Agenda
du
gouvernement
Harper
Le gouvernement facilite
la traite des personnes au nom
de la lutte à l'immigration clandestine
- Enver Villamizar -
Les travailleurs
migrants et leurs alliés au pied du Monument à la
liberté
dédié au chemin de fer clandestin, à
Windsor,
liant la lutte contre
l'esclavage à la lutte d'aujourd'hui contre la traite des
personnes.
Le projet de loi C-4 du gouvernement Harper,
également connu
sous le nom de Loi visant à empêcher les passeurs
d'utiliser
abusivement le système d'immigration canadien, est
actuellement
débattu à la Chambre des communes. Les
ministres du gouvernement disent que le projet de loi vise à
réprimer la traite
des personnes - une pratique que répugnent les Canadiens et
qu'ils voudraient éradiquée. Or, si le projet
de loi C-4 prétend vouloir mettre fin à la traite
des personnes, le
projet de loi C-10, le projet de loi omnibus du gouvernement sur la
criminalité, contient des modifications à la Loi sur
l'immigration qui donnent au gouvernement le rôle de
protecteur du système établi de la traite
des personnes.
Y a-t-il une différence entre l'immigration
clandestine et la traite des personnes?
La GRC définit l'immigration clandestine de comme
suit :
« Le passage de clandestins est une forme de
migration illégale où
il y a passage organisé à la frontière
internationale d'une personne,
habituellement en échange d'une somme d'argent et parfois dans
des
conditions dangereuses. Une fois la personne parvenue à
destination, elle n'a
plus de lien avec le trafiquant. Il arrive que la personne ayant
accepté
d'entrer illégalement dans un pays devienne ensuite la victime
du
passeur. »
En réalité, l'immigration
clandestine est la manière dont de
nombreux réfugiés se retrouvent typiquement en
sécurité au-delà des
frontières de leur propre pays.
La GRC définit la traite des personnes de cette
façon :
« La traite de personnes est le fait de
recruter, de déplacer ou
d'héberger des personnes en vue de les exploiter (habituellement
pour
l'industrie du sexe ou le travail forcé). Les trafiquants
n'hésitent pas à faire
usage de force ou de violence physique ou émotionnelle, à
agresser
sexuellement leurs victimes ou à les menacer de violence pour
les garder
sous leur emprise. La traite de personnes peut se faire à
l'intérieur d'un pays
ou d'un pays à un autre, peut impliquer de vastes réseaux
du crime organisé
et constitue sans l'ombre d'un doute une violation aux droits de la
personne
fondamentaux. Les victimes et les trafiquants sont en relation
continue,
même après le passage à la frontière. Les
victimes peuvent être contraintes
au travail forcé, à la prostitution ou à d'autres
formes de servitude, subir des
abus avant, durant et après le déplacement et elles
risquent la mort si elles
essaient de s'échapper. »
Autant la traite des personnes que
l'immigration
clandestine
sont des infractions en vertu des lois fédérales
existantes. Comme l'a montré LML, au nom de la
poursuite des passeurs
qui profitent du sort des futurs
réfugiés, le projet de loi
C-4 introduit en fait de nouvelles mesures draconiennes
contre
les réfugiés eux-mêmes. D'autre part, si le
gouvernement parle d'immigration clandestine
tout en camouflant la traite des personnes, c'est qu'il cherche
à légaliser son propre Programme des
travailleurs
étrangers temporaires. En vertu de ce programme, de nombreux
travailleurs
migrants disent avoir été induits en erreur en payant des
« agents » dans leur pays d'origine et au Canada,
afin de
travailler sous les auspices de ce programme. Des travailleurs ont
déclaré
qu'ils travaillent
essentiellement au Canada pour rembourser les dettes qu'ils se sont
engagés
à payer à des « agents » pour
pouvoir travailler au
Canada.
