20 septembre 2018
Élection
générale au Québec
Les travailleurs parlent à la
défense
de leurs droits et des droits de
tous et de toutes
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Les travailleurs de l'aluminerie ABI à Bécancour au
Québec participent au rassemblement avant le soi-disant
débat des chefs à Montréal le 13 septembre 2018.
•
Les travailleurs de l'aluminium
continuent de demander que la compagnie reprenne les
négociations
• Ce que les travailleurs de la santé
ont à dire
• Travailler ensemble pour renverser la
situation dans la santé pour le bien-être de tout le monde
- Nathalie Savard, présidente du Syndicat des
intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est
québécois (SIISNEQ)
• Pour la reconnaissance des maladies
professionnelles des pompiers
- Chris Ross, président de l'Association des pompiers de
Montréal
• Les travailleurs de la SAQ défendent
leurs emplois et leurs conditions de travail
• Pas question de privatiser la
Société des alcools du Québec -
Éric Forget, vice-président responsable des griefs et des
relations de travail en magasin du Syndicat des employé(e)s de
magasins et de bureaux de la SAQ
• Le pillage de nos ressources -
Normand Fournier
La grève des
travailleurs des casinos se poursuit en Colombie-Britannique
• Les travailleurs luttent pour une
amélioration des conditions de travail
et des salaires - Brian Sproule
Les travailleurs du Québec
prennent la parole durant les élections de 2018
Les travailleurs de l'aluminium continuent de demander
que la compagnie reprenne
les négociations
Les travailleurs d'ABI au rassemblement de Montréal, le 13
septembre 2018
Les 1 300 travailleurs en lock-out de la fonderie ABI
de Bécancour, au Québec, font partie des travailleurs qui
se font entendre lors des élections au Québec. Lors de la
manifestation qui a précédé le débat des
chefs à Montréal le 13 septembre, Clément Masse,
président de la section locale 9700 du Syndicat des
Métallos, représentant les travailleurs d'ABI, a
réclamé l'intervention du gouvernement pour obliger les
propriétaires Alcoa et Rio Tinto à négocier un
accord acceptable pour les travailleurs. Il a réclamé la
fin de la clause dite de « force majeure » dans l'entente
hydroélectrique entre les propriétaires et le
gouvernement et Hydro-Québec. Selon cette clause, un lock-out
est un « cas de force majeure » qui libère Alcoa-Rio
Tinto de ses obligations de payer le bloc d'énergie à des
tarifs préférentiels qui lui est réservé.
Les Québécois, par l'intermédiaire
d'Hydro-Québec, a déclaré Masse, ont perdu
près de 150 millions de dollars à ce jour à cause
de cette entente.
Le 6 septembre dernier, la direction du Syndicat
des Métallos du Québec ainsi que le vice-président
international des Métallos (United Steelworkers) ont
rencontré les représentants de la haute direction d'Alcoa
à Pittsburgh. Le directeur québécois des
Métallos Alain Croteau, a dit que des pistes de solutions pour
tenter de dénouer
l'impasse actuelle ont été discutées.
L'impasse est due au refus catégorique du cartel
Alcoa-Rio Tinto, qui possède l'aluminerie de Bécancour,
de discuter avec les travailleurs afin de parvenir à une entente
acceptable pour eux. Il insiste pour leur extorquer des concessions. Il
a retiré son offre de décembre 2017, que les
travailleurs avaient rejetée mais étaient disposés
à
considérer comme point de départ pour la discussion.
Le 11 janvier Alcoa-Rio Tinto a mis en lock-out
les 1 300 travailleurs et a depuis ajouté la demande
d'une réduction de 20 % des emplois syndiqués.
Les travailleurs et le syndicat ont rejeté cette demande, la
jugeant totalement inacceptable.
Clément Masse (devant la bannière), président de
la section locale 9700 du Syndicat des métallos, à la
manifestation du 13 septembre 2018
Les travailleurs d'ABI demandent une reprise des
négociations sur la base de ce qu'ils jugent acceptable. «
Nous sommes prêts à négocier, mais nous ne courons
pas après personne », a déclaré Masse
au journal en ligne Chantier politique. « L'employeur
connaît notre position et sait comment nous rejoindre. Il sait
que nous
sommes prêts à négocier sur la base de l'offre de
décembre. Ils sont venus avec une nouvelle demande et ne peuvent
pas espérer que les négociations progressent si cette
nouvelle demande est sur la table. Pendant ce temps, le moral des
travailleurs est bon. Nous continuons à recevoir l'appui des
travailleurs de nombreux secteurs, y compris un soutien financier, et
l'appui augmentera dans les prochaines semaines. »
Ce que les travailleurs de la santé ont à
dire
Des travailleurs de la santé manifestent avant le débat
des « chefs » à Montréal,
le 13 septembre 2018.
