Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 135 - 10 septembre 2013

12e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001

Non à la terreur d'État américaine contre la Syrie!


Militante manifestation à Washington le 9 septembre 2013 contre l'intervention étrangère en Syrie (Cheryl LaBash)

CALENDRIER D'ACTIVITÉS

12e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001
Non à la terreur d'État américaine contre la Syrie!
La Russie propose une voie d'issue pour les États-Unis
Ne laissons pas l'impérialisme américain cacher des crimes contre la paix

Points de vue
L'essai de missile d'Israël et des États-Unis - Hilary Leblanc
Le «Bandar chimique» est-il derrière les attaques chimiques en Syrie? - Mahdi Darius Nazemroaya

À titre d'information
L'OTAN et les alliés des États-Unis émettent une déclaration qui appelle à une attaque contre la Syrie
Le déploiement militaire autour de la Syrie


12e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001

Non à la terreur d'État américaine contre la Syrie!


Washington, 9 septembre 2013

Demain est l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 et pour le président des États-Unis c'est l'occasion de déclencher la terreur d'État contre la Syrie.

En cette occasion, Le Marxiste-Léniniste réitère son opposition catégorique à toute agression contre la Syrie, par les États-Unis ou par tout autre pays. Nous réitérons notre opposition à tous les terrorismes, qu'importe la cause. Nous dénonçons spécifiquement aujourd'hui l'utilisation de groupes terroristes en Syrie par les impérialistes américains et leurs alliés, notamment la Grande-Bretagne, la France et le Canada, mais aussi l'Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar. L'armement de bandes terroristes dans des opérations insurrectionnelles pour forcer des changements de régime dans les pays qui refusent de se soumettre au diktat étranger est devenu la méthode privilégiée des impérialistes américains et de leurs alliés, de pair avec le terrorisme d'État par la guerre d'agression, les frappes à distance par drone et d'autres moyens.

L'opposition en Syrie n'est pas une opposition intérieure ; elle ne veut pas de dialogue ou de solution politique à la crise. Elle est une force terroriste rassemblée d'abord par l'Arabie saoudite, la Turquie et la Jordanie, incitée par les services secrets des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et du Qatar. C'est parce qu'elle agit à la solde des puissances étrangères que celles-ci ne veulent pas de solution politique à la guerre qui fait rage dans ce pays depuis deux ans. Même Israël, qui ne veut pas d'une Syrie forte ou d'un Liban fort, est désavantagé par la propagation du soi-disant terrorisme intégriste islamique au Moyen-Orient.

Aujourd'hui, quand le monde entier dénonce la décision que s'apprête à prendre le président américain en cette veille d'anniversaire des attentats du 11 septembre, il est on ne peut plus clair qu'en plus de soutenir le terrorisme, le président des États-Unis d'Amérique, le secrétaire d'État de ce pays, le premier ministre du Canada et son ministre des Affaires étrangères, le président de la France et d'autres sont eux-mêmes devenus des terroristes.

Les gens honorables essaient d'empêcher la guerre, ils ne la cherchent pas

Une personne honorable ou un gouvernement honorable fera tout en son pouvoir pour empêcher ou arrêter la guerre. Si Barack Obama était un homme honorable, si le premier ministre Stephen Harper ou le ministre des Affaires étrangères John Baird était honorable, ils déclareraient sans hésitation qu'il n'y a pas de preuve que le gouvernement Assad a utilisé des armes chimiques et qu'il ne faut pas aller en guerre. Ils exigeraient que les normes et les conventions internationales soient respectées pour juger la preuve s'il en est.

Les représentants au Congrès américain ont fait le serment de défendre les intérêts du peuple américain. Ces intérêts ne sont pas servis par une guerre contre la Syrie et la déstabilisation du Moyen-Orient, par les souffrances qu'on fait subir aux peuples de la région. C'est inadmissible. De même, au Canada les députés au parlement ont le devoir d'élever la voix contre le déclenchement d'une guerre sous de faux prétextes. Mais il ne semble pas y avoir parmi eux beaucoup de gens honorables.

