Numéro 2

Février 2025

Relations Canada-États-Unis

Pour une définition moderne de l'intérêt national

– Pauline Easton –

Aplaventrisme éhonté des représentants fédéraux
et provinciaux à Washington

– Barbara Biley –

La « Forteresse Amérique-Canada » : braderie des ressources de l'Ontario par un gouvernement sans honte

– Philip Fernandez –

Les tentatives du premier ministre du Québec de miner la discussion en faveur d'un Québec moderne, souverain et indépendant

– Christine Dandenault –

Rien ne peut justifier la braderie accélérée des resources du Québec, monsieur Legault

– Georges Côté –

Suppression fédérale des barrières au commerce interprovincial : une autre usurpation de pouvoir

– Pierre Soublière –

États-Unis

Les conflits entre oligarques s'intensifient

Une bataille historique pour déterminer qui est « nous, le peuple »

– Kathleen Chandler –

Ferme opposition à l'utilisation de la prison de Guantanamo Bay pour incarcérer les migrants

Cuba rejette la décision des États-Unis

Une prison pour des « illégaux » dans une base illégale sur un territoire étranger

– Leidys Maria Labrador Herrera –

80 années de relations diplomatiques entre Cuba et le Canada

Réaffirmation de l'amitié entre les peuples canadien et cubain

À titre d'information

Le rôle important des États-Unis dans le trafic international de drogue



Relations Canada-États-Unis

Pour une définition moderne de l'intérêt national

– Pauline Easton –

Dans le contexte où le premier ministre Justin Trudeau tente de s'assurer un héritage dans les derniers jours de son ministère, la réponse de son gouvernement aux menaces du président Donald Trump d'imposer des tarifs douaniers est présentée comme une défense de « l'intérêt national », de la « sécurité économique » ou de la « sécurité nationale » du Canada. Les faits montrent que ce n'est pas le cas. Les projets proposés profitent à des intérêts supranationaux étroits qui s'affrontent aux États-Unis et, par extension, au Canada.

Par ce narratif on cherche surtout à désinformer l'opinion publique en détruisant les normes et les règles que le corps politique s'est données dans le passé pour exercer son jugement. Cette désinformation est un des plus grands sujets de préoccupation pour le corps politique canadien. Elle a un effet dévastateur sur la cohérence du corps politique, qui est laissé sans gouvernail, sans orientation ni direction.

Un corps politique a besoin de normes et de règles reconnues publiquement à partir desquelles juger des problèmes qui se posent. Lorsque les définitions et les réglementations sont changées à l'insu de tout le monde à la demande d'intérêts privés étroits qui opèrent dans les coulisses, c'est l'ensemble du corps politique qui est écarté du discours public.

Dans le cas de la réponse du gouvernement Trudeau aux menaces de Trump, tout est réactif. Les consultations sont limitées à des experts sélectionnés et à ceux que l'on appelle les parties prenantes, qu'elles soient issues du monde universitaire, de groupes de réflexion, du monde des affaires, des médias, des syndicats et autres, qui composent le Conseil du premier ministre sur les relations canado-américaines. Ce processus exclut de l'équation non seulement les partis cartellisés qui forment la « loyale opposition de Sa Majesté » au Parlement, mais aussi, et surtout, les citoyens et leurs préoccupations, qui sont tenus à l'écart des échanges et des prises de décision. Les opinions des membres du corps politique sont souvent réduites au silence en les passant dans le broyeur des sondages qui posent des questions tendancieuses ou à l'expression de préférences dans des choix présélectionnés.

Cela est très destructeur pour la cohésion du corps politique qui a tendance à « décrocher » faute d'une alternative qui lui est propre. Le fait que les réglementations, les règles et les accords contribuent à l'intégration de l'économie canadienne à la machine de guerre des États-Unis rend d'autant plus dangereux les efforts du président américain pour retirer tous les obstacles à sa capacité d'agir en toute impunité. Trump est même prêt à imposer une dictature militaire, si c'est ce qu'il faut, pour faire des États-Unis la soi-disant nation indispensable du monde qui contrôle tout partout.

La réaction du gouvernement du Canada et de diverses provinces donne une image embarrassante et humiliante de ministres et de politiciens qui s'empressent de répondre aux ordres de l'administration américaine. Le plus absurde, c'est que ces ministres et politiciens affirment que c'est ainsi qu'on défend la sécurité et les intérêts nationaux du Canada.

Le gouvernement Trudeau, qui prétend attendre de voir ce que décidera Trump le 4 mars, affirme que si l'administration Trump décide d'imposer des droits de douane, il répondra par des droits de douane de 25 % sur 155 milliards de dollars de marchandises américaines entrant au Canada. Toutes ces décisions sont prises sans que les Canadiens n'en comprennent les tenants et les aboutissants, bien qu'ils voient qu'ils ont affaire à un misérable gouvernement de vendus qui n'a que faire de leur droit de décider. Ils veulent que l'état de droit et les droits du peuple soient respectés.

Ce n'est pas ce qui se passe. À l'issue de leur réunion du 5 janvier pour décider quoi faire face à la menace tarifaire de Trump, les premiers ministres ont affirmé dans une déclaration commune que « le Canada est un pays fier et souverain qui est déterminé à défendre ses valeurs et à assumer ses responsabilités sur la scène internationale ». Depuis, la défense des « valeurs canadiennes » a été invoquée à maintes reprises en parlant des relations entre les États-Unis et le Canada, comme si le Canada était composé d'individus aléatoires avec des « valeurs canadiennes » aléatoires, informées par le racisme et le chauvinisme social et imprégnées de l'esprit des élites dirigeantes.

Le Canada est un pays composé de gens venant des quatre coins du monde ainsi que de la nation québécoise, des nations autochtones, des Inuits et des Métis. Les réclamations de la classe ouvrière à la société, fondées sur le fait qu'elle est le producteur de toutes les richesses, et du peuple sans lequel le Canada n'existerait pas, sont niées par les cercles dirigeants et les privilégiés qui les servent au sein du système des partis cartellisés.

Le Canada jouirait d'une réputation dont les Canadiens pourraient être fiers si les gouvernements arrêtaient de payer les riches, y compris par la privatisation, et augmentaient les investissements dans les programmes sociaux en priorité. Les investissements doivent améliorer la vie des gens, respecter leurs besoins et leurs revendications sociales ainsi que les exigences de l'environnement naturel. Les échanges commerciaux doivent se faire sur la base de l'avantage réciproque. Le Canada doit être une zone de paix. Il doit faire respecter l'état de droit international et s'opposer activement à l'impunité, aux régimes néocoloniaux, à l'occupation, à l'apartheid et aux génocides. Un Canada moderne doit entreprendre d'établir une constitution qui ne confie pas la souveraineté à des intérêts privés étroits et à une monarchie étrangère.

Une réputation internationale fondée sur l'aplaventrisme que nous offrent présentement les ministres du gouvernement fédéral, les premiers ministres provinciaux, les dirigeants des partis politiques cartellisés et leur suite n'est admirée que par ceux qui leur ressemblent.

La cohésion sociale est forgée par tous ceux et celles qui luttent pour la reconnaissance des réclamations qu'ils sont en droit de faire et de satisfaire. Elle ne s'obtient pas en imposant les diktats d'intérêts privés supranationaux étroits et en intégrant le Canada à la machine de guerre américaine. C'est en réclamant à la société ce qui lui revient de droit et en s'engageant à garantir ces droits d'un commun accord qu'un peuple acquiert sa dignité, sa fierté et une voie vers l'avenir.

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Aplaventrisme éhonté des représentants fédéraux et provinciaux à Washington

– Barbara Biley –

La prestation des premiers ministres du Canada en visite à Washington les 11 et 12 février, pour convaincre l'administration Trump de revenir sur sa décision d'imposer des tarifs sur les produits canadiens importés aux États-Unis, était honteuse. Aucun d'entre eux n'a dénoncé les atteintes à la souveraineté du Canada et les menaces d'annexion, ni les tarifs qui contreviennent aux dispositions de l'actuel Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM). Selon le communiqué de presse publié le 12 février par le Conseil de la fédération, l'objectif premier des réunions des premiers ministres était plutôt de « plaider en faveur du maintien de solides relations entre le Canada et les États-Unis en abordant des questions communes telles que l'emploi et l'économie, l'énergie, les chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques, la sécurité des frontières et l'immigration ».

Certains des premiers ministres ont dit aux journalistes lors de la conférence de presse avant la réunion humiliante à la Maison-Blanche qu'ils étaient à Washington pour connaître ce que l'administration étatsunienne attend du Canada et pour expliquer l'importance de la relation Canada-États-Unis et le dommage économique que causeraient des tarifs. Le premier ministre du Manitoba Wab Kinew a dit que le voyage était « une opération charme [...] pour faire valoir que l'amitié canado-américaine a été la meilleure au monde depuis plusieurs décennies ». La première ministre de l'Alberta Danielle Smith a dit : « Je pense que la diplomatie a fonctionné. Je crois que nous avons réussi à obtenir un sursis de 30 jours précisément parce que nous avons décidé de régler le problème transfrontalier du fentanyl. »

La réunion humiliante à la Maison-Blanche a été organisée par une firme américaine de lobbying que le Conseil de la fédération a embauchée au coût de 85 000 dollars par mois pour lui donner accès à des sénateurs, des congressistes et d'autres initiés. Cette même firme a permis une rencontre des premiers ministres avec le chef-adjoint en matière d'Affaires législatives et d'Affaires politiques et publiques de Trump, James Blair, et son directeur du personnel Sergio Gor.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique David Elby a dit après la réunion que celle-ci avait été « constructive » et « nous avons eu des conversations franches au sujet du commentaire sur le 51e État et nous avons souligné que c'était intenable ».

Après la réunion, James Blair a publié sur X : « Rencontre plaisante avec les premiers ministres. Soyons clair, nous n'avons jamais reconnu que le Canada ne serait pas le 51e État. Nous avons tout simplement accepté de partager les commentaires du premier ministre Elby. En outre, nous avons fait valoir que la meilleure façon d'interpréter la position du président Trump est de le prendre au pied de la lettre. »

Le premier ministre ontarien Doug Ford a dit aux journalistes après la réunion : « Nous avons eu une conversation très constructive. Nous apprécions que l'administration Trump ait facilité cette rencontre à la dernière minute, et nous sommes reconnaissants : nous avons écouté, nous avons communiqué et nous attendons avec impatience de futures conversations. »

Le premier ministre du Yukon Ranj Pillai a dit à CTV que le Canada peut faire encore plus pour apaiser Trump, y compris améliorer le NORAD.

Le ministre fédéral des Finances Dominic LeBlanc était aussi à Washington le 12 février et il a rencontré le secrétaire du Commerce des États-Unis Howard Lutnick à la Maison-Blanche, en compagnie de l'ambassadrice du Canada aux États-Unis Kirsten Hillman. Le ministre a dit aux journalistes que la réunion de 90 minutes avait été « très constructive et positive ». Eu égard aux tarifs sur l'acier et l'aluminium, il a dit : « Ils sont importants pour notre économie, mais ils sont aussi essentiels pour leur économie [...] mais nous nous sommes entretenus de façon très détaillée au sujet de ces secteurs, et je trouve que cela nous a permis de comprendre leurs préoccupations. »

Malgré leur prétendue « détermination » à apaiser Trump, depuis leur voyage à Washington deux des premiers ministres canadiens eux ont démissionné, citant leur refus de poursuivre ce combat avec les États-Unis sur les tarifs douaniers et la sécurité des frontières. L'un d'eux est le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, qui a démissionné le 21 février. « King a invoqué la récente bataille contre les tarifs imposés par les États-Unis sur les produits canadiens, disant que les enjeux politiques ne sont pas simples. Il a dit qu'il était préférable qu'il relègue le leadership à quelqu'un qui peut faire avancer le gouvernement provincial plus loin », selon CBC News. Le 25 février, ce fut au tour du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, de démissionner. Il a dit que la perspective d'une guerre de tarifs avec les États-Unis l'avait « pris de court ». Avec l'administration Trump, « nous envisageons quatre années de comportement erratique, fou et farfelu du président des États-Unis, a-t-il dit. Ce sera un problème envahissant pour les Canadiens pendant les quatre prochaines années. »

(CBC, Toronto Star, CTV)

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La « Forteresse Amérique-Canada » :
braderie des ressources de l'Ontario par un gouvernement sans honte

– Philip Fernandez –

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a annoncé le 8 janvier ce qu'il a appelé le plan de l'Ontario pour assurer la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord et stimuler la croissance économique des deux côtés de la frontière canado-américaine. Il a déclaré que cela faisait partie de la Forteresse Amérique-Canada, « une alliance stratégique renouvelée entre le Canada et l'Amérique qui est une référence en matière de stabilité, de sécurité et de prospérité à long terme ».

En tant que président actuel du Conseil de la fédération représentant les premiers ministres des provinces et des territoires, Doug Ford a présenté son plan « Forteresse Amérique-Canada » aux États-Unis dans le cadre du lobbying des premiers ministres à Washington en février. En réponse aux demandes de l'administration Trump de militariser la frontière et d'augmenter les dépenses militaires du Canada, ainsi qu'à ses menaces d'imposer des tarifs douaniers sur les marchandises importées des États-Unis par le Canada et à ses menaces d'annexion, Ford a présenté un plan visant à former une alliance Amérique-Canada pour exclure le Mexique, cibler la Chine et mettre le territoire et les ressources du Canada à la disposition de la machine de guerre des États-Unis.

Ford est un admirateur déclaré de Trump et de son programme, qui se drape dans le nationalisme pour tromper le peuple et le contraindre à soutenir sa « forteresse Amérique-Canada ». Il cherche désespérément à être accepté par Trump comme un fidèle sbire capable de livrer le Canada sur un plateau d'argent si seulement les États-Unis renonçaient à leurs menaces de tarifs douaniers.

Dans un discours prononcé le 11 février devant la Chambre de commerce des États-Unis, Ford a présenté cet appel à une intégration plus poussée du Canada à l'économie et l'appareil militaire américains. Il a offert le soutien du Canada au programme de destruction des oligarques nommés par Trump pour restructurer l'État américain afin d'atteindre leurs objectifs hégémoniques.

