à une attaque préventive contre la Chine et contre la République populaire démocratique de Corée. Les nouvelles armes sophistiquées des États-Unis font souvent leurs premières apparitions au Japon, où des soldats sont quotidiennement formés dans le maniement d'armes de destruction de masse les plus puissantes dont des missiles à charge nucléaire.


Le personnel militaire étasunien en Asie de l'Est, circa 2012 — cliquer pour agrandir

On rapporte que le montant annuel que le gouvernement japonais accorde aux forces militaires étasuniennes pour soutenir leur occupation était de 674 milliards $ de yen (6,63 milliards $ canadiens) en 2014. En surcroît de ce montant provenant du Japon, le gouvernement des États-Unis dit dépenser un autre 6,26 milliards $ canadiens annuellement afin de maintenir son occupation. Les installations fixes des forces militaires étasuniennes au Japon ont une valeur accumulée d'environ 57,3 milliards $ canadiens.

Le budget du gouvernement japonais pour 2014 de 674 milliards de yen correspond à environ 122 000 $ par membre du personnel militaire des États-Unis posté au Japon. Le personnel des troupes d'occupation étasuniennes est composé de 54 355 personnes, avec en surcroît 40 000 personnes à charge et un autre 5 500 civils étasuniens travaillant au Japon pour le compte du département de la Défense des États-Unis. Le budget consiste entre autres à défrayer les salaires des employés japonais sur les bases étasuniennes, les coûts de construction comme l'insonorisation des résidences du personnel de service étasunien, les frais de location foncière des forces étasuniennes et la réorganisation des forces militaires étasuniennes au Japon. Pour ce qui est des fonds provenant du gouvernement japonais, ils ont servi à construire 12 900 installations militaires pour les forces étasuniennes, comme des abris antidéflagration pour les avions de combat, des logements, des écoles et des hôpitaux pour les troupes étasuniennes et leurs familles.

Les forces militaires étasuniennes se retrouvent dans tous les coins du Japon, oeuvrant au sein de 83 installations gérées directement par les États-Unis et de 49 installations gérées conjointement par les forces militaires étasuniennes et japonaises. Le quartier général des Forces armées des États-Unis au Japon est situé sur la base aérienne des États-Unis à Yokota dans la région ouest de Tokyo.

D'autres installations importantes comprennent un port à Tokyo pour les activités de la flotte étasunienne et à Yokosuka, base de la Septième flotte des États-Unis. Cette Septième flotte des États-Unis basée à Yokosuka a joué un rôle majeur dans les guerres d'agression contre la Corée et le Vietnam. Yokosuka a été le théâtre de nombreuses manifestations à la fin des années 60 et des années 70. Le USS George Washington à propulsion nucléaire se trouve présentement à Yokosuka.


Manifestation à Tokyo contre la révision et le renouvellement du traité tant détesté de sécurité Japon-États-Unis, le 11 juin 1960

Cent trente avions de combat des forces aériennes des États-Unis sont maintenus à la base aérienne étasunienne de Misawa, à 684 kilomètres au nord de Tokyo, dans la préfecture d'Aomori. Cette base abrite 5 200 membres du personnel militaire des États-Unis, ainsi que 350 employés civils étasuniens et 900 employés nationaux. Le site de surveillance de l'espace par radiofréquence passif de Misawa sert à repérer les communications par satellites. Le centre de la Gestion de la sécurité de Misawa, bien que secret, serait l'une des stations au sol d'Echelon les plus importantes au monde, une opération Cinq Yeux qui exclut les Japonais.[1]

La 3e Force expéditionnaire marine est basée à Okinawa à mille kilomètres au sud-ouest des principales îles japonaises, où la base aérienne de Kadena est située, lieu de manifestations constantes pour exiger que les troupes étasuniennes soient retirées d'Okinawa. Se trouve aussi à Okinawa la base aérienne des marines tant détestée, Futenma, une base de marines étasuniens située à même la ville achalandée de Ginowan, seulement à 9 km au nord-est de Naha, la capitale d'Okinawa. Futenma abrite approximativement 3 000 marines du Premier escadron d'avions de chasse. Ici, des avions de guerre ne cessent de décoller et d'atterrir. Le peuple d'Okinawa a mené une importante lutte pour fermer la base, et il avait reçu un engagement en ce sens il y a de cela plusieurs années qui n'a pas été respecté par les gouvernements japonais successifs à Tokyo. La quasi-totalité des élus d'Okinawa veut le démantèlement intégral de Futenma et refuse qu'elle soit déménagée ailleurs au Japon. Le gouverneur nouvellement élu d'Okinawa s'est engagé à bloquer tout travail sur le terrain visant à déménager Futenma plus au nord de l'île et exige lui aussi le démantèlement intégral de la base. D'une seule voix avec le peuple d'Okinawa, les élus gouvernementaux des îles du sud veulent que l'occupation militaire étasunienne du Japon cesse immédiatement et sont engagés dans une épreuve de force historique avec la dictature centrale de Tokyo.