Obama va demander au Congrès de voter en faveur d'une guerre contre la Syrie et ce soir il s'adressera à la nation. Il y a des manifestations devant le congrès à Washington et les gens se mobilisent partout aux États-Unis pour dire à leurs congressistes qu'ils doivent dire non à la guerre contre la Syrie.

Au Canada, il y a eu des manifestations dans au moins treize villes en fin de semaine dernière pour s'opposer à l'agression contre la Syrie et il y en aura d'autres dès le déclenchement d'une agression. La confiance dans la justesse de l'opposition à l'agression commise par les pires criminels de guerre et violateurs des droits humains, même s'ils prétendent agir pour les plus grandes idéaux de l'humanité, se voit sur les pancartes et dans les slogans des manifestants. Cela comprend la demande que le gouvernement Harper n'entraîne pas le Canada dans une attaque des États-Unis contre la Syrie. La désinformation impérialiste crée l'impression que les peuples n'ont aucun rôle sauf celui d'être les victimes impuissantes, que ce soit en Syrie ou au Canada, incapables de défendre les principes et de changer la situation.

Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à tous à participer à ces actions contre la guerre, à engager la discussion dans leur entourage sur la situation actuelle et à contacter leurs députés pour leur dire de ne pas faire le jeu du prétexte humanitaire pour justifier l'agression criminelle. Il est important d'être actif sur cette question parce que c'est la seule façon de s'orienter et de voir comment le Canada peut devenir une véritable force pour la paix dans le monde, en défendant le principe de la souveraineté. Cela fait partie de nos valeurs.


Des manifestations contre l'agression en Syrie se tiennent partout aux États-Unis.

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La Russie propose une voie
d'issue pour les États-Unis

À la veille du vote du Congrès américain sur une résolution autorisant une attaque contre la Syrie, la Russie a présenté une proposition à l'effet que la Syrie s'engage à remettre ses armes chimiques à la « communauté internationale » pour être détruites.

Le ministre des Affaires étrangères de la Syrie, Walid Mouallem, a répondu à la proposition en disant : « Hier [9 septembre] nous avons eu une séance de négociations fructueuses avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui a proposé une initiative concernant les armes chimiques. Et déjà en soirée, nous avons donné notre accord à l'initiative russe. » Le ministre syrien a souligné que l'objectif était de « couper l'herbe sous le pied à une agression américaine ».

On rapporte que la proposition a été faite à peine cinq heures avant les remarques « à l'improviste » du secrétaire d'État américain John Kerry, qui mène la charge pour le compte du gouvernement américain pour obtenir l'approbation du Congrès pour une attaque contre la Syrie.

Un journaliste du réseau CBS a demandé au secrétaire d'État le 9 septembre : « N'y a-t-il rien à ce moment-ci que son gouvernement puisse faire ou proposer qui arrête la guerre ? » Ce à quoi Kerry a répondu : « Bien sûr. Il peut remettre toutes ses armes chimiques à la communauté internationale au cours de la semaine qui vient. Remettez-les toutes, sans délai, et laissez-nous les compter toutes. Mais il ne le fera pas et évidemment cela ne peut pas être fait. »

Le département d'État a plus tard dit que les remarques de Kerry étaient « purement rhétoriques » et « non préparées » et qu'il s'agissait plutôt d'une plaisanterie.

Or, devant la possibilité que le Congrès refuse la guerre et devant la condamnation du peuple américain, le président Obama a dit au réseau CNN que c'était une « possible percée ».

Obama a dit au réseau NBC que le plan russe représentait « un développement potentiellement positif ». Il a également dit que cela pourrait être une tactique du président syrien pour gagner du temps.

Au réseau PBS il a dit : « J'ai demandé à John Kerry de s'entretenir directement avec les russes et si nous pouvons explorer ces efforts diplomatiques et trouver une formule qui donne à la communauté internationale un mécanisme d'application vérifiable pour ces armes chimiques en Syrie, alors je suis en faveur. »

En réaction à la proposition russe, la France a déposé une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU à l'effet que la Syrie renonce à ses armes chimiques, la menaçant de conséquences « extrêmement sérieuses » en cas de violation des engagements syriens.

