24 mai 2018
Les résidents du Nord de l'Ontario prennent la
parole
Les soi-disant grands partis tentent de soudoyer les
peuples
autochtones et les résidents du Nord avec ce qui leur appartient
de
droit
- David Starbuck -
On ne cesse d'être étonné de voir le
comportement amoral des partis
politiques qui se considèrent des prétendants à
former le prochain
gouvernement lorsqu'il est question de gagner des votes ou de traiter
les gens comme une simple réserve de vote. À l'approche
des élections
provinciales de l'Ontario, les trois principaux partis ont
commencé à faire des déclarations dans le but
d'amener les gens à voter
pour eux en fonction de ce qu'ils feraient des revenus provenant de
l'impôt sur l'exploitation minière en Ontario et des
autres impôts et
redevances. Le fait que les ressources sont sur les territoires
traditionnels des peuples autochtones et leur appartient de droit et
que ni eux ni
les gens du Nord ne sont les décideurs lorsqu'il s'agit de
décider
comment les ressources devraient être utilisées, et encore
moins
quelles taxes et redevances devraient être imposées aux
compagnies
minières et exploiteurs de ces ressources, ne semblent pas
déranger ces
« chefs » de partis.
Le 18 avril, les néodémocrates de
l'Ontario ont promis de donner
aux peuples autochtones tout l'argent que la province tire des recettes
fiscales minières. La chef du parti Andrea Horwath n'a pas dit
ce qu'il
en sera et comment elle va l'établir. Elle a dit que cela va
représenter un montant annuel de 41 millions $. Elle
dit
que le NPD a longtemps pensé que les peuples autochtones
devraient
bénéficier des ressources tirées de leurs terres
traditionnelles, ce
qui est très méprisant étant donné que ces
terres sont leurs
territoires en premier lieu. « C'est un principe que nous avons
tenu
pendant de nombreuses années. Et nous pensons que, si nous
formons le
gouvernement,
nous devrions réellement respecter ce principe et commencer
à changer
les circonstances », a dit Horwath.
Puis le 2 mai, le chef
des progressistes-conservateurs de
l'Ontario, Doug Ford, a annoncé à Timmins qu'un
gouvernement en Ontario
dirigé par son parti instaurerait un partage officiel des
recettes
provenant des ressources tirées à même l'ensemble
des permis
d'exploitation, des droits de coupe et de l'impôt minier afin de
garantir que le
Nord de l'Ontario « bénéficie équitablement
des ressources du Nord ».
Ford a déclaré que de 20 à 30
millions $ seraient retournés
annuellement au Nord de l'Ontario sous forme de recettes tirées
de
l'exploitation minière, de la foresterie et de l'exploitation
des
granulats. Encore une fois, ce que représente cette somme par
rapport à la richesse créée par l'exploitation de
ces ressources n'est
pas mentionné. Le fait que toutes les promesses faites dans le
cadre
des traités par le passé n'ont pas encore
été respectées ne l'est pas
non plus.
Enfin, le 3 mai, le gouvernement libéral de
l'Ontario a annoncé que
l'Ontario a signé des ententes de partage des revenus des
ressources
minières et forestières avec plusieurs Premières
nations. Dans ces
ententes conclues avec le grand conseil du Traité no 3, le
conseil de
la tribu de Wabun et le conseil de Mushkegowuk, l'Ontario
s'engage à partager 45 % des recettes gouvernementales
provenant des
droits de coupe en forêt, 40 % de l'impôt minier
annuel et des
redevances des mines actives au moment de la signature des accords,
et 45 % des futures mines dans les zones couvertes par les
accords.
Encore une fois, ce que sont ces
impôts et qui les définit n'est pas mentionné.
Les réclamations des peuples autochtones
découlent des traités
qu'ils ont signés avec la Couronne britannique et l'État
canadien. Des
traités comme le Traité Robinson-Huron prévoient
des paiements de
l'État canadien aux peuples autochtones. Dans le cas des
traités
Robinson, ces paiements annuels de 4 $ par personne n'ont pas
augmenté depuis 1874 et les signataires des traités
Robinson ont
intenté une poursuite contre les gouvernements du Canada et de
l'Ontario pour faire augmenter ces rentes annuelles. Il est grand temps
que les réclamations des peuples autochtones pour des revenus
accrus de
la richesse minérale qu'ils ont cédée soient
reconnues par des gestes,
pas seulement par des mots.