Manifestation contre la relocation de la base militaire de Futenma vers la baie d'Henonko, un endroit écologiquement sensible, devant la résidence du premier ministre à Tokyo, le 22 novembre 2014

Les Canadiens peuvent jouer un rôle important dans cette lutte pour la paix en luttant pour la formation d'un gouvernement antiguerre au Canada. Un gouvernement antiguerre couperait tous les liens avec les forces militaires étasuniennes, y compris ses réseaux d'espionnage et ses agences servant à créer la déstabilisation politique. Un gouvernement antiguerre assumerait ses responsabilités sociales, exigeant que les forces militaires étasuniennes quittent le Japon et la Corée du sud et qu'elles laissent les peuples de l'Asie régler leurs problèmes par eux-mêmes sur la base de leurs propres efforts et sans ingérence extérieure. La situation actuelle fait en sorte que c'est la présence des forces militaires étasuniennes en Asie qui est le facteur principal empêchant toute résolution pacifique de l'ensemble des problèmes qui s'y présentent. L'ingérence des États-Unis comprend des exercices de guerre constants, la menace d'une attaque militaire surprise de la part des États-Unis, la vente d'armes de pointe, l'agression culturelle impérialiste américaine, ainsi que l'ingérence constante des États-Unis dans les affaires politiques des autres dans le but de déstabiliser les régimes et de les remplacer par des régimes fantoches malléables.

Bâtissons nos comités pour investir le peuple du pouvoir, pour le renouveau
démocratique et pour un gouvernement antiguerre !

Note

1. ECHELON est un réseau d'espionnage d'interception et d'analyse des communications de satellites géré par cinq pays signataires de l'Entente de sécurité entre le Royaume-Uni et les États-Unis - l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis. L'entente a été rebaptisée Cinq Yeux. Ce réseau est décrit comme étant un système logiciel visant à contrôler le téléchargement et la dissémination de communications de satellites commerciales interceptées (comprenant aussi les communications via internet) à des fins militaires et d'espionnage industriel. De ce premier objectif militaire et diplomatique, le réseau a évolué pour devenir aussi un système mondial d'interception des communications privées et commerciales. Le quotidien britannique Guardian résume ainsi les capacités du réseau ECHELON : « Un réseau mondial de stations d'espionnage électronique qui a la capacité de faire l'écoute des conversations téléphoniques, des envois par télécopieur et des ordinateurs. Il peut tout aussi bien repérer les comptes de banque. Cette information est sauvegardée dans les ordinateurs Echelon, qui ont la capacité de conserver des millions de dossiers sur autant d'individus. Officiellement Echelon n'existe pas mais il est lié à l'Agence de sécurité nationale des États-Unis et sert à s'ingérer dans le service internet à l'échelle mondiale et a bel et bien servi à perpétrer des provocations contre la République populaire démocratique de Corée, la Chine et d'autres pays comme prélude aux changements de régime et à la guerre.

(Sources : Akahata, Japan Press Weekly, Mainichi Shimbun, Wikipedia. Photos : Japan Focus, H. Hamaya, Centre d'études stratégiques et internationales, Xinhua.)

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Discussion sur les prix du pétrole

Le pétrole et l'empire étasunien

Le pétrole est devenu une ressource stratégique du monde moderne. Le pétrole est nécessaire à la production industrielle de masse, au transport et à la guerre.

Selon la conception du monde centrée sur l'être humain, cette ressource est nécessaire au développement réciproque de tous les peuples, leur permettant de vivre selon la norme moderne voulant que tous les pays soient égaux sans égard à leur superficie ou à leur niveau de développement, que les droits de tous les peuples soient affirmés et qu'on n'utilise pas la violence pour résoudre les conflits entre nations. Aussi faut-il tenir compte, pour l'édification nationale, des effets à court et à long terme de l'usage du pétrole sur l'environnement social et naturel.

Selon la conception du monde centrée sur le capital, le pétrole est nécessaire aux bâtisseurs d'empires pour qu'ils puissent amasser et concentrer un pouvoir et une richesse sociale toujours plus importants pour l'empire dominant sur la base de la subjugation des peuples du monde et de l'exploitation de leurs ressources et de leur travail. Aussi faut-il restreindre l'accès de la concurrence aux ressources, aux travailleurs et aux marchés, et supprimer toute résistance aux bâtisseurs d'empires en déclenchant des guerres prédatrices et par d'autres moyens. Pour les bâtisseurs d'empire, les conséquences à court et à long terme de l'usage du pétrole sur l'environnement social et naturel ne sont que des obstacles à l'expansion de leurs empires.

À mesure qu'ils atteignaient un statut de superpuissance et établissaient leur hégémonie dans le monde, les États-Unis ont construit des bases militaires et placé leurs forces navales partout dans le monde afin de contrôler la production et la distribution du pétrole et, de plus en plus, du gaz naturel. Ils cherchent aussi à restreindre l'accès de leurs compétiteurs à ces ressources et ont recours à la subversion et au combat armé afin d'éliminer la résistance aux bâtisseurs d'empires étasuniens.


Les travailleurs du pétrole vénézuéliens de la société d'État Petroleos de Venezuela manifestent en mai 2011 contre les sanctions imposées par les États-Unis après que le Venezuela eut affirmé le contrôle de ses ressources.

Au coeur du projet des bâtisseurs d'empires étasuniens est le déploiement mondial des forces armées étasuniennes. Les forces militaires étasuniennes, en alliance avec des gouvernements corrompus, subjugués ou soudoyés, exercent leur dictature sur les peuples du monde, sur leurs ressources et sur leur richesse sociale. Elles visent maintenant à consolider leur hégémonie par le biais de leur pivot vers l'Asie, ce qui requiert la consolidation de leur mainmise sur la vieille Europe de même que l'isolation et la subjugation de la Russie.