Selon le premier ministre français Laurent Fabius, le projet de résolution vise à mettre l'arsenal chimique syrien « sous contrôle international » afin de le démanteler. Il se place « sous le chapitre 7 » de la Charte de l'ONU, c'est-à-dire qu'il autorise en dernier recours l'usage de la force pour contraindre la Syrie à respecter les obligations mentionnées dans le texte. Parmi ces obligations figure le déferrement des responsables de l'attaque du 21 août qui a fait 1400 morts devant la Cour pénale internationale.

Cela veut dire que si la résolution est adoptée, elle pourrait être interprétée comme une autorisation d'utiliser la force contre la Syrie, donnant ainsi un sceau de légalité à l'agression militaire que préparent les États-Unis et la France. Par ailleurs, le libellé de la résolution pourrait être interprété comme une confirmation du « fait » que des armes chimiques ont été utilisées et qu'il est par conséquent légitime d'exiger des représailles.

Cela peut également être une façon pour Obama d'obtenir l'aval du Congrès pour une attaque contre la Syrie, en la présentant non pas comme une action immédiate, mais comme un moyen de maintenir la pression sur le gouvernement syrien pour qu'il se désarme. L'approbation de l'utilisation de frappes militaires non pas comme mesure immédiate mais comme solution de rechange pour maintenir la pression sur la Syrie, avec la possibilité d'une résolution de l'ONU l'autorisant, rend le plan d'agression contre la Syrie plus vendable auprès des congressistes. Le discours américain est que le plan russe est devenu possible uniquement parce que les États-Unis se préparaient à intervenir militairement.

Plutôt que de renoncer à une agression contre la Syrie, cela pourrait être pour Obama une façon de continuer les préparatifs pour attaquer avec l'approbation du Congrès et un mandat de l'ONU.

« Cela a été très bien joué par les Russes, a dit un diplomate français à l'agence Reuters, mais nous ne voulions pas que quelqu'un d'autre présente une résolution à l'ONU qui soit faible. C'est à nos conditions et les principes sont établis. Cela place la Russie dans une situation où elle ne peut reculer. »

Le leader démocrate au Congrès américain Harry Reid a reporté le Sénat sur une attaque qui devait avoir lieu mercredi. Le vote aura quand même lieu cette semaine. Ensuite il y aura un autre vote à la Chambre des représentants, qui est dominée par les républicains.

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Ne laissons pas l'impérialisme américain
cacher des crimes contre la paix

Selon ce qu'on nous dit, le président Obama cherche une solution « diplomatique » à la question des armes chimiques en Syrie et explorera donc la voie d'issue offerte par la Russie. Et ce malgré le fait qu'il n'y a toujours pas de preuve que le gouvernement syrien a utilisé des armes chimiques contre son peuple. Par contre les preuves s’accumulent à l'effet que l'opposition syrienne soutenue par l'OTAN possède des armes chimiques.

On essaie de cacher que ce sont les États-Unis qui enfreignent les principes fondamentaux du droit international. L'usage de la force, ou la menace de l'utiliser, constitue un crime contre la paix. Les menaces des États-Unis contre la Syrie ont placé le monde dans une situation dangereuse et provoqué un mouvement mondial de protestation. Le monde a été placé dans cette position non pas par la Syrie, mais par les impérialistes américains. La France exploite le chantage impérialiste en présentant une résolution au Conseil de sécurité pour essayer de le forcer d'autoriser une invasion de la Syrie si cette dernière ne se soumet pas aux demandes des États-Unis concernant les armes chimiques. N'est-ce pas exactement ce qui s'est produit en Irak ? Sous prétexte que l'Irak possédait des « armes de destruction massive », on a exploité le rôle des inspecteurs de l'ONU pour préparer le terrain politiquement à l'invasion, d'abord sous les ordres de Bill Clinton avec Opération Desert Fox, puis de Bush Jr avec une invasion totale.

La question n'est donc pas les armes de la Syrie, mais qui tiendra l'impérialisme américain et les autres grandes puissances en échec.