À la manifestation du 13 septembre devant
l'édifice de Radio-Canada où s'est tenu le soi-disant
débat des chefs, Claire Montour, présidente de la
Fédération de la santé du Québec (FSQ),
s'est fermement opposée aux promesses électorales qui
sont faites pendant la campagne parce qu'elles n'ont rien à voir
avec la correction des coupures drastiques qui ont été
faites par les gouvernements dans la santé. Elle a dit qu'il est
irresponsable de faire des promesses sans améliorer
immédiatement les conditions de travail des travailleurs et
travailleuses de la santé qui se sont gravement
détériorées suite aux attaques du gouvernement,
a-t-elle dit.
La direction néolibérale de
l'économie avec les privatisations et sa direction inhumaine n'a
pas été dévoilée pendant le «
débat » des chefs qui était des plus cynique et qui
a dégénéré dans des hostilités
ouvertes . L'abandon de nos aînés et des personnes qui
peuvent être guéries et soignées a
été ramené à une bagarre entre le chef du
Parti libéral et le chef de la Coalition Avenir Québec
qui a des ambitions de prendre le contrôle du gouvernement. Ils
n'ont même pas reconnu les travailleurs.
Travailler ensemble pour renverser la situation dans la
santé pour le bien-être de tout le monde
- Nathalie Savard, présidente du
Syndicat des intervenantes et des
intervenants de la santé du Nord-Est québécois
(SIISNEQ) -
On pourrait caractériser la situation que nous
vivons comme une destruction de notre système de santé
dans les régions éloignées. La population de la
Côte-Nord et du Nord-du-Québec a beaucoup perdu, surtout
les gens qui vivent dans les communautés les plus
éloignées. Les plus petits villages ont perdu beaucoup de
services. Le personnel
qui travaille dans les points de service dans ces
régions-là se sent délaissé. Les gens
considèrent qu'ils ne donnent pas les soins que la population
devrait recevoir.
Ce qu'on a le plus perdu, ce sont les conditions de
travail dont dépend l'exercice de la livraison des soins. On vit
une pénurie de personnel très forte. C'est difficile
d'aller recruter et d'amener des gens dans les conditions dans
lesquelles ils doivent travailler. Autant dans le
Nord-du-Québec, à la Baie James, qu'au niveau de la
Côte-Nord, les
conditions n'ont jamais été aussi difficiles pour le
personnel, les infirmières, les infirmières auxiliaires
et les inhalothérapeutes, qui donnent le service à la
population. Comme il y a une pénurie de personnel, les gens sont
confrontés aux employeurs qui leur disent qu'il faut donner plus
de temps supplémentaire obligatoire, sinon on est en bris de
service et la population ne recevra pas les soins requis, et on va
être obligé de transporter les gens ailleurs. Dans le
Nord-du-Québec, il y a l'exemple de l'obstétrique,
où le personnel doit avoir une solide expérience de
travail, où on a passé près d'une rupture de
services. On a vécu la même chose aux soins critiques
à Sept-Îles qui sont presque sur
le respirateur. On ressent, et on a ressenti particulièrement
fort cet été, l'impact des compressions, des coupures
budgétaires imposées par le gouvernement libéral.
On fait une campagne électorale, notamment les
libéraux parce que c'est eux qui étaient au pouvoir, en
promettant de l'investissement en santé, en éducation, en
petite enfance, mais c'est de l'argent qui a été
coupé au cours des 4 dernières années, ce qui
a fait mal aux services qu'on donne. C'est une insulte à
l'intelligence des gens du
nord qu'on dise maintenant qu'on va s'occuper de l'éducation ou
de la santé. Depuis les sept dernières années en
particulier, on a coupé des intervenants dans le milieu, on a
coupé directement dans les services à la population.
À chaque année on est en déficit. La Loi sur
l'équilibre budgétaire fait en sorte que les
établissements de santé à la fin de
leur année doivent arriver à un déficit
zéro. Chaque année on est environ à 5-6
millions $ de déficit, on doit aller
récupérer cela sur le budget d'après. On a des
déficits récurrents, on est sous-budgétisé.