Tout gouvernement qui s'engage avec courage sur une voie qui est indépendante de l'empire étasunien le fait en sachant que l'arsenal entier, militaire, d'espionnage et d'agression culturelle de même que la richesse sociale accumulée, la puissance économique et les connections de l'impérialisme américain seront déployés contre lui. Les peuples luttant pour l'indépendance doivent faire usage de leur pouvoir d'État et mobiliser le peuple à la défense de leur droit d'être dans la lutte contre l'empire étasunien. L'État indépendant doit trouver, avec courage et clairvoyance, les façons et les alliés qui lui permettent de priver l'empire étasunien du pouvoir de priver les peuples du monde de leur indépendance et de leur droit d'être.

Dans la lutte pour son indépendance, chaque pays doit se sécuriser un accès en pétrole s'il n'en a pas de source à sa disposition et trouver des acheteurs s'il en a à exporter. L'empire étasunien ne rend pas cela facile à qui que ce soit, créant des situations où les nations doivent dépendre des États-Unis et en être redevables. Les forces militaires mondiales des États-Unis cherchent à entraver le transport du pétrole et d'autres ressources provenant de pays luttant pour leur indépendance, qui ont besoin de pétrole ou qui cherchent à l'exporter. Dans le contexte de cet embargo imposé à l'échelle mondiale, les sanctions étasuniennes contre les économies des pays indépendants sont des armes économiques importantes qui sont déployées de concert avec des collaborateurs subjugués et dociles à l'encontre de la volonté populaire.

La Forteresse Amérique du Nord et le contrôle
des ressources énergétiques et de leur prix

Le contrôle monopoliste des prix est une autre arme qu'utilise l'empire étasunien contre les peuples du monde. Afin de faciliter la manipulation du prix du pétrole pour attaquer les peuples et les États qui luttent pour leur indépendance et qui ont du pétrole à exporter, l'empire étasunien a mis sur pied la Forteresse Amérique du Nord qui combine les trois États, soit le Mexique, le Canada et les États-Unis. La Forteresse Amérique du Nord a inondé le monde de pétrole et de gaz naturel, provenant en particulier du pétrole et gaz de schiste par fracturation et des sables bitumineux de l'Alberta. Le prix de production de ces deux méthodes de production dépasse de loin le prix réalisé actuel de 55 $ le baril et ces deux types de production sont considérés comme étant nocifs à l'environnement social et naturel.


Manifestation à Ottawa, le 26 septembre 2011, contre l'oléoduc Keystone XL

Toute la croissance du pétrole dans le monde ces dernières années est venue des États-Unis et du Canada. L'Arabie saoudite a annoncé qu'elle continuerait son taux de production actuel afin de préserver le contrôle de sa part du marché. La production pétrolière des États-Unis a atteint 9,14 millions de barils par jour, son niveau le plus élevé depuis janvier 1983. La production canadienne de pétrole brut a atteint un niveau record de 3,5 millions de barils par jour. On estime qu'un million de barils de pétrole par jour ne trouvent pas preneur quel qu'en soit le prix et doivent être entreposés. La même frénésie d'expansion s'est produite dans le secteur du gaz naturel, dont des projets de raffineries de gaz naturel liquéfié (GNL) à être transporté par mer. Le prix du gaz naturel a chuté à 3,14 $ par million d'unités thermiques britanniques, une baisse de 26 % pour l'année 2014. Des corridors de pétrole et de gaz naturel allant vers l'est, l'ouest et le sud, en sont à différentes étapes d'expansion sous la coordination de Forteresse Amérique du Nord pour qui la sécurité de l'approvisionnement en pétrole et gaz naturel en vue de la guerre est une question importante.

Le financement de cette expansion frénétique de l'énergie, sans égard aux conséquences économiques et environnementales, vient principalement du gouvernement des États-Unis qui verse des billions de dollars dans les coffres des plus grandes entreprises financières privées bien au-delà de la croissance des biens et des services dans l'économie. Ces argents excédentaires ont par la suite été offerts aux entreprises du pétrole, du gaz, des oléoducs et des GNL et une partie de ces sommes empruntées est maintenant en danger de défaut de paiement à cause des bas prix réalisés.

Un grand nombre de nouveaux emplois aux États-Unis et au Canada depuis la crise économique de 2008 proviennent du secteur énergétique. Depuis 2009, l'industrie du pétrole aux États-Unis a connu une augmentation d'emplois de l'ordre de 50 %, presque toute dans les puits de fracturation et dans l'exploration. Aujourd'hui, selon Tom Runiewicz, un économiste industriel des États-Unis à IHS Global Insight, si le pétrole se stabilise à 56 $ le baril jusqu'au milieu de 2015, il y aura une baisse importante d'emplois directs et les compagnies qui procurent des services à l'industrie du pétrole et du gaz pourraient perdre jusqu'à 40 000 emplois, tandis que les manufacturiers d'équipement pour le secteur du pétrole et du gaz pourraient mettre à pied 6 000 travailleurs. Selon le New York Times : « Les États américains qui dépendent des revenus du pétrole et du gaz se préparent à des mises à pied, coupent dans les budgets de leurs agences et sont de plus en plus inquiets des répercussions de la chute des prix du pétrole sur leurs économies locales. »