S'adressant aux chefs d'entreprise canadiens et américains réunis, et avant d'évoquer sa « Forteresse Amérique-Canada », Doug Ford a salué « les législateurs américains [qui] sont à la tête du réalignement économique le plus ambitieux de ces 100 dernières années. Ils se dissocient de la Chine et de ses mandataires mondiaux. Ce ne sera pas une tâche facile. Cela nécessitera une réflexion à long terme. Cela nécessitera du dévouement et, surtout, cela nécessitera des amis et des alliés comme le Canada et l'Ontario. Et je peux vous dire que le Canada est là pour aider. En travaillant ensemble, le Canada et les États-Unis peuvent être les deux pays les plus riches, les plus prospères, les plus sûrs et les plus sécurisés de la planète. »

Voici les grandes lignes de la « Forteresse Amérique-Canada » que Doug Ford a exposées devant la Chambre de commerce :

« Nous pouvons inaugurer un nouveau siècle américano-canadien, ce que le président Trump appelle le nouvel âge d'or. Nous le faisons en construisant la Forteresse Amérique-Canada. La Forteresse Amérique-Canada est une alliance renouvelée entre l'Amérique et le Canada qui est une référence en matière de stabilité, de sécurité et de croissance économique à long terme des deux côtés de la frontière. »

Le maître du parasitisme, de l'escroquerie des travailleurs, de la corruption et des stratagèmes pour payer les riches promeut son programme anti-Chine comme suit :

« Tout d'abord, la Forteresse Amérique-Canada promeut un commerce libre, équitable et équilibré. Le commerce équitable signifie lutter contre les profiteurs qui abusent des travailleurs en profitant des accords de libre-échange destinés à protéger les emplois d'ici. Je parle de la Chine. Ensemble, mettons fin aux transbordements chinois via le Mexique vers les marchés américains et canadiens. Chaque membre de l'accord États-Unis-Mexique-Canada doit appliquer des tarifs douaniers équivalents ou supérieurs à ceux des États-Unis sur les produits chinois. Les véhicules électriques, les batteries et en particulier l'aluminium et l'acier doivent tous être soumis à des tarifs douaniers équivalents. S'ils ne le font pas, ils devraient perdre leur place à la table des négociations. Je dis toujours que si vous ne jouez pas franc jeu dans un accord, qu'il s'agisse d'affaires ou de politique, vous devriez vous excuser et quitter la table. Et protégeons-nous contre les investissements et la propriété chinois dans des secteurs stratégiquement importants tels que les minéraux et l'énergie. Le Canada, les États-Unis et le Mexique ont tous besoin de processus d'examen des investissements solides et robustes, conçus pour bloquer les investissements chinois visant à saper nos économies. »

Ford utilise tous les mots à la mode que les travailleurs connaissent bien parce qu'ils sont couramment utilisés pour attaquer les réclamations qu'ils sont en droit de faire en tant que producteurs de la richesse dont la société dépend pour vivre. Il déclare :

« Deuxièmement, développons l'économie Amérique-Canada pour les travailleurs américain et canadiens. La forteresse Amérique-Canada doit prendre des mesures pour relocaliser les chaînes d'approvisionnement, attirer les investissements et ramener de bons emplois chez nous pour les travailleurs des deux côtés de la frontière. Nous y parviendrons en rationalisant les réglementations pour promouvoir l'intégration économique et en éliminant les taxes anti-travailleurs et anti-entreprises. »

Au nom de la « sécurité nationale », Ford est déterminé à vendre le droit de naissance des peuples autochtones, qui n'est pas à vendre, et à supprimer tout obstacle à la destruction de l'environnement naturel :

« Troisièmement, nous devons accélérer le développement stratégique des ressources. Je demande la création d'une nouvelle Alliance Amérique-Canada pour la sécurité des minéraux critiques, une alliance qui investit et renforce nos chaînes d'approvisionnement en minéraux critiques américains et canadiens afin que nous soyons moins dépendants de la Chine, de la Russie et d'autres pays qui ne partagent pas nos valeurs démocratiques. Parallèlement, nous devons accélérer les procédures d'approbation réglementaire. Forteresse Amérique-Canada désignera les zones où de multiples minéraux critiques sont présents ou susceptibles de l'être, y compris le Cercle de feu en Ontario, le plus grand gisement de minéraux critiques au monde. En tant que régions d'importance stratégique pour la sécurité nationale du Canada et des États-Unis, ces régions bénéficieront d'un processus d'approbation spécial qui réduira les délais d'extraction, de traitement et d'expédition des minéraux vers les usines, le même type de réforme réglementaire nécessaire menée par l'administration Trump. »

Sans révéler les termes des contrats énergétiques déjà en vigueur entre l'Ontario et les États-Unis, qui prévoient de lourdes sanctions en cas de non-livraison ou de retards dans la livraison d'électricité, Ford brandit la menace de couper l'approvisionnement énergétique des États-Unis s'ils ne renoncent pas à exiger des tarifs douaniers. Il est clair que le diable se cache dans les détails, qui sont cachés au peuple. Ford a déclaré :

« Quatrièmement, nous assurerons la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord pour alimenter la croissance économique de l'Amérique du Nord. La forteresse Amérique-Canada devrait être alimentée par l'énergie de l'Amérique-Canada sous toutes ses formes, une énergie qui est produite, consommée et crée des emplois dans chaque région des deux pays. Je veux intégrer davantage nos réseaux d'énergie et d'électricité. Les gens ne se rendent pas compte [...] que nous pouvons fournir de l'électricité de l'Ontario jusqu'en Floride, dans le sud, en un rien de temps. Nous pouvons allumer ou éteindre l'interrupteur. Je préfère appuyer sur tous les interrupteurs et encourager davantage d'exportations d'énergie et d'électricité canadiennes vers les États-Unis pour alimenter votre croissance économique. »

Et plus de discours sur la « sécurité » en se plaçant sous la « protection » des États-Unis et en criminalisant les personnes qui traversent la frontière et en exigeant une augmentation des dépenses militaires pour l'OTAN.

« Cinquièmement, la Forteresse Amérique-Canada protégera les terres, l'espace aérien, l'Arctique, les eaux et les communautés d'Amérique-Canada. Le Canada doit montrer qu'il prend au sérieux notre sécurité commune. Ce n'est pas seulement ce que le président Trump a demandé, c'est la bonne chose à faire. C'est pourquoi l'Ontario a lancé l'opération Dissuasion, en utilisant des aéronefs à voilure fixe, des hélicoptères, des aéronefs télépilotés, des véhicules tout-terrain, des bateaux et des patrouilles à pied. Plus de 200 agents dévoués ont déjà effectué plus de 10 000 heures de patrouille ciblée pour détecter, perturber et dissuader les activités transfrontalières illégales. L'opération Dissuasion a déjà permis de porter des centaines d'accusations contre des personnes qui ont traversé illégalement la frontière, contre des passeurs de drogues illégales, de véhicules volés et d'armes à feu illégales. Mais en fin de compte, nous devons faire plus. J'exhorte le gouvernement fédéral du Canada à adopter de nouvelles peines minimales obligatoires strictes et d'autres réformes afin que tout truand reconnu coupable de trafic de fentanyl ou de drogues illégales soit jeté en prison pour de bon. C'est tout. Ils disparaîtront. Ils seront hors d'état de nuire. L'Ontario et le gouvernement fédéral travailleront également ensemble pour s'attaquer aux causes profondes du trafic de drogue. Nous ferons des vérifications dans toutes les banques, coopératives de crédit ou institutions financières soupçonnées de financer des gangs ou des cartels.

« Enfin, nous continuerons à faire pression sur notre gouvernement fédéral pour qu'il fasse sa part en dépassant l'engagement de 2 % du Canada en matière de dépenses de défense de l'OTAN.

L'intégration sans scrupules du Canada à l'économie de guerre des États-Unis par Ford sert les intérêts des oligarques des deux côtés de la frontière canado-américaine et causera un grand tort aux travailleurs de l'Ontario, du Canada et des États-Unis. Utilisant un langage vide de sens, il déclare :

« Mes amis, ceci est la Forteresse Amérique-Canada. C'est une vision qui respecte la fière indépendance de chaque pays et qui célèbre ce que nous pouvons accomplir ensemble. Cessons de perdre du temps, de l'énergie et des efforts à nous battre les uns contre les autres, à brandir des menaces de tarifs douaniers qui ne feront que nuire aux travailleurs, aux entreprises et coûter plus cher aux familles, et qui porteront préjudice aux personnes qui travaillent dur et cherchent simplement à améliorer leur vie. Concentrons-nous plutôt sur la restauration de la fierté du 'fabriqué aux États-Unis' et du 'fabriqué au Canada'. Ne nous excusons pas de défendre les travailleurs américains et canadiens. Aujourd'hui, inaugurons le nouveau siècle américain et canadien, un nouvel âge d'or. Construisons la Forteresse Amérique-Canada. Merci et que Dieu bénisse le peuple américain et que Dieu bénisse le peuple canadien. »

C'est le programme pour lequel Ford prétend avoir reçu un mandat de la population de l'Ontario. C'est une fraude. Il n'a pas reçu un tel mandat. Pour les travailleurs, les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et tous ceux dont la voix est réduite au silence, la réponse appropriée est d'intensifier la lutte pour la défense du droit aux soins de santé et à l'éducation, au logement et, surtout, du droit des travailleurs de l'Ontario et du Canada à définir la direction de l'économie et à décider de toutes les questions qui affectent leur vie.

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Les tentatives du premier ministre du Québec de miner la discussion en faveur d'un Québec moderne, souverain et indépendant

– Christine Dandenault –

Le 28 janvier, l'Assemblée nationale du Québec a repris ses travaux en pleine hystérie entourant les menaces de Donald Trump contre le Canada et, par extension, aussi contre le Québec. Elle se réunit également dans le contexte où les travailleurs, ainsi que les communautés à travers le Québec, se soulèvent contre les mesures adoptées par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui intensifie la restructuration de l'État au profit d'intérêts privés oligarchiques étroits.

Le premier ministre du Québec, François Legault, fait de grandes déclarations par lesquelles il se présente comme le champion de l'économie, de la souveraineté et de la sécurité du Québec, en appelant les Québécois à « se serrer les coudes » face aux menaces de Trump d'imposer des tarifs douaniers et d'annexer le Canada. Mais en réalité il est à genou devant Donald Trump, comme les ministres fédéraux, les autres premiers ministres provinciaux et les dirigeants territoriaux. Il propose d'autres façons de payer les intérêts privés étroits oligarchiques qui dictent la politique gouvernementale, au Québec comme aux États-Unis. Il espère être adoubé par le roi Donald comme un grand chevalier.

Mais les faits parlent d'eux-mêmes et les Québécois sont pleinement engagés dans des discussions sur comment faire face à la nouvelle administration Trump aux États-Unis et de ce qui ressort de nos relations avec elle. L'annonce par Amazon de la fermeture de ses entrepôts au Québec en toute impunité a intensifié cette discussion et alimenté la colère des travailleurs québécois. La dépendance économique du Québec, et du Canada d'ailleurs, est flagrante et s'est accrue au cours des dernières années.

Des fleurons de l'économie ont été vendus à des intérêts privés américains. Selon le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, de 2019 à 2022, c'est 222 entreprises québécoises qui ont été vendues à des intérêts étrangers sous le gouvernement de la CAQ. De 2015 à 2018, c'est 223 entreprises qui ont été vendues à des intérêts étrangers sous la gouvernance du Parti libéral. On parle d'Opsens, Logitec, Rona, le Cirque du Soleil, etc. Notre électricité est vendue à rabais et en voie d'être privatisée, nos ressources naturelles et minières sont exploitées pour la machine de guerre des États-Unis, etc. Tout cela est très préoccupant pour le peuple québécois qui constate l'accélération de la domination de l'économie par les oligarques et monopoles étrangers, principalement étatsuniens, et qui voit la nécessité d'une économie moderne et souveraine et indépendante pour le Québec.

C'est à lui qu'incombe la tâche de proposer un projet d'édification nationale. Comment être maîtres chez nous, une fois pour toute !

Comme Trump, Legault cherche l'impunité

Trump n'est pas le seul à utiliser les pouvoirs de prérogative pour briser les limites constitutionnelles à sa capacité d'agir en toute impunité. Qualitativement, le premier ministre François Legault fait exactement la même chose lorsqu'il s'agit de servir des intérêts privés étroits.

Legault tente une grande manoeuvre où il se présente comme un homme d'affaires, « comme Trump », comme le champion des intérêts économiques du Québec et le sauveur du peuple québécois contre le géant au sud. Les autres partis cartellisés à l'Assemblée nationale et leurs chefs s'agitent également chacun à sa manière tandis que les médias s'affairent à publier des sondages pour déterminer lequel les Québécois aiment le plus, même si des élections ne sont pas prévues avant 2026. Les partis cartellisés ont tenu des caucus avant la reprise des travaux de l'Assemblée nationale, mais c'était pour établir leur stratégie d'intervention partisane, en évaluant leurs chances de remonter dans les sondages. Dans tout cela, le peuple et les besoins du Québec sont absents.

Une chose est sûre, les travailleurs québécois et les organisations préoccupées par l'environnement social et naturel continueront de contester l'absence du peuple dans la prise de décision. Les rassemblements, les actions, les grèves, les piquets, les prises de position et les déclarations pour réclamer ce qui leur revient de droit et une économie à la hauteur de leurs attentes se poursuivront. Après avoir adopté plusieurs projets de loi antipopulaires à l'automne, le gouvernement a déposé à la toute fin de la session d'automne d'autres projets de loi qui vont dans le même sens, dont le projet de loi 69, Loi assurant une gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, qui ne vise rien de moins que la privatisation d'Hydro-Québec, reconnue comme le fleuron de l'économie québécoise. Depuis son dépôt, de nombreux organismes et groupes communautaires de partout au Québec ont exprimé leur opposition à la privatisation d'Hydro-Québec et aux projets d'éoliennes qui perturbent la vie de leur communauté. Leurs enquêtes démontrent que ce sont eux qui paieront pour ces éoliennes !

Les nouvelles suppressions d'emplois et les restrictions imposées par Santé Québec depuis janvier ont suscité la colère et l'opposition à cette offensive accélérée contre les travailleurs de la santé et le système public de santé. Santé Québec, qui exige des coupures de 1,5 milliard de dollars dans la santé, a dépensé près de 2 millions de dollars en six mois pour des consultants externes, sans compter les salaires astronomiques que touchent les gestionnaires « top guns ».

Les 12 000 travailleuses de 400 centres de la petite enfance ont tenu trois grèves d'un jour, le 23 janvier, le 6 février et le 17 février, pour réclamer ce dont elles ont besoin pour s'occuper des enfants. L'amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail est au coeur de leurs revendications.


Piquetage des travailleuses des services de garde du Québec, 17 février 2025

Le personnel des commissions scolaires Crie et Kativik, membre de l'Association des employés du Nord québécois, a tenu une grève de quatre jours, du 16 au 21 janvier, pour appuyer leurs revendications d'une convention collective qui leur garantisse des conditions de travail et des salaires qui soient acceptables pour eux.

Le 22 janvier, des centaines d'artistes ont tenu un troisième rassemblement, cette fois devant le bureau du premier ministre Legault à Montréal, pour réclamer des investissements dans la culture et la fin de leur appauvrissement.

Depuis le début du mois de janvier, les Québécois s'élèvent contre l'annonce du Tribunal administratif selon laquelle les loyers pourraient augmenter cette année jusqu'à 5,9 %. La crise du logement est une honte nationale et le logement est un droit, pas un privilège, et de nombreux collectifs défendent le droit au logement et s'opposent à cette nouvelle attaque contre les travailleurs, les familles et les plus vulnérables.

Les manifestations de soutien à la résistance palestinienne se poursuivent semaine après semaine, chacune exigeant que le Québec et le Canada cessent tout soutien et toute participation au génocide du peuple palestinien, y compris la fermeture du bureau du gouvernement du Québec à Tel-Aviv.


Manifestation à Montréal en soutien à la Palestine, 15 février 2025

Toutes ces batailles sont cruciales pour établir une nouvelle direction pour une nation québécoise moderne qui défend les droits de tous et toutes. C'est son programme, Trump ou pas Trump, Legault ou pas Legault.

(Photos : PMLQ, CSN, PYM)

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Rien ne peut justifier la braderie accélérée des ressources du Québec, monsieur Legault

– Georges Côté –

Le 4 février, l'Assemblée nationale du Québec a tenu un « débat d'urgence » sur l'imposition de tarifs douaniers par les États-Unis. Il apparaît évident, lorsqu'on regarde les interventions, que l'objectif principal de ce débat était d'enlever toute initiative à ceux et celles qui réclament une nouvelle direction pour le Québec. C'était aussi de présenter des « solutions » toutes aussi prétentieuses l'une que l'autre, mais qui ont toutes comme dénominateur commun de poursuivre l'orientation de l'économie qui nous a menés où nous sommes : l'abandon total de tout projet national et l'intégration à l'économie de guerre des États-Unis.

Le débat a été ouvert par le premier ministre François Legault qui a parlé de la nécessité de « redéployer l'économie d'une nouvelle façon » et de mettre à contribution « nos belles institutions [du] modèle québécois »[1]. Il a dit qu'« on a le devoir d'entreprendre un grand, un long chantier pour rendre notre économie moins dépendante aux États-Unis » et au Québec « on est chanceux d'avoir des instruments d'État qui sont puissants, avec Hydro-Québec, avec la Caisse de dépôt et de placement ».

Il ne dit pas que la plus grande part des avoirs de la Caisse de dépôt est investie aux États-Unis et que ni la direction de la caisse ni le gouvernement n'ont l'intention de changer cela. La Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) gère des avoirs qui se situaient à 434 milliards d'actif à la fin de 2023. C'est le deuxième plus grand fonds d'investissement au Canada. C'est un fonds constitué des régimes de rentes et de retraite des travailleurs du Québec, mais la caisse n'investit que 20 % de ses avoirs au Québec, comparé à 38 % aux États-Unis. Le président-directeur général de la CDPQ, Charles Emond, a confirmé en entrevue à Radio-Canada le 6 février que la caisse n'a pas l'intention de « redéployer » ses investissements « d'une nouvelle façon ». Selon lui, l'investissement dans des entreprises américaines amène un plus grand rendement qu'au Québec et la mission première de la CDPQ est de « chercher le rendement optimal du capital des déposants », pas de veiller au développement économique du Québec.

En effet, entre 1997 et 2003, dans la foulée de l'offensive antisociale, les gouvernements qui se sont succédé au Québec ont progressivement changé la mission de la CDPQ. À sa création en 1965, son mandat premier était de veiller au développement économique du Québec, ce qui voulait dire dans une grande mesure investir dans la santé, l'éducation et les programmes sociaux. Ce mandat a d'abord été élargi en 1997 par le gouvernement du Parti québécois pour lui permettre d'investir la majorité de son actif dans des actions, y compris à l'étranger. Et en 2003 le gouvernement du Parti libéral a changé définitivement le mandat de la Caisse de manière à faire du développement économique un objectif de deuxième ou troisième ordre.