Dans la situation actuelle, Obama cherche à cacher les visées agressives de l'impérialisme américain en disant chercher une solution politique. Or, la solution politique dont parlent les États-Unis n'est pas la même chose que ce que le monde entend par solution politique. L'impérialisme américain n'est pas engagé dans une voie politique, il est engagé dans un élan destructeur sans retenu. Le système impérialiste d'États est basé sur le sabotage de la politique et l'usage de la force pour régler les différends, entre rivaux comme entre adversaires. Lorsque les États-Unis parlent de solution politique, ils entendent tout simplement réaliser leur objectif de s'emparer du contrôle de la Syrie par des moyens autres que la guerre et l'invasion déclarées.

Les peuples du monde ne veulent pas des invasions et de l'armement de groupes terroristes pour forcer des changements de régime. Ils sont contre la menace de guerre constante et les actes de guerre. Ils veulent des rapports fondés sur le respect et l'égalité entre nations, grandes et petites, où la force ne fait pas le droit et où les droits de tous sont respectés et affirmés.

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Informations et points de vue

L'essai de missile d'Israël et des États-Unis

Le 30 août, alors que le monde était saisi par la perspective d'une agression militaire de l'Occident contre la Syrie, la Russie a annoncé que son système de radar à Armavir, dans le sud-ouest du pays, avait détecté le lancement de deux missiles à partir du centre de la Méditerranée en direction des côtes est de la mer. Israël a ensuite confirmé qu'il y avait eu lancement de missiles dans un communiqué publié par l'agence Reuters.

Mais Israël avait d'abord nié l'affaire, selon Al Jazeera, avant de confier à Reuters qu'il avait effectué un essai de missile en coopération avec les États-Unis. Israël déclare avoir lancé un missile radar de type Ankor dans la Méditerranée à 6 h 15 GMT, soit approximativement à la même heure que celui détecté par la Russie, dans le cadre d'un exercice impliquant son système de défense antimissile.

Voilà un exemple typique de manoeuvre de désinformation. Dans ce cas-ci, nous avons la preuve d'un lancement de missile dans un contexte évident de préparatif en vue d'une attaque militaire contre un pays souverain, mais les puissances occidentales n'invoquent pas les nobles idéaux pour demander que des mesures soient prises contre les États-Unis et Israël pour ce geste. Elles ne convoquent par le Conseil de sécurité et ne demandent pas des sanctions contre les deux pays fautifs. Il n'est pas question non plus de frappes préventives comme lorsque le gouvernement syrien se défend contre des mercenaires étrangers appelés « rebelles » ou lorsque la République populaire démocratique de Corée exerce son droit souverain de mettre en orbite des satellites de communications que les médias impérialistes appellent « missiles », ou encore quand l'Iran exerce son droit souverain de développer sa capacité nucléaire à des fins pacifiques.

Derrière ce deux poids, deux mesures, il y a le fait que les États-Unis et Israël se préparent à utiliser ces missiles contre des pays souverains comme la Syrie, peut-être aussi le Liban et l'Iran. Les essais sont la preuve que des crimes contre la paix se préparent. On ne peut avoir plus hitlérien que cela. Ils commettent des crimes mais prétendent le faire au nom de nobles idéaux, tout comme ces mêmes forces l'ont fait juste avant la Deuxième Guerre mondiale, quand elles ont encouragé Hitler à vaincre l'Union soviétique coûte que coûte. Les arguments de Goebbels et Kerry, de Chamberlain et Cameron, de King et Baird sont les mêmes. Faites entendre votre voix. Non, c'est non! Non à la guerre contre la Syrie!


Washington, DC

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Le «Bandar chimique» est-il derrière les attaques chimiques en Syrie?

Aucune des allégations des États-Unis au sujet de ce qui s'est passé en Syrie n'a de sens. Nous sommes appelés à croire à une histoire illogique, alors qu'il est beaucoup plus probable que ce soit Israël et l'Arabie saoudite qui ont permis à l'administration Obama de menacer la Syrie de guerre.