Les
travailleurs migrants dénoncent leur
situation à Windsor lors de la
Caravane pour la liberté, le 25 septembre 2011
|
Lorsque les travailleurs se plaignent de ces
arrangements ou
s'organisent pour dénoncer des employeurs qui utilisent des
agents, ils sont
souvent expulsés vers leur pays d'origine, tandis qu'aucun
châtiment
exemplaire n'est imposé à ceux qui abusent des droits des
travailleurs. Les
conditions de ces travailleurs sont le résultat de leur position
vulnérable,
sans aucun droit, en vertu du programme fédéral. Et
voilà que maintenant, le gouvernement Harper propose, dans le
cadre du projet de
loi omnibus du gouvernement sur la criminalité des mesures qui
permettront
aux agents d'immigration d'empêcher qu'un permis de travail soit
livré à un
travailleur migrant « qui risque d'être
humilié ou de faire l'objet d'un
traitement dégradant, y compris l'exploitation sexuelle ou le
trafic
humain ». En d'autres termes, il crée plus de mesures
pour éliminer
les travailleurs migrants qui s'organisent pour s'opposer à des
conditions de
travail injustes et aux violations de leurs droits. En attendant, rien
n'est fait
pour sévir contre ceux qui commettent des infractions contre les
droits, les
agents et les entreprises qui emploient des migrants, afin de dissuader
d'autres de faire la même chose. De cette façon, le
gouvernement organise
un système étatique de la traite des personnes et met en
place des mesures
pour criminaliser ceux qui prennent position à la défense
de leurs
droits. Le discours à propos de «la lutte à
l'immigration clandestine et
le trafic
humain » est de la poudre aux yeux pour
dissimuler ce qui se
passe réellement. Ne nous laissons pas duper par ce gouvernement.
Le prolongement de la mission en Libye
montre l'urgence de
s'organiser
pour un gouvernement anti-guerre
- Philip Fernandez -
Le « débat » qui a eu lieu
au parlement le
26 septembre sur le prolongement de la mission canadienne en Libye
et le vote qui a suivi sont un affront à la vaste
majorité des Canadiens qui
aspirent à la paix et à la justice. Le vote de
189 contre 98 en faveur du prolongement sert à
l'ambition
du gouvernement de guerre de Stephen Harper, secondé par les
libéraux et
d'autres, de faire du Canada un joueur important (« jouer
dans la cour
des grands ») dans les plans de l'impérialisme
anglo-américain pour
dominer le Moyen-Orient, l'Afrique puis le monde entier. Il participe
aussi aux ambitions des monopoles et financiers canadiens qui
désirent
s'implanter en Libye et ailleurs pour exploiter et opprimer les peuples
et
nations sous couvert de la doctrine impérialiste et coloniale de
la
« responsabilité de protéger ».
Dans son intervention, le ministre de la Défense
Peter MacKay a dit
entre autres : « Je suis vraiment heureux et
honoré de parler de
la contribution exceptionnelle et fière du Canada à la
création d'une
nouvelle Libye, qui s'est débarrassée d'un régime
tyrannique et dictatorial et
qui, après une quarantaine d'années, pourra enfin
répondre aux besoins et
aux aspirations de sa population. » Le XXe siècle a
été témoin d'un
essor des luttes anticoloniales des peuples du monde, en particulier
après la
défaite de l'Allemagne nazie par l'Union soviétique
durant la Deuxième
Guerre mondiale, pour en finir avec l'asservissement aux puissances
étrangères. Et voilà maintenant Peter MacKay qui
déclare que le Canada est
le juge des besoins et aspirations du peuple libyen !
Pour leur part, les libéraux, qui avaient dit
qu'ils s'opposeraient au
prolongement de la mission, ont fini par se ranger du côté
de la guerre et de
l'agression. Le chef libéral Bob Rae a dit :
« J'informe la
Chambre que le Parti libéral estime que le Canada devrait
continuer de
participer aux efforts des Nations unies, de nos alliés de
l'OTAN et de la
communauté libyenne, tant au Canada qu'en Libye. J'affirme
très
vigoureusement que le Canada doit renforcer son engagement
auprès de la
société civile en Libye ainsi qu'à l'égard
des grandes questions de
gouvernance et de réforme, non seulement en Libye, mais
également dans
l'ensemble de l'Afrique du Nord. » Les libéraux
veulent maintenant
réclamer toute l'Afrique du Nord !
Le NPD n'a pas voté
en faveur de la motion mais
continue de maintenir
qu'il y a une distinction à faire entre une mission militaire et
une mission
civile. Le critique du NPD aux affaires étrangères, Peter
Dewar, a dit qu'en
ce qui concerne le NPD il s'agit maintenant de mettre fin à la
mission
militaire et d'aider le peuple libyen parce que « la
situation sur le
terrain exige des efforts considérables, tant pour la
reconstruction que pour
l'appui des civils » et que le Canada a besoin
d'« une approche
globale, y compris un appui multidisciplinaire pour le droit
humanitaire, les
droits de la personne, le maintien de l'ordre, le développement
économique,
les processus constitutionnels, la surveillance des élections et
d'autres
éléments essentiels pour l'édification de
l'État ».
