Forum ouvrier

20 septembre 2018

Élection générale au Québec

Les travailleurs parlent à la défense
de leurs droits et des droits de
tous et de toutes

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Les travailleurs de l'aluminerie ABI à Bécancour au Québec participent au rassemblement avant le soi-disant débat des chefs à Montréal le 13 septembre 2018.

Les travailleurs de l'aluminium continuent de demander que la compagnie reprenne les négociations
Ce que les travailleurs de la santé ont à dire
Travailler ensemble pour renverser la situation dans la santé pour le bien-être de tout le monde - Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ)
Pour la reconnaissance des maladies professionnelles des pompiers
- Chris Ross, président de l'Association des pompiers de Montréal

Les travailleurs de la SAQ défendent leurs emplois et leurs conditions de travail
Pas question de privatiser la Société des alcools du Québec - Éric Forget, vice-président responsable des griefs et des relations de travail en magasin du Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ
Le pillage de nos ressources - Normand Fournier

La grève des travailleurs des casinos se poursuit en Colombie-Britannique
Les travailleurs luttent pour une amélioration des conditions de travail
et des salaires
- Brian Sproule


Les travailleurs du Québec prennent la parole durant les élections de 2018

Les travailleurs de l'aluminium continuent de demander que la compagnie reprenne
les négociations


Les travailleurs d'ABI au rassemblement de Montréal, le 13 septembre 2018

Les 1 300 travailleurs en lock-out de la fonderie ABI de Bécancour, au Québec, font partie des travailleurs qui se font entendre lors des élections au Québec. Lors de la manifestation qui a précédé le débat des chefs à Montréal le 13 septembre, Clément Masse, président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, représentant les travailleurs d'ABI, a réclamé l'intervention du gouvernement pour obliger les propriétaires Alcoa et Rio Tinto à négocier un accord acceptable pour les travailleurs. Il a réclamé la fin de la clause dite de « force majeure » dans l'entente hydroélectrique entre les propriétaires et le gouvernement et Hydro-Québec. Selon cette clause, un lock-out est un « cas de force majeure » qui libère Alcoa-Rio Tinto de ses obligations de payer le bloc d'énergie à des tarifs préférentiels qui lui est réservé. Les Québécois, par l'intermédiaire d'Hydro-Québec, a déclaré Masse, ont perdu près de 150 millions de dollars à ce jour à cause de cette entente.

Le 6 septembre dernier, la direction du Syndicat des Métallos du Québec ainsi que le vice-président international des Métallos (United Steelworkers) ont rencontré les représentants de la haute direction d'Alcoa à Pittsburgh. Le directeur québécois des Métallos Alain Croteau, a dit que des pistes de solutions pour tenter de dénouer l'impasse actuelle ont été discutées.

L'impasse est due au refus catégorique du cartel Alcoa-Rio Tinto, qui possède l'aluminerie de Bécancour, de discuter avec les travailleurs afin de parvenir à une entente acceptable pour eux. Il insiste pour leur extorquer des concessions. Il a retiré son offre de décembre 2017, que les travailleurs avaient rejetée mais étaient disposés à considérer comme point de départ pour la discussion. Le 11 janvier Alcoa-Rio Tinto a mis en lock-out les 1 300 travailleurs et a depuis ajouté la demande d'une réduction de 20 % des emplois syndiqués. Les travailleurs et le syndicat ont rejeté cette demande, la jugeant totalement inacceptable.


Clément Masse (devant la bannière), président de la section locale 9700 du Syndicat des métallos, à la manifestation du 13 septembre 2018

Les travailleurs d'ABI demandent une reprise des négociations sur la base de ce qu'ils jugent acceptable. « Nous sommes prêts à négocier, mais nous ne courons pas après personne », a déclaré Masse au journal en ligne Chantier politique. « L'employeur connaît notre position et sait comment nous rejoindre. Il sait que nous sommes prêts à négocier sur la base de l'offre de décembre. Ils sont venus avec une nouvelle demande et ne peuvent pas espérer que les négociations progressent si cette nouvelle demande est sur la table. Pendant ce temps, le moral des travailleurs est bon. Nous continuons à recevoir l'appui des travailleurs de nombreux secteurs, y compris un soutien financier, et l'appui augmentera dans les prochaines semaines. »

(Photos : Chantier politique, D. Mallette)

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Ce que les travailleurs de la santé ont à dire


Des travailleurs de la santé manifestent avant le débat des « chefs » à Montréal,
le 13 septembre 2018.