Au fil des années, pour changer la situation,
nos efforts ont porté beaucoup sur la mobilisation de nos
membres. La force d'un syndicat ce sont les membres qui le composent.
Nous avons 1250 membres et quand on dénonce quelque chose, il
faut être les 1250 membres. Nous avons fait beaucoup de
dénonciation médiatique pour informer la population de ce
qui se passe. Nous avons fait un travail-terrain pour faire respecter
nos conventions collectives. Nous avons tenu des rencontres politiques
avec les députés pour leur demander de faire de la
pression sur le gouvernement. Nous avons fait du travail avec notre
centrale la CSQ (Centrale des syndicats du Québec) et notre
fédération la FSQ (Fédération de la
santé du Québec). Nous avons fait des plaintes de
maltraitance organisationnelle auprès de différentes
autorités. C'était une première au Québec.
Il y a une loi en vigueur au Québec depuis un an qui dit que les
employeurs doivent se doter d'une politique de lutte contre la
maltraitance envers les personnes les plus vulnérables. Nous
avons fait valoir que nous sommes d'accord qu'il ne doit pas y avoir de
maltraitance mais que nos employeurs, par manque de ressources, par la
mauvaise organisation du travail, font en sorte que les soins qu'on
donne sont défaillants. Nous parlons de maltraitance
organisationnelle, causée par les coupures, le manque de
personnel, le personnel qu'on ne remplace pas, la mauvaise organisation
du travail. Nous avons tenté d'aller chercher le plus
d'alliés possible par des présences et des manifestations
lors des réunions des conseils d'administration des
établissements.
La population du Québec doit mettre en place un
gouvernement qui croit au réseau de santé et
d'éducation public, avec des ministres de la Santé et de
l'Éducation qui croient dans le réseau public et dans le
personnel qui donne des soins et des services. Dans la santé,
pour prendre soin des patients, il faut que le personnel qui donne le
service
soit en santé. Il faut prendre soin du personnel. Il faut
investir dans nos services de santé. Nous sommes prêts
à travailler pour nous améliorer, mais il faut tous s'en
aller dans la même direction. Il faut corriger et renverser la
situation, et le correctif il est dans l'organisation du travail et
dans le réinvestissement budgétaire dans les
établissements de
santé. Nous avons un sérieux problème de
pénurie de personnel dans notre région, nous devons
pouvoir attirer les gens et garder ceux que nous avons
présentement.
Nous avons besoin d'un gouvernement qui est à
l'écoute et qui va faire que tous ensemble on va être
capable de renverser la situation pour le bien-être de tout le
monde. Il faut des gens qui s'occupent du système de
santé, pas qui prennent des décisions pour être
réélus à la prochaine élection. Ça
c'est la pire affaire.
Il faut donner au personnel de la santé de
bonnes conditions de travail, dans un milieu où c'est possible
de faire un travail d'équipe, de travailler ensemble, de se
parler, de faire nos plans de soin, autrement dit d'être capables
de bien faire le travail pour lequel nous avons reçu une
formation.
Pour la reconnaissance des maladies professionnelles
des pompiers
- Chris Ross, président de
l'Association des pompiers de Montréal -
La question des maladies professionnelles des pompiers
est au premier plan de notre travail. Il y a deux volets. Le premier
c'est l'existence de la maladie. Le deuxième c'est la
reconnaissance de la maladie comme une maladie professionnelle. Le
Québec est aujourd'hui la seule province avec
l'Île-du-Prince Édouard où il n'y a pas de loi de
présomption en faveur du travailleur qui reconnaisse les
maladies professionnelles chez les pompiers. On parle de divers
cancers, au poumon, au cerveau, à la vessie, de maladies
cardiaques, etc. Un arrêt cardiaque au feu à
Montréal et au Québec dans son ensemble n'est pas un
accident de travail. Un pompier qui a une attaque cardiaque pendant
qu'il combat un incendie va voir son dossier refusé par la
CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la
santé et de la sécurité du travail).
La seule chose que le Québec ait mis en place
en 2016, suite à nos pressions, c'est une politique
administrative qui reconnaît 7 cancers. Ce n'est pas une loi
adoptée par l'Assemblée nationale. C'est une politique de
la CNESST. Dans une politique administrative, le fardeau de la preuve
est sur le travailleur. Il doit démontrer
pourquoi il est malade.