Une logique fasciste
C'est la logique fasciste qu'avait
proposée Mussolini à la Ligue des nations en
1935 pour justifier
l'invasion de l'Éthiopie : que le gouvernement
éthiopien
« asservissait » son peuple. L'Italie fasciste a
envahi l'Éthiopie
avec l'appui de la Grande-Bretagne, de la France, du Canada et
d'autres. Ce
crime contre le peuple éthiopien s'inscrivait dans une
chaîne d'événements
comprenant le renversement de la République espagnole par le
général
Francisco Franco avec l'appui de Hitler et de Mussolini en
1939 – qui mena à la Deuxième Guerre mondiale et
à la mort
de plus de 50 millions de personnes. C'est dans ces eaux troubles que
pêchent Stephen Harper, Bob Rae et d'autres fauteurs de guerre et
dans
lesquelles ils veulent entraîner le Canada. Cela ne fera
qu'accroître la
déstabilisation et le danger d'une troisième guerre
mondiale d'une envergure
catastrophique.
Il faut prendre résolument
position contre toute
forme d'intervention
étrangère et tout recours à la force dans le
règlement des conflits entre
nations, au-delà des convictions politiques et
idéologiques. Il faut s'opposer
à toute atteinte à la primauté du droit
international permettant aux grandes
puissances et aux intérêts qu'elles représentent de
se servir de leur position
de force pour décider du sort de pays souverains, voire du monde
entier. En
affirmant le droit des nations à la souveraineté et le
droit de vivre sans
ingérence étrangère, les peuples du Canada et du
monde peuvent réaliser
leurs aspirations à un monde de paix où la
primauté du droit est garante de
leurs intérêts sur le plan international. Nous devons nous
organiser pour un
gouvernement anti-guerre qui incarne ces principes et qui contribue
positivement à la réalisation de ces aspirations
de l'humanité.
Le Canada se fait le champion de la notion de
«liberté» de la guerre
froide à l'ONU
- Dougal MacDonald -
Avec un discours qui rappelle les envolés des
grands idéologues de la
guerre froide, comme John Foster Dulles, le secrétaire
d'État pro-nazi sous
la présidence de Dwight Eisenhower aux États-Unis[1], le
ministre canadien
des Affaires étrangères John Baird est intervenu à
la 66e session de
l'Assemblée générale de l'ONU le
26 septembre. Son objectif
principal était de désinformer les Canadiens et les
peuples du monde,
d'abord en donnant une fausse interprétation des principes de
l'ONU pour
ensuite faire paraître sous un meilleur jour la politique
étrangère du
gouvernement Harper. Le ministre voulait également profiter de
l'occasion
pour rassurer les impérialistes américains que le
gouvernement Harper
continuera de les seconder par tous les moyens possibles dans leur
quête de
domination mondiale.
Baird a commencé en disant que les
Nations unies
ont été fondées sur
certains principes pour enchaîner avec une interprétation
révisée de ces
principes par addition et soustraction. Par exemple, il a omis de
mentionner
qu'un des principes fondateurs de l'Organisation des nations unies
(Chapitre 1, Article 2 de la Charte originale) est que
« les
Membres de
l'Organisation règlent leurs différends internationaux
par des moyens
pacifiques, de telle manière que la paix et la
sécurité internationales ainsi
que la justice ne soient pas mises en danger ». Autre
exemple, il
prétend qu'un des principes fondateurs est « la
prévention et
l'élimination des menaces à la paix ». C'est
pourtant faux. Le
ministre veut tout simplement faire croire que l'intervention
criminelle du Canada en
Afghanistan et en Libye est conforme aux principes de l'ONU.
Le ministre annonçait dans un communiqué
de presse son intention
d'aborder trois sujets dans son discours : « les
principes qui
sous-tendent l'approche adoptée par le Canada pour sa politique
étrangère », « les arguments sur
lesquels se fonde l'appui du
Canada aux organisations et à l'action
multilatérales » et
« l'orientation que pourraient suivre les Nations
unies ». Il fait
ensuite l'éloge de l'ancien Parti conservateur dont le chef, le
premier
ministre John Diefenbaker, avait défendu certaines
décisions du secrétaire
général de l'ONU Dag Hammarskjold (1953-61) faisant
l'objet de critiques. Il a omis de
mentionner que
Hammarskjold, élu durant la Guerre de Corée, était
resté silencieux devant
les crimes de guerre des États-Unis en Corée, soit le
massacre de plus d'un
million de personnes, la destruction de plus de deux millions
d'immeubles et
l'utilisation des armes chimiques et bactériologiques.
Hammarskjold avait
également fait campagne contre le représentant élu
du Congo Patrice
Lumumba, ce qui constituait une ingérence dans les affaires
internes de ce
pays. Lumumba fut assassiné par la CIA en janvier 1961, sept
mois après
que le Congo eut conquis son indépendance.