Comment tout cela s'est passé, du début des années 1960 à aujourd'hui, est une histoire qui révèle que malgré le slogan de la Révolution tranquille, les Québécois n'ont jamais été « maîtres chez eux ». Toutes les décisions ont été prises par des élites gouvernantes au service de puissants intérêts privés et c'est aussi ce qui est en train de se passer maintenant. Pour être « maîtres chez nous », il faut un renouveau du processus politique qui investit le peuple du pouvoir de décider, qui prive les puissants intérêts privés et leurs représentants politiques de leur pouvoir de tout soumettre à leurs intérêts.

Note

1. Le « modèle québécois » fait référence à la version québécoise de l'État providence construit durant ce qu'on a appelé la Révolution tranquille pour consolider le capitalisme monopoliste d'État. L'État a directement payé les monopoles pour l'expansion des systèmes de santé et d'éducation publiques, la construction de grands projets hydro-électriques et la création de fonds publics à partir des régimes de retraite pour financer le développement économique national.

Mais tout cela a été détruit il y a longtemps. Ce qu'on a appelé le modèle québécois a été sacrifié lorsque le service de la dette exigé par l'oligarchie financière a alimenté la crise économique et que la suppression des programmes sociaux et les stratagèmes pour payer les riches ont pris le dessus, lorsque les intérêts oligarchiques ont directement accaparé les pouvoirs décisionnels de l'État. Les grands intérêts privés qui avaient immensément profité du « modèle québécois » ont commencé à accuser l'État-providence d'être responsable de tous les maux de la société. Cela a mené à l'offensive antisociale à partir des années 1980 par laquelle on a abandonné toute notion de responsabilité de la société envers ses membres. François Legault est le dernier d'une succession de premiers ministres du Québec à présider au désinvestissement de l'État en santé et éducation, à l'accélération de la braderie des ressources naturelles et à la privatisation de tous les secteurs qui offrent des possibilités de profits privés au détriment de toute prétention sociétale.

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Suppression fédérale des barrières au commerce interprovincial : une autre usurpation de pouvoir

– Pierre Soublière –

Les arrangements de partage de pouvoir entre les niveaux fédéral et provincial de gouvernement sont enchâssés dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 du Canada. Ces arrangements sont repris dans la version rapatriée de 1982 qui comprend une formule d'amendement et une Charte des droits et libertés, mais maintient toutes les sections qui désinvestissent le peuple du pouvoir et des arrangements de partage de pouvoir fédéral-provincial établis dans un contexte révolu. Ces arrangements doivent être modernisés pour répondre aux réalités du XXIe siècle. Plutôt que de confier ces questions à une Assemblée constituante élue, les niveaux fédéral et provincial de gouvernement ont recours à leurs positions de pouvoir et de privilège pour servir des intérêts oligarchiques spécifiques, le tout au nom d'idéaux élevés.

Depuis quelque temps déjà, éliminer les obstacles au commerce interprovincial est un sujet de discussion intense au sein des élites politiques et économiques. Sous prétexte de vouloir réduire la dépendance du Canada face aux États-Unis, faciliter le commerce est-ouest, diversifier les partenaires commerciaux, ainsi de suite – tous des prétextes mis de l'avant alors que des arrangements sont faits dans le dos du peuple.

Le 21 février, la ministre des Transports et du Commerce intérieur, Anita Anand, « a annoncé que le gouvernement du Canada annonce le retrait prochain de 20 autres exceptions prévues au niveau fédéral dans l'Accord de libre-échange canadien (ALEC), ce qui en fera passer le nombre de 39 à 19. Étant donné que la majorité des exceptions éliminées concernent l'approvisionnement, les entreprises à travers le pays auront plus d'occasions de concourir en vue d'obtenir ces marchés », indique un communiqué de presse du gouvernement fédéral.

« Cette mesure poursuit sur la lancée des initiatives prises par le gouvernement fédéral pour renforcer les engagements contenus dans l'ALEC. En juillet 2024, le gouvernement du Canada a annoncé la suppression ou la réduction de 17 exceptions figurant dans l'ALEC. Dans l'ensemble, ce seront ainsi 64 % des exceptions relevant du gouvernement du Canada qui auront été retirées de l'Accord depuis son entrée en vigueur en 2017, à la suite de ces réexamens successifs », indique le communiqué de presse.

Le gouvernement du Canada « encourage toutes les provinces et tous les territoires à prendre des mesures similaires pour réduire leurs propres exceptions figurant dans l'ALEC », indique le communiqué de presse[1].

Les faits révèlent que peu importe les mesures prises, celles-ci ont peu à voir avec les objectifs nationaux dont il est question.

Parmi ces discussions au sujet des barrières aux échanges interprovinciaux, une des recommandations mise de l'avant par des soi-disant « groupes d'experts » tels ceux participant au Forum des politiques publiques, est la suivante : « Il faut accélérer la réalisation des 340 projets énergétiques et 138 projets miniers, avec une valeur combinée de 627 milliards de dollars qui sont en voie d'être construits au Canada. » Ces « groupes d'experts » ont aussi parlé de ressusciter le projet de pipeline Énergie-Est, un oléoduc de 4 600 kilomètres qui transporterait du pétrole brut de l'Alberta à un terminal d'exportation à Saint-Jean, et d'un autre projet qui verrait un gazoduc prolongé du nord de l'Ontario pour transporter du gaz naturel de l'Alberta au port de Grande-Anse au Saguenay, où une usine de liquéfaction de GNL serait construite. Le projet du Saguenay a déjà été rejeté à une écrasante majorité par la population du Québec, en grande partie en raison des dommages prévisibles causés à l'environnement naturel ainsi que de ses effets néfastes sur le bien-être de la population.

En mêlée de presse le 5 février à l'Assemblée nationale du Québec, Benoît Charrette, ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, a affirmé que son gouvernement serait ouvert à étudier une version bonifiée de l'ancien projet et que la CAQ avait toujours eu « un préjugé favorable envers celui-ci ». Mais les gens n'accepteront pas plus le projet pour faciliter la vie aux producteurs de combustibles fossiles au nom de la diversification. Lorsqu'il s'agit de défendre l'environnement naturel et social, non, c'est non !

Quant aux 138 projets miniers, il est en grande partie question des mines d'extraction des minéraux critiques. Récemment, les médias se sont agités au sujet d'une déclaration de Justin Trudeau à l'effet que les États-Unis « veulent nos minéraux critiques », ce à quoi on ne peut que répondre : « Sans blague, Justin ! ».

Le gouvernement fédéral libéral a signé, entre autres, en 2020, le « Plan d'action conjoint Canada–États-Unis » suivi de la « Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis-Canada sur les minéraux critiques ». Ces ententes sont parfaitement conformes à l'« Accord sur le partage du développement industriel pour la défense » intervenu entre le Canada et les États-Unis d'Amérique en 1956, dont l'objectif est de développer une chaîne d'approvisionnement intégrée « à la défense de l'Amérique du Nord », faisant du Canada une partie intégrale de la base industrielle de défense des États-Unis.

Pour balayer toute ambiguïté à ce sujet, en janvier 2025, le site web du département de la Défense des États-Unis a publié un rapport qui cite Adam Burstein, un responsable du DoD, affirmant que « l'approvisionnement sécurisé en minéraux critiques est essentiel pour la base industrielle de défense, qui les utilise pour produire pratiquement tous les systèmes du département de la Défense, des systèmes aériens sans pilote et des avions de chasse aux sous-marins ». Burstein ajoute que le département de la Défense s'est engagé dans une stratégie d'investissement de cinq ans dans les terres rares pour consolider sa capacité nationale, en précisant qu'il n'y a actuellement qu'une seule mine de terres rares en activité aux États-Unis et que le Royaume-Uni et l'Australie ont été ajoutés au Canada en tant que « sources nationales ».

C'est tout dire !

Le fait que le Pentagone investit dans les minéraux critiques a éclaté au grand jour l'an dernier lorsque la population de l'Outaouais a appris que l'armée américaine finançait la mine de graphite de Lomiko Metals de la Loutre. Les communautés locales ont condamné avec force l'ingérence des États-Unis en territoire québécois à des fins militaires et le fait que, pendant des années, Limiko Metals et le gouvernement du Québec avaient promu que la mine était essentielle à la transition énergétique et au secteur d'électrification du transport. Elles ont dénoncé ce stratagème malhonnête. Elles ont affirmé qu'on avait cherché à leur faire croire que la destruction de leur environnement naturel était le prix à payer pour une transition vers l'énergie renouvelable pour sauver la planète, alors que c'est le contraire qui se produit : le projet minier soutient le militarisme qui accélère la destruction de l'environnement.

Pour ce qui est des autres « barrières » qui pourraient être ciblées dans cette démarche, certains ont soulevé le système de la gestion de l'offre pour les oeufs, la volaille et les produits laitiers, qui a toujours été dans la mire des oligarques aux États-Unis.

Les gens ne se laisseront pas leurrer par cette offensive néolibérale renouvelée et d'intégration accrue à la machine de guerre des États-Unis au nom de grands idéaux.

Note

1. « Fais en bref » du gouvernement du Canada

- L'année dernière, des biens et services d'une valeur de plus de 530 milliards de dollars ont été échangés entre les provinces et les territoires, ce qui représente près de 20 % du produit intérieur brut du Canada.
- Entré en vigueur le 1er juillet 2017, l'Accord de libre-échange canadien (ALEC) vise à réduire et à éliminer les obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des investissements à l'intérieur du Canada, ainsi qu'à établir un marché intérieur ouvert, performant et stable.
- L'ALEC a pour but d'établir un marché intérieur ouvert, performant et stable. Les exceptions prévues dans l'ALEC sont un moyen utilisé par les gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux pour exclure une industrie, un secteur ou une loi de l'accord. Les entreprises canadiennes et l'industrie ont indiqué que ces exceptions peuvent faire obstacle au libre-échange en permettant l'application de règles, de normes et d'exigences de licence variables pour les biens, les investissements et les services. Des intervenants de premier plan, comme la Chambre de commerce du Canada, le Conseil canadien des affaires et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, sont d'avis que la réduction du nombre d'exceptions contenues dans l'ALEC aidera à accroître le commerce intérieur et la productivité de l'économie canadienne.

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États-Unis

Les conflits entre oligarques s'intensifient

Alors que le coup d'État des oligarques américains pour éliminer tous les obstacles à la saisie des fonds fédéraux et à la restructuration de l'État afin de concentrer davantage de pouvoir entre leurs mains, tout en supprimant toute responsabilité pour leur impunité, est en train de se consolider, les conflits féroces entre eux sont également évidents. Alors que le pouvoir est concentré dans de moins en moins de mains, tant économiquement que politiquement, au sein du Bureau du président, certains sont perdants. La bataille est en cours et les oligarques doivent composer avec le fait que les institutions existantes, avec leurs moyens de régler de tels conflits sans recourir à une guerre civile ouverte, ne fonctionnent plus. Les élections, la répartition du budget entre les différentes forces en présence, l'utilisation du Congrès pour conclure des accords, la répartition des sièges dans les commissions de ce même Congrès comme sources de pouvoir, tout cela a échoué.

Un exemple récent est la lutte au sein du Bureau du président au sujet de qui décide de ce que font les travailleurs fédéraux. Le président Donald Trump a exigé, et Elon Musk en a fait la promotion, que les employés fédéraux fournissent un courriel listant cinq choses qu'ils avaient faites au cours de la semaine dernière, faute de quoi ils perdraient leur emploi. Le Bureau fédéral d'enquête (FBI) a immédiatement refusé. Le directeur du FBI, Kash Patel, a écrit : « Le FBI, par l'intermédiaire du Bureau du directeur, est responsable de tous nos processus d'examen et mènera les examens conformément aux procédures du FBI. » Le département d'État, le Pentagone et la Sécurité intérieure ont tous fait des déclarations similaires. Chacun affirme son autorité sur son personnel.

Kash Patel est également désormais à la tête du Bureau des alcools, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF). Alors que le FBI est indépendant de toute autre agence, l'ATF, comme l'Agence fédérale de lutte contre les stupéfiants (DEA), fait partie du département de la Justice. Le Service de contrôle de l'immigration et des douanes (ICE), les Services secrets et la Garde côtière font tous partie de la Sécurité intérieure.

Dans les conditions actuelles de guerre civile, le contrôle et le commandement des nombreux services de police fédéraux sont essentiels. Une partie de ce dernier effort de Donald Trump, qui semble uniquement destiné aux travailleurs fédéraux, consiste également à identifier qui se soumettra et qui ne se soumettra pas parmi les différents services publics. Sur cette question, du moins jusqu'à présent, il y a refus et contestation. Ce contrôle et cette volonté expliquent également pourquoi Donald Trump a ordonné au FBI, à l'ATF et à la DEA de travailler avec l'ICE pour attaquer, détenir et expulser les travailleurs et les familles immigrés. Il s'efforce d'établir son autorité exclusive sur ces forces et de mettre en place des normes et des standards différents pour leurs activités.

Donald Trump s'en prend également à l'armée, qui est non seulement en conflit avec le président, mais a aussi des conflits au sein de ses propres forces, l'armée de terre, la marine, les marines, l'armée de l'air et maintenant la Force spatiale, qui sont toutes en conflit les unes avec les autres. La marine et les monopoles militaires qui la soutiennent sont les principaux à faire pression pour que des bombardements massifs soient utilisés en temps de guerre, comme cela s'est produit lors des génocides de Gaza et d'Irak, par exemple.

Le 21 février, Donald Trump a limogé le président des chefs d'état-major interarmées et la cheffe de la Marine, après avoir déjà limogé le chef des garde-côtes. Le racisme et le chauvinisme manifestes se voient dans le fait que les licenciements concernent un homme noir et deux femmes. Il a également limogé les principaux avocats généraux (JAG) de l'Armée, de la Marine et de l'Air Force.

Les officiers du JAG sont les avocats et les experts juridiques de l'armée, responsables de veiller à ce que les commandants respectent le Code uniforme de justice militaire, un mécanisme qui est censé prévenir les crimes de guerre. Étant donné que Donald Trump s'apprête à utiliser illégalement l'armée à l'intérieur du pays, des deux côtés de la frontière, et à mener des agressions supplémentaires contre le Mexique, le Canada, le Panama, le Groenland, etc., les avocats du JAG sont considérés comme un obstacle. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré ouvertement que les licenciements étaient nécessaires parce que Donald Trump ne voulait pas que le JAG fasse « obstacle aux ordres donnés par un commandant en chef ».

Alors que Donald Trump agit pour saisir davantage de pouvoir, les peuples étasuniens intensifient leurs luttes contre la guerre et les attaques croissantes contre les programmes sociaux, les travailleurs et les communautés d'immigrants. Ils exigent non seulement l'abolition de l'ICE, mais aussi de tous ces services de police, la fermeture de toutes les bases militaires américaines et la démilitarisation de la frontière et des villes à travers le pays. L'unité et les actions unies deviennent de plus en plus fortes, et c'est cette résistance collective organisée du peuple qui inquiète le plus les oligarques.

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Une bataille historique pour déterminer qui est « nous, le peuple »

– Kathleen Chandler –


Chicago, 5 février 2025

Alors que les oligarques américains exécutent leur coup d'État au vu et au su de tout le monde, restructurent l'État en toute impunité, démantèlent des départements, imposent des sanctions collectives et lèvent tous les obstacles à leur pouvoir et à la saisie des fonds fédéraux, partout au pays le peuple dit : « Ce n'est pas mon président. Ce n'est pas mon Amérique. » Ces oligarques incluent, entre autres, Elon Musk, Jeff Bezos d'Amazon, le milliardaire financier de Wall Street Howard Lutnick, maintenant secrétaire au Commerce, et le milliardaire gestionnaire de fonds spéculatifs Scott Bessent, maintenant secrétaire au Trésor. Le département du Commerce s'occupe des tarifs douaniers et du commerce, et le département du Trésor des paiements fédéraux, de l'impression de la monnaie et de la collecte des impôts, entre autres activités.

Le Trésor, avec le Bureau de la gestion et du budget (OMB), joue un rôle clé dans le gel et la saisie des fonds fédéraux déjà alloués, un domaine clé où la lutte se mène pour savoir qui est « nous, le peuple ». C'est aussi là-dessus que la colère gronde contre le Congrès, car ces membres des partis cartellisés refusent de défendre leur rôle constitutionnel de pouvoir sur les cordons de la bourse. Les fonds sont alloués à des fins précises et les oligarques s'en emparent et les utilisent dans leur propre intérêt et bénéfice.

