Les ministres de la Défense de l'OTAN adoptent un plan de soutien à l'Ukraine sans l'approbation de la Hongrie
Les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont tenu une réunion de deux jours au siège de l'OTAN à Bruxelles les 13 et 14 juin. Il s'agissait de leur dernière réunion avant le sommet de l'OTAN qui se tiendra à Washington du 9 au 11 juillet. La réunion était coprésidée par le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Elle s'est tenue en coordination avec le Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine (UDCG), composé de 57 pays et dirigé par les États-Unis.
L'objectif
principal de ces réunions était de garantir un soutien
militaire
à l'Ukraine alors qu'elle est confrontée à une défaite
dans la
guerre par procuration que les États-Unis et l'OTAN
mènent
contre la Russie. Depuis l'année dernière, l'Ukraine
tente de
remédier à une grave pénurie de troupes avec une nouvelle
loi de
mobilisation entrée en vigueur en mai, après que des
responsables militaires aient déclaré en décembre 2023
que 500
000 soldats supplémentaires étaient nécessaires. Depuis
l'année
dernière, l'Ukraine n'a pas non plus été en mesure de
remédier à
une pénurie de munitions et cette situation devrait
perdurer
jusqu'à la fin de l'année, car ses soi-disant alliés
n'ont
toujours pas la capacité de produire ce dont ils ont
besoin.
Scott Ritter, ancien officier de renseignement du corps
des
Marines américains et commentateur réputé sur le conflit
en
Ukraine, affirmait le 14 juin que l'Ukraine perdait
chaque jour
près de 2000 soldats sur le champ de bataille et que
l'armée
ukrainienne ne disposait pas des armes ou des compétences
tactiques nécessaires pour s'imposer sur le champ de
bataille.
Le premier jour de la rencontre, le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Umerov, a informé le Conseil OTAN-Ukraine de l'évolution du champ de bataille et des « besoins les plus urgents » de l'Ukraine. À l'issue de la réunion, Jens Stoltenberg a admis que « les retards dans notre soutien ont eu de graves conséquences, et nous ne devons pas permettre que cela se reproduise ». La bonne nouvelle, dit-il, est que les Alliés intensifient leur action. « Mais l'Ukraine a besoin d'un soutien prévisible à long terme. »
Le secrétaire général de l'OTAN a ajouté : « Le paradoxe, c'est que plus nous planifions et plus nous nous engageons dans la durée, plus vite l'Ukraine pourra connaître la paix. » Il a ajouté qu'un tel « engagement crédible et à long terme » montrerait à la Russie qu'elle ne peut pas « attendre que le soutien des Alliés s'épuise ». La confiance des États-Unis et de l'OTAN de pouvoir vaincre rapidement la Russie lorsqu'ils ont entamé leur guerre par procuration en Ukraine a disparu.
En marge de la première journée de réunion, les États membres de l'OTAN ont adopté un plan opérationnel de soutien renforcé à l'Ukraine, qui prévoit un rôle plus important pour l'OTAN dans sa guerre par procuration contre la Russie, par le biais de la fourniture d'armements et l'entraînement des soldats ukrainiens. Ukrainska Pravda rapporte que « selon le plan approuvé par l'OTAN, l'Alliance sera à l'avenir responsable de la coordination internationale de la fourniture d'armements et de la formation des forces armées ukrainiennes.
« Le plan prévoit notamment la création par l'OTAN d'un analogue du Groupe d'assistance à la sécurité-Ukraine (SAG-U), qui opère sous l'égide du quartier général européen des forces armées américaines dans la ville allemande de Wiesbaden et compte environ 300 soldats. » Selon l'armée américaine, le SAG-U « coordonne l'entraînement et l'équipement des forces armées ukrainiennes et contribue également à améliorer leur connaissance de la situation. »
Un rapport de Politico explique que la raison du plan opérationnel et de la coordination avec le groupe de contact est que l'OTAN reprend le rôle des États-Unis dans la coordination de l'aide militaire à l'Ukraine, pour « mettre le groupe de contact à l'épreuve de Trump » étant donné la possibilité que Donald Trump revienne à la Maison-Blanche après les élections de novembre et qu'il revienne sur les engagements des États-Unis envers l'Ukraine. Un responsable de l'OTAN a confié à Politico : « Les États-Unis maintiendront leur rôle de leadership au sein du groupe de contact, mais l'OTAN jouera un rôle de coordination. »
L'OTAN aime affirmer qu'elle prend ses décisions par consensus, mais elle a été contrainte d'abandonner ce « principe » pour adopter le plan opérationnel. Celui-ci avait été bloqué par la Hongrie, qui ne voulait pas donner son accord en raison des inquiétudes exprimées par le premier ministre Viktor Orban, qui craignait que le plan ne conduise à une « confrontation directe » avec la Russie. Le premier ministre hongrois a expliqué par la suite que lui et Jens Stoltenberg étaient parvenus à un accord en vertu duquel la Hongrie ne bloquerait pas les décisions de l'OTAN concernant l'Ukraine, mais qu'elle ne participerait pas non plus au soutien à l'Ukraine.