Et comme on pouvait s'y attendre, Baird a poursuivi son
discours de la
guerre froide avec une référence au
« totalitarisme », un
concept fasciste que ressortent constamment les pires
réactionnaires pour
tenter d'assimiler les crimes des nazis hitlériens aux grands
exploits de
l'Union soviétique dans la guerre antifasciste. Le ministre
affirme ensuite
que « le Canada ne se contente pas d'être accommodant
‘pour éviter
de faire des vagues'. Nous ne sommes accommodants que lorsque cela
contribue à promouvoir nos valeurs, c'est-à-dire la
liberté, la démocratie, les
droits de la personne et la primauté du droit. » S'il
est vrai que les
Canadiens chérissent la liberté, la démocratie,
les droits humains et la
primauté du droit, la conception qu'en a le gouvernement Harper
est très
différente. Pour lui, ce ne sont que des paroles qui servent
à consolider du
pouvoir des monopoles privés. Par exemple, Stephen Harper a
invoqué cette
« liberté » dans sa campagne contre les
agriculteurs canadiens
et la Commission canadienne du blé. Il s'en sert aussi pour
justifier la
participation du Canada au bombardement de la Libye. La
réalité est que le
Canada est toujours accommodant quand il s'agit d'aller à
contre-courant de
l'histoire.
Il a dit que, par exemple, le
gouvernement Harper a
« refusé de se
montrer accommodant pour appuyer la farce dans laquelle l'un des pays
qui
contribuent le plus à la prolifération des armes
nucléaires a présidé la
Conférence du désarmement ». Quand on entend
« pays qui
contribuent le plus à la prolifération des armes
nucléaires », on pense
immédiatement aux États-Unis, le seul pays à avoir
utilisé l'arme nucléaire
contre des citoyens d'un pays étranger,[2] qui soutient
secrètement le
programme d'armement nucléaire d'Israël, etc. Mais ce
serait oublier que M.
Baird est dans la logique de la Guerre froide et qu'il fait
référence à la
République populaire démocratique de Corée, un
pays qu'on ne saurait en
aucune manière accuser de « pays contribuant le plus
à la prolifération
des armes nucléaires » puisqu'il n'a jamais
utilisé l'arme nucléaire et
qu'il ne pratique pas le commerce des armes nucléaires. La RPDC
a maintes
fois expliqué que son programme nucléaire est un moyen de
dissuasion face
aux menaces constantes de frappe nucléaire préventive des
impérialistes
américains.[3] Mais la RPDC s'oppose résolument aux
menées de
l'impérialisme américain et c'est la raison pour laquelle
le ministre Baird a
cru bon de l'attaquer aussi gauchement.
Le ministre cherche ensuite à justifier l'appui
du gouvernement Harper à
l'agression de l'OTAN contre la Libye et aux sanctions contre la Syrie.
Il
choisit de ne tenir aucun compte de la montagne de preuves montrant que
la
prétendue « révolte » en Libye
n'est rien d'autre qu'un cas
flagrant d'intervention étrangère dans les affaires
intérieures d'un autre pays.
Le secrétaire général de l'ONU et le Conseil de
sécurité ont entraîné
l'organisation mondiale dans la violation de sa propre charte, qui
défend la
souveraineté de tous les pays, un autre principe fondateur que
John Baird a
omis de mentionner dans son discours. L'intervention de l'OTAN, d'abord
justifiée avec la « responsabilité de
protéger », est maintenant
présentée comme un effort pour établir la
« démocratie
représentative » en Libye. C'est pour duper les
crédules qu'on parle
ainsi de ce système politique en faillite.
Le ministre des Affaires extérieures du Canada
condamne ensuite les
aspirations du peuple palestinien à mettre fin à
63 ans d'occupation de
ses terres ancestrales et réitère que peu importe les
crimes qu'ils commettent
contre les Palestiniens et les autres peuples arabes, les sionistes
israéliens
auront toujours l'appui total du gouvernement Harper. Celui-ci a
d'ailleurs
l'intention d'adopter des lois criminalisant toute critique
d'Israël sous
prétexte de « lutte à
l'antisémitisme » et aux « crimes
haineux ». Mais John Baird n'a pas osé
présenter cette position
irrationnelle à l'Assemblée générale de
l'ONU dans un discours déjà
suffisamment irrationnel. Il est encore revenu à
l'idéologie de la guerre
froide en déclarant que « tout comme le fascisme et
le communisme
ont été combattus par les générations
antérieures, nous devons aujourd'hui
combattre le terrorisme », cherchant encore à mettre
dans une même
catégorie les nazis et ceux qui ont combattu les nazis. Mais son
incohérence
est totale puisque tous savent qu'aujourd'hui c'est sous l'enseigne de
la
« lutte au terrorisme » que les
impérialistes américains et leurs
bourreaux commettent des crimes contre les peuples du monde.