À la manifestation du 13 septembre devant l'édifice de Radio-Canada où s'est tenu le soi-disant débat des chefs, Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ), s'est fermement opposée aux promesses électorales qui sont faites pendant la campagne parce qu'elles n'ont rien à voir avec la correction des coupures drastiques qui ont été faites par les gouvernements dans la santé. Elle a dit qu'il est irresponsable de faire des promesses sans améliorer immédiatement les conditions de travail des travailleurs et travailleuses de la santé qui se sont gravement détériorées suite aux attaques du gouvernement, a-t-elle dit.

La direction néolibérale de l'économie avec les privatisations et sa direction inhumaine n'a pas été dévoilée pendant le « débat » des chefs qui était des plus cynique et qui a dégénéré dans des hostilités ouvertes . L'abandon de nos aînés et des personnes qui peuvent être guéries et soignées a été ramené à une bagarre entre le chef du Parti libéral et le chef de la Coalition Avenir Québec qui a des ambitions de prendre le contrôle du gouvernement. Ils n'ont même pas reconnu les travailleurs.

(Photos: CSQ)

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Travailler ensemble pour renverser la situation dans la santé pour le bien-être de tout le monde

On pourrait caractériser la situation que nous vivons comme une destruction de notre système de santé dans les régions éloignées. La population de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec a beaucoup perdu, surtout les gens qui vivent dans les communautés les plus éloignées. Les plus petits villages ont perdu beaucoup de services. Le personnel qui travaille dans les points de service dans ces régions-là se sent délaissé. Les gens considèrent qu'ils ne donnent pas les soins que la population devrait recevoir.

Ce qu'on a le plus perdu, ce sont les conditions de travail dont dépend l'exercice de la livraison des soins. On vit une pénurie de personnel très forte. C'est difficile d'aller recruter et d'amener des gens dans les conditions dans lesquelles ils doivent travailler. Autant dans le Nord-du-Québec, à la Baie James, qu'au niveau de la Côte-Nord, les conditions n'ont jamais été aussi difficiles pour le personnel, les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes, qui donnent le service à la population. Comme il y a une pénurie de personnel, les gens sont confrontés aux employeurs qui leur disent qu'il faut donner plus de temps supplémentaire obligatoire, sinon on est en bris de service et la population ne recevra pas les soins requis, et on va être obligé de transporter les gens ailleurs. Dans le Nord-du-Québec, il y a l'exemple de l'obstétrique, où le personnel doit avoir une solide expérience de travail, où on a passé près d'une rupture de services. On a vécu la même chose aux soins critiques à Sept-Îles qui sont presque sur le respirateur. On ressent, et on a ressenti particulièrement fort cet été, l'impact des compressions, des coupures budgétaires imposées par le gouvernement libéral.

On fait une campagne électorale, notamment les libéraux parce que c'est eux qui étaient au pouvoir, en promettant de l'investissement en santé, en éducation, en petite enfance, mais c'est de l'argent qui a été coupé au cours des 4 dernières années, ce qui a fait mal aux services qu'on donne. C'est une insulte à l'intelligence des gens du nord qu'on dise maintenant qu'on va s'occuper de l'éducation ou de la santé. Depuis les sept dernières années en particulier, on a coupé des intervenants dans le milieu, on a coupé directement dans les services à la population. À chaque année on est en déficit. La Loi sur l'équilibre budgétaire fait en sorte que les établissements de santé à la fin de leur année doivent arriver à un déficit zéro. Chaque année on est environ à 5-6 millions $ de déficit, on doit aller récupérer cela sur le budget d'après. On a des déficits récurrents, on est sous-budgétisé.