Qu'est-ce qui a entraîné cette expansion de la production et du transport du pétrole et du gaz naturel, qui est si ouvertement en rupture avec la demande apparente et utilise des techniques de production qui sont considérées par plusieurs dans le secteur comme étant nuisibles à l'environnement social et naturel ? La première raison bien sûr c'est l'appât du gain pur et simple, alors que les entreprises énergétiques faisant usage d'argent consenti à rabais par le gouvernement ont fait des millions de dollars en profits, du moins jusqu'à ce que se produise la récente chute des prix réalisés. La deuxième raison est qu'il s'agit de la décision politique de l'empire étasunien de former la Forteresse Amérique du Nord pour s'approvisionner en ressources de pétrole et de gaz naturel en préparation pour la guerre et inonder le marché mondial en stocks excédentaires pour faire chuter les prix et s'attaquer spécifiquement à la Russie, à l'Iran et au Venezuela.

Le coup d'État fasciste en Ukraine

La production délibérée d'une surabondance de pétrole et de gaz naturel, par le biais de méthodes connues comme étant nocives pour l'environnement social et naturel, vise la Russie et ses marchés de gaz naturel en Europe de même que ses ventes de pétrole ailleurs. L'objectif semble être de non seulement déstabiliser ces trois pays producteurs de pétrole considérés comme des ennemis de l'empire étasunien en affectant leurs recettes d'exportation mais aussi de détourner le marché énergétique européen du gaz naturel de la Russie vers l'empire étasunien pour qu'éventuellement l'Europe s'approvisionne en GNL à même la Forteresse de l'Amérique du Nord.


Les résidents de la Crimée célèbrent la décision de se séparer de l'Ukraine, le 16 mars 2014. (Xinhua)

Un aspect important de ce plan a été de déstabiliser l'Ukraine par le biais des agences d'espionnage des États-Unis et de leurs Forces spéciales, menant à un coup d'État en février dernier et à la persécution et à l'agression contre les régions de l'Ukraine perçues comme étant proches de la Russie. Ce coup d'État a installé un gouvernement fasciste sous le contrôle de l'empire étasunien. Le peuple de l'Ukraine de l'Est s'est révolté et s'est organisé pour se défendre et repousser les attaques des bandes criminelles lancées par les responsables du coup. Il a tenu un référendum réussi en Crimée, décidant de se séparer du régime putschiste de Kiev et de se joindre à nouveau à la Russie. L'empire étasunien et ses collaborateurs en Europe ont réagi à la résistance ukrainienne en menant une guerre de sanctions contre la Russie et en postant un nombre grandissant de troupes et d'armes de destruction de masse de l'OTAN dirigé par les États-Unis près des frontières russes.

L'empire étasunien a fait savoir à la vieille Europe par des paroles et par des actes que celle-ci devra dorénavant compter sur les approvisionnements énergétiques provenant de la Forteresses Amérique du Nord plutôt que de la Russie. La proposition de supplanter la Russie en tant que principal fournisseur de gaz naturel en Europe, ainsi que la chute des prix du pétrole et du gaz naturel et les pressions spéculatives exercées sur la devise russe, faisant baisser sa valeur par rapport aux autres devises, de même qu'une importante augmentation de la présence des forces militaires de l'OTAN dirigé par les États-Unis sur les frontières de la Russie, sont autant de mesures qui visent un changement de régime en Russie ou du moins à déstabiliser et à affaiblir celle-ci en tant que puissance indépendante. Les monopoles de l'empire étasunien aimeraient avoir la voie libre pour entrer en Russie et faire main basse sur ses ressources et sur ses travailleurs et détruire le rêve russe d'un marché économique coopératif Europe-Asie avec la Russie au centre, qui existe déjà à l'état embryonnaire avec l'Organisation de coopération de Shanghai.

L'empire étasunien croit que ses attaques contre la Russie vont placer la vieille Europe plus fermement dans le camp des États-Unis. Une fois sa position de force consolidée en Europe et la Russie supprimée, l'empire étasunien pourra alors intensifier son pivot vers l'Asie pour encercler la Chine, l'Inde et l'Asie du Sud-Est et les soumettre au diktat des États-Unis, lui assurant la domination mondiale.

L'édification d'empire présente de graves dangers dont la possibilité d'une guerre mondiale catastrophique avec l'usage d'armes nucléaires. Les peuples doivent bloquer cette édification d'empire avant que la situation n'échappe à tout contrôle. Notre responsabilité en tant que Canadiens est de sortir le Canada de Forteresse Amérique du Nord et d'entreprendre notre propre projet d'édification nationale en opposition à l'empire étasunien guerrier et en unité avec les peuples du monde qui luttent pour l'indépendance et pour l'affirmation de leur droit d'être.

Dans sa déclaration du Nouvel AN, le PCC(M-L) a dit : « L'usage de la force dans le règlement des conflits entre nations et une propagande ouvertement guerrière remplissent les médias monopolisés et le parlement d'une ferveur chauvine. L'histoire appelle le peuple à s'organiser pour se donner un gouvernement antiguerre qui retirera le Canada du Northern Command, de l'OTAN, de NORAD et de toute participation aux actions des forces militaires agressives des États-Unis et de leurs agences d'espionnage, de torture et de subversion des affaires souveraines des peuples du monde.[...]

« En 2015, bâtissons les organisations et la voix du mouvement de la classe ouvrière et du mouvement du peuple pour s'investir du pouvoir et se donner un gouvernement antiguerre ! En avant pour faire des Comités de citoyens et du Renouveau un succès !