Le ministre Baird termine son discours en demandant
à l'ONU de se
soumettre avec plus de diligence aux visées des
impérialistes américains et
de leurs alliés et de supprimer toute
« dissidence » au sein de
l'ONU. Il parle de ceux qui refusent d'être
« accommodants »
avec les impérialistes. « Les plus grands ennemis de
l'ONU, ce sont
ceux qui sapent tranquillement ses principes ou, pire encore, qui
restent là à
ne rien faire, à regarder l'organisation s'enliser
graduellement », dit-il.
Et pour donner un autre exemple de son interprétation des
principes de
l'ONU, il invoque encore une fois John Diefenbaker :
« Cette
année le Canada marquera le 50e anniversaire de son refus,
motivé par les
principes auxquels il adhère, d'appuyer l'adhésion au
Commonwealth des
Nations du régime de l'apartheid de l'Afrique du
Sud. » Il omet
encore de mentionner que sous la gouvernance conservatrice les
monopoles
canadiens ont pu continuer leur commerce avec le régime de
l'apartheid, que
l'État canadien est intervenu contre des manifestations
anti-apartheid et que,
si Diefenbaker s'est opposé à l'adhésion de
l'Afrique du Sud au
Commonwealth, il avait cherché jusqu'à la fin un
compromis, comme
l'allocation de quelques sièges à des non-blancs au
parlement sud-africain.
Dix ans plus tard, il était favorable à la reprise du
commerce des armes
britanniques à l'Afrique du Sud en invoquant des arguments de
guerre
froide.
Notes
1. La firme d'avocats de Dulles faisait des affaires
avec les nazis et Dulles a publiquement défendu Hitler. Il fut
un des
directeurs de la filiale de la I.G. Farben de 1927 à
1934 et
avocat de William Weiss, le président nazi de cette même
organisation. En
1930, Dulles a convaincu la famille tchèque richissime Petscheks
de vendre
ses intérêts dans la Silesian Coal, achetée par la
suite par le criminel de
guerre nazi Friedrich Flick et son partenaire américain Prescott
Bush, père et
grand-père des deux présidents des États-Unis.
Dulles était un fiduciaire de
la Fondation Rockefeller de 1935 à 1952. À titre de
secrétaire d'État
de Eisenhower de 1953 à 1959, il a joué un
rôle important dans la
mise en oeuvre de la politique du « refoulement du
communisme », avec notamment le renversement de Mossadegh en
Iran et d'Arbenz au Guatemala. Son frère Allen fut le premier
directeur de
la CIA.
2. Le matin du 6 août 1945, les
États-Unis ont largué une bombe
atomique sur Hiroshima, tuant 140 000 personnes sur le coup et
237 000 par la suite. Trois jours plus tard, ils larguaient une
deuxième
bombe atomique, cette fois-ci sur Nagasaki, tuant 8500 personnes et
entraînant subséquemment la mort de plus de 70 000
personnes.
3. La menace de frappe nucléaire
préventive est très réelle et pèse depuis
très longtemps. En juillet 1950, durant la guerre de
Corée, le général
Douglas McArthur proposa d'utiliser l'arme atomique. Des documents
récemment déclassifiés établissent que
Richard Nixon avait songé à lancer
une frappe préventive contre la RPDC en 1969. En 2005,
l'ex-secrétaire à la
défense William Perry cosignait un article dans le Washington
Post dans lequel il proposait une attaque contre la RPDC.
Énergie
Manifestation devant le parlement
contre le pipeline XL
Plus de 1000 personnes se sont rassemblées sur la
Colline du parlement
le 26 septembre, pour s'opposer au pipeline XL Keystone et aux
dommages à l'économie canadienne, aux dangers pour
l'environnement que
le pipeline causera en expédiant le pétrole brut de
l'Alberta vers la côte du
golfe américain. Le rassemblement comprenait des gens de la
nation
Dene, qui ont sur leur territoire traditionnel les sables bitumineux,
des
communautés de la Colombie-Britannique où le pipeline
Northern Gateway
doit passer, et d'autres communautés des Premières
Nations. Il y avait
également le Syndicat canadien de l'énergie des
communications et du
papier (SCEP), avec des travailleurs du pétrole de Fort McMurray
et des
travailleurs de raffineries de Montréal, ainsi que le Conseil
des Canadiens,
des organisations environnementales et d'autres.