Notre bataille est en deux volets. Au moins,
minimalement, nous voulons bonifier la liste administrative qui est
reconnue pour donner à nos membres une meilleure chance d'avoir
une indemnisation, d'être capables de se battre pour leur vie
sans avoir à combattre pour leurs emplois. Deuxièmement,
c'est un combat à moyen et long terme pour
obtenir une loi de présomption en faveur des pompiers
québécois. Il faut que le fardeau de la preuve soit sur
l'employeur. Le travailleur n'a ni le temps ni l'énergie d'aller
au Tribunal administratif du travail et de faire les contestations
coûteuses pour obtenir une juste indemnisation.
Nos maladies professionnelles sont de plus en plus
sérieuses. Aujourd'hui 90 % des produits
utilisés dans les immeubles sont des produits
synthétiques. Quand il y a incendie, on a affaire à des
produits chimiques qui brûlent et dégagent une
fumée plus toxique que par le passé.
Après 20-30 ans d'exposition, les problèmes
commencent à se manifester. Pendant les trois dernières
années, 19 de nos pompiers sont
décédés de maladies professionnelles. C'est plus
que dans les 30 dernières années.
Nous luttons pour ces changements pour qu'ils profitent
à tous les pompiers du Québec.
Les travailleurs de la SAQ défendent leurs
emplois
et leurs conditions de travail
Les 9 et 10 septembre, quelque 5 500 travailleurs de la
Société des alcools du Québec (SAQ) ont
organisé deux journées de grève pour demander que
les négociations débloquent afin d'en arriver à
une entente satisfaisante, notamment la fin immédiate des
conditions de travail précaires.
Le 10 septembre, des manifestations ont
été organisées dans les rues de Montréal et
de Québec, ainsi que dans d'autres villes du Québec.
C'était la quatrième journée de grève sur
un total de six que les travailleurs syndiqués de la SAQ ont
voté en juin. Au cours des 20 derniers mois, ils ont
tenté de négocier une convention
collective acceptable qui réduit la précarité de
l'emploi qui caractérise leurs conditions.
Plus de 70 % des membres syndiqués de
la SAQ sont des employés qui travaillent à temps partiel
dans des conditions précaires, tels que les horaires qui leur
sont communiqués à la dernière minute. Ils
travaillent souvent très peu d'heures par semaine. Plutôt
que de s'attaquer à cette insécurité, les
propositions des employeurs
incluent la demande de plus de mobilité et de soi-disant
flexibilité, en particulier davantage de travail pendant le
week-end.
Pour justifier son refus de négocier et ses
exigences d'insécurité accrue pour ses employés,
la SAQ se cache derrière le « cadre financier »
du gouvernement du Québec. Chaque fois que les travailleurs de
la SAQ présentent des demandes pour changer leur situation, on
leur dit que s'ils persistent à se battre pour ce qui leur
revient de
droit, ils se dirigent vers le désastre, le gouvernement s'en
servant comme prétexte pour privatiser la SAQ.
Les employés syndiqués rejettent ce
chantage et ces menaces et exigent des conditions de travail qui leur
permettent de vivre en toute dignité. Ils méritent notre
appui.
Pas question de privatiser la Société
des alcools du Québec
- Éric Forget,
vice-président responsable des griefs et des relations de
travail en magasin du Syndicat des employé(e)s de magasins et de
bureaux de la SAQ -
Les travailleurs grévistes de la SAQ en Estrie, le 9 septembre
2018
La menace de la privatisation de la
Société des alcools du Québec (SAQ) plane
constamment sur nous. Le premier ministre Philippe Couillard s'est
déclaré en faveur de la libéralisation du
marché et il a commandé une étude à ce
sujet en juillet dernier à la firme PricewaterhouseCoopers. Il
faut savoir que la SAQ avait embauché cette firme
en 2008 pour faire une étude sur l'optimisation des
ressources de la SAQ. Lors de la négociation de 2010, la
SAQ s'était présentée à la table de
négociation avec des demandes qui provenaient de cette
étude.
Dans la négociation actuelle, nous avons
remarqué que l'employeur est d'abord arrivé avec des
demandes de diminution de postes à temps plein. C'était
pour préparer le terrain à une libéralisation du
marché. Ils essayaient de négocier une convention qui
mènerait à une réduction du personnel et des
succursales. Ils ont laissé tomber pour
l'instant certaines de ces demandes, mais la menace de privatisation
plane toujours avec l'appui du gouvernement libéral à la
libéralisation du marché et le rapport qu'il a
commandé. On attend de lire ce rapport. On ne sait pas si les
libéraux vont le sortir pendant l'élection. En ce qui
concerne la CAQ, elle appuie ouvertement la privatisation de la
SAQ.
