Les Wet'suwet'en demandent résolument au Canada de respecter les droits ancestraux et ses obligations constitutionnelles



Le premier ministre du Canada est passé maître dans l'art de s'égosiller à propos des droits des peuples autochtones, mais son refus de reconnaître leur droit de dire Non ! à ses stratagèmes visant à les priver de l'utilisation de leurs terres comme bon leur semble montre qu'il est animé par le même mobile de commettre le génocide contre les peuples autochtones que l'étaient ses prédécesseurs coloniaux. La lutte des peuples autochtones illustre clairement ce qu'ils défendent, tandis que le recours ouvert et irresponsable au pouvoir pour « résoudre les conflits » et les différences d'opinions par la force, la violence et les tribunaux coloniaux illustrent ce que défendent les gouvernements fédéral et provincial.

Le refus des chefs héréditaires wet'suwet'en d'accepter la destruction de leur habitat naturel par Coastal GasLink (CGL) mérite l'appui de tous. CGL cause délibérément des dommages inestimables à l'environnement naturel avec le plein appui des gouvernements fédéral et provincial. Leurs positions causent des torts irréparables aux relations entre les membres de la nation wet'suwet'en et entre la nation et son habitat naturel, ce qui est, en fin de compte, leur objectif – détruire toutes limitations qui émanent de l'obligation de défendre les droits ancestraux, les droits de traité, les droits constitutionnels et le verdict du procès Delgamuukw c. Colombie-Britannique (1997), qui reconnaît la validité de la tradition orale comme preuve dans des cas de revendication territoriale et autorise les Premières Nations à négocier avec la Couronne les modalités d'utilisation des ressources naturelles. En d'autres mots, cette décision reconnaissant le titre de propriété des autochtones sur leurs territoires est incontestable. Elle ne peut être niée ou remise en cause.

Il n'est pas acceptable que les lois concernant la manière dont les évaluations environnementales doivent être effectuées soient modifiées ou que des accords soient négociés avec les conseils de bande, un niveau de gouvernement établi en vertu de la Loi sur les Indiens en recourant à la fraude et à la force, ou avec des entreprises privées autochtones. CGL diffuse une série d'annonces à la radio et ailleurs en citant de longues listes de noms autochtones et en affirmant avoir négocié des accords avec toutes les personnes citées. Qui qu'ils soient, cela n'a aucun sens, car CGL n'a pas le consentement des chefs héréditaires.

Le 24 janvier, les défenseurs de la terre et les chefs traditionnels wet'suwet'en ont dénoncé CGL pour sa destruction des frayères de la lamproie et sa perturbation de l'habitat du saumon lorsque la compagnie a commencé à creuser des fosses au Tsel Kiy Kwa (ruisseau de Lamprey) et Lho Kwa (Close River), poursuivant ainsi ses efforts continus et irresponsables de passer de force un pipeline sur le territoire non cédé et souverain des Wet'suwet'en. Les Wet'suwet'en ont demandé que les opérations soient suspendues en attendant le résultat d'une évaluation environnementale menée actuellement par le ministère des Pêches et Océans, ainsi que par le Bureau d'évaluation environnementale de la Colombie-Britannique.

La porte-parole du poste de contrôle Gidimt'en et protectrice de la terre wet'suwet'en Sleydo' (Molly Wickham) a déclaré dans un communiqué de presse que les Wet'suwet'en ont demandé un plan d'atténuation de la part de CGL pour les lamproies mais qu'ils ont été ignorés. Elle écrit : « Le fait que CGL fait sauter des explosifs à proximité du ruisseau et utilise de la machinerie lourde dans l'habitat de frayage de la lamproie est ridicule et constitue une violation flagrante de nos droits autochtones à notre culture, nos poissons et l'eau potable. » Elle a souligné que les chefs héréditaires défendent la souveraineté et les lois wet'suwet'en et s'opposent à ce projet depuis une décennie.

Depuis quatre ans maintenant, depuis le premier raid paramilitaire lancé par la GRC contre les défenseurs de la terre non armés wet'suwet'en, le gouvernement canadien, main dans la main avec le gouvernement de la Colombie-Britannique, a tout fait pour faire en sorte que les intérêts privés de CGL l'emportent sur les droits ancestraux des Wet'suwet'en et sur le fait qu'ils vivent sur des territoires non cédés. Cette violence et cette criminalisation continue ont été sanctionnées par les libéraux de Justin Trudeau à Ottawa et par le gouvernement néodémocrate en Colombie-Britannique, sous prétexte que la GRC est non-partisane, qu'elle ne fait que défendre l'état de droit. Il y a eu trois invasions paramilitaires à grande échelle menées par la GRC en janvier 2019, février 2020 et novembre 2021, pendant lesquelles la GRC a utilisé des fusils d'assaut, des hélicoptères, des bombes fumigènes et des unités canines pour menacer et intimider les défenseurs de la terre et leurs alliés. Ces raids ont mené à l'arrestation et à la détention de 74 défenseurs de la terre, observateurs juridiques et journalistes. Le harcèlement est continuel et illégal.

Les tribunaux de la Colombie-Britannique ont été utilisés pour imposer des intérêts privés et bafouer les lois du peuple wet'suwet'en. Les treize défenseurs de la terre, dont Sleydo', qui ont été arrêtés lors du raid de la GRC en novembre 2021, comptent se défendre contre les accusations d'outrage criminel pour avoir défié l'injonction des tribunaux accordée à CGL pour qu'il mène son projet à terme.

Dans un communiqué de presse émis le mois dernier, Sleydo' a déclaré : « Les peuples autochtones ont toujours été criminalisés pour être qui ils sont et parce qu'ils défendent le yintah. La Colombie-Britannique et le Canada pensaient nous avoir éliminés ou assimilés au point où ils n'auraient plus à avoir recours aux armes pour nous contrôler. Mais, tout comme nous avons survécu au génocide, nous survivons à leurs raids militarisés année après année parce que nous sommes convaincus de la nécessité de protéger notre façon de vivre et la vie elle-même. »

Le fait que le Canada continue d'utiliser la terreur et la violence armées contre le peuple wet'suwet'en pacifique et non armé pour mettre en place un système prétendument fondé sur les règles qui, de facto, nie toute responsabilité de défendre les droits ancestraux, va le mener à sa perte. La GRC doit être retirée du territoire wet'suwet'en, le projet CGL doit être arrêté parce qu'il a été démontré comme un projet destructeur pour l'environnement social et naturel sur le territoire wet'suwet'en, et les accusations criminelles contre les défenseurs de la terre wet'suwet'en et leurs alliés doivent être abandonnées. Le Canada n'a aucune juridiction sur le territoire wet'suwet'en. Les Wet'suwet'en doivent être compensés pour les dommages et les souffrances qu'ils ont subis.

(Avec des informations du Poste de contrôle Gidimt'en)


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Volume 53 Numéro 2 - Février 2023

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