Le président
du SCEP Dave
Coles (centre)
avec des travailleurs du secteur de l'énergie
de
Ft. McMurry et Montréal.
|
Lors d'une conférence de presse conjointe avant
le rassemblement sur la Colline
parlementaire, des dirigeants du SCEP et de la Fédération
du Travail de
l'Alberta (AFL) ont
expliqué leur opposition à Keystone XL à cause de
ses
impacts négatifs sur
l'environnement, la perte d'emplois potentiels et le tort causé
à l'économie
canadienne.
« C'est vraiment comme des billots
bourrés de stéroïdes,
a dit David Coles, président du SCEP. Vous volez le bitume et le
pompez
aux États-Unis. Ils ont les emplois et nous nous retrouvons avec
le désastre
environnemental qui reste. Le gouvernement a une mauvaise approche
sur l'économie, il n'a pas de stratégie nationale de
l'énergie et il n'y a pas
de débat au Parlement à propos de l'environnement et
toutes les ressources
renouvelables. Nous construisons nos pipelines du nord vers le sud. Il
y a là
une question de sécurité énergétique
nationale ; il n'y a pas de
pipelines de l'ouest vers l'est. »
Coles a souligné que
le SCEP est convaincu que le
permis pour
construire le pipeline XL est maintenant nul et non a venu parce que la
construction n'a pas commencé selon l'échéancier,
et doit maintenant être
présenté à nouveau devant la Commission nationale
de
l'énergie.
Il a souligné que l'économie et
l'environnement ne peuvent être séparés.
« Les emplois sont importants pour les Canadiens, les
emplois
sont
importants pour les Albertains ; ils sont liés à
l'environnement et on
ne peut les séparer. On ne peut être basé seulement
sur l'exportation
des ressources naturelles, que ce soit l'eau, le pétrole ou les
arbres. »
Des représentants des
peuples autochtones de tout le Canada sont
également venus
exprimer leur
opposition au projet Keystone XL et à la destruction de leurs
terres
traditionnelles.
Bill Erasmus, chef régional, nation Dene
|
George Poitras,
ancien chef de la nation crie mikisew, a fait remarquer: «Les
sables bitumineux
sont essentiellement des mines à ciel ouvert depuis 40 ans sur
des terres
traditionnelles reconnues des Premières Nations des
traités 6 et 8.» Il
expliquait dans un communiqué que «seulement 3% du
dépôt total a été exploité
au cours des 40 dernières années. Le Dr David Schindler,
un expert de renommée
mondiale, a prouvé l’année dernière qu’il n’y a eu
à toute fin pratique aucune
surveillance de ce que beaucoup considèrent comme le plus grand
projet
industriel du monde. Les peuples populations autochtones de la
région font
valoir depuis des décennies, preuve à l’appui, qu’il y a
déformation du
poisson, une détérioration de la qualité de l’eau,
une baisse des niveaux
d’eau, des impacts sur la santé de la faune et, plus
récemment, à Fort Chipewyan,
une augmentation du nombre de cas de cancers rares et agressifs.»
Il a ajouté que
les gouvernements de l’Alberta et du Canada s’appuient sur le Regional
Aquatics
Monitoring Program pour surveiller la rivière Athabasca et la
santé des
poissons. Ce programme est entièrement
financé par les
pétrolières. Les
gouvernements prétendent donc qu’ils n’ont rien trouvé
d’anormal concernant la
qualité de l’eau de cette rivière.
Or, une étude
plus poussée de la pollution de l’air et de l’eau à la
rivière Athabasca, menée
par le Dr Schindler, un biologiste de l’Université de l’Alberta,
confirme les
conclusions des nations autochtones. Son équipe a trouvé
une présence
importante de composés
aromatiques
polycycliques, un
groupe de contaminants organiques contenant plusieurs
cancérigènes connus, des
mutagènes et des tératogènes. Son étude
prouve que la prétention du
gouvernement que la pollution est attribuable à un
phénomène d’érosion
naturelle est fausse. Le degré de pollution s’accroît
à mesure qu’on s’approche
des chantiers de sables bitumineux.
Il est évident
que la santé des communautés autochtones ainsi que des
travailleurs du pétrole
et des gens qui vivent dans la région en général
est affectée sérieusement
quand le gouvernement refuse d’agir.
Non au «droit» de monopole! Non à
l'oléoduc Keystone XL! Oui à
l'édification nationale!