Débarquons Harper en 2015 ! »

(Sources : LML, RT, NYT, Financial Post, Bloomberg News)

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Opinions et analyse

Evo Morales : Les États-Unis sont derrière
la chute actuelle des prix du pétrole

Les États-Unis ont provoqué la chute actuelle des prix du pétrole pour saper l'économie des grands producteurs de pétrole, la Russie et le Venezuela, a dit le président bolivien Evo Morales à RT.

Morales a dit que c'est vraiment « pitoyable » de voir les États-Unis s'obstiner dans leur « mauvaise voie » en continuant de faire usage de sanctions contre leurs rivaux politiques.

« [Les États-Unis] se pensent encore il y a 200, 300 ou 500 ans, pas dans le monde d'aujourd'hui. Mais ce qui est passé devrait rester dans le passé. Les États-Unis devraient s'en rendre compte », a-t-il dit au canal espagnol de RT.

Les États-Unis agissent comme l'ont fait les grands empires pendant des siècles, qui ont « propagé le conflit et la haine à l'intérieur et à l'extérieur, cherchant à établir leur contrôle politique sur d'autres nations et à les piller économiquement », a dit Morales, faisant vraisemblablement allusion aux invasions de l'Amérique latine par les conquistadors espagnols.

Le président bolivien a aussi accusé l'Europe de « se faire complice des États-Unis » en appliquant des sanctions à l'échelle mondiale.

Morales a dit que le président Obama doit cesser « d'imposer des sanctions » et prêter davantage d'attention aux problèmes internes des États-Unis.

« [...] Je suis convaincu que la chute des prix du pétrole a été provoquée par les États- Unis afin de saper les économies russe et vénézuélienne. C'est mon opinion », a dit Morales.

Il a enjoint Moscou et Caracas à « unir leurs efforts » pour contrer les « politiques agressives » des États-Unis.

« Je suis certain, a dit Morales, que l'agression des États-Unis avec la chute des prix du pétrole ne va pas durer longtemps. Est-ce que 60 $ le baril est quelque chose de viable ? Ce n'est pas cela que cherchent les États-Unis. Tout ce qui les intéresse c'est de faire un assaut économique contre certains pays pour renverser leurs présidents. Mais leur plan va échouer. »

(RT News, 19 décembre 2014)

Nicolas Maduro : les États-Unis mènent une guerre du pétrole pour détruire la Russie et le Venezuela


Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'adresse aux gouverneurs et ministres le 22 décembre 2014.

Les États-Unis sont en train de mener une guerre du pétrole pour détruire la Russie et le Venezuela, a dit le président vénézuélien Nicolas Maduro le 9 décembre.

Les États-Unis cherchent aussi à détruire l'OPEP, a-t-il dit.

« C'est une vraie guerre du pétrole qui est en cours », a-t-il dit. « Son objectif est de détruire la Russie, de provoquer l'effondrement de la Russie en tant que puissance mondiale et le président Obama l'a d'ailleurs admis aujourd'hui dans une entrevue à la radio. »

Le président Maduro croit que la chute actuelle des prix du pétrole vise aussi le Venezuela.

« Le but visé est de faire de notre pays une colonie, de détruire notre indépendance et notre révolution au moyen d'un effondrement économique. »

Il a rappelé que le prix du pétrole vénézuélien était de 95 $ le baril en septembre et qu'il est tombé à 48 $ en décembre, une chute de 50 %.

« Pas question cependant que la Russie ou le Venezuela ne se rendent et nous allons continuer notre lutte. Ils ne vont pas nous soumettre », a dit Maduro.

(TASS News, 30 décembre 2014)

Les services de renseignement étrangers de la Russie:
l'ouest est derrière la chute du rouble et des prix du pétrole

Selon le chef des services de renseignement étrangers de la Russie, les États-Unis et leurs alliés mènent une politique de changement de régime envers la Russie en imposant de façon délibérée des sanctions et en s'attaquant au rouble par la manipulation du prix mondial du pétrole.

Mikhail Fradkov, le chef des Services de renseignement étrangers (SVR), a dit que Moscou est au courant des gestes que font les États-Unis pour déloger Poutine du pouvoir.

« Nous sommes au courant de leur intention, ce n'est pas vraiment un secret », a dit Fradkov, un ex-premier ministre, à Bloomberg le 4 décembre. « Personne ne veut d'une Russie forte et indépendante. »

Il a aussi attribué partiellement la chute du prix du pétrole de plus de 30 % aux actions des États-Unis. La baisse du prix de l'un des principaux produits d'exportation de la Russie a exercé une forte pression sur le rouble qui est déjà affecté par les sanctions. En décembre 2014, le rouble avait perdu 39 % de sa valeur par rapport au dollar.

Les fonds d'investissements étrangers « participent » à la spéculation sur le rouble par le biais d'intermédiaires, a dit Fradkov. « Chaque spéculation a ses stratagèmes spécifiques et les stratagèmes comprennent un certain nombre de participants. »

(RT News, 5 décembre 2014 (extraits))

La chute du pétrole propulse les intérêts américains à l'étranger
- Andrew Higgins, le New York Times -

La plongée des prix du pétrole a secoué l'ordre économique et politique mondial en causant des revers soudains de fortune qui ont soutenu les intérêts des États-Unis et amené plusieurs grands exportateurs de pétrole, en particulier ceux qui sont hostiles envers l'ouest comme la Russie, l'Iran et le Venezuela, sur le bord de la crise financière.