Ce refus du Congrès, en plus de l'impunité totale, de la corruption et de la fraude de l'« efficacité », montre et confirme encore plus aux yeux du peuple que les institutions existantes ont échoué et ne peuvent être réparées. Ce n'est pas un hasard s'il n'y a pas de pancartes dans les actions à travers le pays qui disent « Défendons la Constitution » ou « Élisons de nouveaux responsables ». Au lieu de cela, les gens disent : « Défendons les droits des immigrants », « Syndicats = droits », « Nous ne reculerons pas » et « Pas mon président, pas ma démocratie ». Le peuple se définit lui-même du point de vue des droits et de la résistance, pas du point de vue des oligarques.

Comme le montrent de nombreuses manifestations récentes, les gens s'unissent pour défendre les droits de toutes et de tous. Au cours des trois premières semaines de février, deux actions ont eu lieu dans des villes de tous les États, ce qui exige une organisation considérable. Une troisième action, une Journée sans immigrants, a eu lieu dans de nombreuses villes de toutes les régions du pays, et beaucoup d'autres continuent d'être organisées par des enseignants, des travailleurs de la santé, des fonctionnaires fédéraux et d'autres travailleurs du secteur public. Des milliers de personnes de tous horizons et de toutes tendances politiques ont continué à manifester régulièrement à Los Angeles, Chicago, New York et ailleurs pour défendre les droits des immigrants, s'opposer aux suppressions d'emplois et exiger des fonds pour l'éducation et les programmes sociaux. Une campagne #HumanNeed a été lancée pour exiger des droits humains, des emplois, une aide pour Gaza et la fermeture des bases militaires.


Durham, Caroline du Nord, 9 février 2025, Journée sans immigrants

Une caractéristique de ces nombreuses actions est leur large unité. Elles rassemblent des organisations de nombreux fronts de la lutte et des personnes de tous horizons, de toutes origines, religions, nationalités, indépendamment de leur vote lors de la récente élection présidentielle. Ce dernier phénomène est manifeste dans les rassemblements de milliers de personnes dans des endroits où Donald Trump a obtenu davantage de voix, comme à Omaha dans le Nebraska et à Iowa City dans l'Iowa. Ces actions ont été menées par le sénateur Bernie Sanders sous la bannière Fight Oligarchy. Étant donné la prise de conscience généralisée que ce qui se passe aux États-Unis est un coup d'État des oligarques et que ceux qui occupent des positions de pouvoir dans l'administration Trump ne représentent en aucune façon le peuple, Bernie Sanders a reconnu : « Ce ne sont pas seulement des milliardaires républicains; ce sont des milliardaires démocrates. C'est la corruption du système bipartite. »

Les attaques contre les travailleurs des secteurs public et fédéral sont un élément clé des actions menées par les oligarques pour éliminer la main-d'oeuvre syndiquée et ceux qui ont de l'expérience dans la prestation de services sociaux et qui connaissent leurs droits. Les jeunes travailleurs en période d'essai sont également visés. Les raids actuels contre les immigrants visent en partie à diviser et à saper le militantisme des travailleurs. Cet effort est également un échec, comme en témoignent les nombreuses actions menées pour défendre les personnes attaquées et intervenir contre les forces de l'ordre.


Rassemblement des travailleurs du secteur public fédéral à Washington le 11 février 2025

Aujourd'hui, ces oligarques s'en prennent au Service postal des États-Unis (USPS) en projetant de lui retirer son statut d'indépendant, d'éliminer son conseil d'administration et de le placer sous la tutelle du département du Commerce, c'est-à-dire directement sous le contrôle présidentiel. Cette décision intervient après que les postiers se sont largement organisés pour voter contre et ont fermement rejeté la convention collective proposée, avec son augmentation de salaire insultante de 1,3 %, la détérioration de la sécurité et d'autres attaques. Les membres de l'Association nationale des facteurs ont voté 63 680 contre 26 304 en faveur du rejet de l'offre.

Partout, le système en place est rejeté, non seulement parce qu'il a permis à Donald Trump d'accéder au pouvoir, mais surtout parce que la Constitution et le Congrès n'ont pas mis fin à l'impunité des oligarques. Ils sont le visage hideux de la démocratie à l'américaine d'aujourd'hui, et personne ne l'accepte.

Le peuple américain s'organise pour développer son propre ordre du jour et s'unir sur ses propres exigences alors qu'il se bat pour dire que « nous, le peuple » n'est pas celui de la constitution, ni celui des hommes de propriété et des esclavagistes d'alors ni celui de ces oligarques d'aujourd'hui. Le peuple américain, en tant que peuple, s'est forgé dans la bataille, en assumant la nécessité du changement. Et c'est ce peuple qui s'avance aujourd'hui pour faire l'histoire, puisque l'histoire est faite par les peuples, pas par les élites. Cela met un terme aux notions que le peuple est divisé, que le peuple n'existe pas et qu'il y aurait seulement des groupes d'individus aux identités diverses. La résistance prouve le contraire.

Les équipes d'intervention rapide bâtissent l'action commune

Les dizaines d'équipes d'intervention rapide à travers le pays, notamment à Atlanta, en Géorgie, à New York et Buffalo, à Chicago, à Tucson, en Arizona, à Seattle et dans bien d'autres villes, sont une expression importante de qui décide et qui définit « nous, le peuple ». Des milliers de personnes s'organisent pour exiger la fin des expulsions et des détentions, pour protéger les gens des descentes de l'ICE et pour habiliter les communautés avec des formations « Connaissez vos droits » et de la résistance organisée. Des étudiants, des travailleurs, des retraités, des personnes de toutes confessions, des enseignants, des prestataires de services de santé et juridiques, des syndicats et d'autres intervenants se réunissent et se mobilisent pour protéger les immigrants et les communautés par des actions collectives. Les commerçants des communautés se joignent à eux.

Des brochures « Connaissez vos droits » sur les droits des immigrants sont imprimées et largement distribuées dans de nombreuses langues, dont l'espagnol, l'arabe, le créole haïtien, le chinois, le vietnamien et le tagalog. Tout cela reflète l'esprit internationaliste de la classe ouvrière et du peuple américains, ainsi que leur reconnaissance et leur respect pour les nombreuses personnes du monde entier qui ne font qu'un avec la classe ouvrière et le peuple américains. L'ICE ne fournit pas de traducteurs lors de ses descentes. Souvent, ses agents arrivent dans des voitures banalisées et en civil, armés et masqués pour terroriser la communauté. D'autres fois, ils arrivent en tenue anti-émeute avec une dizaine d'agents pour arrêter une ou deux personnes. Les équipes d'intervention rapide interviennent souvent directement. Tom Homan, le « tsar des frontières », a admis qu'elles « rendaient les arrestations très difficiles ».

Les équipes d'intervention rapide de Tucson sont représentatives de celles mises en place ailleurs. Tucson se trouve à environ 160 km de la frontière, dans le désert et est déjà militarisée. Une partie du travail consiste à fournir de l'eau et un abri aux personnes qui tentent de traverser le désert depuis la frontière pour se mettre en sécurité. Leurs équipes d'intervention rapide comptent des membres de différents organismes de défense des droits, contre la guerre et de soutien à la Palestine qui participent et viennent aux réunions chaque semaine. Des membres du clergé sont impliqués et certaines églises offrent un sanctuaire. De nombreux étudiants participent, ainsi que des avocats qui offrent leur soutien. Ces équipes constituent un point de convergence, un espace de discussion et de construction d'une large unité et d'une détermination pour défendre les droits et contrer les actions du gouvernement visant à criminaliser et terroriser les communautés. De cette manière, elles montrent dans la réalité qui est « nous, le peuple ».

Un autre exemple de qui définit « nous, le peuple » est la position des enseignants, du personnel et des étudiants qui empêchent l'ICE d'entrer dans les écoles publiques. Après que les États-Unis ont qualifié les gangs de cartels qu'ils financent et arment de « terroristes », le tsar Homan a affirmé qu'il était nécessaire de cibler les écoles en disant : « Combien de membres du MS-13 ont entre 14 et 17 ans ? Beaucoup d'entre eux. » L'ordre de Donald Trump disait que « les criminels ne pourront plus se cacher dans les écoles et les églises américaines pour éviter d'être arrêtés. » Avec la multiplication des descentes, il est clair qui sont les criminels et les menaces à la sécurité.

La résistance est telle que les responsables des écoles et des universités se joignent aux personnes ciblées pour bloquer l'ICE, notamment en fournissant de la formation et en distribuant des brochures « Connaissez vos droits » et en fermant les portes. Les syndicats d'enseignants sont en première ligne. Les districts scolaires, comme ceux de Chicago, d'Indianapolis et d'ailleurs, font savoir qu'ils ne permettront pas à l'ICE d'entrer dans les écoles.

Les écoles publiques de Denver, qui comptent plus de 90 000 élèves, poursuivent le département de la Sécurité intérieure et exigent que l'ICE soit stoppée. Dans le mouvement, la demande est d'abolir purement et simplement l'ICE, beaucoup ciblent désormais tous ces services de police fédéraux, y compris le FBI, l'Agence fédérale de lutte contre les stupéfiants (DEA) et le Bureau des alcools, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) qui ont causé beaucoup de tort à la population. Les nombreuses déclarations et lettres au Congrès et les procès-verbaux montrent la profondeur de l'opposition. Doctors for America, la National Parents Union, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, un procès de 27 groupes religieux (dont l'Église mennonite, l'Église épiscopale et la Conférence centrale des rabbins américains), l'Union des libertés civiles américaines (ACLU) et de nombreuses organisations de défense des droits des immigrants, antiguerre et propalestiniennes, entre autres, prennent position. Lorsque les oligarques ont annoncé que le financement des avocats ne serait plus accordé aux enfants non accompagnés qui comparaissent devant un tribunal de l'immigration, dans les 48 heures, plus de 15 000 lettres ont été envoyées au Congrès. L'indignation à travers le pays était telle que le financement et les avocats ont été rétablis.

Les diverses actions des oligarques pour geler et saisir des fonds, et pour licencier des travailleurs sont les principaux moyens pour le Bureau du Président, qui comprend le cabinet et les agences de police fédérale, de contrôler les cordons de la bourse. Le contrôle du budget fédéral par le Congrès reste un obstacle majeur et ces actions visent à donner plus de pouvoirs à l'exécutif. Des milliards de dollars sont en jeu. Il s'agit également d'établir l'acceptation que la présidence décide comment les fonds sont utilisés, avec l'argument répété selon lequel le financement doit refléter les priorités du président. C'est la façon dont les oligarques disent que « nous, le peuple », ce n'est pas le Congrès, censé être les représentants élus du peuple, mais les dirigeants et leur représentant, le président. L'impunité sur ce front va sans doute continuer, avec différents mécanismes utilisés. C'est un front de lutte principal pour le peuple qui met en évidence la nécessité de nouvelles institutions et constitutions pour refléter l'ordre du jour anti-guerre et prosocial du peuple.

Imposer des compressions dans les programmes et des licenciements massifs fait partie des efforts pour utiliser ces fonds pour la militarisation, à la frontière et dans les villes. Divers décrets exécutifs sont utilisés pour saisir des fonds et mettre en place l'utilisation de l'armée à la frontière, contre le Mexique et peut-être le Canada, et à l'intérieur du pays, ce qui est illégal. L'idée qu'il y a une « invasion » d'immigrants est défendue par les oligarques pour justifier leur invasion armée des communautés à travers le pays.

Les exercices de police conjoints qui réunissent l'ICE, la DEA, l'ATF et le FBI, ainsi que des soldats, visent à établir une structure de commandement unique et favorise la soumission au diktat de la présidence. Cependant, les conflits et la concurrence de longue date entre eux subsistent, tout comme la rivalité féroce et les conditions de guerre civile parmi les oligarques eux-mêmes. Ils ne sont pas une force unie, mais sont de plus en plus divisés dans leur lutte pour plus de pouvoir. Cela a été évident lorsque Donald Trump a appelé les travailleurs fédéraux à énumérer cinq choses qu'ils avaient faites et que le FBI, le département d'État et le Pentagone ont dit aux travailleurs de ne pas le faire. Les conflits au sein de l'exécutif et entre lui et l'armée sont le reflet des conflits au sein des oligarques et des intérêts privés de chacun.

Les structures existantes n'étant plus en mesure d'atténuer et de résoudre les conflits et le fait que le peuple n'accepte plus que ce qui se passe est une démocratie qu'elles défendent, les conflits régionaux et les conflits au niveau des États augmentent et s'aggravent. Les États font partie de ceux qui engagent des poursuites et rejettent l'autorité présidentielle, tandis que le peuple s'exprime fermement en son propre nom.

La bataille pour une démocratie créée par le peuple

La bataille pour une démocratie créée par le peuple progresse également. Il n'est pas question d'accepter d'attendre deux ans pour les prochaines élections et la fausse promesse de changement. Ce qui ressort de tout cela, c'est que l'un des droits qui doivent le plus être exercés est celui d'être des décideurs. L'expérience des équipes d'intervention rapide, des réunions conjointes, des webinaires et des actions de masse dans chaque État montre que les gens ont des solutions mais n'ont pas le pouvoir politique de les mettre en oeuvre. Et cela est aussi vrai pour les questions internationales comme l'opposition au génocide et la défense de la Palestine, comme ça l'est pour l'autodéfense dans les communautés et l'éducation pour changer le monde dans les écoles.

Récemment, Donald Trump a affirmé qu'il est roi, et beaucoup d'attention a été accordée à cela. Les gens dénoncent à juste titre le fait d'avoir un roi au pouvoir, une tradition qui remonte à l'origine du pays. Ils refusent, à juste titre, d'être détournés du problème que sont les oligarques et leurs plans de régime militaire et de répression qui sont cruciaux. Le « nous le peuple » qui luttons pour gouverner est celui de la classe ouvrière et du peuple du pays. Rien de moins ne sera accepté.

La prise de conscience est telle que compter sur les tribunaux ou le Congrès et les institutions existantes n'est pas envisagé comme une solution. L'expérience vaste et répétée de la situation actuelle a éliminé les illusions et mis en évidence que le peuple, en s'appuyant sur ses propres forces organisées, en s'unissant pour son ordre du jour et ses revendications, est ce dont nous avons besoin et ce qui est en train de se développer. En renforçant les actions communes, en parlant en notre nom pour défendre nos intérêts et nos droits, en ne permettant pas aux élus de parler en notre nom, en résistant avec défi aux attaques et en développant nos propres médias indépendants et nos propres actions politiques, nous ferons avancer cette bataille pour déterminer que c'est nous, la classe ouvrière et le peuple, qui devons gouverner et décider.

Les mécanismes existants, comme les équipes d'intervention rapide et les forces organisées similaires, peuvent être utilisés comme des arènes de débat et de discussion pour renforcer la lutte pour s'investir du pouvoir politique. Ils montrent déjà que les gens peuvent et doivent protéger leurs communautés, s'unir et décider des mesures nécessaires pour faire avancer la lutte pour les droits de toutes et de tous

La lutte pour l'émancipation politique fait partie intégrante de la lutte pour les droits et est essentielle pour que « nous, le peuple » devenions les décideurs et gouvernions et décidions de toutes les questions qui nous concernent, en développant nos propres institutions et notre propre gouvernement antiguerre et prosocial. Le moment est venu de défier et de bâtir la résistance organisée.

(Photos : ydr, paul_goyette, @samborgen.bsky.social, @psltrianglenc, AM Claire Delaney)

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Ferme opposition à l'utilisation de la prison de Guantanamo Bay pour incarcérer les migrants

Cuba rejette la décision des États-Unis


Plus de 50 000 Cubains se sont rassemblés et ont hissé le drapeau cubain à Guantanamo le 26 février 2025, exigeant que les États-Unis mettent fin à leur occupation du territoire cubain qu'ils ont saisi en 1903.

Le ministère cubain des Relations extérieures a publié la déclaration suivante le 29 janvier.

Cuba rejette la décision, que vient d'annoncer le président des États-Unis, d'utiliser la base navale à Guantanamo pour y incarcérer les dizaines de milliers de migrants qu'il s'est proposé d'expulser par la force. C'est là une preuve de la brutalité avec laquelle cette administration agit en vue de corriger censément des problèmes qui découlent en fait des conditions économiques et sociales existant dans ce pays, de l'action gouvernementale elle-même et de sa politique extérieure, laquelle inclut l'hostilité envers les pays d'origine.