Au fil des années, pour changer la situation, nos efforts ont porté beaucoup sur la mobilisation de nos membres. La force d'un syndicat ce sont les membres qui le composent. Nous avons 1250 membres et quand on dénonce quelque chose, il faut être les 1250 membres. Nous avons fait beaucoup de dénonciation médiatique pour informer la population de ce qui se passe. Nous avons fait un travail-terrain pour faire respecter nos conventions collectives. Nous avons tenu des rencontres politiques avec les députés pour leur demander de faire de la pression sur le gouvernement. Nous avons fait du travail avec notre centrale la CSQ (Centrale des syndicats du Québec) et notre fédération la FSQ (Fédération de la santé du Québec). Nous avons fait des plaintes de maltraitance organisationnelle auprès de différentes autorités. C'était une première au Québec. Il y a une loi en vigueur au Québec depuis un an qui dit que les employeurs doivent se doter d'une politique de lutte contre la maltraitance envers les personnes les plus vulnérables. Nous avons fait valoir que nous sommes d'accord qu'il ne doit pas y avoir de maltraitance mais que nos employeurs, par manque de ressources, par la mauvaise organisation du travail, font en sorte que les soins qu'on donne sont défaillants. Nous parlons de maltraitance organisationnelle, causée par les coupures, le manque de personnel, le personnel qu'on ne remplace pas, la mauvaise organisation du travail. Nous avons tenté d'aller chercher le plus d'alliés possible par des présences et des manifestations lors des réunions des conseils d'administration des établissements.

La population du Québec doit mettre en place un gouvernement qui croit au réseau de santé et d'éducation public, avec des ministres de la Santé et de l'Éducation qui croient dans le réseau public et dans le personnel qui donne des soins et des services. Dans la santé, pour prendre soin des patients, il faut que le personnel qui donne le service soit en santé. Il faut prendre soin du personnel. Il faut investir dans nos services de santé. Nous sommes prêts à travailler pour nous améliorer, mais il faut tous s'en aller dans la même direction. Il faut corriger et renverser la situation, et le correctif il est dans l'organisation du travail et dans le réinvestissement budgétaire dans les établissements de santé. Nous avons un sérieux problème de pénurie de personnel dans notre région, nous devons pouvoir attirer les gens et garder ceux que nous avons présentement.

Nous avons besoin d'un gouvernement qui est à l'écoute et qui va faire que tous ensemble on va être capable de renverser la situation pour le bien-être de tout le monde. Il faut des gens qui s'occupent du système de santé, pas qui prennent des décisions pour être réélus à la prochaine élection. Ça c'est la pire affaire.

Il faut donner au personnel de la santé de bonnes conditions de travail, dans un milieu où c'est possible de faire un travail d'équipe, de travailler ensemble, de se parler, de faire nos plans de soin, autrement dit d'être capables de bien faire le travail pour lequel nous avons reçu une formation.

(Chantier politique)

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Pour la reconnaissance des maladies professionnelles des pompiers

La question des maladies professionnelles des pompiers est au premier plan de notre travail. Il y a deux volets. Le premier c'est l'existence de la maladie. Le deuxième c'est la reconnaissance de la maladie comme une maladie professionnelle. Le Québec est aujourd'hui la seule province avec l'Île-du-Prince Édouard où il n'y a pas de loi de présomption en faveur du travailleur qui reconnaisse les maladies professionnelles chez les pompiers. On parle de divers cancers, au poumon, au cerveau, à la vessie, de maladies cardiaques, etc. Un arrêt cardiaque au feu à Montréal et au Québec dans son ensemble n'est pas un accident de travail. Un pompier qui a une attaque cardiaque pendant qu'il combat un incendie va voir son dossier refusé par la CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail).

La seule chose que le Québec ait mis en place en 2016, suite à nos pressions, c'est une politique administrative qui reconnaît 7 cancers. Ce n'est pas une loi adoptée par l'Assemblée nationale. C'est une politique de la CNESST. Dans une politique administrative, le fardeau de la preuve est sur le travailleur. Il doit démontrer pourquoi il est malade.

