Des actions en Ontario à la défense des soins de santé publique


Manifestation à Ottawa pour des soins de santé publique, 19 janvier 2023

Les travailleurs de la santé en Ontario et leurs organisations ont entamé la nouvelle année en prenant la parole à la défense des soins de santé publique, dont des conditions de travail à la hauteur des soins qu'ils doivent prodiguer aux patients.

Dans un communiqué de presse commun publié le 16 janvier par cinq syndicats représentant les infirmières et d'autres travailleurs de la santé, ceux-ci appellent le gouvernement Ford à ne pas aller de l'avant avec son plan de détourner l'argent destiné aux hôpitaux publics vers des cliniques de chirurgie privées.

Ces syndicats – le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario (SCFP), l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (AIIO), le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario-SEFPO et l'UIES- division des soins de santé et Unifor – ont expliqué que le plan du gouvernement, dont le but est prétendument de réduire les temps d'attente et les retards dans les chirurgies et les diagnostics, aura l'effet contraire puisque les modifications se feront aux dépens du système de santé publique existant.

Les syndicats de la santé expliquent que, depuis son arrivée au pouvoir, les politiques du gouvernement Ford ont aggravé leurs conditions de travail et réduit leurs salaires, menant à des taux élevés de changements de personnel et accentuant le problème de pénurie de personnel et d'épuisement professionnel. Dans ce contexte, financer des cliniques privées endommagera encore plus la capacité des hôpitaux publics de l'Ontario d'offrir des soins de qualité et de retenir leur personnel de première ligne.

Bernie Robinson, présidente par intérim de l'AIIO, a dénoncé le gouvernement qui « crée un système à deux vitesses par lequel ceux qui ont les moyens de payer vont passer devant les autres et obtenir leur chirurgie et leur traitement avant eux. Les infirmières et les travailleuses de la santé ont besoin d'un plus grand soutien et que le système public soit mieux financé, et non d'un plan qui ne fera que détourner les dollars publics vers les coffres d'actionnaires privés. Les infirmières appellent le premier ministre Ford à abandonner ce plan désastreux et à investir dans le système public pour garantir l'accès pour tous. »

Les associations professionnelles des infirmières, l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario (RNAO) et l'Association des infirmières auxiliaires autorisées de l'Ontario (WeRPN) ont tenu des propos semblables contre les plans du gouvernement Ford.

Doris Grinspun, la directrice du RNAO, a souligné dans le communiqué de presse du 16 janvier de l'organisation, qu'à part le fait que les coûts pour les soins de santé à but non lucratif sont moindres et que ceux-ci offrent une qualité supérieure, « les soins de santé dispensés dans les centres à but lucratif sont redevables d'abord et avant tout aux investisseurs et non aux patients ». De tels arrangements font en sorte que « la tendance vers un système de santé axé sur les investisseurs change la dynamique politique de notre système de santé. Les forces qui font du lobby pour un système de type américain axé sur le profit sont enhardies alors que le public est laissé à lui-même aux prises avec un système public en décrépitude ».

Le RNAO a souligné que si l'objectif du gouvernement est de s'attaquer aux retards et à d'autres problèmes, le RNAO et d'autres ont déjà proposé des solutions. Par exemple, il faudrait embaucher plus d'infirmières, ce qui permettrait de maintenir les blocs opératoires ouverts 24 heures sur 24. Un nombre élevé de procédures normalisées (telles que les chirurgies de la cataracte) peuvent être réalisées dans des centres spécialisés dans les hôpitaux ou dans d'autres sites qui existent déjà dans le système de santé publique.

Pour ce qui est des salaires et des conditions de travail des infirmières, le RNAO a expliqué : « La seule façon d'avancer est de faire en sorte que les infirmières soient rémunérées à des taux concurrentiels, ce qui comprend l'abrogation de la Loi 124, pour qu'elles puissent continuer de travailler en Ontario et d'y faire carrière. Les infirmières méritent aussi de travailler dans des environnements sains et sécuritaires, avec des charges de travail réalistes pour qu'elles puissent dispenser les meilleurs soins possibles aux Ontariens. »

Dianne Martin, directrice de WeRPN, a développé certains des points touchant aux problèmes auxquels sont confrontées les infirmières dans le secteur public : « Face à notre pénurie de personnel infirmier, l'Ontario se fie toujours plus sur les agences en soins infirmiers à but lucratif qui fournissent des infirmières qui connaissent moins les pratiques en place et les diverses populations de patients, tout cela à un coût trois fois plus élevé pour les contribuables. » WeRPN appelle le gouvernement à investir de manière significative pour renforcer le système de santé publique de l'Ontario pour retenir les infirmières qui sont présentement dans le système. Par exemple, l'organisation propose la mise en place de ratios infirmières/patients et des salaires concurrentiels et harmonisés dans tous les secteurs de la santé, et que l'accès à l'éducation spécialisée pour répondre aux besoins du système de santé soit élargi.


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Volume 53 Numéro 2 - Février 2023

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