Bien des personnes que les États-Unis sont en train ou se proposent d'expulser sont précisément des victimes des politiques spoliatrices de ce gouvernement et constituent la main-d'oeuvre dont l'économie étasunienne a toujours eu besoin dans l'agriculture, la construction, l'industrie, les services et dans d'autres secteurs. La présence d'autres migrants s'explique par les facilités d'entrée à la frontière de ce pays, par les normes sélectives et politiquement motivées en vertu desquelles celui-ci les accueille comme réfugiés et aussi par les dommages socioéconomiques que provoquent ses mesures coercitives unilatérales.

Une bonne partie de ces migrants, qui ont contribué et contribuent à l'économie étasunienne, a un emploi, dispose d'un foyer, a fondé une famille et a envisagé sa vie aux États-Unis.

Le territoire où l'on se propose de les enfermer n'appartient pas aux États-Unis. Il fait partie de Cuba, il est situé dans la province orientale de Guantanamo, et il continue d'être occupé illégalement et contre la volonté du peuple cubain par une base militaire, dont la notoriété internationale provient, entre autres motifs, du centre de torture et d'arrestation indéfinie qu'elle contient, qui échappe à la juridiction des tribunaux étatsuniens et où sont enfermées depuis vingt ans des personnes qui n'ont jamais été jugées ni condamnées pour aucun délit.

L'utilisation irresponsable de cette enclave illégale engendrerait un scénario de risque et d'insécurité dans celle-ci et alentour, menacerait la paix et serait l'occasion d'erreurs, d'accidents et de mésinterprétations qui pourraient troubler la stabilité et avoir de sérieuses conséquences.

Le président cubain parle de la persécution et des expulsions
humiliantes par les États-Unis

Miguel Diaz-Canel, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et président de la République, a livré un discours à l'occasion de la cérémonie de clôture de la 6e Conférence internationale pour l'équilibre du monde tenue à la Havane du 25 au 31 janvier 2025. Dans son discours, Diaz-Canel a parlé avec éloquence de questions importantes, dont la persécution brutale et les déportations humiliantes en cours su nom du programme méprisable d'expulsions du président des États-Unis Donald Trump, une violation flagrante des droits humains et du droit international. Il a aussi parlé des plans criminels des États-Unis visant à ouvrir un camp de détention pour personnes déportées sur le territoire cubain qu'ils ont saisi il y a 100 ans pour établir leur base navale.

Parlant de « la barbarie visible aujourd'hui dans l'apogée de la cupidité et les douleurs infinies provoquées par les rapaces qui témoignent d'un mépris absolu pour la souffrance humaine », Diaz-Canel a dit :

« Je parle d'abord du génocide des Palestiniens perpétré par le gouvernement israélien et par ceux qui alimentent cette envie de tuer, mais aussi des persécutions brutales et de l'expulsion humiliante de milliers de migrants, menottés et enchaînés, qui se sont brisés le dos sous le fouet du déséquilibre économique qui les a forcés à émigrer. Depuis cette tribune, nous demandons que la Palestine soit libre !

« Et je parle, évidemment de Cuba, victime du terrorisme des centaines de fois, dont le noble nom a été inscrit et à nouveau inscrit sur une liste infâme de supposés soutiens au terrorisme, afin que les banques internationales, obéissantes, ferment les portes à toute gestion commerciale ou financière qui contribuerait à satisfaire les besoins fondamentaux du peuple cubain.

« Je parle de Cuba, dont les États-Unis ont volé un morceau de terre au nom d'une amitié qu'ils n'ont jamais honorée en utilisant ce territoire, illégalement occupé depuis plus d'un siècle, comme base militaire et prison où des personnes que l'empire déclare ennemies et coupables sont torturées et enfermées dans un vide juridique, le plus souvent sans aucune preuve de leur crime.

« Comme si cette infamie, condamnée des centaines de fois par les tribunaux internationaux ne suffisait pas, on nous dit maintenant que 30 000 personnes expulsées seront envoyées à la base navale étasunienne à Guantanamo. Encore une fois, l'illégalité, le mépris des traités internationaux et l'idée inacceptable que certains pays et individus sont supérieurs au reste de l'humanité.

« En dépit des difficultés, comme nous l'avons dit ici, malgré les décrets présidentiels des maîtres du monde, nous ne nous tairons pas face à l'infamie et nous ne perdrons pas la confiance et la foi dans l'amélioration humaine, la vie future et l'utilité de la vertu. »

(Granma International. Photos : Granma, Estudios Revolucion)

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Une prison pour des « illégaux » dans une base illégale sur un territoire étranger

– Leidys Maria Labrador Herrera, Granma International, 30 janvier 2025 –

« Par un acte de brutalité, le nouveau gouvernement des États-Unis annonce l'incarcération de milliers de migrants qu'il expulse de force sur la base navale de Guantanamo, située en territoire cubain illégalement occupé, lesquels seront détenus près des prisons connues pour leurs actes de torture et leur détention illégale. »

C'est ce qu'a écrit sur le réseau X le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, après avoir appris que la base navale de Guantanamo – qui, en plus d'être illégale, abrite des actes de torture inimaginables et des violations des droits de l'Homme de toutes sortes – sera désormais également un centre de détention pour quelque 30 000 immigrants, selon une annonce du président Donald Trump.

Bien qu'aucune de ses décisions controversées n'ait suscité trop d'étonnement (au vu de qui elles viennent), il n'en est pas moins scandaleux qu'il prétende maintenant transformer le territoire – qui, comme le monde entier le sait, ne lui appartient pas – en un élément de sa stratégie visant à expulser des États-Unis des milliers de personnes qui sont arrivées dans ce pays à la recherche du soi-disant « rêve américain ».

Lors de la signature de la loi Laken Riley, Trump a annoncé un décret ordonnant aux départements de la Défense et de la Sécurité intérieure de commencer à préparer la base à cette fin, sans trop s'étendre sur la procédure par laquelle le transfert sera exécuté.

Depuis son accession, pour la deuxième fois, au fauteuil présidentiel, le milliardaire, connu pour son comportement discriminatoire à l'égard des immigrés, a pris les mesures les plus sévères en faveur d'un « nettoyage » qui aura des conséquences terribles, y compris pour les enfants à naître.

Cette nouvelle annonce intervient dans un contexte qui place à nouveau la base navale de Guantanamo au centre de l'attention internationale. De nombreuses horreurs y ont été commises, depuis l'enlèvement et l'assassinat de citoyens cubains jusqu'à l'utilisation de la base comme laboratoire pour le crime et la torture, sous la justification de la guerre contre le terrorisme. À ce jour, les tentatives, les annonces et les promesses de fermer la prison située sur la base sont restées lettre morte et, de toute évidence, ce n'est pas maintenant qu'ils le feront.

Ce qui est certain, c'est que, sous le prétexte politique et électoral d'un « nettoyage de personnes illégales qui ont envahi un sol qui ne leur appartient pas », les champions de la « liberté et des droits de l'Homme » ont trouvé une issue, aussi horrible qu'ironique, à la crise qu'ils ont eux-mêmes créée, en transférant des milliers des personnes expulsées vers ce coin de terre cubaine que les États-Unis ont usurpé, en leur qualité éhontée de gouvernement « étranger illégal qui a envahi un sol qui ne lui appartient pas ».

(Granma International, 30 janvier 2025)

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80 années de relations diplomatiques entre le Canada et Cuba

Réaffirmation de l'amitié entre les peuples
canadien et cubain


Le 15 janvier, une délégation du Groupe d'amitié parlementaire Canada-Cuba a été accueillie au Capitol national de la Havane par Esteban Lazo Hernandez, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste de Cuba et président de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (ANPP) et du Conseil d'État. La réunion a été une réaffirmation de la volonté d'élargir et de renforcer les relations interparlementaires, tel que noté sur le site web du Parlement.

Homero Acosta Alvarez, secrétaire de l'ANPP, a souligné les liens historiques entre le Canada et Cuba, ainsi que le respect qui a caractérisé les relations entre les deux pays.

Il a exprimé sa gratitude pour le soutien traditionnel du Canada à l'ONU en faveur de la résolution cubaine contre le blocus imposé par le gouvernement des États-Unis. Il a également souligné la pétition de la Chambre des communes demandant au gouvernement canadien de demander aux États-Unis de lever le blocus contre Cuba et de retirer ce pays de la liste des États qui soutiennent prétendument le terrorisme.

Acosta Alvarez a également abordé d'autres questions à l'ordre du jour national, dont les discussions au sein de la dixième législature de l'Assemblée nationale et les travaux parlementaires du plus grand pays des Caraïbes.

Gabriel Ste-Marie est coprésident du Groupe d'amitié parlementaire Canada-Cuba et vice-président du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Il a souligné que l'objectif de l'organisation est de développer de nouveaux projets et des opportunités de collaboration afin de continuer à renforcer les liens entre les deux peuples et les deux organes législatifs.

Ont également participé à la réunion, du côté cubain, Tamara Valido Benítez et Cristina Luna Morales, présidentes des commissions des services et de la santé et des sports du Parlement cubain, Alberto Nuñez, vice-président de la commission des relations internationales de l'ANPP, Joel Ortega Dopico, vice-président du groupe d'amitié parlementaire Canada-Cuba, et Jesus Rafael Mora Gonzalez et Sisay Caridad Poulout, respectivement directeur et responsable des relations internationales de l'Assemblée législative cubaine.

Pour voir une vidéo de la visite, cliquer ici.

Les événements de janvier soulignent l'amitié entre
les peuples canadien et cubain


Piquetage à Montréal en appui à Cuba, le 31 janvier 2025

En outre, en janvier, des événements ont eu lieu à Ottawa, Toronto et la Ville de Québec pour souligner les importants anniversaires pour le peuple cubain ainsi que les liens d'amitié de longue date entre les peuples du Canada et de Cuba.

Ottawa

Le 28 janvier, à Ottawa, il y a eu une cérémonie de levée du drapeau suivie d'une réception à l'ambassade cubaine, pour souligner la Journée nationale de Cuba – le 66e anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine le 1er janvier- et le 172e anniversaire de naissance du héros national cubain José Marti le 28 janvier. Le 80e anniversaire des relations diplomatiques ininterrompues entre le Canada et Cuba a aussi été célébré.

La journée a commencé à l'hôtel de ville où plusieurs diplomates, membres de la communauté cubaine et amis de Cuba se sont rassemblés à l'intérieur, où une représentante de l'ambassade cubaine, Indira Alonso, a souhaité la bienvenue à tout le monde. Elle a présenté le conseiller de la ville d'Ottawa Riley Brockington qui, au nom du maire d'Ottawa Mark Sutcliffe, a affirmé que le Canada et Cuba étaient fiers de leur engagement mutuel envers le dialogue ouvert, la coopération et l'avancement du commerce, des investissements et du tourisme. Brockington a remercié la communauté cubaine pour ses contributions à la ville d'Ottawa au fil des ans. Au nom du maire, il a accepté un bâton de baseball fabriqué par le canadien Bill Ryan, dont les bâtons de baseball sont utilisés par l'équipe de baseball les Industriales de la Havane et par toute la Ligue nationale de baseball cubaine.


Hôtel de ville à Ottawa

Tout le monde est ensuite sorti sur l'esplanade devant l'Hôtel de Ville où le drapeau cubain a été hissé. Le symbole de l'indépendance et de la résilience cubaines dansait au gré du vent, avec en arrière-plan un soleil éclatant du mois de janvier, alors qu'était joué l'hymne national des deux pays.

À midi, l'ambassade cubaine a accueilli les gens à une réception. Là, la porte-parole d'Affaires mondiales Canada Carolyn Knobel a salué le 28 janvier comme journée de profonde signification pour le peuple cubain. Invoquant les ouragans et les tremblements de terre qui ont affligé Cuba l'année dernière, elle a dit : « Le Canada était là avec le peuple cubain en ces moments difficiles. Les regards tournés vers l'avenir, réaffirmons notre engagement à travailler ensemble pour le bien-être de nos citoyens et pour bâtir un meilleur avenir pour nos deux nations. »


Orateurs à la réception à l'ambassade cubaine, de gauche à droite : la porte-parole d'Affaires mondiales Carolyn Knobel, chef de mission adjoint pour Cuba Dany Tur de la Concepcion, et le député du Bloc Québécois dans Joliette, Gabriel Ste-Marie.

Gabriel Ste-Marie, député du Bloc Québécois pour Joliette et co-président du Groupe d'amitié parlementaire Canada-Cuba, a ensuite lu son discours en espagnol, au grand plaisir de tous présents. Ste-Marie a dit que c'était pour lui un honneur de célébrer avec le peuple cubain sa Journée nationale et 80 ans de relations diplomatiques entre le Canada et Cuba. Il a parlé des difficultés auxquelles le peuple cubain était confronté en raison du blocus et a exprimé sa confiance que le peuple cubain triompherait. Il a aussi exprimé son admiration pour la force, la résilience et la détermination du peuple cubain. Il a dénoncé le blocus et les sanctions des États-Unis contre Cuba et a conclu avec « Viva Cuba Soverana ! » (Vive Cuba souverain !).

Ste-Marie a aussi reçu un bâton de baseball de Bill Ryan. Celui-ci a rappelé à tout le monde que le député avait parrainé la pétition parlementaire de 2024 en appui à Cuba. Les signataires de la pétition demandent que le gouvernement du Canada agisse concrètement en opposition aux attaques des États-Unis contre la nation de l'île héroïque, spécifiquement en intervenant auprès du gouvernement des États-Unis pour qu'il enlève Cuba de la liste arbitraire et fallacieuse des États soutenant le terrorisme du département d'État américain. Les signataires appellent aussi le gouvernement du Canada à veiller à ce que les relations qu'entretient le Québec et le Canada avec Cuba demeurent fondées sur l'égalité et le respect de la souveraineté, de l'indépendance et du droit à l'autodétermination.

En recevant le bâton de baseball, Gabriel Ste-Marie a lancé à la blague que ce bâton contribuerait peut-être à ramener les Expos à Montréal.

Au nom de l'ambassade cubaine, Dany Tur de la Concepcion, chef de mission adjoint, a pris la parole aux deux événements. Il a dit que c'était un honneur pour lui de participer à la cérémonie de la levée du drapeau pour souligner les trois importants anniversaires, et a exprimé sa gratitude pour l'hospitalité de la Ville d'Ottawa envers l'ambassade cubaine au fil des ans.

Il a souligné qu'en fait l'histoire des liens entre le Canada et Cuba est vieille de plus de trois siècles. Plus particulièrement, Cuba n'a jamais oublié qu'au lendemain du triomphe de la Révolution cubaine en 1959, dans un contexte d'énormes pressions exercées pour isoler Cuba, les seuls pays d'Amérique qui ont maintenu des relations diplomatiques avec Cuba ont été le Canada et le Mexique. Il a dit que le Canada est la plus importante source de tourisme pour Cuba, avec en moyenne plus d'un million de Canadiens qui visitent l'île à chaque année avant la pandémie de COVID-19, et que Cuba met tout en oeuvre pour rétablir ces chiffres dans les plus brefs délais. Il a souligné qu'en 2024 Cuba a accueilli près de 40 000 touristes d'Ottawa.

Dany Tur a fait valoir que le Canada est la deuxième source la plus importante d'investissements à Cuba, avec une présence significative dans des secteurs clés tels que l'industrie minière, le pétrole, le gaz, l'énergie renouvelable, l'agriculture et le tourisme, et que le Canada rejette la politique américaine de sanctions contre le peuple cubain. Il a aussi remercié le Canada de voter en faveur de Cuba dans le cadre de la résolution votée à l'ONU – pour mettre fin au blocus inhumain et illégal – à tous les ans depuis 1992, lorsque la résolution a été présentée pour la première fois.

Toronto

Le 8 janvier, plus de 60 personnes ont participé à une cérémonie de levée du drapeau à l'Assemblée législative de l'Ontario. Y ont participé des membres du parlement provincial et du corps diplomatique étranger basé à Toronto, l'Association Juan Gualberto Gomez des résidents cubains à Toronto, des organisations de solidarité, des partis politiques et d'autres groupes. C'est la deuxième année que le drapeau cubain est hissé à Queen's Park. Lors de la célébration de cette année, a aussi été souligné le 80e anniversaire des relations diplomatiques officielles ininterrompues entre Cuba et le Canada.