Notre bataille est en deux volets. Au moins, minimalement, nous voulons bonifier la liste administrative qui est reconnue pour donner à nos membres une meilleure chance d'avoir une indemnisation, d'être capables de se battre pour leur vie sans avoir à combattre pour leurs emplois. Deuxièmement, c'est un combat à moyen et long terme pour obtenir une loi de présomption en faveur des pompiers québécois. Il faut que le fardeau de la preuve soit sur l'employeur. Le travailleur n'a ni le temps ni l'énergie d'aller au Tribunal administratif du travail et de faire les contestations coûteuses pour obtenir une juste indemnisation.

Nos maladies professionnelles sont de plus en plus sérieuses. Aujourd'hui 90 % des produits utilisés dans les immeubles sont des produits synthétiques. Quand il y a incendie, on a affaire à des produits chimiques qui brûlent et dégagent une fumée plus toxique que par le passé. Après 20-30 ans d'exposition, les problèmes commencent à se manifester. Pendant les trois dernières années, 19 de nos pompiers sont décédés de maladies professionnelles. C'est plus que dans les 30 dernières années.

Nous luttons pour ces changements pour qu'ils profitent à tous les pompiers du Québec.

(Chantier politique. Photo: ADPM)

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Les travailleurs de la SAQ défendent leurs emplois
et leurs conditions de travail

Les 9 et 10 septembre, quelque 5 500 travailleurs de la Société des alcools du Québec (SAQ) ont organisé deux journées de grève pour demander que les négociations débloquent afin d'en arriver à une entente satisfaisante, notamment la fin immédiate des conditions de travail précaires.

Le 10 septembre, des manifestations ont été organisées dans les rues de Montréal et de Québec, ainsi que dans d'autres villes du Québec. C'était la quatrième journée de grève sur un total de six que les travailleurs syndiqués de la SAQ ont voté en juin. Au cours des 20 derniers mois, ils ont tenté de négocier une convention collective acceptable qui réduit la précarité de l'emploi qui caractérise leurs conditions.

Plus de 70 % des membres syndiqués de la SAQ sont des employés qui travaillent à temps partiel dans des conditions précaires, tels que les horaires qui leur sont communiqués à la dernière minute. Ils travaillent souvent très peu d'heures par semaine. Plutôt que de s'attaquer à cette insécurité, les propositions des employeurs incluent la demande de plus de mobilité et de soi-disant flexibilité, en particulier davantage de travail pendant le week-end.

Pour justifier son refus de négocier et ses exigences d'insécurité accrue pour ses employés, la SAQ se cache derrière le « cadre financier » du gouvernement du Québec. Chaque fois que les travailleurs de la SAQ présentent des demandes pour changer leur situation, on leur dit que s'ils persistent à se battre pour ce qui leur revient de droit, ils se dirigent vers le désastre, le gouvernement s'en servant comme prétexte pour privatiser la SAQ.

Les employés syndiqués rejettent ce chantage et ces menaces et exigent des conditions de travail qui leur permettent de vivre en toute dignité. Ils méritent notre appui.

(Photo: CSN)

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Pas question de privatiser la Société
des alcools du Québec


Les travailleurs grévistes de la SAQ en Estrie, le 9 septembre 2018

La menace de la privatisation de la Société des alcools du Québec (SAQ) plane constamment sur nous. Le premier ministre Philippe Couillard s'est déclaré en faveur de la libéralisation du marché et il a commandé une étude à ce sujet en juillet dernier à la firme PricewaterhouseCoopers. Il faut savoir que la SAQ avait embauché cette firme en 2008 pour faire une étude sur l'optimisation des ressources de la SAQ. Lors de la négociation de 2010, la SAQ s'était présentée à la table de négociation avec des demandes qui provenaient de cette étude.

Dans la négociation actuelle, nous avons remarqué que l'employeur est d'abord arrivé avec des demandes de diminution de postes à temps plein. C'était pour préparer le terrain à une libéralisation du marché. Ils essayaient de négocier une convention qui mènerait à une réduction du personnel et des succursales. Ils ont laissé tomber pour l'instant certaines de ces demandes, mais la menace de privatisation plane toujours avec l'appui du gouvernement libéral à la libéralisation du marché et le rapport qu'il a commandé. On attend de lire ce rapport. On ne sait pas si les libéraux vont le sortir pendant l'élection. En ce qui concerne la CAQ, elle appuie ouvertement la privatisation de la SAQ.