- Peggy Morton -
Le 27 septembre, lors d'une entrevue à
l'émission de la
CBC, Power and Politics, la question a été
posée au ministre de
l'Énergie, Joe Oliver, à savoir quelles seraient les
conséquences d'expédier du
bitume brut au moyen de l'oléoduc Keystone XL. Oliver a
esquivé la question. « Il n'est pas économique
[de
construire des usines de
traitement et des raffineries au Canada] et tout ça
dépend du secteur privé.
De toute évidence, il en coûtera moins cher d'utiliser les
raffineries existantes
que de dépenser 16 milliards $ pour en construire de
nouvelles.
Il n'y a pas eu de nouvelle raffinerie depuis les années
80. »
Quelle réponse ! Sa déclaration est
tout simplement une
affirmation du droit de monopole. Les propriétaires de
compagnies de
pétrole ont le droit de décider. Point final. Ainsi
les Canadiens
apprennent ce qu'ils savaient déjà – les monopoles du
pétrole ne sont pas
intéressés à construire des raffineries au Canada.
Plus encore, ils ferment
présentement des raffineries. Les gens ne sont pas fous, ils
savent
que ce sont les monopoles qui prennent les décisions et qu'ils
le font sur la base
de ce qui
leur est le plus profitable. Le problème auquel les travailleurs
cherchent une
solution est le suivant : en prenant les décisions qu'ils
prennent, les
monopoles sont en train de détruire l'édifice national du
Canada ainsi que des
milliers
d'emplois en production et en transformation. Ils exigent
du
gouvernement qu'il assume sa responsabilité sociale et qu'il
défende le bien
public. Lorsque Stephen Harper et ses ministres s'expriment, c'est
comme si le
rôle
du gouvernement était d'expliquer et de défendre des
décisions prises par les
monopoles, et non de défendre le bien public.
S'il est approuvé,
le Keystone XL ainsi que
d'autres projets d'oléoduc
expédieront du bitume brut. Ainsi toute nouvelle production
émanant des
sables bitumineux sera expédiée dans sa forme brute pour
plusieurs années à
venir. Il n'y aura pas d'industrie canadienne de traitement, de
raffinage ou
de pétrochimie. C'est là que se trouvent la plupart des
emplois permanents.
Ainsi, la plupart des emplois permanents en devenir seront
expédiés en
même temps que le bitume, et les Canadiens ne se retrouveront
qu'avec les
conséquences environnementales.
Oliver a déclaré qu'au cours des
25 prochaines années, on prévoit
que Keystone créera au Canada 60 000 emplois directs, indirects
ou
provoqués. Le gouvernement Harper n'a pas précisé
si ces emplois seraient temporaires ou permanents, ou s'ils seraient
« directs », « indirects »
ou
« provoqués ». Peut-être seront-ils
tout simplement imaginaires. Pourtant, lorsque les
représentants du
gouvernement visitent Washington et Houston pour aller y vendre le
projet
Keystone XL, ils sont en mesure d'élaborer dans le plus grand
détail quel
sera le nombre d'emplois, temporaires et permanents, et ils affirment
sans
hésiter qu'il y aura au moins 250 000 emplois permanents aux
États-Unis.
Les monopoles du pétrole ont choisi
d'expédier du bitume brut parce
qu'ils jugent qu'ils peuvent faire plus d'argent en bâtissant
leurs
raffineries
sur la côte du golfe du Mexique et ainsi s'emparer de la part du
lion
de la
richesse créée. Un facteur affectant leur décision
est le
« programme de stimulation » d'Obama qui se traduit par des
raffineries
réusinées sur la côte du golfe du Mexique. Puis il
y a le prétexte
qu'il serait
trop « coûteux » de construire des
raffineries en Alberta.
Pour
les monopoles ainsi que les gouvernements à leur disposition,
les
travailleurs, qui sont les véritables créateurs de la
richesse, ne sont
que des
« coûts ». Pendant la dernière
période de prospérité qui a
pris
fin en 2008, les conditions étaient favorables à ce que
les
travailleurs fassent
leurs propres réclamations à la richesse qu'ils
produisent comme compensation poupr leur dur labeur et pour leurs
qualifications. Les
compagnies se sont plaintes des « coûts vertigineux de
la
main-d'oeuvre » et le gouvernement albertain est venu
à la
rescousse.
Celui-ci a criminalisé les travailleurs de la construction
lorsqu'ils
ont
défendu leurs droits. Il a aussi adopté des
lois
favorables aux
monopoles et une forme d'esclavage moderne avec son programme de
travailleurs étrangers temporaires, le but ultime étant
la
détérioration des
salaires et des conditions de travail.