Le consul général de Cuba à Toronto, Jorge Yanier Castellanos Orta, a exprimé son appréciation du fait que les gens ont bravé un froid extrême pour souligner la Journée nationale de Cuba, commémorant le jour où l'armée rebelle, dirigée par Fidel Castro, est entrée à la Havane en 1959. Ce jour a marqué le début d'une nouvelle ère dans l'histoire et la vie du peuple cubain, un moment charnière pour le peuple cubain qui devenait l'architecte de son propre destin.

Le Consul général a souligné que malgré les difficultés vécues par le peuple cubain en raison du blocus brutal des États-Unis, Cuba continue de se tenir debout avec fierté, comptant avec fermeté sur ses principes et sur son indépendance et, avec le soutien des peuples canadien et du monde, continue d'aller de l'avant. Il a aussi souligné les bonnes relations État à État et de peuple à peuple entre le Canada et Cuba, soulevant que le Canada n'a pas rompu ses relations diplomatiques avec Cuba lorsque les États-Unis ont rompu leurs relations avec Cuba après la Révolution. Il a dit qu'il espérait que le Canada continuerait de renforcer ses relations avec Cuba dans les années à venir.

Suite aux présentations, il a hissé le drapeau cubain dans le ciel azur ontarien au son de l'hymne national cubain entamé par ceux présents.

Michael Tibollo, ministre associé délégué à la Santé mentale et de la lutte aux dépendances, a fait part des chaleureuses salutations du gouvernement ontarien. Il a parlé des nombreuses années qu'il avait passées à Cuba, où il a oeuvré à renforcer les relations économiques entre le Canada et Cuba, et il a exprimé sa sincère appréciation de Cuba et du peuple cubain. Le ministre Tibollo a dit qu'il espérait que les relations positives entre l'Ontario et Cuba et entre le Canada et Cuba deviendraient toujours plus fortes, car elles contribuent de manière positive aux deux pays. Il a transmis au consul général une déclaration d'appréciation du gouvernement Ford à Cuba en cette occasion.

Suite à la présentation de Tibollo, le personnel consulaire cubain a lu des messages d'appui des partis libéral et néodémocrate de l'Assemblée législative de l'Ontario.

Au nom du Corps consulaire antillais de Toronto, le Consul général de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Fitzgerard Huggins, a exprimé son grand plaisir de participer à la levée du drapeau. Il a souligné que Cuba est un membre des plus respectés de la communauté caribéenne (CARICOM) et de la Communité des États de l'Amérique latine et caribéens (CELAC). Il a parlé des énormes contributions de Cuba envers ses voisins caribéens et latino-américains. Il a dit que Cuba était le meilleur voisin qu'on pouvait souhaiter et que c'est Cuba qui a toujours été aux premières lignes pour offrir son soutien dans les domaines de la santé et de l'éducation, et répondre aux urgences. Il a rappelé que c'est Cuba qui avait fourni des vaccins pendant la pandémie de COVID aux peuples des Caraïbes alors que « d'autres pays plus grands ont pratiqué la diplomatie vaccinale ». Il a fait valoir que le CARICOM continue d'exiger que le blocus illégal contre Cuba soit levé et qu'il n'arrêtera pas de le faire jusqu'à ce que ce soit fait.

Vida Carranza, une jeune femme représentant l'Association Juan Gualberto Gomez des résidents cubains à Toronto, a exprimé son appréciation envers le gouvernement de l'Ontario qui a aidé à organiser la célébration. Elle a dit : « Nous ressentons une grande fierté et une leçon d'humilité de voir le drapeau de Cuba déployé dans le ciel de Toronto. Nous reconnaissons que ce drapeau est le symbole de nos identités nationales et culturelles. Il représente la lutte pour l'indépendance du peuple cubain. » Elle a dit que la Journée nationale de Cuba est une des journées les plus significatives dans l'histoire de Cuba. C'est le jour où la révolution des humbles, par les humbles et pour les humbles, a triomphé. » Elle a exigé que le blocus inhumain des États-Unis, qui asphyxie le développement de Cuba et est une violation des droits de tous les Cubains, y compris ceux qui vivent à l'étranger, soit levé. Elle a aussi exigé que les États-Unis enlèvent Cuba de sa liste tendancieuse des « États soutenant le terrorisme ».

Les gens sont restés pour jaser avec le consul général cubain et le personnel consulaire, pour faire part de leurs félicitations et pour exprimer leur solidarité et leur appui à Cuba et au peuple cubain.

Québec

Le 28 janvier de cette année était le 172e anniversaire de la naissance de José Marti, héros de l'indépendance cubaine. En cette occasion, Susana Malmierca Benitez, consule générale de Cuba à Montréal, accompagnée d'activistes de la Table de concertation Québec-Cuba, est allée déposer des fleurs sur le monument de José Marti dans le parc de l'Amérique-latine dans la Ville de Québec. Ce buste, un cadeau de la République de Cuba, a été érigé dans le parc en septembre 2007.

José Marti était l'architecte de la guerre de 1895 et le penseur critique de « la nouvelle république » qui serait formée à Cuba après l'indépendance, une république « pour tous et pour le bien-être de tous », qui serait essentielle dans l'opposition à l'expansionnisme de son voisin du nord. Sur le buste est écrit en français : « José Julian Marti y Perez est né à la Havane (Cuba) le 28 janvier 1853. Il est mort au combat à Los Rios (Cuba) en mai 1895. L'auteur d'une vaste oeuvre littéraire, il a organisé et entrepris la guerre de 1895-1898 pour l'indépendance de son pays. Il est le héros national de la République de Cuba. »

(Photos : LML, ambassade de Cuba)

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À titre d'information

Le rôle important des États-Unis dans le trafic international de drogue

Le 1er février, le président américain Donald Trump a publié un décret intitulé « Imposing Duties to Address the Flow of Illicit Drugs Across Our Northern Border » (Imposer des tarifs pour lutter contre le flux de drogues illicites à notre frontière nord), qui vise le Canada en lui imposant divers tarifs douaniers s'il ne se conforme pas aux exigences américaines. Le décret indique que Trump estime que « l'afflux soutenu d'opioïdes illicites et d'autres drogues a de profondes conséquences sur notre nation, mettant des vies en danger et exerçant une pression considérable sur notre système de santé, nos services publics et nos communautés.

« Ce défi menace le tissu de notre société. Les membres de gangs, les passeurs, les trafiquants d'êtres humains et les drogues illicites de toutes sortes ont afflué à travers nos frontières et dans nos communautés. Le Canada a joué un rôle central dans ces défis, notamment en ne consacrant pas suffisamment d'attention et de ressources ou en ne coordonnant pas de manière significative avec ses partenaires américains chargés de l'application de la loi pour endiguer efficacement le flot de drogues illicites. » [...].[1]

L'affirmation de Trump selon laquelle le Canada est une source importante de drogues illicites n'est pas étayée. « Il n'y a que peu ou pas de preuves ou de données provenant des organismes d'application de la loi aux États-Unis ou au Canada pour étayer l'affirmation selon laquelle le fentanyl produit au Canada constitue une menace croissante pour les États-Unis », a déclaré Marie-Eve Breton, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada, au New York Times le 6 février. Le New York Times écrit qu'en 2024, « moins d'un 1 % du fentanyl arrivant aux États-Unis provenait du Canada », notant que l'année dernière, « environ 19 kilogrammes de fentanyl ont été interceptés à la frontière canado-américaine ».

Malgré ces faits, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé dans un communiqué de presse du 11 février « la nomination de Kevin Brosseau en tant que nouveau tsar du fentanyl du Canada, avec effet immédiat ». L'utilisation du terme « tsar » est typique de la terminologie politique américaine. Les médias ont rapporté que le titre officiel de M. Brosseau est « commissaire de la lutte du Canada contre le fentanyl », ce qui n'a pas été mentionné dans le communiqué de presse de Trudeau.

Selon le communiqué de presse de Justin Trudeau, « À titre de tsar du fentanyl, M. Brosseau travaillera en étroite collaboration avec ses homologues américains et les organismes chargés de l'application de la loi afin d'accélérer les efforts déployés par le Canada pour repérer, perturber et démanteler le commerce du fentanyl. M. Brosseau possède une vaste expérience en matière d'application de la loi, ayant été au service de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pendant plus de 20 ans, notamment en tant que sous-commissaire et policier en chef du Manitoba. Récemment, en tant que sous-conseiller à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre, M. Brosseau s'est attaqué aux défis les plus délicats du Canada en matière de sécurité. Ses compétences manifestes dans la lutte contre le trafic de drogues, les réseaux du crime organisé et d'autres menaces pour la sécurité nationale seront d'une grande valeur pour ce poste. »

Le communiqué de presse poursuit : « Le Canada prend des mesures importantes pour mettre fin à la production et au trafic du fentanyl illégal. Nous améliorons et augmentons les capacités de détection aux frontières pour repérer les armes à feu et les drogues illégales et pour réduire le temps de traitement des conteneurs de fret. Nous mettons sur pied le Centre canadien d'analyse des drogues, qui sera chargé d'analyser des échantillons de drogues illégales afin de déterminer où et comment ces drogues sont fabriquées. Nous déployons de nouveaux outils de détection des agents chimiques aux points d'entrée à risque élevé, de nouvelles équipes canines pour intercepter les drogues illégales et une nouvelle Unité de gestion des risques liés aux précurseurs pour mieux suivre les précurseurs et les canaux de distribution. »

« Bien que moins de 1 % du fentanyl intercepté à la frontière américaine provienne du Canada, une quantité quelconque de fentanyl, c'est déjà trop. Grâce au Plan frontalier du Canada de 1,3 milliard de dollars, nous rendons notre frontière plus forte et mettons un terme au commerce du fentanyl – avec de nouveaux hélicoptères Black Hawk, des drones, des tours de surveillance mobiles et quelque 10 000 agents sur le terrain qui travaillent à la protection de la frontière. Nous allons également inscrire les cartels du crime organisé à la liste des entités terroristes établie en vertu du Code criminel, ce qui facilitera considérablement l'exécution des enquêtes criminelles au Canada en renforçant la capacité de la GRC à prévenir et à perturber les activités des cartels dans notre pays.

« La semaine dernière, le premier ministre a signé une nouvelle directive pour les services de renseignement, appuyée par un investissement de 200 millions de dollars, qui donnera à nos organismes de sécurité plus de moyens de recueillir des renseignements sur la criminalité transnationale organisée et de les communiquer à nos partenaires américains et aux organismes d'application de la loi de tout le continent. Cette directive s'ajoute aux efforts de coordination des organismes d'application de la loi, notamment ceux de la force de frappe conjointe Canada-États-Unis sur le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d'argent. »

Le Mexique dans le collimateur

Les États-Unis ont également ciblé le Mexique, non seulement sur la base d'un décret similaire à celui du 1er février visant le Canada, mais aussi par le biais d'un décret du 20 janvier intitulé « Désignation des cartels et autres organisations en tant qu'organisations terroristes étrangères et terroristes mondiaux spécialement désignés ». Ce décret déclare les cartels de la drogue au Mexique « organisations terroristes étrangères » et, parallèlement à la législation en cours, autoriserait le recours à la force militaire américaine au Mexique.

Le 3 février, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a écrit sur les réseaux sociaux : « « [Nous] rejetons catégoriquement les calomnies de la Maison-Blanche qui accuse le gouvernement mexicain d'avoir des alliances avec des organisations criminelles, ainsi que toute intention d'ingérence sur notre territoire. La souveraineté n'est pas négociable. Si une telle alliance existe quelque part, c'est chez les armuriers américains qui vendent des armes de gros calibre. »

Néanmoins, de son côté, le Mexique a répondu à la menace des tarifs douaniers américains en annonçant le 3 février qu'il déploierait 10 000 membres de sa Garde nationale à sa frontière avec les États-Unis pour arrêter le trafic de drogue vers les États-Unis. Les États-Unis, pour leur part, doivent mettre fin au trafic illégal d'armes vers le Mexique, un accord que le président américain n'a même pas reconnu.

La présidente mexicaine a appelé à plusieurs reprises les États-Unis à mettre de l'ordre chez eux et à s'attaquer à la crise de la drogue qui sévit sur leur territoire et qui alimente la demande de drogues illicites. Elle s'est également opposée à la guerre menée par les États-Unis contre les migrants, que Donald Trump accuse de trafic de drogue et de toutes sortes de crimes sans fondement.

Dans des remarques faites le 14 février, Claudia Sheinbaum a déclaré : « Le Mexique n'est pas à vendre, notre patrie n'est pas à vendre, la souveraineté ne se négocie pas, nous, les Mexicains, sommes là pour défendre notre patrie. » Elle a fait savoir aux migrants mexicains vivant aux États-Unis, qui contribuent à hauteur de 10 % au PIB des États-Unis, que le pays les considérait comme des héros, que ceux qui avaient besoin de conseils juridiques recevraient le soutien des consulats du Mexique et que s'ils décidaient de rentrer, ils seraient accueillis à bras ouverts.

S'exprimant le 13 février, Sheinbaum a souligné que les États-Unis abritaient des cartels de la drogue. Elle a déclaré : « Il y a aussi du crime organisé aux États-Unis et des Américains qui viennent au Mexique pour mener ces activités illégales. Sinon, qui distribuerait du fentanyl dans les villes des États-Unis ? »

La présidente du Mexique répondait à un journaliste du média Animal Político. Le média avait publié plus tôt dans la semaine un rapport sur une enquête qui avait révélé que depuis l'entrée en fonction de l'ancien président mexicain Andrés Manuel López Obrador en décembre 2018, plus de 2 600 citoyens américains avaient été arrêtés au Mexique pour des infractions liées au crime organisé, notamment le trafic de drogue et d'armes à feu.

« Le problème n'est pas seulement que la drogue passe du Mexique aux États-Unis », a déclaré Claudia Sheinbaum. Elle a déclaré que le Mexique était disposé à travailler avec le gouvernement des États-Unis sur les questions de sécurité au Mexique, mais que le gouvernement des États-Unis devait également « faire son travail » pour « éviter le trafic de drogue dans leur pays ». « Aux États-Unis, ils doivent aussi agir », a déclaré Mme Sheinbaum.

Exemples du rôle des États-Unis dans le trafic de drogue dans le monde

Pendant des décennies, les États-Unis ont pratiqué le trafic de drogue pour financer leurs activités anticommunistes de « contre-insurrection » dans le monde entier pendant la guerre froide. Leur « guerre contre la drogue » est utilisée pour militariser d'autres pays et autoriser l'intervention militaire des États-Unis au nom de la lutte contre le trafic de drogue dont ils sont eux-mêmes responsables.

Alors même que le président des États-Unis accuse le Canada, le Mexique et quiconque il cherche à intimider de trafic de drogue et qu'il utilise la lutte contre la drogue comme prétexte pour forcer divers pays à se soumettre à ses directives, le monde sait que ce sont les États-Unis qui sont depuis longtemps impliqués dans le trafic de drogues illicites, par le biais de leur Agence centrale de renseignement (CIA) en particulier, ainsi que de leur Agence de lutte contre la drogue (DEA). Cela inclut l'armement des cartels de la drogue jusqu'aux dents et l'utilisation des profits du trafic de drogue pour financer d'autres activités illégales, tout en utilisant la « guerre contre la drogue » comme prétexte pour mener des interventions militaires dans d'autres pays.

Cette activité criminelle de l'État américain a été une partie particulièrement importante du modus operandi des États-Unis dans la poursuite de ses objectifs impérialistes depuis le début de la guerre froide après la Deuxième Guerre mondiale. Elle a toujours fait partie intégrante de la contre-insurrection impérialiste américaine pour vaincre les luttes de libération nationale dans le monde entier, en particulier en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Depuis la fin de la division bipolaire du monde, avec l'effondrement de l'ex-Union soviétique entre 1989 et 1991, les États-Unis ont utilisé ce modus operandi pour acheter les barons de la drogue et les seigneurs de guerre non seulement en Afghanistan et en Afrique, mais aussi pour organiser des forces mercenaires néonazies en Europe même, comme en Yougoslavie, et les relier ensuite à leurs opérations contre-révolutionnaires en Asie et en Afrique du Nord.

Sans parler du fait que les États-Unis sont les principaux responsables des souffrances et de la misère de tous ceux qui sont devenus dépendants de la drogue, des décès dus aux surdoses et des conséquences sur les familles et les communautés. Le programme des États-Unis d'incarcération de masse, en particulier l'emprisonnement disproportionné des Afro-Américains, fait lui-même partie de sa « guerre contre la drogue ».