La privatisation de la SAQ entraînerait la réduction du nombre de succursales. Il y aurait encore des succursales de la SAQ, mais d'autres entreprises auraient le droit d'ouvrir leur magasin pour faire concurrence à la SAQ. La réduction du nombre de succursales créerait une perte massive d'emplois parmi nos travailleurs syndiqués, tant parmi les temps pleins que les temps partiels. Les travailleurs engagés dans les magasins privés auraient des salaires et des conditions de travail très inférieurs aux nôtres. On connaîtrait un abaissement des conditions dans le secteur.

Pourquoi voudrait-on appauvrir les travailleurs et rendre leur situation encore plus précaire ? En plus le gouvernement du Québec se priverait d'une grande source de revenus car la SAQ lui verse plus d'un milliard de dollars par année en dividendes. Pourquoi le gouvernement du Québec se priverait-il de ces fonds, juste pour les remettre au privé ? Ça n'a pas de sens et c'est irresponsable.

Éric Forget est le vice-président responsable des griefs et des relations de travail en magasin du Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ.

(Chantier politique, Photo : CSN )

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Le pillage de nos ressources

Une des sérieuses questions qui confrontent le peuple québécois dans cette élection est le manque de contrôle sur l'économie. Les gouvernements du passé et du présent ont cédé aux oligopoles internationaux la totalité des ressources minérales connues du territoire québécois. Ils l'ont fait sans consulter et obtenir l'autorisation des Québécois et des communautés et en négation totale des droits ancestraux des peuples autochtones.

Encore aujourd'hui, la Loi sur les mines repose sur le « free mining », le libre accès au territoire pour l'exploration minière et la pratique du premier arrivé, premier servi. Elle maintient le pouvoir des sociétés minières d'exproprier des citoyens. Elle ne reconnaît pas à qui appartiennent les ressources naturelles, c'est-à-dire au peuple. Elle se contente de dire que le peuple doit obtenir sa part de l'exploitation des ressources et en essence elle réduit ce droit à l'obtention de redevances que les minières versent au trésor public.

En fait, de l'ensemble de la valeur nouvelle que produisent les travailleurs miniers, très peu demeure dans les communautés ou fait l'objet d'une réclamation gouvernementale. À part les salaires et les avantages sociaux, il y a la réclamation des gouvernements en redevances et impôts miniers, mais ceux-ci sont minimes et font l'objet d'un grand mystère de la part du gouvernement. Le fait demeure qu'une très grande partie de la nouvelle valeur créée par les travailleurs miniers ne reste pas dans la communauté pour servir le développement multiforme diversifié de l'économie locale. Elle lui est soutirée et est expédiée vers les coffres d'oligopoles privés.

Selon des données compilées par Le Devoir , sur la base des chiffres avancés par le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, les sociétés minières ont versé un milliard de dollars de redevances depuis 2009, alors que la valeur des minerais tirés du sol a dépassé les 54 milliards (la valeur projetée estimée aux prix du marché). Ce sont les sociétés minières elles-mêmes qui fournissent les données sur leur production, et le nombre d'exemptions en ce qui concerne leurs redevances et leurs impôts est réputé pour être faramineux.

De plus, les gouvernements multiplient les manoeuvres pour payer les riches à l'intention des grandes sociétés minières, notamment en leur fournissant l'infrastructure comme les routes, des subsides, les services d'expertise gouvernementale, etc.

La vie des travailleurs et des communautés est sans cesse bouleversée par les crises récurrentes qui frappent le secteur. Pour détourner l'attention de la nécessité d'établir le contrôle du peuple sur les ressources minières et naturelles dans son ensemble, l'élite dirigeante présente les crises comme des phénomènes naturels tels des tremblements de terre. En fait, la rivalité des oligopoles miniers pour le profit et la domination est un facteur direct de ces crises et de ces bouleversements. Les oligopoles comme Rio Tinto, BHP Billiton ou Arcelor Mittal utilisent notamment leur empire pour inonder les marchés de leur production de fer pour faire baisser les prix et éliminer les concurrents, puis ils utilisent leurs propres activités destructrices pour exiger des concessions aux travailleurs, aux communautés et à l'État.