À la fin de la deuxième journée de la réunion, le secrétaire général de l'OTAN a annoncé que, dans le cadre de ce plan, l'OTAN supervisera la formation des forces armées ukrainiennes dans des centres d'entraînement situés dans les pays membres de l'OTAN, la coordination et le déploiement de dons militaires à l'Ukraine, ainsi que le transfert et la réparation d'équipements. L'OTAN « apportera également son soutien au développement à long terme des forces armées ukrainiennes ».
Lors d'une conférence de presse qui a suivi la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, Lloyd Austin a répété la désinformation que la guerre a été déclenchée par la Russie, et non par les États-Unis, qui ont orchestré un changement de régime pour mettre en place un gouvernement réactionnaire et virulemment antirusse en 2014, que les États-Unis/l'OTAN ont maintenant armé jusqu'aux dents. Malgré les preuves de l'expansion vers l'est de l'alliance belliciste qu'est l'OTAN, M. Austin a néanmoins insisté sur le fait que « la guerre de Poutine n'est pas le résultat de l'élargissement de l'OTAN. La guerre de Poutine est une cause de l'élargissement de l'OTAN, et l'OTAN est plus résolue et plus compétente que jamais. »
Le secrétaire à la défense des États-Unis a parlé de « l'engagement durable de l'OTAN en faveur d'une Ukraine libre et souveraine », affirmant que le sommet de Washington permettrait de franchir des étapes vers l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et de réaffirmer le soutien militaire et financier continu des États-Unis à la guerre contre la Russie en Ukraine. Si l'Ukraine devenait membre de l'OTAN, il s'agirait certainement d'une nouvelle escalade inacceptable de la part de l'OTAN.
La participation du Canada
Le Canada était représenté à la réunion du Groupe de contact et à la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN par le ministre de la Défense Bill Blair.
Lors de la réunion
du
Groupe de contact, le ministre Blair a annoncé que le
Canada
enverrait 2 300 moteurs de fusée CRV7 à l'Ukraine. Il a
également annoncé que le Canada fournira plus de 130 000
munitions d'armes légères excédentaires ainsi que 29
systèmes
d'armes à distance Nanuk, installés sur des véhicules
blindés,
également excédentaires et provenant de l'inventaire des
Forces
armées canadiennes. En outre, il a annoncé que les quatre
premiers des 50 véhicules blindés construits par General
Dynamics Land Systems-Canada à London (Ontario) seront
également
envoyés en Ukraine.
Après la réunion du Groupe de contact, le ministre Blair a signé une lettre d'intention de la coalition capacitaire des blindés, un groupe au sein du Groupe de contact qui se concentre sur l'acquisition de véhicules blindés pour l'Ukraine. Le Canada est également membre de la coalition capacitaire en matière de drones et de la coalition capacitaire de la force aérienne du Groupe de contact. Lors d'une réunion séparée avec les membres de la coalition sur les drones, M. Blair a annoncé que 900 drones fabriqués au Canada seraient livrés à l'Ukraine en juin et que d'autres arriveraient dans les mois suivants. Il a également informé le Groupe de contact que le Canada avait récemment investi 3 millions de dollars pour soutenir la production de drones en Ukraine.
Lors de la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, M. Blair a annoncé que le Canada était « ferme » dans son engagement envers l'OTAN et qu'il déployait le NCSM Charlottetown depuis Halifax pour assumer « la direction du 2e Groupe maritime permanent de l'OTAN dans la Méditerranée ». Ce cuirassé participera aux exercices de l'OTAN au cours des six prochains mois.
Cet article est paru dans
Volume 54 Numéro 33 - 18 juin 2024
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