Les affirmations de l'actuelle administration Trump selon lesquelles le Canada et le Mexique sont responsables de l'entrée de drogues aux États-Unis sont d'une impudence sans nom, car sans le soutien des services de police américains à tous les niveaux et de l'autorité américaine elle-même, le trafic de drogue aurait été éliminé depuis longtemps. Le refus du Canada de fournir les informations bien connues sur la production et le trafic de drogues est tout aussi impudent. Alors que les forces de police canadiennes font des déclarations sur la faible quantité de fentanyl qui entre aux États-Unis en provenance du Canada, tout en dépensant des millions pour les forces de police à la frontière, elles sont loin de fournir des informations sur le rôle des États-Unis dans la production et le trafic de drogues pour soutenir des opérations criminelles de contre-insurrection dans le monde entier.

Les années 1940 : le trafic de drogue de la CIA en Indochine

Dans un article publié en 1987 par Covert Action et intitulé « Running Drugs and Secret War », David Truong a écrit sur les opérations de la CIA en Thaïlande visant à saper la République populaire de Chine. L'article a été publié dans le contexte des enquêtes sur le scandale Iran-Contra, une opération américaine de trafic d'armes utilisée pour financer des forces paramilitaires réactionnaires anticommunistes au Nicaragua afin de renverser les Sandinistes.

David Truong explique que pendant la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, alors que la France mettait en place des opérations clandestines pour rétablir son autorité en Indochine (avec l'aide des États-Unis et de la Grande-Bretagne), les États-Unis avaient lancé des opérations similaires en Birmanie et en Thaïlande pour saper la République populaire de Chine naissante.

David Truong écrit :

« Les activités de renseignement des États-Unis en Thaïlande s'inscrivaient dans le cadre d'un vaste programme secret, approuvé par l'état-major interarmées et la Maison Blanche de Truman, contre le gouvernement communiste chinois nouvellement établi. Depuis 1948, l'Office for Policy Coordination (OPC), dirigé par feu Frank Wisner, avait lancé un certain nombre d'opérations secrètes en Europe, sous l'impulsion de la guerre froide, et préparé le terrain pour d'autres opérations anticommunistes en Asie.

« Civil Air Transport (CAT), la première compagnie aérienne privée des services de renseignement américains en Extrême-Orient, a effectué des missions et des largages clandestins pour l'OPC, puis pour la CIA, dans toute l'Indochine, la Thaïlande, la Birmanie et le sud et l'est de la Chine. Début février 1951, la CIA a lancé l'opération PAPER, la première opération paramilitaire majeure dans cette partie de l'Asie du Sud-Est. Elle impliquait l'invasion de la province du Yunnan, dans le sud de la Chine, par quelque 4 000 soldats du Kuomintang [KMT] basés à Mong Hsat, en Birmanie. »

Les troupes du général Li Mi du KMT ont été vaincues et repoussées en Birmanie. Avec l'aide continue de la CIA, le KMT a de nouveau tenté à deux reprises d'envahir la province du Yunnan avant de se replier sur le territoire des États Shan en Birmanie.

David Truong poursuit :

« Dans les décennies qui ont suivi, la Thaïlande est devenue la rampe de lancement de la multitude d'opérations secrètes américaines contre la Chine. Tout au long des années 1960 et au début des années 1970, alors que les États-Unis renforçaient leur rôle au Laos et au Sud-Vietnam, l'Agence a développé ses programmes paramilitaires secrets basés en Thaïlande contre l'Indochine et le reste de l'Asie du Sud-Est. Ce théâtre d'opérations clandestines était également une importante région de culture de l'opium, s'étendant du sud du Yunnan aux États Shan voisins de Birmanie, au nord de la Thaïlande et au nord du Laos. Elle était communément appelée le « Triangle d'Or » par les trafiquants d'opium et d'héroïne, et était à l'origine de 70 % de la production mondiale d'opium au début des années 1970. Aujourd'hui, le Triangle d'Or produit encore au moins 90 tonnes d'héroïne par an destinées au marché américain.

« Les troupes du KMT soutenues par la CIA se sont installées en Birmanie après la Deuxième Guerre mondiale et ont contrôlé le trafic d'opium pour les acheteurs du nord de la Thaïlande et de Bangkok. À partir de 1948, les activités de renseignement américain dans le Triangle d'Or ont été étroitement liées au commerce de l'opium. Les itinéraires d'infiltration des équipes de commandos de la CIA dans le sud de la Chine servaient également de routes de contrebande de drogue pour les trafiquants en Birmanie et en Thaïlande. Les membres des tribus locales Shan servaient de guides aux équipes de l'Agence et aux caravanes d'opium près de la frontière birmano-chinoise. Et l'Agence avait maintenu cinq camps d'entraînement secrets et deux postes d'écoute clés dans les États Shan, protégés par ses troupes de contrebande de drogue du KMT et les membres des tribus locales.

« La Thaïlande était bien sûr un marché important pour l'opium à la pointe du Triangle d'Or. Les cliques militaires d'hommes forts qui dirigeaient le pays, à commencer par le général Phao Siyanon en 1947, contrôlaient également le Département de la police nationale thaïlandaise (TNPD), qui était le plus grand syndicat de trafic d'opium du pays. Ces « hommes forts » se sont enrichis considérablement grâce à leur monopole sur la drogue et à leurs liens avec la CIA. Une grande partie de ce réseau de trafic de drogue reste très actif aujourd'hui et est profondément enraciné dans les milieux militaires et paramilitaires thaïlandais.

[...]

« Les racines historiques du réseau d'approvisionnement secret des contras en Amérique centrale remontent aux programmes paramilitaires de la CIA avec le Kuomintang et la police frontalière thaïlandaise (BPP) en Asie du Sud-Est. Ces opérations secrètes ont permis à l'Agence d'acquérir une expérience considérable dans la gestion des guerres secrètes et du trafic de drogue. »

David Truong poursuit en écrivant que, pendant la période allant de 1966 à 1969, « plusieurs acteurs clés de l'actuel réseau d'approvisionnement en armes des contras ont développé leurs compétences dans le trafic de drogue et la gestion de la guerre secrète ».

Les années 1970 : soutien de la CIA aux cartels mexicains de la drogue

Un essai de Jonathan Marshall publié en 1991 dans le livre Cocaine Politics : Drugs, Armies, and the CIA in Central America (La politique de la cocaïne : drogues, armées et la CIA en Amérique centrale), expose comment la CIA a soutenu la corruption, les cartels de drogue et les activités criminelles au Mexique, tout cela lié aux interventions des États-Unis en Amérique centrale. Marshall explique qu'en juin 1975, suite à l'arrêt d'Alberto Sicilia-Falcon, un exilé cubain basé à Tijuana, « le dirigeant de la plus grande organisation de trafic de cocaïne et de marijuana au monde », l'implication des États-Unis et de ses agences dans le commerce illicite de stupéfiants au Mexique, directement liée à leurs campagnes anticommunistes en Amérique latine et les Caraïbes, a commencé à être dévoilée. Marshall écrit :

« Sicilia lui-même prétendait que de puissants alliés politiques et du monde du renseignement avaient aidé son ascension fulgurante dans le monde de la criminalité. Il a dit à la police qu'il était un protégé de la CIA, ayant été formé à Fort Jackson en tant que partisan dans la guerre secrète contre Cuba de Castro. Pour le remercier d'avoir aidé la CIA à expédier des armes à certains groupes en Amérique centrale, affirme-t-il, l'agence a facilité le mouvement de son héroïne et d'autres drogues. »

Les personnes avec qui Sicilia a travaillé de près, soit au sein de son organisation criminelle ou du gouvernement mexicain, étaient aussi des agents de la CIA, par exemple, le dirigeant de la puissante Direccion Federal de Suguridad (DFS), Miguel Nazar Haro, qui selon Jonathan Marshall était aussi bien un agent de la U.S. Drug Enforcement Administration (DEA), et « sans doute 'la source la plus importante de la CIA au Mexique et en Amérique centrale', selon l'agence elle-même. »

Durant le mandat de Nazar Haro à la DFS – de 1977 à 1982 – les États-Unis ont mené une opération massive de couverture de sa soi-disant suppression du trafic de la drogue. Marshall affirme que les représentants du gouvernement des États-Unis « savaient que la suppression du trafic de la drogue au Mexique était une fraude, mais ont choisi de cacher la vérité au peuple américain jusqu'au meurtre flagrant de l'agent Enrique Camarena de la DEA en février 1985. C'est à ce moment seulement que l'administrateur de la DEA, Francis Mullen Jr., a pris le public au dépourvu en annonçant que 'le Mexique n'a pas arrêté un seul grand trafiquant de drogue en huit ans' ».

La campagne de suppression du trafic de la drogue par le gouvernement mexicain, nommée Opération Condor, a commencé en 1975. « Elle n'a réussi qu'à remplir les prisons de pauvres paysans accusés de faire pousser de la marijuana sur leurs lopins de terre – ou soupçonnés d'organiser la gauche dans les régions rurales – plutôt que d'arrêter un seul grand caïd de la drogue », écrit Jonathan Marshall. Il explique en outre que les deux présidents mexicains responsables de l'opération étaient connus pour leur corruption, leurs liens familiaux au commerce de stupéfiants, et ne se gênaient pas pour s'enrichir de ces activités criminelles.

Sicilia a eu recours à des pots de vins pour qu'Opération Condor cible ses compétiteurs des cartels de la drogue à Sinaloa, mais après son arrestation en 1975, Condor a commencé à soutenir son compétiteur. Les principaux trafiquants de Sinaloa ont tout simplement déménagé à Guadalajara où ils ont resserré leur contrôle.

La DFS mexicaine, entretemps, a fourni une protection inestimable aux chefs de cartel de Guadalajara. « Mais la DFS a fait beaucoup plus que de simplement protéger les trafiquants les plus notoires. Il les a même unifiés au sein d'un même cartel, centralisant et rationalisant leur opération, éliminant les compétiteurs et, à l'aide de ses liens avec la CIA, a fourni la protection internationale requise pour assurer leur réussite. »

Marshall explique que la DFS mexicaine a fourni de l'aide à des exilés cubains au Mexique pour qu'ils puissent faire du trafic de drogue. Ces mêmes réactionnaires ont mené des attaques terroristes contre Cuba, ses amis et ses alliés, sous l'égide de la CIA. Il écrit :

« La famille Zambada d'exilés cubains basés au Mexique a approvisionné en drogues le Mouvement nationaliste cubain à la fin des années 1970, une composante de la CORU (Coordination des organisations révolutionnaires unies) dont les membres étaient responsables de l'assassinat, en 1976, de l'ancien ambassadeur chilien Orlando Letelier à Washington, DC. (José Dionisio Suarez, arrêté récemment pour avoir probablement fait détonner la bombe qui a tué Letelier, aurait fait un séjour au Guatemala pour former au combat les Contras du Nicaragua sous l'égide de l'Argentine pour ensuite se mettre au service de la mafia colombienne de la drogue en tant que contrebandier et fier-à-bras.) »

La CORU a été créée en 1976 avec le soutien de la CIA, qui était sous la direction de George H.W. Bush. Il a été fondé par un groupe comprenant les terroristes soutenus par la CIA Orlando Bosch et Luis Posada Carriles. En plus de l'assassinat de Letelier et d'autres, la CORU a aussi perpétré l'attaque à la bombe contre le vol Cubana 455 aux Barbades le 4 octobre 1976, qui a tué 73 personnes.

Les années 1980 : le scandale Iran-Contra

Dans les archives de la sécurité nationale à l'Université George Washington, on soulève qu'en novembre 1986, « le président Ronald Reagan a annoncé à la nation – après l'avoir nié pendant des semaines – que des membres du personnel de la Maison-Blanche étaient impliqués dans une toile d'intrigues secrètes liant le soutien illicite des États-Unis à la guerre de guérilla en Amérique centrale à un marché explosif conclu avec la République islamiste de l'Iran prévoyant un échange d'armes contre des otages. « Spécifiquement, le président de l'époque, Ronald Reagan, est sciemment contrevenu à l'embargo d'armes des États-Unis pour vendre des armes à l'Iran, les bénéfices ayant alors servies à financer les forces contrerévolutionnaires au Nicaragua. Le vice-président de l'époque, George H.W. Bush, un ancien directeur de la CIA (de 1976 à 1977), était aussi impliqué, alors qu'il aurait été responsable des opérations par lesquelles les États-Unis ont mené des activités criminelles pour générer des fonds pour des interventions étrangères.

Dans les archives de la sécurité nationale, on ajoute :

« Éventuellement, un comité spécial conjoint du Congrès et un conseil indépendant assigné aux tribunaux ont été mis sur pied, et les deux ont découvert des volumes de documents inestimables affirmant ce qui s'était produit, y compris :

« - Après avoir été explicitement interdits d'assister les Contras avec de l'aide militaire et du renseignement, le président et ses principaux conseillers se sont mis à solliciter de l'aide financière et d'autre aide matérielle d'un ensemble de gouvernements, y compris l'Arabie saoudite, la Chine, le Sultanat de Brunei et l'État apartheid de l'Afrique du Sud. Personne n'a eu l'intention d'en aviser le Congrès, qui avait l'autorité constitutionnelle sur le financement de ces activités.

« - Lorsque la sollicitation de gouvernements étrangers ne semblait plus suffire, un membre du personnel du Conseil de la sécurité nationale, Oliver North, le principal homme de main de cette affaire, avec l'autorisation d'au moins un de ses supérieurs, le conseiller à la sécurité nationale John Poindexter, a détourné les revenus de la vente illégale de missiles à l'Iran vers les Contras – l'aspect de ce scandale qui a attiré le plus d'attention.

« - Reagan avait autorisé des pourparlers directs avec l'Iran pour marchander la libération d'otages américains détenus par le Hezbollah au Liban, contredisant directement sa propre politique bien établie, et méprisant les démarches statutaires exigeant de justifier cette décision par écrit et d'en aviser le Congrès.

« - Lorsque les assistants supérieurs de Reagan lui ont dit que le marchandage avec l'Iran était illégal, il leur a répondu catégoriquement qu'il était prêt à en subir les 'accusations d'illégalité' »

« - Après que l'opération clandestine d'appui aux Contras a été exposé suite à l'écrasement d'un avion de marchandises soutenu par les États-Unis (en octobre 1986), les représentants du département d'État et de la CIA ont fait des faux témoignages devant le Congrès, prétendant que les États-Unis n'étaient pas au courant du programme. Leurs témoignages ont éventuellement mené à des aveux de culpabilité face à des accusations criminelles d'avoir induit le Congrès dans l'erreur.

« - Après que le marchandage avec l'Iran a été fuité dans un périodique de nouvelles libanais, la Maison-Blanche a reconnu qu'il devenait beaucoup plus compliqué de camoufler son rôle. Le président, le vice-président et les autres assistants supérieurs se sont ralliés pour protéger le président et leur politique clandestine en mettant de l'avant une histoire qui s'éloignait de plus en plus de la vérité.

« - Le vice-président George H. W. Bush était à toutes fins pratiques conscient de ce qui se passait, et aurait même participé à certains aspects des opérations illicites même s'il a tout nié avec férocité à l'époque. Tous ces faits ont été confirmés dans des notes dictées qu'il avait refusé depuis des années à remettre au conseil indépendant, ainsi que dans d'autres documents au sujet d'une entente quid pro quo proscrite avec le gouvernement du Honduras. »

Les années 1980 : La CIA et l'Agence de lutte contre la drogue fait la promotion du trafic de la drogue en Afghanistan

La CIA a joué un rôle clé en Afghanistan pour mettre fin à l'occupation de ce pays par ce qui était l'Union soviétique à cette époque. La CIA a eu recours aux Contras contrerévolutionnaires pour établir les moudjahidines à cette fin, ainsi que des seigneurs de la guerre, rompant le conseil traditionnel (jirga) qui jouait un rôle clé dans le maintien de la paix et la résolution des conflits. La CIA a éventuellement transformé les moudjahidines en Al-Qaeda.

William Vornberger, dans un article intitulé « Les rebelles afghans et la drogue », publié dans CovertAction en 1987, a souligné :

« La DEA [Drug Enforcement Agency des États-Unis] reconnaît même que les contras appuyés par la CIA sont responsables du trafic d'héroïne en provenance de l'Afghanistan et du Pakistan. Après que David Melocik, la liaison du Congrès auprès du DEA, est retourné d'une mission d'enquête de l'Asie du Sud-Est, il a annoncé lors d'une conférence de presse que 'On peut dire que les rebelles font leur argent en vendant de l'opium. Il ne peut y avoir aucun doute...les rebelles soutiennent leur cause grâce à la vente d'opium'.

[...]