Le rapport de renseignement sur la Syrie préparé par l'administration Obama n'est qu'une reprise de ce qui s'est passé en Irak. « Beaucoup de choses ne sont pas dites clairement » dans le document de quatre pages, selon Richard Guthrie, l'ancien directeur du projet sur les guerres chimiques et biologiques mené par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Une des soi-disant pièces à conviction serait la présumée interception des communications du gouvernement syrien, mais aucune transcription n'a été présentée comme preuve.

Il en va de même pour les discours de l'administration Obama qui font tout sauf confirmer de façon irréfutable ce qui s'est vraiment passé. Rien n'est confirmé de façon catégorique dans le rapport de renseignement. Ce document officiel a toutes les allures d'une thèse superficielle produite par un étudiant collégial ou universitaire, rédigé par quelqu'un qui jongle avec les mots plutôt que par de véritables experts en la matière.

Le rapport tourne en rond, se fiant à des réseaux sociaux qu'on ne nomme pas et à des racontars en tant que preuves et données. Sans transparence, il affirme qu' « il y a des comptes rendus de la part de personnel médical international et syrien, des vidéos, des témoignages, des milliers de rapports provenant des médias sociaux d'au moins douze endroits différents dans la région de Damas, des comptes rendus de journalistes et des rapports provenant d'organisations non-gouvernementales ».

On a fort à parier que ces sources sans nom sont en réalité des insurgés financés internationalement, les médias israéliens, les médias saoudiens, l'Observatoire syrien pour les droits de la personne (qui a dans ses rangs ceux qui militent avec les rebelles et qui considèrent que l'Arabie saoudite est un modèle de la démocratie) ainsi que l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières. Il s'agit des mêmes sources qui appuient depuis le début l'insurrection et qui favorisent un changement de régime et une intervention militaire en Syrie.

Qui plus est, une des principales sources de renseignement et d'interception des communications devant servir de preuve probante est nulle autre qu'Israël, pays notoire pour son recours à la manipulation et la falsification de preuves.

Le rapport de renseignement des États-Unis prétend aussi avoir eu connaissance des plans d'une attaque d'armes chimiques plusieurs jours avant que celle-ci ne se produise. Un spécialiste en matière d'armes chimiques, Jean Pascal Zanders, chargé de recherche principal à l'Institut des études de sécurité de l'Union européenne, pose la question : pourquoi le gouvernement étasunien n'a-t-il donc pas alerté le monde entier du danger imminent d'une attaque chimique ?


Washington, DC

Une conspiration Israélo-saoudienne?

Les forces antigouvernementales combattant en Syrie et supportées par les États-Unis ont un lien définitif avec les armes chimiques. Et pourtant, Obama et cie ne disent rien.

En dépit des accusations portées par les forces antigouvernementales à l'effet que l'armée syrienne aurait lancé une attaque d'armes chimiques contre Homs à Noël, en décembre 2012 CNN rapportait que l'armée étasunienne entraînait des combattants antigouvernementaux dans la sécurisation et la manipulation d'armes chimiques. Portant le nom de Destructive Wind Chemical Battalion, les insurgés ont même menacé d'avoir recours aux gaz neurotoxiques et ont lancé une vidéo où ils tuent des lapins et disent que c'est le sort qui pourrait être réservé à la Syrie.

Selon le quotidien français Le Figaro, deux brigades de combattants antigouvernementaux formées par la CIA, les Israéliens, les Saoudiens et les Jordaniens, auraient traversé en Syrie par les frontières du Royaume hachémite de Jordanie pour donner l'assaut, les 17 et 19 août 2013. Les États-Unis ont sans doute investi grandement dans l'entraînement des deux brigades antigouvernementales. Si c'est le cas, certains pourraient spéculer que leur défaite aurait été le signal d'une attaque chimique à Damas, un plan B, en quelque sorte.

La question se pose : comment ces combattants ont-ils eu accès à des armes chimiques ? Plusieurs indices pointent vers l'Arabie saoudite. Selon le journal britannique Independent, c'est le prince Bandar de l'Arabie saoudite qui aurait le premier « alerté les alliés occidentaux du recours présumé du régime syrien au sarin en février 2013 ». La Turquie aurait arrêté des militants syriens sur son territoire avec du sarin que ces terroristes devaient utiliser en Syrie même. Le 22 juillet, les insurgés devaient aussi prendre d'assaut Al-Assal et tuer tout témoin pour dissimuler leurs actes.