[...]

La plongée des prix pourrait aussi influencer l'Iran dans sa décision d'accepter ou non un accord avec l'ouest sur son programme nucléaire ; elle pourrait forcer les pays du Moyen-Orient riches en pétrole à réévaluer leur rôle dans la gestion de l'offre mondiale et donner une impulsion aux économies des pays qui consomment le plus de pétrole dont les États-Unis et la Chine.

[...]

La chute des prix, a dit Edward N. Luttwak, un conseiller de longue date du Pentagone et auteur de nombreux livres de stratégie géopolitique et économique, « met hors de combat les principaux adversaires des États-Unis sans que nous ayons à faire quoi que ce soit ». En ce qui concerne l'Iran, qui perd vraisemblablement environ 1 milliard $ par mois à cause de la chute des prix, c'est comme si le Congrès avait adopté les sanctions beaucoup plus sévères que la Maison-Blanche ne voulait pas adopter », a-t-il dit.

[...]

Le Venezuela, qui possède peut-être les plus vastes réserves de pétrole du monde et les a utilisées pour se présenter comme un adversaire de « l'impérialisme » américain, touchait d'habitude environ 95 % de ses revenus en exportation du pétrole avant que les prix ne chutent. Il a maintenant de la difficulté à défrayer les coûts de ses projets sociaux au pays et de sa politique étrangère qui repose sur les largesses pétrolières comme les expéditions de pétrole à prix réduit à Cuba et ailleurs dans le monde.

[...]

« Les États-Unis y gagnent beaucoup lorsque 3 de leurs 4 adversaires actifs sont sérieusement affaiblis et que leur marge de manoeuvre est réduite de beaucoup », a dit M. Luttwak, en parlant de la Russie, de l'Iran et du Venezuela.

Le seul adversaire majeur des États-Unis à ne pas être affecté par la chute des prix du pétrole est la Corée du Nord qui importe tout son pétrole.

David L. Goldwyn, le coordonnateur international en matière d'énergie du Département d'État pendant le premier mandat d'Obama [...] a dit du bas prix du pétrole [...] « qu'il affecte la Russie et fait pression sur l'Iran ».

[...]

Une autre victime de l'effondrement des prix est la Biélorussie, une ancienne république soviétique longtemps dénoncé par les porte-paroles des États-Unis comme étant la dernière dictature d'Europe. Bien que ne produisant pas elle-même beaucoup de pétrole, elle a quand même été affectée sérieusement. La raison en est que son économie dépend beaucoup de ses exportations de produits pétroliers que la Biélorussie produit à partir du pétrole brut que lui fournit la Russie à très bas prix.

Marwan Muasher, un ancien ministre des Affaires étrangères de la Jordanie maintenant vice-président de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a prédit que la Syrie va être affectée par un nouvel effet domino alors qu'il sera difficile pour la Russie et l'Iran de maintenir leur appui économique, militaire et diplomatique au président Bashar al-Assad.

[...]

D'anciens agents du KGB proches de M. Poutine ont cru longtemps que les États-Unis avaient organisé l'effondrement de l'Union soviétique en poussant l'Arabie saoudite à augmenter sa production pétrolière ce qui a fait baisser les prix et privé Moscou de revenus.

De plusieurs manières, la chute récente des prix a de fait été causée par les États-Unis et sa poussée de production de pétrole par le développement de sources alternatives comme le pétrole de schiste.

En compensant pour le déclin de la production de pétrole conventionnel, l'accroissement de la production du pétrole de schiste a propulsé l'ensemble de la production de pétrole brut des États-Unis d'une moyenne d'environ 5 millions de barils par jour en 2008 à 9 millions de barils aujourd'hui, selon l'Agence d'information sur l'énergie des États-Unis. Cette augmentation de 4 millions de barils est supérieure à la production quotidienne de l'Irak ou de l'Iran qui sont les deuxième et troisième plus grands producteurs de pétrole après l'Arabie saoudite et elle a exercé une forte pression à la baisse sur les prix mondiaux.

[...]

(24 décembre 2014)

Le coût véritable du pétrole (extraits)
- Anita Dancs, Dollars & Sense -

Combien coûtent les activités militaires qui sécurisent « notre » pétrole ?

[...] Bien que les coûts en pollution et en réchauffement global soient déjà très élevés, comme payeurs de taxes il y a un autre coût du pétrole que nous avons à défrayer. Chaque année, nos forces armées engouffrent des ressources substantielles pour sécuriser l'accès au pétrole et assurer le transport du pétrole et d'autres ressources énergétiques. Je pense que nous allons payer 90 milliards $ cette année (2010) pour sécuriser le pétrole. Si on ajoute le coût de la guerre en Irak, cela se monte à 166 milliards $.

Cette année, le gouvernement des États-Unis va dépenser 722 milliards $ pour les forces armées, sans parler de l'aide militaire aux autres pays, de l'exploration spatiale ou des prestations aux anciens combattants. La défense de l'accès des États-Unis au pétrole est une modeste portion du complexe militaire américain.