La privatisation de la SAQ entraînerait la
réduction du nombre de succursales. Il y aurait encore des
succursales de la SAQ, mais d'autres entreprises auraient le droit
d'ouvrir leur magasin pour faire concurrence à la SAQ. La
réduction du nombre de succursales créerait une perte
massive d'emplois parmi nos travailleurs syndiqués, tant parmi
les temps pleins que les temps partiels. Les travailleurs
engagés dans les magasins privés auraient des salaires et
des conditions de travail très inférieurs aux
nôtres. On connaîtrait un abaissement des conditions dans
le secteur.
Pourquoi voudrait-on appauvrir les travailleurs et
rendre leur situation encore plus précaire ? En plus le
gouvernement du Québec se priverait d'une grande source de
revenus car la SAQ lui verse plus d'un milliard de dollars par
année en dividendes. Pourquoi le gouvernement du Québec
se priverait-il de ces fonds, juste pour les remettre
au privé ? Ça n'a pas de sens et c'est irresponsable.
Éric Forget est le vice-président
responsable des griefs et des relations de travail en magasin du
Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ.
Le pillage de nos ressources
- Normand Fournier -
Une des sérieuses questions qui confrontent le
peuple québécois dans cette élection est le manque
de contrôle sur l'économie. Les gouvernements du
passé et du présent ont cédé aux oligopoles
internationaux la totalité des ressources minérales
connues du territoire québécois. Ils l'ont fait sans
consulter et obtenir l'autorisation des Québécois et des
communautés et en négation totale des droits ancestraux
des peuples autochtones.
Encore aujourd'hui, la Loi sur les mines repose sur le
« free mining », le libre accès au territoire
pour l'exploration minière et la pratique du premier
arrivé, premier servi. Elle maintient le pouvoir des
sociétés minières d'exproprier des citoyens. Elle
ne reconnaît pas à qui appartiennent les ressources
naturelles, c'est-à-dire au peuple.
Elle se contente de dire que le peuple doit obtenir sa part de
l'exploitation des ressources et en essence elle réduit ce droit
à l'obtention de redevances que les minières versent au
trésor public.
En fait, de l'ensemble de la valeur nouvelle que
produisent les travailleurs miniers, très peu demeure dans les
communautés ou fait l'objet d'une réclamation
gouvernementale. À part les salaires et les avantages sociaux,
il y a la réclamation des gouvernements en redevances et
impôts miniers, mais ceux-ci sont minimes et font l'objet d'un
grand mystère de la part du gouvernement. Le fait demeure qu'une
très grande partie de la nouvelle valeur créée par
les travailleurs miniers ne reste pas dans la communauté pour
servir le développement multiforme diversifié de
l'économie locale. Elle lui est soutirée et est
expédiée vers les coffres d'oligopoles privés.
Selon des données compilées par Le
Devoir , sur la base des chiffres avancés par le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, les
sociétés minières ont versé un milliard de
dollars de redevances depuis 2009, alors que la valeur des
minerais tirés du sol a dépassé les 54
milliards (la valeur projetée estimée aux prix
du marché). Ce sont les sociétés minières
elles-mêmes qui fournissent les données sur leur
production, et le nombre d'exemptions en ce qui concerne leurs
redevances et leurs impôts est réputé pour
être faramineux.
De plus, les gouvernements multiplient les manoeuvres
pour payer les riches à l'intention des grandes
sociétés minières, notamment en leur fournissant
l'infrastructure comme les routes, des subsides, les services
d'expertise gouvernementale, etc.
La vie des travailleurs et des communautés est
sans cesse bouleversée par les crises récurrentes qui
frappent le secteur. Pour détourner l'attention de la
nécessité d'établir le contrôle du peuple
sur les ressources minières et naturelles dans son ensemble,
l'élite dirigeante présente les crises comme des
phénomènes naturels tels des tremblements de
terre. En fait, la rivalité des oligopoles miniers pour le
profit et la domination est un facteur direct de ces crises et de ces
bouleversements. Les oligopoles comme Rio Tinto, BHP Billiton ou
Arcelor Mittal utilisent notamment leur empire pour inonder les
marchés de leur production de fer pour faire baisser les prix et
éliminer les concurrents, puis
ils utilisent leurs propres activités destructrices pour exiger
des concessions aux travailleurs, aux communautés et à
l'État.