Un rapport signé Yahya Ababneh et auquel a contribué Dale Gavlak contient le témoignage de personnes qui disent que « certains rebelles ont reçu des armes chimiques via le chef des renseignements saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et sont responsables d'avoir mené des attaques aux gaz ».

Le rapport du Mint Press News contribue grandement à cette histoire, contredisant de plein fouet les prétentions du gouvernement étasunien. Une insurgée y est citée et des liens sont faits qui impliquent clairement l'Arabie saoudite. Elle dit que ceux qui les ont fournis en armes « ne leur ont pas expliqué à quoi ces armes servaient ni comment s'en servir » et qu'eux ne savaient pas « qu'il s'agissait d'armes chimiques ». « Lorsque le prince Bandar offre de telles armes au peuple, il doit d'abord les offrir à ceux qui savent comment les manipuler et s'en servir », aurait-elle dit.

Le rapport met en relief un autre lien saoudien : « Abdel-Moneim a dit que son fils ainsi que douze autres rebelles avaient été tués dans un tunnel devant stocker des armes fournies par un militant saoudien, dont le nom serait Abu Ayesha, qui dirigeait un bataillon de combattants. Le père a décrit les armes comme étant d'une « structure tubulaire » tandis que d'autres ressemblaient à « d'énormes bombonnes de gaz ».

Ainsi, il semblerait que les Saoudiens aient facilité l'attaque chimique tandis que les Israéliens auraient camouflé leur intention de déclencher une guerre généralisée, ou du moins de faciliter une campagne de bombardement contre Damas. Israël et l'Arabie saoudite ont assisté l'administration Obama à menacer la Syrie de guerre.

Obama cherche à changer le rapport de force en Syrie

Le discours moralisateur provenant de Washington relève du cirque et est ignoble. L'hypocrisie du gouvernement étasunien est sans bornes. Celui-ci condamne l'armée syrienne parce qu'il aurait recours aux bombes à fragmentation tandis que les États-Unis vendent massivement de telles bombes à l'Arabie saoudite.

Si les inspecteurs de l'ONU sont entrés en Syrie, c'est d'abord à l'invitation du gouvernement de Damas. Le gouvernement syrien avait informé l'ONU depuis des semaines que les milices antigouvernementales tentaient d'avoir recours aux armes chimiques après qu'elles eurent pris contrôle d'une usine de chlore à l'est d'Aleppo. En guise de prévention, l'armée syrienne a depuis concentré toutes ses armes chimiques dans des complexes bien protégés afin que les forces antigouvernementales ne puissent y avoir accès. Pourtant, les insurgés ont lancé une attaque aux armes chimiques contre les forces du gouvernement syrien à Khan Al-Assal le 19 mars 2013. Déformant totalement la vérité, les insurgés et leurs supporteurs étrangers, y compris le gouvernement des États-Unis, tentent de tenir le gouvernement syrien responsable des attaques chimiques, allégations qui ont été réfutées en mai par l'enquêteur de l'ONU, Carla Del Ponte, après un travail d'enquête intensif.

Au sujet de l'attaque présumée du mois d'août, l'administration Obama ment et se contredit depuis des jours. Ses porte-parole disent que les traces d'armes chimiques ne peuvent être éliminées mais que tout de même le gouvernement syrien aurait réussi à détruire des preuves qui ne peuvent être éradiquées. Aussi prétendent-ils vouloir une enquête alors qu'ils affirment déjà avoir toutes les réponses.

Les allégations à l'effet que le gouvernement syrien aurait eu recours aux armes chimiques dans la banlieue de Ghouta défient toute logique. Pourquoi le gouvernement syrien aurait-il eu, sans raison, recours à des armes chimiques dans une région qui est sous son contrôle et pourquoi se tirerait-il ainsi dans le pied en offrant aux États-Unis et à leurs alliés un prétexte pour intervenir? Et que dire du choix de la date pour agir ainsi? L'administration Obama voudrait nous faire croire que le gouvernement syrien aurait choisi la journée-même où les inspecteurs des Nations unies sont arrivés à Damas.