Établir un chiffre n'est jamais simple. Selon les documents de sécurité nationale, la sécurité énergétique est un intérêt national vital et cela fait plus de 50 ans qu'elle est incorporée dans les objectifs et les stratégies militaires. Les documents militaires n'attachent cependant pas un chiffre en dollars à chaque mission, stratégie ou objectif, de sorte que pour trouver lesquelles des actions militaires ont rapport à la question de l'énergie il faut fouiller plusieurs documents et résoudre des problèmes de méthodologie.

Les forces armées américaines divisent le monde en régions, l'Europe, l'Afrique, le Pacifique, le Moyen-Orient, l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord, chacune ayant sa structure de commandement appelée « Commandement interarmées de combat ». J'en suis arrivée à mon estimation des dépenses militaires effectuées pour sécuriser le pétrole en retraçant les objectifs et stratégies militaires des États-Unis à travers ces zones de commandement géographique et leurs flottes, unités et divisions respectives. J'ai uniquement tenu compte des dépenses conventionnelles et exclu les dépenses en armes nucléaires. [...]

Le Commandement central des États-Unis couvre une « région de responsabilité » qui s'étend de la région du Golfe persique à l'Asie centrale et a été créée en 1980 sous l'administration Carter à cause des réserves de pétrole qui s'y trouvent. Les deux tiers des réserves de pétrole du monde et près de la moitié des sources de gaz naturel se trouvent dans ces 20 pays. En plus d'organiser des exercices d'entraînement conjoint avec les pays producteurs de pétrole, de sécuriser les champs pétrolifères et d'accomplir d'autres tâches reliées au pétrole, le commandement surveille étroitement le détroit d'Ormuz. Près de la moitié de tout le pétrole qui est transporté dans le monde passe par ce point d'engorgement qui a périodiquement été menacé de perturbations. Je pense qu'environ 15 % de toutes les dépenses militaires conventionnelles vont au soutien des missions et des stratégies du Commandement central, et 75 % de ces dépenses sont liées à la sécurité et au transport du pétrole en provenance de la région et à travers la région, comme le montre le tableau 1.

Le Commandement du Pacifique assure le transport du pétrole surtout par le Détroit de Malacca qui est l'un deux principaux points stratégiques d'engorgement du pétrole. Quinze millions de barils de pétrole transitent par jour du Moyen-Orient et de l'Afrique de l'Ouest vers l'Asie. Ce pétrole est particulièrement important pour un autre pays qui a besoin de pétrole, le Japon, un allié important des États-Unis dans la région. Le Commandement du Pacifique est le plus grand des commandements, couvrant la moitié du globe. Il est aussi celui qui a le plus grand nombre de soldats sous sa responsabilité et il est un fournisseur important en soldats et en entraînement au Commandement central des États-Unis. Me basant sur l'information sur les bases, l'assignation des soldats et d'autre indicateurs, je dirais que près de 35 % des dépenses militaires conventionnelles vont aux missions et aux stratégies de ce commandement et que près de 20 % d'entre elles servent à la sécurité et transport de l'énergie dans la région.

Le Commandement des États-Unis en Europe et le Commandement des États-Unis en Afrique déploient aussi des ressources à la sécurité de l'accès à l'énergie. Créé à l'origine pour protéger l'Europe de l'Ouest, [...] le commandement européen vise présentement à faire étalage de sa puissance dans les régions riches en énergie de la mer Caspienne, du Caucase et du Moyen-Orient. De concert avec l'OTAN, le Commandement des États-Unis en Europe se concentre de plus en plus sur la sécurité énergétique en Europe, en particulier depuis la révision du Concept stratégique de l'OTAN en 1999. Finalement, le commandement est responsable de la supervision de la construction du nouveau commandement, le Commandement des États-Unis en Afrique, qui a vu le jour dans le contexte de la concurrence pour les ressources pétrolières découvertes récemment. J'estime qu'environ 25 % du budget militaire est consacré aux stratégies militaires liées à l'Europe et à l'Afrique et que les deux cinquièmes environ de ces montants sont affectés à la sécurité des approvisionnements en pétrole et en énergie.

Le Commandement des États-Unis dans le Nord et le Commandement des États-Unis dans le Sud sont responsables de l'Amérique du Nord et du Sud et des eaux qui les entourent. Bien que le Canada, le Mexique et le Venezuela comptent parmi les cinq premiers pays exportateurs de pétrole vers les États-Unis, je n'ai pas trouvé d'activités du commandement du Nord et du Sud qui méritent d'être inclues dans mon estimé.

En divisant le budget militaire selon les régions géographiques et en examinant les activités qui y sont menées, j'en conclus qu'environ 90 milliards seront dépensés cette année pour sécuriser l'accès au pétrole et le transport du pétrole de pair avec d'autres ressources énergétiques.

Ce chiffre ne comprend pas les grandes sommes qui ont été investies dans la guerre en Irak. Même si l'administration Bush a prétendu que les États-Unis ont envahi l'Irak en raison des armes de destruction massive, tout indique que c'est le pétrole qui était le motif. Depuis la Deuxième Guerre mondiale et les rencontres historiques entre le président Roosevelt et le dirigeant de l'Arabie saoudite, la politique des États-Unis a visé à établir une place forte dans la région. Avant l'invasion, l'administration Bush avait déjà fait des plans en ce qui concerne l'industrie pétrolière et en ce moment même, les troupes américaines entourent et sécurisent les champs pétrolifères.