Le boom a aussi créé des conditions
favorables pour les compagnies
locales, petites et moyennes, fournisseuses d'équipement, de
machinerie, de
manufacture et de services aux monopoles dominants. Ces
dernières ont ainsi revendiqué une plus grande part de la
valeur ajoutée. La
réponse des
monopoles a été de recourir à des compagnies
manufacturières à
l'étranger. Les gouvernements sont restés passifs pendant
que l'Alberta perdait
30 000 emplois manufacturiers au début de la crise
économique en
2008.
Maintenant les monopoles en sont rendus à
l'étape finale, déclarant
qu'en fin de compte l'Alberta ne sera qu'un expéditeur de bitume
brut avec
comme grand prix final la destruction environnementale.
Un autre facteur affectant la décision des
monopoles est qu'ils veulent
poursuivre leur rythme d'extraction effréné. Par
le passé, cela a fait en
sorte que les fournisseurs n'ont pu répondre à la
demande, avec comme
conséquence des pénuries de matériel et
d'équipement menant à des délais.
D'où la nécessité d'une économie
planifiée.
Cela n'a rien à voir avec les
tentatives de justifier pourquoi ce n'est pas
« économique » que
le Canada construise des raffineries ou des usines de traitement et
devienne
auto-suffisant en pétrole ou en produits raffinés. Ce
n'est que répéter le
mantra usé à la corde et centré sur le capital des
monopoles du pétrole qui
veulent qu'on leur donne les ressources pétrolières pour
moins que rien, sans
imposer de limites aux quantités qu'ils décident
d'exploiter et avec, en
surcroît, des subventions gouvernementales et des exemptions
d'impôts.
Mais ce n'est jamais suffisant puisqu'ils s'époumonent à
dire que les
revendications des travailleurs qui sont les réels producteurs
de la richesse
ne sont qu'un coût !
Le projet de Kearl Lake d'Imperial Oil est devenu le
premier projet
majeur à être construit sans usine de traitement.
L'approbation de l'Alberta
Clipper, Keystone et Keystone XL fera de Kearl Lake la norme et non
l'exception. Un groupe d'experts nommés par le premier ministre
se penche présentement sur la
pertinence d'un nouvel oléoduc de bitume, le Northern Gateway,
mais le
gouvernement a déjà exprimé son appui au
projet ainsi que son
approbation.
La construction d'oléoducs dans le
but d'expédier du bitume
brut est une décision qui relève du domaine public et
elle pose la nécessite un
contrôle public et
gouvernemental de nos ressources. Les travailleurs et leurs
alliés refusent
d'accepter le « droit » de monopole et
proposent des alternatives concrètes et pratiques qui
sont dans les
intérêts des Canadiens. Ce sont des alternatives à
l'oléoduc Keystone XL.
Elles consistent à traiter et raffiner le bitume au Canada,
permettant à
l'industrie pétrochimique de se développer, ainsi
qu'à développer un système
d'oléoducs au Canada même pour que le Canada devienne
auto-suffisant et
pour que l'importation du pétrole devienne chose du passé.
L'Office national de l'énergie doit renouveler
son mandat de s'assurer que tout projet soit dans
l'intérêt public, et
prendre des mesures
concrètes en ce sens. Proscrire l'expédition de
ressources brutes qui
pourraient être traitées au Canada serait une mesure dans
ce
sens. Une autre
pourrait être d'exiger que les
produits industriels
requis pour les moyens de production de divers projets soient
puisés au
Canada, ce qui stimulerait l'industrie manufacturière et
métallurgique du
pays.
Les droits des travailleurs de la construction à
des conditions de vie,
sociales et culturelles modernes doivent être défendus
et il faut aussi leur garantir un moyen de subsistance une fois la
construction terminée.
Aussi, le
public et les gouvernements ont le droit de décider de la
réclamation des
propriétaires de capital sur le capital investi. Ils doivent
s'assurer que
l'investissement soit avantageux autant pour le Canada que pour les
investisseurs et non unilatéral de sorte à
bénéficier uniquement aux
propriétaires de capital au détriment de
l'économie.
Le public et les gouvernements ont le droit de discuter
et de décider de
questions touchant à l'infrastructure requise, y compris les
programmes
sociaux et comment ceux-ci seront financés et quelles sommes y
seront
consacrées. En dernier lieu, le public et les gouvernements ont
le droit
d'encadrer et de prévoir les répercussions de tels
projets sur
l'environnement, y compris le droit de s'emparer des fonds
nécessaires à
même les monopoles dans le but d'harmoniser le projet et
l'environnement
naturel.
(Traduction:
LML)
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