En 2014, les oligarques financiers qui
contrôlent le monopole américain Cliffs Resources ont
décidé de mettre fin à leurs activités au
Canada. Ils ont fermé la mine Wabush au Labrador,
éliminant 400 emplois au Labrador et une centaine d'autres
sur la Côte-Nord au Québec, causant de sérieux
dommages à l'économie locale. Ils
ont ensuite fermé la mine du lac Bloom sur la Côte-Nord,
éliminant 500 emplois d'un coup, causant encore une fois de
grands dommages à la communauté. Ils y avaient
déjà causé beaucoup de torts en faisant reposer la
production entièrement sur des travailleurs amenés et
retournés par navettage (le Fly in -- Fly Out), ce qui ne
bâtit rien
pour l'économie locale. Ils ont ensuite obtenu l'appui des
tribunaux pour se placer sous la protection de la Loi sur les
arrangements avec les créanciers des compagnies . Ils ont
utilisé les pouvoirs policiers de la LACC pour réduire de
manière brutale les pensions et les avantages sociaux à
la retraite de centaines de travailleurs et de retraités
de Wabush au Labrador et au Québec. Ils l'ont fait au
moment-même où les travailleurs et leurs conjoints et
conjointes en ont le plus besoin alors qu'ils avancent en âge et
souffrent des impacts d'une vie passée à la mine. C'est
seulement suite à la lutte déterminée des anciens
travailleurs et des retraités que ceux-ci ont pu
récupérer récemment une
partie de ces sommes.
Les travailleurs du Québec et du Canada ont le
devoir de mettre fin au contrôle et à l'exploration des
ressources minières au profit de l'oligarchie financière
mondiale, ce qui crée tant de problèmes pour eux et pour
l'économie locale et nationale. Ils devront agir en leur propre
nom car le système électoral transfère le pouvoir
à des formes de gouvernement de parti qui tolèrent la
vente à des intérêts privés, pour la plupart
étrangers.
Données sur l'industrie minière au
Québec
L'industrie minière occupe une place importante
dans l'économie de nombreuses régions, comme
l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le
Nord-du-Québec. Elle est à la base de la vie
économique et sociale des populations de nombreuses villes.
En 2015, environ 45 000 emplois
étaient liés au secteur de l'exploitation minière.
Environ 15 000 de ces emplois étaient
concentrés en Abitibi-Témiscamingue et plus de 5500
sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec. La masse
salariale correspondant à ces emplois s'élevait à
environ 1,6 milliard
de dollars.
Toujours en 2015, le secteur minier
représentait 1,4 % du PIB québécois. Par
contre, il représentait environ 17 % du PIB de la
Côte-Nord et 22 % du PIB du Nord-du-Québec.
En 2016, il y avait 23 mines actives au
Québec et leur nombre est tombé à 19
en 2017.
Les principaux minerais métalliques qu'on
extrait au Québec sont l'or, le fer, le cuivre, le zinc, le
cobalt et le nickel. On y extrait aussi des minéraux non
métalliques, dits « industriels » dont les
propriétés sont mises à contribution dans
différents produits et usages industriels, comme le sel, le
graphite et l'ilménite et la tourbe. On extrait
aussi au Québec des métaux rares reconnus comme
stratégiques (dans l'aérospatiale notamment) et de haute
technologie comme le lithium, le niobium et les terres rares.
Certains des plus grands oligopoles miniers et
métallurgiques opèrent dans le secteur minier au
Québec, dont Rio Tinto, Arcelor Mittal et Glencore. Selon les
données officielles de l'Institut de la statistique du
Québec, en 2016, 42,8 % des investissements
liés à l'aménagement des complexes miniers
étaient sous le contrôle
de sociétés étrangères dont le siège
se trouve notamment aux États-Unis, au Luxembourg, en Suisse, en
Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Chine.