Depuis 2003, la guerre en Irak a coûté aux contribuables américains trois-quarts d'un billion de dollars, comme le montre le tableau 2. Même si les dépenses pour cette guerre vont baisser cette année, en incluant la guerre en Irak on arrive à un total de 166 milliards de dollars affectés à la sécurité de l'accès au pétrole. D'autres analystes parleront de l'importance stratégique de l'Afghanistan dans une région riche en ressources, mais les dépenses pour cette longue guerre et occupation ne sont pas inclues dans cette analyse.

Récemment, le président Obama a apaisé l'industrie pétrolière en ouvrant de larges portions de la Côte Est, des eaux du Golfe et d'autres endroits au forage. [...] Si la production devait s'accroître, cela pourrait faire baisser les prix. [...]

Anita Dancs est professeur adjoint d'économie au Collège de l'ouest de la Nouvelle-Angleterre et économiste au Centre d'économie populaire.

SOURCES : Energy Information Administration (eia.doe.gov). Les estimés ont été précisés et mis à jour à partir d'un article précédent signé par Anita Dancs, Mary Orisich et Suzanne Smith, « Le coût militaire à payer pour sécuriser l'énergie », National Priorities Project (nationalpriorities.org), Octobre 2008.

Une surabondance de pétrole?
- James Hamilton, Econbrowser -

On dit que le monde est inondé de pétrole. Le problème, c'est que ce pétrole est passablement dispendieux.

Prenons le Canada par exemple. Le pays a réussi à augmenter sa production de pétrole d'un million de barils par jour depuis une décennie. Mais la plus grande part de cette augmentation provient des sables bitumineux. Si cette production canadienne était du pétrole brut conventionnel, elle serait d'un tiers de million de barils par jour inférieure à 1973, lorsque la production du pétrole était à son sommet.


Production canadienne de pétrole brut, 1947-2013, en millions de barils par jour. En bleu : brut conventionnel et condensats de gaz naturel. Orange : sables bitumineux. (Source : Association des producteurs de pétrole du Canada)

Même sans tenir compte des coûts environnementaux, ce pétrole est dispendieux. Il était profitable lorsque le West Texas Intermediate était à plus de 90 $. Mais la semaine dernière [au début de décembre], le WTI a fermé à 66 $. Voici quelques-uns des estimés du Wall Street Journal :

Le seuil de rentabilité pour les mines en surface de sable bitumineux est parmi les plus dispendieux au monde, environ 85 $ le baril, selon la banque de la Nouvelle-Écosse. Les coûts d'exploitation dans les mines existantes sont moins de la moitié de ce montant. Mais le seuil pour les projets in situ, dans lesquels le bitume est chauffé et pompé à la surface, oscille entre 40 $ et 80 $ le baril. Ce sont ces projets qui représentent la plus grande part de la croissance à venir.

Regardons maintenant du côté des États-Unis, où la production s'est accrue de 2 millions de barils par jour depuis 2004. Plus de 3 millions de barils par jour de cette croissance proviennent de la fracturation du pétrole emprisonné dans d'étroites formations géologiques. Sans ce pétrole de formations étanches, la production des États-Unis serait en baisse de plus d'un million de barils par jour au cours des dix dernières années et inférieure de 5 1/2 millions de barils par jour par rapport au sommet de 1970.


Centres de production de pétrole brut, [par source], 1860-2013, en millions de barils par jour

Les estimés varient, mais ces bas prix ont comme effet inévitable de décourager tout nouvel investissement en pétrole de formations étanches. Sans l'ajout continuel de nouveaux forages, la production du pétrole de formations étanches des États-Unis chuterait subitement. Il en va de même pour l'économie de forage en haute mer, qui soutient de façon importante la production aux États-Unis et dans le monde mais qu'il est difficile de maintenir à cause des bas prix actuels.

Pourquoi est-ce que je soulève la question des coûts pour les producteurs de pétrole du Canada et des États-Unis ? C'est parce que sans le succès du Canada et des États-Unis, la production mondiale du pétrole brut aurait chuté au cours de la dernière décennie.


Centres mondiaux de production de pétrole brut et de condensats de gaz naturel, 1980-2013, en millions de barils par jour.

Il est vrai qu'une partie de la stagnation dans la production mondiale est le résultat de perturbations géopolitiques, la Libye en étant le meilleur exemple. La production de la Libye a rebondi de beaucoup cette année, contribuant à l'offre excédentaire.

Mais la Libye demeure un endroit très instable. On peut très bien entrevoir ces gains récents être renversés une fois de plus dans les mois qui viennent. Pas besoin non plus d'être un inquiet chronique pour voir la possibilité de turbulence géopolitique dans des endroits comme le Nigeria et l'Irak qui réduiraient leur production, laquelle, les deux compris, a représenté plus de 5,4 millions de barils par jour de tout l'approvisionnement mondial en pétrole l'an dernier.

En bref, c'est ça la situation. Le surplus actuel de pétrole est avant tout le résultat du succès de la production non-conventionnelle de production pétrolière en Amérique du Nord, et nous savons que de nouveaux investissements dans cette production ne sont pas viables aux prix actuels. Sans cette production, le prix du pétrole ne pourrait se maintenir à ses niveaux actuels. Ce n'est qu'une question de temps avant que les producteurs aux coûts de production élevés décident de ralentir en réaction aux coûts élevés. C'est alors que les prix se mettront inévitablement à augmenter.

(Source : Agence d'information énergétique des États-Unis (EIA)

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