En 2014, les oligarques financiers qui contrôlent le monopole américain Cliffs Resources ont décidé de mettre fin à leurs activités au Canada. Ils ont fermé la mine Wabush au Labrador, éliminant 400 emplois au Labrador et une centaine d'autres sur la Côte-Nord au Québec, causant de sérieux dommages à l'économie locale. Ils ont ensuite fermé la mine du lac Bloom sur la Côte-Nord, éliminant 500 emplois d'un coup, causant encore une fois de grands dommages à la communauté. Ils y avaient déjà causé beaucoup de torts en faisant reposer la production entièrement sur des travailleurs amenés et retournés par navettage (le Fly in -- Fly Out), ce qui ne bâtit rien pour l'économie locale. Ils ont ensuite obtenu l'appui des tribunaux pour se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies . Ils ont utilisé les pouvoirs policiers de la LACC pour réduire de manière brutale les pensions et les avantages sociaux à la retraite de centaines de travailleurs et de retraités de Wabush au Labrador et au Québec. Ils l'ont fait au moment-même où les travailleurs et leurs conjoints et conjointes en ont le plus besoin alors qu'ils avancent en âge et souffrent des impacts d'une vie passée à la mine. C'est seulement suite à la lutte déterminée des anciens travailleurs et des retraités que ceux-ci ont pu récupérer récemment une partie de ces sommes.

Les travailleurs du Québec et du Canada ont le devoir de mettre fin au contrôle et à l'exploration des ressources minières au profit de l'oligarchie financière mondiale, ce qui crée tant de problèmes pour eux et pour l'économie locale et nationale. Ils devront agir en leur propre nom car le système électoral transfère le pouvoir à des formes de gouvernement de parti qui tolèrent la vente à des intérêts privés, pour la plupart étrangers.

Données sur l'industrie minière au Québec

L'industrie minière occupe une place importante dans l'économie de nombreuses régions, comme l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. Elle est à la base de la vie économique et sociale des populations de nombreuses villes.

En 2015, environ 45 000 emplois étaient liés au secteur de l'exploitation minière. Environ 15 000 de ces emplois étaient concentrés en Abitibi-Témiscamingue et plus de 5500 sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec. La masse salariale correspondant à ces emplois s'élevait à environ 1,6 milliard de dollars.

Toujours en 2015, le secteur minier représentait 1,4 % du PIB québécois. Par contre, il représentait environ 17 % du PIB de la Côte-Nord et 22 % du PIB du Nord-du-Québec.

En 2016, il y avait 23 mines actives au Québec et leur nombre est tombé à 19 en 2017.

Les principaux minerais métalliques qu'on extrait au Québec sont l'or, le fer, le cuivre, le zinc, le cobalt et le nickel. On y extrait aussi des minéraux non métalliques, dits « industriels » dont les propriétés sont mises à contribution dans différents produits et usages industriels, comme le sel, le graphite et l'ilménite et la tourbe. On extrait aussi au Québec des métaux rares reconnus comme stratégiques (dans l'aérospatiale notamment) et de haute technologie comme le lithium, le niobium et les terres rares.

Certains des plus grands oligopoles miniers et métallurgiques opèrent dans le secteur minier au Québec, dont Rio Tinto, Arcelor Mittal et Glencore. Selon les données officielles de l'Institut de la statistique du Québec, en 2016, 42,8 % des investissements liés à l'aménagement des complexes miniers étaient sous le contrôle de sociétés étrangères dont le siège se trouve notamment aux États-Unis, au Luxembourg, en Suisse, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Chine.

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La grève des travailleurs des casinos se poursuit en Colombie-Britannique

Les travailleurs luttent pour une amélioration des conditions de travail et des salaires


Ligne de piquetage des travailleurs de casino, le 4 juillet 2018, devant le casino
Playtime à Kelowna

Sept cents travailleurs de casino en grève se défendent avec honneur alors qu'ils luttent pour améliorer leurs salaires. En grève depuis plus de deux mois, les travailleurs des services de Vernon, Kelowna et Penticton, dans la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique, et de Kamloops, dans la région de Thompson, au nord-ouest, sont déterminés à défendre leur dignité en signant une convention collective qui leur est acceptable et qui s'approche des standards canadiens. Leur employeur, Gateway Casinos and Entertainment, refuse de reconnaître leur droit à un revenu qui offre à la vie des travailleurs une certaine stabilité, sécurité et dignité .