Même la British Broadcasting Corporation a avoué que cette situation était pour le moins étrange. Le rédacteur en chef pour le Moyen-Orient Jeremy Brown a lui-même soulevé qu'il était tout de même curieux que le gouvernement syrien ait eu recours à de telles armes au moment de la visite des inspecteurs de l'ONU, et à un moment où l'armée mène l'offensive dans la région de Damas.

Les États-Unis accusent le gouvernement syrien d'avoir recours aux armes chimiques, mais les porte-parole étasuniens ont une longue tradition d'avoir recours aux mensonges pour déclencher des guerres contre d'autres pays. C'est le modus operandi constant des États-Unis, depuis le Vietnam jusqu'à la Yougoslavie, de l'Irak jusqu'à la Libye.

Ce n'est pas la Syrie qui agit à l'encontre de la communauté internationale, mais bien les fauteurs de guerre de Washington, y compris l'administration Obama.

Washington menace d'attaquer la Syrie pour tenter de prolonger les combats en Syrie. Le gouvernement étasunien veut aussi avoir un rôle plus important à jouer dans toutes futures négociations en restaurant le rapport de force entre le gouvernement syrien et les alliés des États-Unis, les insurgés antigouvernementaux, pour faire en sorte que l'armée syrienne soit ébranlée et pour ainsi stopper son offensive victorieuse contre l'insurrection. Que les États-

Unis veuillent ou non affaiblir Damas en faveur des insurgés, il est certain qu'ils veulent tout au moins rétablir un équilibre tout en portant un important coup au gouvernement syrien avant la tenue d'une négociation finale.

La « R2P » - la responsabilité de protéger - doit maintenant faire place à une nouvelle « R2P » - la « responsabilité de prévenir la guerre »

(Traduction: LML)

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À titre d'information

L'OTAN et les alliés des États-Unis émettent une déclaration qui appelle à une attaque contre la Syrie

Le 6 septembre, les dirigeants et des représentants des puissances membres de l'OTAN et des pays alliés ont émis une déclaration conjointe qui appelle à une action internationale contre la Syrie sur la base des allégations, ne reposant sur aucune preuve, à l'effet que le gouvernement syrien aurait utilisé des armes chimiques lors d'une attaque le 21 août dernier. L'Australie, le Canada, la France, l'Italie, le Japon, la République de Corée, l'Arabie saoudite, l'Espagne, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis ont signé la déclaration pendant la réunion du G-20 à Saint-Pétersbourg en Russie.

La déclaration reprend la position belliciste qui est maintenant donnée par plusieurs promoteurs d'une agression militaire contre la Syrie, à savoir qu'une frappe militaire est nécessaire afin de prévenir d'autres attaques aux armes chimiques.

« La norme internationale contre l'utilisation d'armes chimiques est ancienne et universelle, lit-on dans la déclaration. Le recours aux armes chimiques partout diminue la sécurité des personnes partout. Ne pas le sanctionner, c'est accroître le risque d'une nouvelle utilisation et de la prolifération de ces armes. »

Les pays signataires ferment délibérément les yeux sur le faire qu'aucune preuve n'existe pour appuyer l'allégation que le gouvernement Assad utilise les armes chimiques. « Les éléments de preuve indiquent clairement que le gouvernement syrien est responsable de cette attaque, laquelle s'inscrit dans la pratique de l'utilisation d'armes chimiques par ce régime. »

Cela est suivi d'un mensonge flagrant au sujet des règles et des principes régissant les affaires internationales en ce qui concerne la préservation de la paix. Ils lancent l'appel « à une réponse internationale forte qui enverra le message clair que ce genre d'atrocité ne doit jamais se répéter. Ceux qui ont perpétré ces crimes doivent être tenus responsables. »

Les gouvernements de ces pays fauteurs de guerre disent tous que puisque le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas été capable d'en arriver à l'unanimité pour approuver une attaque contre la Syrie, il revient aux États-Unis d'entreprendre une action afin de « tenir la Syrie responsable ».