« Deux représentants de haut rang du Conseil stratégique de la Maison-Blanche sur la toxicomanie ont écrit avec candeur dans le New-York Times 'Nous nous inquiétons de la culture de coquelicots d'opium en Afghanistan et au Pakistan, par des membres de tribus rebelles qui sont de toute apparence les principaux adversaires des troupes soviétiques en Afghanistan. Faisons-nous fausse route en se liant d'amitié avec ces tribus comme nous l'avons fait au Laos lorsque Air America a aidé à transporter de l'opium à l'état pur de certaines régions tribales ?' »

Alfred McCoy est professeur d'histoire à l'Université de Wisconsin-Madison et l'auteur du livre The politics of heroin : CIA complicity in the global drug trade, Afghanistan, Southeast Asia, Central America, Colombia, (La politique de l'héroïne : la complicité de la CIA dans le commerce mondial de la drogue, en Afghanistan, Asie-du Sud-Est, Amérique centrale, Colombie), publié en 2023, qui a mis à jour une ancienne oeuvre publiée en 1972. Sa recherche révèle que la CIA a encouragé la production de l'héroïne en Afghanistan pendant des décennies pour financer des opérations visant à contenir la propagation du communisme, et plus tard pour financer des opérations visant à contenir la propagation de l'État islamique. McCoy allègue que la CIA protège des seigneurs de la guerre locaux et les pousse à devenir des seigneurs de la drogue.

Dans son livre, Alfred McCoy avance que la CIA suit à peu près toujours la même démarche dans son implication dans la drogue. Il cite le général Tuan Shi-wen, commandant de la Cinquième armée du Kuomintang (basée dans le Triangle d'Or), comme suit : « Nous allons continuer de combattre le mal du communisme, et pour le battre, il faut une armée, et une armée doit avoir des armes, et pour acheter des armes il faut avoir de l'argent. Dans ces montagnes, le seul argent, c'est l'opium. »

Alfred McCoy a aussi écrit que pendant les années 1980, « afin de combattre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, la CIA, de connivence avec l'Agence de renseignements interservices du Pakistan, a épaulé les seigneurs de la guerre afghans qui utilisaient les armes, la logistique et la protection de l'agence pour devenir des seigneurs de la drogue majeurs. »

Alfred McCoy dit du rôle du DEA et de la CIA en Afghanistan : « Bien que les causes de la pandémie de drogue des années 1980 soit complexes, la croissance du stock mondial d'héroïne pouvait être retracée, en grande partie, à deux principaux aspects de la politique des États-Unis – l'échec de l'interdiction par le DEA sur la guerre contre les drogues et la protection par la CIA des seigneurs de la drogue alliés dans ses guerres clandestines. En attaquant le trafic d'héroïne dans des secteurs distincts de la zone élargie d'opium en Asie, le DEA a simplement détourné les exportations d'héroïne de l'Amérique vers l'Europe et la production d'opium du Moyen-Orient à l'Asie du Sud-Est, pour y retourner à nouveau – augmentant par le fait même la consommation et la production mondiales à chaque fois. En outre, l'augmentation des récoltes d'opium en Afghanistan et au Pakistan, les principaux fournisseurs de l'Amérique, était une conséquence non prévue de la guerre clandestine de la CIA en Afghanistan. Tout comme des guerres clandestines antérieures avaient augmenté les récoltes d'opium de la Birmanie dans les années 1950, aussi l'aide de l'agence aux guérillas moudjahidines a plus tard augmenté la production d'opium en Afghanistan et lié les laboratoires d'héroïne avoisinants du Pakistan au marché mondial. Après une décennie de servir de sites d'opérations clandestines majeures de la CIA, la Birmanie et l'Afghanistan ont été, en 1989, le premier et le deuxième plus grand fournisseur d'héroïne au monde. [...]

« Pendant les années 1980, la guerre clandestine de la CIA en Afghanistan a transformé l'Asie centrale d'une zone d'opium fermée à un fournisseur majeur d'héroïne sur le marché mondial. [...] Durant cette décennie de guerre clandestine contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, les opérations de la CIA ont fourni la protection politique et les liens logistiques qui ont uni les champs de coquelicots afghans et les marchés d'héroïne en Europe et en Amérique. »

Alfred McCoy fait valoir que la CIA a cherché à mener sa guerre clandestine contre l'Union soviétique à l'aide de seigneurs de la guerre et de commandants, « faisant de leur pouvoir une condition au succès des opérations ». Ces seigneurs de guerre locaux ont ensuite utilisé l'opération clandestine de la CIA pour devenir des seigneurs de la drogue. McCoy écrit :

« Seulement deux ans après le début de la guerre afghane, l'appareil d'approvisionnement clandestin de la CIA qui expédiait des armes aux moudjahidines est devenu un appareil d'opération massive de drogue qui sortait l'opium de l'Afghanistan, passant par les laboratoires d'héroïne du Pakistan, et expédié aux marchés internationaux. À mesure que les laboratoires d'héroïne ouvraient le long de la frontière afghane-pakistanaise pour servir les marchés occidentaux dans les années 1979-1980, la production d'opium du Pakistan a augmenté de près de dix fois, à 800 tonnes. En un an, l'héroïne pakistanaise représentait 60 % de la demande illicite de l'Amérique et une plus grande part encore en Europe. »

[...]

Les années 1990 : la guerre des États-Unis contre la drogue en Colombie

L'un des principaux buts des États-Unis en Colombie était de vaincre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) qui menaient une guérilla dans le but de donner du pouvoir au peuple colombien et de chasser ceux qui appauvrissaient le pays et exploitaient la population au service d'intérêts privés et étrangers. Ils l'ont fait sous couvert de lutte contre la drogue, tout en augmentant en réalité la production et le trafic de drogues illicites en Colombie et dans la région, et en accusant faussement les FARC de commettre les crimes qu'eux-mêmes commettaient.

Dans son livre de 2003, The Politics of Heroin : CIA Complicity in the Global Drug Trade, Afghanistan, Southeast Asia, Central America, Colombia, Alfred McCoy explique :

« Au début des années 1970, le président Richard Nixon a déclaré une 'guerre contre la drogue' contre le trafic d'héroïne en Asie, ce qui a entraîné une expansion majeure de la répression internationale aux États-Unis. Dix ans plus tard, le président Ronald Reagan a réorienté la guerre contre la drogue des États-Unis vers la répression intérieure et l'éradication de la coca dans les Andes, un changement de politique suivi par tous ses successeurs. [...] En 1996, le président William Clinton a encore intensifié la guerre contre la drogue avec son 'Plan Colombie' de 1,3 milliard de dollars, une insistance sur la répression exagérée par son successeur George W. Bush, qui a promis, en février 2002, de réduire la consommation de drogue de 25 % grâce à une application agressive de la loi. »

Le fait est que la lutte contre la drogue n'a jamais été le véritable objectif de la guerre contre la drogue, qui était de détourner l'attention des raisons de l'insurrection des forces de la guérilla, de les rendre responsables de tous les crimes commis par la CIA et les forces paramilitaires anti-insurrectionnelles et de les réprimer au nom de l'arrêt de la production et du trafic de drogues illégales.

Alfred McCoy écrit :

« Malgré quatre guerres américaines contre la drogue qui ont coûté près de 150 milliards de dollars, l'offre mondiale illicite d'opium a été multipliée par cinq, passant de 1 200 tonnes en 1971 à 6 100 tonnes en 1999. De même, pendant les 15 années d'éradication bilatérale américaine dans les Andes, la production de feuilles de coca a doublé pour atteindre 600 000 tonnes en 1999. Après s'être maintenu à 100 prisonniers pour 100 000 habitants pendant plus d'un demi-siècle, le taux d'incarcération aux États-Unis, sous l'effet des peines obligatoires pour trafic de drogue, est passé de 138 en 1980 à 702 en 2002, créant ainsi une machine infernale qui continue de remplir les prisons sans limite ni logique. Au début du XXIe siècle, les États-Unis menaient une guerre mondiale contre la drogue en créant la plus grande population carcérale du monde et en déboisant les fermes de montagne en Asie et dans les Andes. »

Alfred McCoy explique plus loin :

« Faisant fi des leçons tirées de la guerre contre la drogue menée par Nixon en Asie, la Maison Blanche de Reagan a poursuivi une politique parallèle en Amérique latine, avec les résultats déplorables que l'on sait. [...] En 1982, Ronald Reagan a déclaré la guerre à la drogue en Amérique latine et, deux ans plus tard, a renforcé cette action unilatérale lorsque les nations andines ont publié la Déclaration de Quito contre les stupéfiants en août 1984. S'appuyant sur cet élan diplomatique, Reagan a publié la directive de décision de sécurité nationale no 221 en avril 1986, déclarant que le trafic de drogue constituait une menace pour la 'sécurité nationale des États-Unis', légitimant ainsi le recours aux forces militaires pour lutter contre la guerre de la drogue au-delà des frontières des États-Unis. Au cours de la décennie suivante, cette directive a subordonné tous les objectifs de la politique étrangère des États-Unis en Amérique latine à l'objectif global d'arrêter le flux de drogue.

« Sous la nouvelle guerre contre la drogue de Reagan, le financement a été doublé et axé sur la fermeture des frontières sud-est de l'Amérique aux vols de drogue transcaribéens. Même si les saisies de cocaïne sont passées de deux tonnes en 1981 à 100 tonnes en 1989, ce bouclier de répression autour de la Floride a simplement détourné la contrebande vers l'ouest et le nord du Mexique, forgeant une alliance entre les cartels colombiens et mexicains.

[...]

« L'impact de la politique de Ronald Reagan s'est fait sentir plus directement en Colombie. Bien que les exportations de marijuana aient augmenté dans les années 1970, la criminalité était encore contenue et peu de gens auraient pu prévoir l'effet catalyseur de la cocaïne dans la violence liée à la drogue des années 1980. Après l'effondrement de l'industrie autour de Medellin, dans la province d'Antioquia [Colombie], dans les années 1960, une migration massive a envoyé quelque deux millions de personnes aux États-Unis, jetant les bases d'une future diaspora criminelle. Alors que le cartel de Medellin de la province commençait à expédier de la cocaïne vers le nord à la fin des années 1970, le baron de la drogue Pablo Escobar augmenta ses profits en contrôlant la distribution de rue à travers l'Amérique grâce à ses contacts dans cette diaspora d'Antioquia. Washington fit pression sur la Colombie pour qu'elle agisse contre le cartel de Medellin, et Escobar réagit par une attaque d'une violence spectaculaire contre l'État.

[...]

« Le successeur du président Reagan, George H. W. Bush, a intensifié la guerre contre la drogue en mettant l'accent sur une application agressive de la loi au niveau national et sur l'éradication militarisée dans les pays andins d'origine. [...] William J. Bennett, nommé au poste nouvellement créé de directeur de la politique antidrogue, a publié la première déclaration de la Stratégie nationale de contrôle des drogues, appelant à une expansion 'sans précédent' de la police, des tribunaux et des prisons pour gagner la guerre contre la drogue. Insistant sur la répression plutôt que sur l'éducation, Bennett a appelé à une augmentation de 85 % de la capacité des prisons fédérales et a fait pression sur les États pour qu'ils augmentent également la leur. [...] Après seulement un an de mandat, Bennett a déclaré la victoire dans la guerre contre la drogue et a démissionné. [...]

« Plus important encore, l'administration Bush a militarisé la guerre contre la drogue. [...] L'administration Bush a enrôlé le département américain de la Défense dans la guerre contre la drogue, étendant son échelle bien au-delà des ressources limitées des ministères de la Justice et de l'Intérieur. Désespéré de trouver une nouvelle mission à la fin de la guerre froide, le département de la Défense a annoncé, en septembre 1989, qu'il 'mènerait l'attaque contre l'approvisionnement en drogues illégales depuis l'étranger' et a rapidement commencé à déployer son vaste arsenal pour le combat : des hélicoptères Blackhawk, des avions E-2C de la marine, des équipements de communication coûteux et des unités d'opérations spéciales. À la fin de l'ère Reagan-Bush, la métaphore de la guerre contre la drogue de Washington était devenue une réalité militaire. »

Les efforts des États-Unis pour mettre fin à la production de drogue au Pérou et en Bolivie ont été entièrement contrebalancés par l'augmentation de la production en Colombie. Alfred McCoy écrit :

« Ce déplacement de la production de coca vers le nord, en Colombie, n'était en aucun cas anodin. En effet, les efforts d'éradication des États-Unis ont poussé la coca des régions relativement pacifiques comme la Bolivie vers la guerre civile en cours en Colombie. Après la fin de la terreur du cartel de Medellin avec la mort de Pablo Escobar en décembre 1993, l'infiltration silencieuse de l'État par le cartel rival de Cali a culminé avec ses contributions secrètes à la campagne de 1994 qui a contribué à l'élection du président Ernesto Samper et de la moitié du Congrès colombien. »

L'enquête de McCoy, comme d'autres, est victime de la désinformation des États-Unis qui tente de faire porter le chapeau du trafic de drogue dans ce pays aux FARC. En 1997, les États-Unis ont inscrit les FARC sur leur liste des organisations terroristes étrangères, niant ainsi leur statut de force combattante dans une guerre civile et leur objectif de mettre fin aux crimes de l'État colombien et à l'exploitation de son peuple, en particulier de la paysannerie appauvrie.

Alfred McCoy souligne le rôle des Forces unies d'autodéfense, un groupe paramilitaire réactionnaire soutenu par l'État et lié aux milices armées mises en place par les barons de la drogue pour protéger leurs intérêts. McCoy écrit :

« Alors que l'influence des FARC grandissait, l'armée a réagi en soutenant les paramilitaires violents, en particulier les Forces unies d'autodéfense (FUAD), commandées par Carlos Castano, un ancien lieutenant du baron de la drogue Pablo Escobar. En août 1997, la dépendance des FUAD à la cocaïne a été confirmée par la saisie d'un complexe de quatre laboratoires sophistiqués et de 700 kilogrammes de cocaïne finie à Cundinamarca. En 2001, les 8 000 paramilitaires des FUAD disposaient d'actifs d'environ 200 millions de dollars, provenant en grande partie de la protection de la coca, et utilisaient ces revenus illicites pour mener une contre-insurrection agressive.

[...]

« Au cours de sa dernière année au pouvoir, l'administration Clinton a obtenu l'approbation du « Plan Colombie », un programme militaire de 1,3 milliard de dollars visant à former un bataillon antidrogue, à fournir des hélicoptères et à défolier les champs de coca. De ce vaste trésor de guerre, l'USAID n'a alloué que 47 millions de dollars aux cultures alternatives, ce qui indique clairement les priorités du programme.

[...]

« Début 2002, l'administration du président George W. Bush a commencé à faire pression sur le Congrès pour lever les restrictions sur le Plan Colombie afin de permettre un changement, comme l'a dit le sénateur américain Patrick Leahy, de la « lutte contre les stupéfiants à la lutte contre l'insurrection ».

En fait, les agences d'État américaines ont été impliquées dans la production et le trafic de drogues dans le monde entier. Sans la protection des États-Unis, le problème aurait été contrôlé depuis longtemps.

Note

1. L'ordonnance se poursuit ainsi :

« Les organisations de trafic de drogue (OTD) sont les principaux producteurs mondiaux de fentanyl, de méthamphétamine, de cocaïne et d'autres drogues illicites, et elles cultivent, transforment et distribuent des quantités massives de stupéfiants qui alimentent la dépendance et la violence dans les communautés à travers les États-Unis. Ces OTD collaborent souvent avec des cartels transnationaux pour introduire clandestinement des drogues illicites aux États-Unis, en utilisant des pistes d'atterrissage clandestines, des routes maritimes et des couloirs terrestres.
« Les défis à notre frontière sud sont au premier plan de la conscience publique, mais notre frontière nord n'est pas exempte de ces problèmes. Des réseaux criminels sont impliqués dans des opérations de traite d'êtres humains et de contrebande, permettant une migration illégale non contrôlée à travers notre frontière nord. On constate également une présence croissante de cartels mexicains exploitant des laboratoires de synthèse de fentanyl et de nitazène au Canada. L'afflux de drogues illicites comme le fentanyl vers les États-Unis par le biais de réseaux de distribution illicites et de courrier international [...] a créé une crise de santé publique aux États-Unis. [...] Le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada a récemment publié une étude sur le blanchiment des produits des opioïdes synthétiques illicites, qui a reconnu l'augmentation de la production nationale de fentanyl au Canada, principalement en Colombie-Britannique, et son empreinte croissante dans la distribution internationale de stupéfiants. [...] Cette inaction de la part du Canada constitue une menace inhabituelle et extraordinaire, dont la source se trouve en grande partie en dehors des États-Unis, pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis. »

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