Les travailleurs, membres du Syndicat des employés du gouvernement et des services de la Colombie-Britannique (BCGEU) ont quitté le travail et mis en place des piquets de grève le 29 juin après que des pourparlers de médiation se soient retrouvés dans une impasse devant l'intransigeance de l'employeur. Le syndicat a publié le 3 août une lettre ouverte des travailleurs. La lettre révèle que les trois quarts des travailleurs, certains ayant au moins dix ans de service, touchent un salaire minimum ou à peine supérieur au salaire minimum (12 $ à 13 $ de l'heure). alors que le salaire pour survivre dans ces deux régions est estimé à 17 $ à 18 $ de l'heure et que le standard canadien est beaucoup plus élevé. L'offre salariale insultante de l'entreprise ne correspond qu'à l'augmentation du salaire minimum prévue par la loi.

The Gateway Company avoue que, même si les casinos sont ouverts, les points de vente d'aliments et de boissons ne sont pas en opération, faute de clients. Pendant ce temps, les médias monopolisés ont attaqué les travailleurs pour tenter de les démoraliser en répétant les calomnies de l'entreprise que les travailleurs sont avides de salaires gonflés par des pourboires, que seuls les travailleurs de première ligne reçoivent. Les médias ont également publié des attaques anonymes prétendant que les travailleurs des casinos devraient être « satisfaits de ce qu'ils ont » et qu'ils sont « chanceux d'avoir un emploi ». La campagne médiatique contre les travailleurs s'est accompagnée de divers actes de hooliganisme contre le piquet de grève. Le syndicat a fait état de deux grévistes qui ont été frappés par des voitures conduites à grande vitesse qui se frayaient un chemin parmi les grévistes, et qui ont légalement le droit d'informer de leur lutte tous ceux qui veulent passer.

Les travailleurs expriment leur détermination individuelle et collective à se battre, car c'est la seule façon de défendre leur dignité et d'améliorer leur vie dans l'ici et le présent. Ils ont demandé aux membres de la communauté de respecter leurs lignes de piquetage pendant la grève et de se rallier à leur juste cause. Les travailleurs actifs et retraités de la région devraient intervenir activement au nom des travailleurs sur la ligne de piquetage et ailleurs dans la communauté. Il n'y a rien d'honorable pour la population de la Colombie-Britannique à ce que les travailleurs aient des revenus bien inférieurs à ceux d'un standard de vie canadien. Ne ménageons aucun effort pour appuyer les travailleurs des casinos en grève !

Les travailleurs du casino de Coquitlam approuvent leur
première convention collective


Une ligne de piquetage devant le casino Hard Rock, à Coquitlam, le 11 mai 2018

Quatre cents travailleurs en grève depuis dix semaines au casino Hard Rock à Coquitlam, dans la vallée de la Fraser, sont retournés au travail après avoir voté pour accepter une première convention collective. La convention collective prévoit des augmentations salariales immédiates ainsi que des augmentations annuelles qui « établiront une nouvelle norme pour l'industrie », selon le syndicat. Une des principales exigences des travailleurs en matière de respect au travail a été traitée dans une disposition du contrat concernant une enquête indépendante sur les plaintes de harcèlement sur le lieu de travail contre des responsables de l'entreprise.

Les travailleurs de Coquitlam rapportent que l'appui généralisé reçu de la communauté les a fortement encouragés à poursuivre leur lutte pour un contrat acceptable pour la majorité de leurs membres. Cela comprenait le klaxonnement venant des voitures et le salut de la main des automobilistes qui passaient ainsi que des clients qui rebroussaient chemin après avoir parlé aux grévistes, laissant les aires de stationnement pratiquement vides durant la grève.

(Photos : BCGEU, Zahra)

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