Nul doute que cette déclaration commune a été faite dans le but de surmonter l'opposition qui existe au Congrès américain à une attaque militaire puisque maintenant  « nos alliés nous appuient ». 

Les pays signataires ne se demandent même pas pourquoi il n'y a pas unanimité au Conseil de sécurité. L'absence d'unanimité est plutôt considérée comme un blocage à la réalisation de quelque chose qui est déjà décidé, alors mieux vaut l'ignorer.

« Les signataires ont constamment soutenu l'adoption d'une résolution énergique par le Conseil de sécurité de l'ONU, au vu des responsabilités qui lui incombent de piloter la réponse internationale, mais ils reconnaissent que le Conseil demeure paralysé, comme il l'est depuis deux ans et demi.»

Autrement dit, seul un processus qui garantit le résultat désiré par les États-Unis est acceptable.

« Le monde ne peut pas passer son temps à attendre, devant des processus sans cesse voués à l'échec qui ne peuvent que conduire à une augmentation de la souffrance en Syrie et à l'instabilité régionale », déclarent-ils, pour ensuite donner le feu vert aux États-Unis, un pays qui a utilisé l'arme nucléaire, les armes chimiques et bactériologiques à d'innombrables occasions, pour « renforcer l'interdiction de l'utilisation d'armes chimiques ».

Pour le comble, les pays signataires qui donnent ainsi leur aval à un acte d'agression contre la Syrie osent dire en conclusion qu'ils veulent une résolution politique au conflit. Ils disent être préoccupés par « la violence des deux côtés » et la situation humanitaire qui s'est créée en Syrie. Ils clament leur innocence quand on sait que ce sont ces mêmes pays qui financent et arment les « rebelles » mercenaires pour provoquer une contre-insurrection, laquelle sert ensuite de prétexte pour commettre des crimes contre le peuple syrien.

« Nous condamnons dans les termes les plus énergiques toutes les violations des droits de l'homme en Syrie, de tous les côtés, dit la déclaration. Plus de 100 000 personnes ont été tuées dans ce conflit, plus de 2 millions sont devenues des réfugiés et environ 5 millions sont déplacées sur le territoire syrien. Conscients que le conflit en Syrie n'a pas de solution militaire, nous réaffirmons notre engagement à rechercher un règlement politique pacifique à travers l'application intégrale du Communiqué de Genève de 2012. Nous sommes déterminés à trouver une solution politique qui aboutira à une Syrie unie, inclusive et démocratique. »

Elle se termine avec un appel, vraisemblablement à l'attention du gouvernement syrien et des rebelles, « à permettre aux acteurs humanitaires d'accéder en toute sécurité et sans entraves aux personnes dans le besoin ».

On voit bien que ceux qui demandent l'agression au nom d'une cause humanitaire, comme le Canada, et qui veulent un accès non entravé pour leurs agences « humanitaires », veulent tout simplement contrôler ceux qui sont devenus des victimes à cause d'eux. Ils ne veulent surtout pas que ces victimes viennent chez eux demander l'asile.

Selon un communiqué émis par le cabinet du premier ministre du Canada lors du sommet du G20, « le Premier ministre Stephen Harper a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 45 millions de dollars destinée aux Syriens touchés par le conflit en Syrie de même que dans les pays voisins.

« Le soutien du Canada aidera les organismes humanitaires à fournir de la nourriture, de l'eau potable, des installations sanitaires, de l'aide médicale, des abris et une protection aux Syriens touchés par le conflit, autant à ceux qui se trouvent au pays qu'à ceux qui ont fui vers les pays voisins.« Avec cette annonce, le Canada a versé 203,5 millions de dollars en aide humanitaire en réponse à la crise en Syrie depuis janvier 2012. »

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Le déploiement militaire autour de la Syrie


Cliquer sur l'image pour agrandir (AFP, September 2, 2013)


Cliquer sur l'image pour agrandir (Voice of America, August 29, 2013)

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