26 mai 2018
Les Ontariens se font entendre sur les
choses qui les préoccupent
Le niveau honteux de pauvreté en Ontario montre
qu'il faut changer
la direction de l'économie
- Pierre Chénier -
Selon Statistique Canada, plus de 2 millions de
personnes en
Ontario, soit 14,3 % de la population, vivent dans la
pauvreté. Ce
nombre est basé sur une définition du seuil de la
pauvreté établi
à 50 % du revenu familial médian, ce qu'on
appelle la mesure
de faible revenu. Les plus démunis parmi les pauvres sont les
gens sur
l'aide sociale. Les deux principaux programmes d'aide sociale en
Ontario sont Ontario au travail (OT) et le Programme ontarien de
soutien aux personnes handicapées (POSPH). Le gouvernement de
l'Ontario
définit le programme Ontario au travail
comme un programme de soutien du revenu permettant aux
bénéficiaires de
subvenir à leurs besoins essentiels et d'aide à l'emploi.
Il est
reconnu comme un programme punitif auquel il est difficile
d'accéder et
où les bénéficiaires sont harcelés et
privés de prestations
quand ils ne participent pas aux programmes gouvernementaux relatifs
à
l'emploi. Les personnes inscrites à Ontario au travail sont
forcées de
participer aux programmes sans égard à leur situation
concrète. Le
POSPH fournit du soutien au revenu et des prestations pour les
médicaments et les
services aux gens qui ont un handicap et qui ont besoin d'aide
financière pour payer leurs frais de subsistance.
En mars 2018, il y
avait en Ontario 453 366 bénéficiaires du
programme Ontario au travail et 502 650
bénéficiaires du POSPH, un
total de plus de 950 000 personnes. Une personne seule sur le
programme
OT reçoit 721 $ par mois, alors qu'une
personne seule sur le POSPH reçoit 1 151 $.
En 2016, le Centre canadien
de politiques alternatives a publié une étude sur
l'écart de pauvreté
qui affecte les personnes sur l'aide sociale, qui définit
l'écart comme
la différence entre le montant de la prestation et le
montant considéré comme le seuil de pauvreté.
L'étude a été réalisée à
partir des données de l'aide sociale de 2014. Selon
l'étude, l'écart de
pauvreté pour une personne seule sur OT est de 59 %
(son revenu
représente 41 % du revenu-barème du seuil de
pauvreté). L'écart est
de 35 % pour une famille monoparentale avec un enfant sur OT,
de 38 %
pour un couple avec deux enfants sur OT, de 33 % pour un
adulte seul
sur le POSPH et de 11 % pour un
parent vivant seul avec un enfant sur le POSPH. Ces deux programmes
d'« aide sociale » condamnent les
bénéficiaires à une vie de
quasi-famine.
Cette infamie dure maintenant depuis plusieurs
années. Le moment le
plus dramatique de ces attaques contre les pauvres s'est produit
en 1995 lorsque le gouvernement conservateur de Mike Harris a fait
une
coupure de 21,6 % dans les taux d'aide sociale (le programme
qui est
devenu Ontario au travail) et a
gelé les taux du POSPH. Depuis ce temps-là, les deux taux
ont soit été
gelés ou augmentés d'un montant inférieur à
l'augmentation du coût de
la vie. Les bénéficiaires de l'aide sociale se sont de
plus en plus
enfoncés dans la pauvreté. Cet
appauvrissement a été accompagné d'une offensive
idéologique brutale
contre les bénéficiaires de l'aide sociale qui sont parmi
les membres
les plus vulnérables de la société. Ils sont
calomniés comme étant un
fardeau pour l'économie alors qu'ils sont des
êtres humains ayant des droits qui font partie de cet Ontario qui
doit
garantir à tous des conditions de vie à un standard
canadien, cette
société moderne dans laquelle la richesse sociale
produite par les
travailleurs soutient les programmes sociaux qui peuvent permettre
à
tous de vivre dans la
dignité. Cela requiert que le peuple soit investi du pouvoir
décisionnel. L'exploitation accrue de la classe ouvrière,
qui contribue
à maintenir et augmenter le niveau de pauvreté,
démontre clairement
qu'il faut changer la direction de l'économie pour en faire une
économie centrée
sur l'humain et non sur la garantie des profits pour les
intérêts
privés.
La coalition Augmentons les taux revendique depuis des
années des
changements qui vont améliorer la situation. Elle met de l'avant
des
revendications comme l'augmentation immédiate des taux d'aide
sociale à
au moins 75 % du montant considéré comme le
seuil de pauvreté,
avec en plus des ajustements au coût de la vie. Elle revendique
la fin
des coupures aux prestations et aux mesures d'aide,
l'élimination de la
surveillance punitive dans l'administration de l'aide sociale,
l'accès
à l'aide sociale aux immigrants sans égard à leur
statut d'immigration.
Elle revendique aussi
une modification à la Loi sur les normes d'emploi pour
faire
en sorte que le salaire minimum en Ontario (qui va
atteindre 15 $
le 1er janvier 2019) couvre aussi les étudiants et les
serveurs de
boissons alcoolisées.
Dans cette élection, les électeurs ne
veulent pas que les partis
politiques fassent de nouvelles promesses ou s'engagent à faire
de
nouvelles études et rapports, d'autres
« stratégies de réduction de la
pauvreté » et de projets-pilotes. L'Ontario a besoin
de mesures
immédiates pour améliorer la situation des personnes sur
l'aide sociale
et sur le programme d'aide aux handicapés dans le cadre du
travail
visant à garantir à tous les Ontariens des conditions de
vie à un
standard canadien. L'Ontario requiert aussi un changement de la
direction de l'économie
pour que le motif de la production soit de servir l'humain et non de
payer les riches.
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