Les réclamations des résidents des villes
minières sont également
justes. Ces municipalités ne sont pas autorisées à
taxer les
installations minières souterraines à la
différence des installations
de surface telles que les usines de fabrication. Au cours des
dernières
années, les sociétés minières ont
commencé à démanteler les usines de
surface et à
les réaménager sous forme d'installations souterraines
afin d'éviter la
taxation municipale. Les villes minières reçoivent une
petite
subvention provinciale provenant des revenus des impôts
tirés de
l'exploitation minière, censée compenser la perte de
revenu par rapport
à l'imposition fiscale des installations manufacturière
en surface dans
les
collectivités non minières.
Revenus provenant des impôts sur l'exploitation
minière en Ontario
Le fait est que l'Ontario est la plus grande province
productrice de minéraux au Canada avec environ 25 % de
la production
totale, et qu'elle produit annuellement plus de 10
milliards $ de
richesse. Les recettes provenant des impôts sur l'exploitation
minière
ont chuté de 236 millions $ en 2008 à
seulement 18,6 millions $ en 2014 et ont
été de 41 millions $ en 2017.
Depuis six ans l'Ontario n'a reçu que 20 millions $ de
redevances sur
les 2,5 milliards $ en valeur des diamants extraits par le
monopole De
Beers dans la seule mine de diamants de l'Ontario près
d'Attawapiskat,
une communauté autochtone désespérément
appauvrie située dans les
basses terres de la baie James. Ces redevances représentent
moins
de 0,1 % de la valeur des diamants extraits par De Beers.
En principe, les profits
provenant des mines de l'Ontario sont
imposés au taux de 10 % (5 % pour les mines
éloignées, définies comme
celles situées à plus de 30 km d'une route ou d'une
voie ferrée
existante). Cependant, ces profits sont assujettis à un certain
nombre
d'exemptions qui entraînent presque rien en
redevances publiques tirées de l'exploitation minière en
Ontario. La
réduction de la taxe minière pour les mines
éloignées est un exemple de
ces déductions. Une déduction importante est l'exemption
fiscale de 10
ans pour les nouvelles mines ou les expansions importantes de mines
existantes. Alors que les sociétés minières
peuvent avoir une
histoire de plus de cent ans, les mines individuelles ont souvent une
durée de vie de moins de 10 ans et les
sociétés minières qui en sont
propriétaires paient souvent peu ou pas d'impôts sur
l'exploitation
minière.
De plus, les revenus provenant des impôts sur
l'exploitation
minière en Ontario sont les plus bas par rapport à toutes
les provinces
canadiennes et le Québec, en fonction de l'impôt minier
perçu en
pourcentage de la production minière totale. En 2012, la
production
minérale de la Saskatchewan s'élevait à 7,1
milliards $ et
les revenus de l'impôt minier, à 650 millions $,
ce qui représentait un
taux de 9,2 % en redevances publiques pour la production
minière. La
production minérale de l'Ontario était supérieure
à 7,7 milliards $
mais les recettes tirées de l'impôt minier ne
s'élevaient qu'à 82
millions $, ce qui signifie
que seulement 1,1 % de la valeur de la production
minérale ontarienne a
été retournée au public. La Colombie-Britannique
et le Québec, les deux
autres principales provinces productrices de minéraux, ont un
taux en
redevances publiques de 5,2 % et de 4,8 %
respectivement. Même si ces
autres juridictions
imposent des taux d'imposition plus élevés, les
populations de ces
régions savent que, comparé aux richesses pillées
par les monopoles
miniers et les autres qui se livrent à l'extraction de
ressources, et
en raison du nombre d'exemptions qui leur sont accordées,
l'ensemble du
régime d'impôts et de redevances est une véritable
escroquerie.
Mais la plus grande escroquerie de tous est la
façon dont les
soi-disant grands partis essaient de corrompre les peuples autochtones
et les résidents des communautés minières avec ce
qui leur appartient
de droit ! Et ils sèment la divisions parmi les
communautés sur la base
de ceux qui appuient et ceux qui s'opposent à ces «
accords » à rejeter !
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