La grève des travailleurs des
casinos se poursuit en Colombie-Britannique
Les travailleurs luttent pour une amélioration
des conditions de travail et des salaires
- Brian Sproule -
Ligne de piquetage des travailleurs de casino, le 4 juillet 2018,
devant le casino
Playtime à Kelowna
Sept cents travailleurs de casino en grève se
défendent avec honneur alors qu'ils luttent pour
améliorer leurs salaires. En grève depuis plus de deux
mois, les travailleurs des services de Vernon, Kelowna et Penticton,
dans la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique, et de
Kamloops, dans la région de Thompson, au nord-ouest, sont
déterminés à défendre leur dignité
en signant une convention collective qui leur est acceptable et qui
s'approche des standards canadiens. Leur employeur, Gateway Casinos and
Entertainment, refuse de reconnaître leur droit à un
revenu qui offre à la vie des travailleurs une certaine
stabilité, sécurité et dignité .
Les travailleurs, membres du Syndicat des
employés du gouvernement et des services de la
Colombie-Britannique (BCGEU) ont quitté le travail et mis en
place des piquets de grève le 29 juin après que des
pourparlers de médiation se soient retrouvés dans une
impasse devant l'intransigeance de l'employeur. Le syndicat a
publié
le 3 août une lettre
ouverte des travailleurs. La lettre révèle que les
trois quarts des travailleurs, certains ayant au moins dix ans de
service, touchent un salaire minimum ou à peine supérieur
au salaire
minimum (12 $ à 13 $ de l'heure). alors que le
salaire pour survivre dans ces deux régions est estimé
à 17 $ à 18 $ de l'heure et que le
standard canadien est beaucoup plus élevé. L'offre
salariale insultante de l'entreprise ne correspond qu'à
l'augmentation du salaire minimum prévue par la loi.
The Gateway Company avoue que, même si les
casinos sont ouverts, les points de vente d'aliments et de boissons ne
sont pas en opération, faute de clients. Pendant ce temps, les
médias monopolisés ont attaqué les travailleurs
pour tenter de les démoraliser en répétant les
calomnies de l'entreprise que les travailleurs sont avides de salaires
gonflés par des pourboires, que seuls les travailleurs de
première ligne reçoivent. Les médias ont
également publié des attaques anonymes prétendant
que les travailleurs des casinos devraient être «
satisfaits de ce qu'ils ont » et qu'ils sont «
chanceux d'avoir un emploi ». La campagne médiatique
contre les travailleurs s'est
accompagnée de divers actes de hooliganisme contre le piquet de
grève. Le syndicat a fait état de deux grévistes
qui ont été frappés par des voitures conduites
à grande vitesse qui se frayaient un chemin parmi les
grévistes, et qui ont légalement le droit d'informer de
leur lutte tous ceux qui veulent passer.
Les travailleurs expriment leur détermination
individuelle et collective à se battre, car c'est la seule
façon de défendre leur dignité et
d'améliorer leur vie dans l'ici et le présent. Ils ont
demandé aux membres de la communauté de respecter leurs
lignes de piquetage pendant la grève et de se rallier à
leur juste cause. Les travailleurs actifs et retraités de la
région devraient intervenir activement au nom des travailleurs
sur la ligne de piquetage et ailleurs dans la communauté. Il n'y
a rien d'honorable pour la population de la Colombie-Britannique
à ce que les travailleurs aient des revenus bien
inférieurs à ceux d'un standard de vie canadien. Ne
ménageons aucun effort pour appuyer les travailleurs des casinos
en grève !
Les travailleurs du casino de Coquitlam approuvent leur
première convention collective
Une ligne de piquetage devant le casino Hard Rock, à Coquitlam,
le 11 mai 2018
Quatre cents travailleurs en grève depuis dix
semaines au casino Hard Rock à Coquitlam, dans la vallée
de la Fraser, sont retournés au travail après avoir
voté pour accepter une première convention collective. La
convention collective prévoit des augmentations salariales
immédiates ainsi que des augmentations annuelles qui «
établiront une
nouvelle norme pour l'industrie », selon le syndicat. Une
des principales exigences des travailleurs en matière de respect
au travail a été traitée dans une disposition du
contrat concernant une enquête indépendante sur les
plaintes de harcèlement sur le lieu de travail contre des
responsables de l'entreprise.
Les travailleurs de Coquitlam rapportent que l'appui
généralisé reçu de la communauté les
a fortement encouragés à poursuivre leur lutte pour un
contrat acceptable pour la majorité de leurs membres. Cela
comprenait le klaxonnement venant des voitures et le salut de la main
des automobilistes qui passaient ainsi que des clients qui
rebroussaient chemin après avoir parlé aux
grévistes, laissant les aires de stationnement pratiquement
vides durant la grève.
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